Du vole, n'importe quoi, c'était qu'un foutu mal entendu. Grognant sur le siège du commissariat Leah ne cessait s'exclamer son innocence dans cette histoire. Quelques heures plus tôt la voilà dans un quartier non loin de magnolia sur lequel la jeune fille c'était laissé perdre en rentrant de la fac. Et c'était sur le devant d'une maison près bien entretenu que Leah aperçu le pire des châtiments. Un nain de jardin exposé au froid, prisonnier dans une cour par sûrement d'affreux propriétaire. Sans réfléchir là jeune fille sauta par dessus le portail pour libérer cet être qui méritait d'être libre autant que n'importe quel américain.

- Et après ça on dit que c'est le pays de la liberté, s'exclama t-elle tout en rangeant le nain dans son sac à dos.

Seulement voilà, Leah avait été prise les mains dans le sac, les propriétaires du nain avait décidé d'appeler la police afin de punir Leah comme il se doit. Visiblement cela ne connaissaient vraiment pas Magnolia pour ne pas savoir que ceci est courant chez Leah Jones, fille de Pippa Jones, enlevée et retournée à ses parents. Mais Leah allait s'en servir comme atout. Refusant de donner son nom et ayant regardé Les Experts, NCIS, Julie Lescaut et autre elle savait qu'elle avait le droit au silence et à un appel.

Lorenzo, Leah avait pris des cours de maths particulier avec ce dernier avant de passer son diplôme, histoire de prouver à sa mère qu'elle n'était pas qu'une moins que rien. De plus il a su gagner la confiance de adolescente et à par son père, Leah considère Lorenzo comme le seul adulte en qui elle peut avoir une entière confiance. C'est pourquoi elle l'appela lui pour son seul et unique appel. C'était un peu sans gène de lui demander de venir, mais c'était signé Leah Jones tout craché.

Lorenzo ne faisait pas grand chose. Depuis la fin de la saison six de mad men, il se surprenait souvent à zapper à la télévision sans jamais s'arrêter. Les inconvénients de la vie de célibataire en pleine semaine. Il n'était pas tard, il avait déjà mangé, rangé, fait la vaisselle, nettoyé les déchets dans la cuisine ... et maintenant il n'avait plus rien pour l'occuper. S'il avait été plus maniaque, il aurait pu nettoyer chaque pièce de la maison encore et encore. A défaut d'être intéressant, le temps serait au moins passé plus vite. Finalement, louer l'ancienne maison d'Adrian n'avait pas que des avantages. Plus votre logement est grand, plus on entend le silence résonner, plus on ressent la solitude. Summer n'habitait pas bien loin de lui, dans cette maison qu'ils avaient appelé "la leur". Parfois il se surprenait à l'imaginer, reproduisant les mêmes faits et gestes que ceux adoptés du temps où il appartenait encore à ce foyer. Il soupira, et tomba sur une vieille rediffusion de Melrose Place. Malheureusement, il n'avait pas le choix.

C'est ce moment là que choisit son portable pour se réveiller. Levant les yeux au ciel afin de remercier sa bonne étoile, Lorenzo pria pour qu'il s'agisse d'un de ses potes souhaitant boire un verre. Tout pourvut qu'il sorte d'ici et arrête de tourner en rond. Il ne reconnut pas le numéro. Quelle surprise quand on lui annonça alors le commissariat. A part Summer, qui pourrait donner son nom pour utiliser le seul appel autorisé ? Son sang ne fit qu'un tour et son inquiétude grandissait déjà, quand on lui indiqua que Leah Jones le demandait. Il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis des lustres. Etonné, il regarda l'heure, que pouvait-elle faire à cette heure ci au commissariat ? « Allo, Leah ? » Bien sûr, il avait accepté l'appel. Il n'aurait jamais réussi à définir sa relation avec la jeune fille, elle dépassait évidemment le stade de professeur-élève, sans entrer dans les méandres perverses que certains esprits mal tournés pourraient imaginer. Il se sentait plutôt comme un grand frère, celui qu'on vient voir pour ne pas se faire disputer par les parents. Etait-ce donc cela, dont il s'agissait ? Pour s'amuser, il se figura un instant la figure de Pippa, si elle recevait un appel de sa fille en provenance du commissariat. Il se retint de rire, mais l'image le fit bien sourire ...

