Après avoir commandé leurs desserts, Nathanaël conseilla à la jeune femme d’attendre d’enchaîner ses sakés avant de boire son café. Scarlett devait-elle commencer à regretter d’avoir accepté ce gage ? Quel alcool était si fort qu’il exigeait une attention si ‘particulière’ ? Un whisky version chinoise peut-être. La jolie brune hocha la tête positivement en guise de réponse avant de laisser le monde extérieur reprendre le dessus dans sa tête. Il y avait toujours des moments dans ces soirées qu’elle passait avec Nathanaël où les délires laissaient place à une forme mise au point dissimulée par leurs jeux mais qui se réveillait aussitôt dès qu’elle se reposait les mêmes questions. Et la conclusion était toujours la même depuis qu’elle l’avait quitté laissant leurs deux cœurs en lambeaux. Elle n’aurait jamais dû. Ce n’était pas seulement ses sentiments pour un autre qui l’avait poussée à s’en éloigner à son tour, mais bel et bien ses propres peurs. Ces pensées confuses ne savaient plus que dire ou que faire, mais dans la brume de son esprit, Scarlett était certaine qu’elle refusait de lui mentir. La décharge électrique qui parcourut son corps lorsqu’il resserra son étreinte sur sa main la déstabilisa. Nathanaël aussi la connaissait bien et savait lire en elle. Il anticipa bien évidemment la réponse toute faite qu’elle comptait lui donner, le fameux ‘il n’y avait rien’ qu’elle servait toujours quand elle ne voulait pas en parler. C’était surtout qu’ils passaient un bon moment, alors inutile de gâcher la soirée avec un sempiternel raisonnement ‘à la con’. L’expression ‘sauvée par le gong’ n’aurait alors pas plus être adéquate, car c’est ce moment-là que choisit la serveuse pour apparaître accompagnée de leurs desserts. Scarlett avait choisi une salade de fruit légère, parfaite pour passer après leur plat plutôt consistant. Mais alors qu’elle comptait attaquer son désert, Nathanaël n’avait pas cessé de la regarder même en présence de la serveuse, il ne démordrait pas jusqu’à ce qu’elle lui réponde. À sa grande surprise, son cœur se ralentit, comme pour éviter d’avouer que son emprise sur elle ne faisait qu’accroître à chaque minute qui s’écoulait à ses côtés. C’était comme s’ils étaient connectés quand une chose préoccupait l’autre, et qu’un radar se déclenchait lorsque leur organe battant dépassait la limite de vitesse autorisée Son indécision la gavait, d’où sa prise de distance dernièrement. Ils se rapprochaient de plus en plus et dangereusement, mais elle n’arrivait pas à recommencer à leur faire ça. Être entre deux chaises. Elle se disait parfois que le mieux serait peut-être de tout arrêter définitivement, mais elle finissait par réaliser que c’était impossible, la même réponse revenait toujours là, évidente. Scarlett avait eu peur de le perdre encore, et finalement, c’était elle qui avait provoqué ça et qui faisait encore du mal à une autre personne, parce qu’elle n’avait pas été capable d’assumer ses sentiments pour Nate jusqu’au bout au moment où elle aurait pu. L’amour était comparable à la possession inaltérable d’un être que l’on aime, une émotion guidée par une appréhension momentanée, un délicieux goût d’allégresse, une tension palpable. Ce sentiment étrange avait su déchiré le voile du silence quand ils ne se parlaient plus et les avait conduits à se retrouver… encore et toujours. Combien de fois au cours de ces dernières années la jeune femme n’avait-elle pas laissé son amour muet la brûler de l’intérieur jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un misérable tas de cendres en elle ? Mais rien de tout cela n’avait plus d’importance aujourd’hui, si elle pouvait voir danser dans ses yeux bleus la passion inégalable qui lui retournait les sens. Scarlett n’avait jamais su trouver les mots exacts pour lui expliquer tout ce qu’il représentait pour elle, c’était tout à fait impossible, quand bien même elle les aurait trouvés, cette force de préservation en elle (appelez la fierté) l’aurait poussée à les contenir. Alors s’efforçant d’ignorer tout ce qui les entourait, elle répondit finalement à sa question. « Il n’y a rien, je t’assure, je pensais juste à nous. » Souffla-t-elle. Elle pensait à eux, à tout, à ne pas savoir quoi faire. ‘Nous’. Ça lui faisait bizarre de dire ça à Nathanaël, mais n’y avait-il pas