Andrew se tenait à côté de sa petite amie, plus alarmé que jamais. Il avait peur, peur de la perdre, peur pour elle, peur pour le bébé. En quelques secondes, toutes les catastrophes possibles défilaient dans son esprit. Mais Lou finit par le rassurer, il poussa alors un long soupir de soulagement, et se laissa tomber à ses côtés. « Mais je vais bien moi, on s'en fout de moi, c'est toi qui est tombée. Tu veux que j'aille te chercher de l'eau ? » Avant qu'elle puisse lui répondre, Nathan Evans les interrompit en s'inquiétant de leur état. Andrew fit un vif tour circulaire de la pièce, Ginny avait l'air mal en point, et Satine totalement stone. Seule Lucy semblait sortir indemne de cette catastrophe. « Moi ça va, Lou par contre est tombée, elle a mal à la tête. » Par réflexe, il saisit sa main pour sentir physiquement sa présence, pour vérifier qu'elle était bien là. « Et les autres ? » demanda-t-il alors à Nathan.

Lucy atteignit le fond du bunker sans encombre, malgré la pénombre. Elle trouva de la glace dans un congélateur qu'elle enveloppa dans une serviette. Elle attrapa aussi une bouteille d'eau au passage. Elle revint alors, passa devant Lou et Andrew assis par terre, à qui elle adressa un sourire de compassion, et Nathan et Satine qui se tenaient avec eux. Elle marcha jusqu'à Ginny et se rassit à ses côtés.

Tiens, de la glace.

Elle lui tendit le paquet, toujours inquiète de l'état de son amie. Elle préférait se concentrer sur ça plutôt que réfléchir à ce qu'il pouvait y avoir dehors, à ce qu'il avait pu arriver aux autres... Elle ouvrit la bouteille d'eau et en but une longue gorgée avant de chercher Satine du regard. Au moins, il y avait quelqu'un pour détendre cette triste atmosphère.

Ginerva ne fut pas seule bien longtemps: Lucy revint rapidement avec de la glace. La rouquine remercia sa colocataire en lui souriant et prit la glace. C'était le moment de vérifier les dégâts causés à sa frêle main de pianiste. Depuis l'incident, Ginny n'avait pas regardé - elle n'avait pas osé. Mais cette situation ne devait pas durer jusqu'à l'arrivée des secours, la rouquine n'avait pas le choix d'évaluer sa blessure et tenter de déterminer la gravité de la situation. Wainwright respira donc un bon coup et baissa les yeux vers sa main abîmée: c'était enflé, d'une couleur étrangement mauve. C'était moche. Mais le plus effrayant, c'était que ça ne faisait pas mal. Aucune sensation. En mettant la glace sur la blessure, les larmes recommencèrent à envahir les joues de la rouquine. "Qu'est-ce que je vais faire maintenant, Lucy?" Sa voix tremblait; peu importe quel serait le diagnostic des secouristes, l'ouragan lui avait pris son avenir. Ginny leva ses yeux rougis vers Lucy. "Qu'est-ce que je vais faire!?"

Lou était dans un état qu’elle n’avait jamais connu. Elle se sentait éveillée, mais était comme totalement déconnectée. Sa blessure à la tête l’avait clairement assommée. Elle regardait Andrew qui discutait avec le père de Lily sans même comprendre leurs échanges. Finalement, Nathan lui tendit quelques cachets, et Lou les prit sans se faire prier. Si elle pouvait chasser cette sensation étrange, elle ne disait pas non. Elle les avala, sans eau. Bien que sa bouche était sèche, Lou n’eut aucun mal à les prendre. Elle changea ensuite de position, elle en avait marre d’être affalée comme une mémère. Elle s’assit de façon à pouvoir poser sa tête sur l’épaule d’Andrew, et attrapa sa main. Satine arriva ensuite, se comportant de façon bien étrange avec Nathan qui lui indiquait d’aller ailleurs. La situation prenait des allures surréalistes. Lou n’avait qu’une hâte, qu’ils puissent tous rentrer chez eux. Elle avait simplement envie de se coucher dans son lit, et de ne plus rien faire. Plonger dans un sommeil et se réveiller quand tout ça serait bien derrière tout le monde. « Tu penses qu’on est là pour longtemps ? » fit-elle d’une petite voix à l’attention d’Andrew. Elle ne le regardait pas, mais observait Ginny qui pleurait un peu plus loin. Sa main était blessée, ça se voyait d’ici. Lou aurait voulu la rejoindre pour lui demander ce qui s’était passé, mais elle n’en avait pas la force. Lucy prenait heureusement soin d’elle. Instinctivement, Lou posa sa main sur son ventre. Il fallait qu’elle aussi prenne soin d’elle, et de son enfant.

Satine observait Nathan parler dans son dos calmement divaguant d'un pied sur l'autre pour rester debout. Tout à coup il se mit à la chercher ce qui lui fit plaisir bizarrement. Elle lui afficha un charmant sourire quand il l'a trouva juste dans son dos. Sourire qu'elle perdit bien vite quand ce dernier lui demanda de retourner d'où elle venait. Vexée elle se mit à bouder, en l'espace de deux secondes Satine était passé de la jeune fille la plus pétillante du bunker à Satine grognon. Deux états complètement différent de ceux qu'elle semble être en réalité. Satine retourna s'asseoir auprès de Ginny et Lucy. Même si elle était un peu plus calme elle se sentait comme une pile au bord de l'explosion à l'intérieur. Elle se demanda quand est-ce qu'on allait finir par les laisser sortir et elle ne pouvait s'empêcher de tripoter ses doigts pour rester active.

Pour tenter de se calmer elle tenta de rassembler ses esprits pour s'inquiéter de sa soeur. Elle ne savait pas trop quoi faire et Lucy se débrouillait tellement mieux qu'elle. Elle se blottie doucement contre sur l'épaule de Ginny pour l'a réconforté du mieux qu'elle pouvait. Elle s'en fichait que Ginny lui pleure dessus, elle s'en fichait que Ginny se mouche sur elle. Elle avait le droit de tout faire, c'était sa petite soeur et elle souffrait.

Ils acceptèrent sans broncher les médicaments que Nathan tendait pour la jeune fille souffrante. Andrew la regarda les prendre, la couvant d'un regard inquiet. C'est lui qui aurait dû tomber, lui qui aurait dû se blesser à la tête. Même si - fragile comme il est - il aurait eu mal et se serait ridiculisé. Qu'importe, il pouvait tout encaisser - quitte à pleurer ensuite - s'il s'agissait de protéger son amoureuse.

Celle-ci l'inquiéta un peu plus quand elle vint se blottir contre lui, il passa instinctivement ses bras autour d'elle, pour l'entourer d'une chaleur réconfortante. « Je ne sais pas, il serait peut-être temps qu'on aille voir, on dirait qu'il n'y a plus de bruit dehors. » Délicatement, il déposa Lou contre le mur et se leva, pour rejoindre Nathan. « Et si nous ouvrions la porte ? La tempête doit être calmée, et les secours doivent donc être arrivés. Nous avons des blessés à leur confier ... » Andrew ne serait véritablement rassuré que quand un docteur en blouse blanche lui confierait que sa petite amie était hors de danger.