Lorenzo s'attendait à tout, venant de Leah. Sans surprise, elle se retrouvait au commissariat à cause de nains de jardin. Il se retint de rire, ce sujet était devenu de plus banales, à force. Leah n'était pas une de ces élèves moutons, qui pense vit s'habille et mange pareil. Sa principale préoccupation n'était pas de porter uniquement des vêtements qui seraient passés sous le fer à repasser, elle avait d'autres préoccupations. Comme les nains de jardin. Les hérissons, aussi. Quand il avait commencé à la connaître, Lorenzo avait cru d'abord que la jeune fille rigolait, qu'elle jouait une drôle de comédie. Mais non, elle se préoccupait sincèrement de ces petites statuettes ... Ce qui avait forcé Lorenzo à cachait celles qui trônaient dans son jardin, avant que Leah ne les croise et ne crie à la trahison. Il se souvenait, la tête de Summer, quand il lui avait expliqué le pourquoi du comment. Depuis, ses nains de jardin dormaient tranquillement dans le garage, il les croisait de temps en temps quand il allait y chercher une rallonge ou un tournevis. Il ne savait pas comment les sauver, et n'avait jamais vraiment tout compris dans les élucubrations de Leah. Est-ce que s'il les relâchait dans la rue, ils se mettraient à marcher vers la liberté ? Lorenzo préférait ne pas tenter l'expérience. Il comprit vite que Leah avait besoin de son aide, mais aussitôt, une voix d'homme prit sa place au bout du combiné. Nièce ? Lorenzo faillit préciser que Leah était simplement son élève, puis se souvint que Leah l'avait qualifié de tonton quelques minutes auparavant. Tonton lolo, quelle blague. Son esprit cartésien comprit rapidement que la jeune fille préférait faire appel à lui plutôt qu'à sa marâtre de mère. La jeune fille était de ces enfants nés dans la mauvaise famille. Elle aurait pu être heureuse, avec des parents hippies qui font du yoga et mangent de l'herbe. Et Pippa aurait été comblée avec une fille superficielle rêvant d'être célèbre. Mais le sort les avaient associées autrement. « Je comprends, c'est très gentil de la part du propriétaire. J'arrive tout de suite pour la chercher, merci de ne pas la mettre en garde à vue, vraiment » Il entendait la voix de Leah résonner au loin. A ce rythme là, elle risquait plutôt d'être placée en asile. Lorenzo se dépêcha donc d'aller à sa rescousse.

Le commissariat n'était pas un lien où il se rendait régulièrement. Et à dire vrai il n'avait jamais imaginé que Leah serait une raison pour venir ici. Il s'adressa à une drôle de vieille dame à l'accueil, avec des lunettes hideuses et un collier de coquillages. « Bonjour, je viens chercher mon é- ma nièce, Leah Jones. Elle a ... tenté de voler un nain de jardin » Grâce au ciel, la standardiste était au courant de l'histoire et ne le prit pas pour un fou, elle lui indiqua la personne à qui s'adresser, à qui Lorenzo récita ensuite la même phrase. On lui amena bien vite une Leah toute boudeuse. « Allez viens là, et dis merci aux policiers de ne pas t'avoir mise en prison ! » dit-il en lui ébouriffant les cheveux, comme à un gosse. Il avait bien le droit d'en rire un minimum. Ils réglèrent les quelques papiers administratifs puis furent autorisés à partir. « Si ta mère entend parler de ça ... tu ne peux pas laisser tranquille ces nains de jardin, du moins jusqu'à ce que tu sois diplômée, avec un métier et suffisamment de pouvoir pour les libérer, même si je ne sais pas trop comment ? » Il la réprimanda un peu alors qu'ils rejoignaient sa voiture. Il ne s'attardait pas sur ce qu'il disait : c'était de la folie pure. C'était Leah.