bel et bien le début de quelque chose qui recommençait entre eux ? Sinon à quoi rimait ce qui s’était passé au Nouvel An et cette soirée ? On ne pouvait pas dire qu’elle avait précipité les choses pour le dire, inutile donc de continuer à le nier. Ces mots n’engageaient de toute façon à rien pour le moment. Nathanaël avait raison : pas de prises de têtes ce soir, ils verraient plus tard. Scarlett prit sa cuillère et commença à déguster sa salade de fruits tandis que l’Evans lui ordonnait de l’aider à finir la volumineuse glace qu’il avait commandée. Ça aussi ça en rappelait des souvenirs à la jeune femme. Décidément, ils avaient partagé tellement de moments que tout prêtait à les leur rappeler quand ils se faisaient une nouvelle soirée. « C’est vrai que ce serait trop bête d’en laisser. » Répondit-elle en retrouvant le sourire. « Si tu veux chiper des fruits, te gêne pas non plus. » Scarlett était une véritable fruits-addicts, sa mère avait toujours intérêt à en ramener un bon stock sous peine de voir la réserve dévalisée en deux jours. Elle prit alors sa cuillère pour contribuer à l’aider et la planta pour prendre un peu de vanille avec du chocolat fondant dans le dessert du jeune homme avant de sentir une explosion de douces saveurs fraîches dans la bouche. Un nouveau sourire s’esquissa sur ses lèvres. Après le riz sur les genoux, Nathanaël s’était mis de la glace sur la joue, près des lèvres. « T’en as mis un peu de côté. » Dit-elle alors en lui montrant. « Non par-là ». Pouffa-t-elle ensuite en le voyant galérer. Scarlett avança donc la main et de son pouce enleva le superflu de glace, un contact qui l’électrisa légèrement. Qu’est-ce qu’elle aurait eu envie de virer cette table entre eux et de prendre son visage dans la prison de ses mains enlever cette glace autrement et coller ses lèvres passionnément aux siennes… Mais elle se devait de se retenir voyons. Ce n’était pas digne d’une Spencer. Ou alors bien trop.

Lorsque finalement Scarlett lui répondit qu’elle pensait à eux, l’Evans pencha un peu la tête sur le côté, indécis et surpris à la fois. Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? Peu importe. Tout comme il était sur de ne pas vouloir se prendre la tête et trop réfléchir ce soir, il avait soudainement décidé qu’il en serait de même pour sa partenaire. Si c’était certes une soirée comme une autre, elle n’en était pas moins à eux ni plus ni moins et méritait d’être usée dans les règles de l’art. « Et qu’est-ce que tu te disais à propos de ‘nous’ ? » Demanda-t-il toute fois un peu curieux. Dans le pire des cas si elle ne voulait pas en parler ou trop exposer ses sentiments, elle pourrait toujours s’en sortir avec la porte de secours : l’humour. A voir le dessert de la jolie brune à côté du sien, c’était.. Le jour et la nuit. Elle avec sa petite salade de fruits toute colorée surement très peu calorique et lui avec sa montagne de chantilly, coulis de chocolat et boules de glace ici et là. Un mélange des deux ne devait pas être mauvais du genre : salade de fruits avec chantilly et boules de glace. « Tu peux en prendre pour en manger avec les fruits, ça doit être plutôt pas mal. » Répondit-il seulement avant de gouter lui-même à son dessert en hochant la tête à la proposition de Scarlett qui lui disait qu’il pouvait lui en piquer lui aussi s’il le souhait. Il n’était pas trop fan de salade de fruits, jugeant que bien souvent, le mélange de tous ces gouts gâchait celui de chacun d’entre eux pourtant très agréable en bouche à la base. Il préférait de loin manger une pomme ou une orange telle quelle. Surement trop pressé de gouter à la glace chantillysée, Nathanaël s’en mis autour de la bouche ce qui, bien sur, provoqua à nouveau l’hilarité de Scarlett. A plusieurs reprises l’Evans tenta d’effacer la trace de nourriture, se mettant lui-même à rire puisque de toute évidence il ne la trouvait pas. « Là ? » Demandait-il en posant son doigt à un endroit au hasard, à l‘opposé de là où se trouvait vraiment la glace. Rien à faire, il n’y arrivait pas. Voyant sa détresse, Scarlett endossa une espèce de cap invisible de Wonder Woman et tendit simplement le bras pour le lui enlever elle-même. Quant à lui, il se contenta simplement de la regarder faire en souriant -comme un idiot sans doute- appréciant le contact de