Andrew avait décidé de réouvrir la garderie au public. Il ne se sentait pas coupable d'avoir abandonné les parents et enfants dans le besoin du jour au lendemain. De toute façon, les parents n'avaient qu'à comprendre que c'était pour le bien de leurs gosses. Trainer chez un mec qui dormait, bouffait des pizzas et abusait du coca, n'était pas bon pour leur développement. Il se doutait que, aujourd'hui, ils pouvaient avoir des doutes sur le sérieux du baby sitter. Qu'importe, Andrew ne s'était jamais acharné à développer la garderie. Il voulait juste construire des grande cabanes dans le jardin l'été, et faire des mimes l'hiver. Il ne savait même pas vraiment pourquoi il réouvrait les portes. Il ne se considérait pas guéri à cent pour cent. Peut-être que, au fond, il comptait sur les gosses pour lui changer les idées et lui redonner le sourire. Qu'est-ce qu'il aurait pu donné, pour avoir huit ans à nouveau. Il adorait être un gosse, et en accueillir de temps en temps chez lui était la seule excuse qu'il avait pu trouver pour se déguiser en indien, se peindre des dessins sur le torse et s'accrocher une plume dans les cheveux, manger trop de crèpes au nutella et boire trop de coca. Il était pourtant conscient de ses responsabilités envers les enfants. Mais il pouvait être comme eux, oublier toutes les responsabilités et ses études à la con. Il aimait ça.

Malheureusement, les parents étaient encore réticents à lui confier leurs enfants. Peut-être était-ce la fin du Sunny Side qui se profilait. Sa maison était ouverte de toute façon, il s'en fichait. Plongé malgré lui dans les révisions de ses rattrapages, il ne pouvait s'empêcher de regarder l'horloge qui tournait. D'habitude, les quelques gosses auraient dû arriver depuis bien longtemps. M. Robbins avait appelé pour prévenir qu'Anaïs était malade, mais Andrew y croyait moyen. Malgré sa réconciliation avec Lou, les Robbins avaient toujours des doutes à son égard. Il avait perdu tous les miles qu'il avait gagné durant deux ans. Il était retourné à la case départ, considéré à nouveau comme l'ancien drogué alcoolique. C'était aussi pour salir son nom de tout ça, qu'il bossait ses rattrapages. Il ne voulait pas être, en plus, celui qui avait foiré son année pour cause d'overdose de pizzas et d'hibernation.