sa main contre sa peau. Le dessert pourtant si magnifique, si bien présenté, si délicieux n’avait plus aucune valeur à ce moment là. Même le fameux coulis de chocolat semblait bien moins exquis que les lèvres de la Spencer. Cette pensée lui rappela le soir du nouvel an, dans la voiture lorsqu’elle s’était retrouvée sur lui avec une fraise enrobée de chocolat entre les lèvres. Tout était réuni : les fruits, le chocolat et elle. Ca aurait pu donner pas mal d’idées plutôt intéressantes mais mieux valait-il qu’il ne commence même pas à y penser. « Merci. » Soudainement d’humeur taquine, Nate eut une idée derrière la tête. C’était plutôt direct et pour la subtilité il repasserait mais bon sang, il ne pouvait simplement pas passer à côté de l’occasion. Et puis le restaurant était plein à craquer de gens amoureux qui se regardaient dans les yeux en se disant à quel point ils s’aimaient , qu’ils ne pouvaient pas passer une seconde loin l’un de l’autre et tout le blah blah habituel ce qui signifiait que déjà : personne ne s’intéresserait à eux et qu’avec un peu de chance DS non plus. Un restaurant en dehors de la ville, un soir de St Valentin, la personne derrière ce site avait probablement autre chose à faire que de traquer les gens du quartier pour voir ce qu’ils pouvaient bien faire et avec qui. Faisant comme si tout était normal, Nathanaël recommença à manger doucement et ce n’est qu’au bout de quelques instants de silence qui reprit la parole : « J’en ai de nouveau mis à côté.. Quel boulet, tu me l’enlèves ? » Demanda-t-il en levant les yeux vers elle et en reposant sa cuillère. Il s’en était volontairement mis juste à côté de la bouche, se pinçant les lèvres comme s’il était vraiment embêté, regard plongé dans le sien. Il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui. Combien de fois s’était-il dit que tant qu’elle serait en couple, il s’interdirait de l’approcher plus qu’à la frontière des gestes amicaux ? Et combien de fois déjà n’avait-il pas bâclé cette règle en laissant parler son cœur. Trop, probablement. Il était pourtant conscient que c’était mal mais ne pouvait se résoudre définitivement à n’être qu’un ami ou à se comporter comme tel alors qu’ils savaient tous les deux que tout était différent. L’Evans attrapa les mains de la jeune femme dans les siennes et les serra légèrement pour l’empêcher de pouvoir s’en servir si elle décidait de lui enlever la chantilly qui trônait à la commissure de ses lèvres. C’était bien trop facile sinon et beaucoup moins drôle. Après, serait-elle cap oui ou non d’aller jusqu’à là, personne sauf elle ne pouvait le savoir.

Scarlett releva les yeux vers Nathanaël quand il lui demanda ce qu’elle avait pensé sur eux. La jolie brune ne savait pas quoi lui répondre, sachant que si elle lui avouait ce qui lui était vraiment passé par l’esprit, cette table ne serait déjà plus entre eux. « Beaucoup de choses. Tu sais bien que ça a toujours été le grand bordel dans ma tête. » Expliqua-t-elle brièvement, d’une réponse qui n’engageait à rien. Bordélique. C’était le bon mot pour représenter leur relation en dent de scie et encore plus son éternelle indécision bien que dernièrement, celle-ci s’estompait de plus en plus. Scarlett se reconcentra sur les desserts que venait de leur apporter la serveuse asiatique. Ils ne partaient pas vraiment en Chine pour leur dernier ‘plat’, mais la jeune femme était bien contente de retrouver des saveurs connues. Nathanaël n’avait pas l’air très attiré par les fruits mélangés, en revanche, il s’attaqua vivement à sa dame blanche tout en proposant à la Spencer d’en mélanger avec son propre dessert si elle en voulait. Par petite gourmandise, Scarlett lui chipa une cuillère de vanille et de chocolat fondu avant de se rendre compte que Nate en avait mis sur le côté de son visage. La jeune femme avait beau essayer de lui indiquer l’endroit, il n’arrivait pas à le trouver. Amusée, elle avança alors la main pour la lui retirer de son visage avant de retrouver sa place. Mais c’était sans compter sur la ‘maladresse’ de Nathanaël qui quelques bouchées plus tard en remit une couche. « T’en manges décidément moins que tu n’en laisses sur le côté. » Dit-elle en souriant, avant d’avancer à nouveau la main. Toutefois, l’Evans lui empêcha de les bouger en les lui serrant légèrement contre la table. « Qu’est-ce que tu fais ? » Elle le regarda interloquée… avant de comprendre l’intention. Scarlett n’aurait pas droit à l’option « mains » pour s’exécuter. Il n’en restait pas beaucoup d’autres. La jeune femme n’hésita pas une seconde supplémentaire. Nathanaël lui donnait une énième occasion d’un rapprochement alors qu’elle en avait déjà évité plusieurs depuis le début de leur soirée. Elle n’en avait plus envie. C’était trop dur. La jolie brune avança instinctivement son visage du sien, mais s’arrêta à quelques millimètres, faisant durer le moment quelques secondes de plus. Elle se mordait la lèvre inférieure, signe de son idée en tête. Scarlett aurait encore pu trouver une parade, attraper une serviette avec ses dents et la lui tendre pour se jouer de lui, mais elle n’en avait pas envie, ce qu’elle voulait c’était… lui. Tout simplement. La jeune femme posa sa bouche à l’endroit exact où il restait de la glace sur le visage de Nathanaël pour l’en débarrasser avant que leurs lèvres ne se trouvent naturellement. Elle ferma les yeux pour profiter pleinement de ce baiser doux et tendre tout d’abord, puis un peu plus intense et passionné, si bien que la température dans le corps de Scarlett grimpa instantanément de quelques degrés. Au bout de plusieurs secondes, la jeune femme reprit son souffle et plongea de nouveau son regard – brûlant – dans celui de l’homme qui faisait battre son organe à un rythme endiablé en cet instant précis. La jolie brune n’avait plus ressenti quelque chose d’aussi ‘euphorique’ depuis le Nouvel An. L’explication était encore une fois évidente. N’y tenant plus, Scarlett abandonna sa salade de fruits et se leva doucement pour contourner cette table qui les séparait et se retrouver derrière la chaise de Nathanaël. Elle se pencha alors légèrement en avant, ses bras s’enlaçant autour de son cou, sa tête se situant à hauteur de son épaule et de son oreille. Elle non plus ne serait pas la reine de la subtilité ce soir. Non, Scarlett avait décidé de peser chacun de ses mots et d’assumer absolument tout après cet échange révélateur pour elle. La jolie brune n’avait plus envie de rien lui cacher de ce qu’elle pensait… avant qu’il ne soit peut-être trop tard que ce soit pour cette histoire d’accident qui pouvait à nouveau les séparer ou pour leurs sentiments qui revenaient à la charge et ne devaient pas disparaître définitivement. « Tu sais à quoi je pensais tout à l’heure ? » Revint la jeune femme sur ce qui lui était précisément passé par la tête. Ce qu’elle allait faire n’était pas bien, elle le savait et elle se détestait de ne plus savoir y résister, mais le meilleur moyen d’arrêter de blesser les gens autour d’elle était de cesser de se voiler la face. « J’aimerais… qu’on soit ensemble. » Ajouta-t-elle encore plus bas en déposant ses lèvres près de son oreille. Son cœur battait à nouveau à coups redoublés. Scarlett avait laissé Nate prendre encore un peu plus possession de son corps, de son âme, le laissant s’agripper à son organe battant. Quitte à parler franchise, autant tout lui dire ce soir. Lui offrir tout ce qu’elle pouvait encore, parce que tout lui appartenait d’ores et déjà. La jolie brune se détacha ensuite et fit mine de s’éloigner pour s’éclipser et ne pas avoir à affronter son regard et encore moins sa réaction après ce qu’elle venait de lui dire, mais il ne lui en laissa pas vraiment l’occasion. ‘Gardée’ près de lui, Scarlett redoutait terriblement sa réponse. La peur lui nouait littéralement le ventre de l’intérieur. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour le dire, dans ce restaurant bondé, au lieu d'un endroit romantique et privé, mais elle n'avait plus su retenir ce qu'elle ressentait. C’était connu. Se mettre à nu par des mots avait toujours été bien plus difficile que tout autre chose.

Haussant doucement les épaules, Nate répondit d’une façon plus légère afin de terminer sur une note un peu plus amusante : « J’ai l’impression que c’est le cas de tout le monde dans cette ville. » Lui le premier d’ailleurs. Puis vint le moment du loupé -de nouveau- et alors qu’elle avançait la main pour le lui enlever, il l’attrapa pour l’en empêcher. Il n’avait aucune envie qu’elle le fasse comme ça et puis quitte à être là, en ce jour et en ce lieu, autant jouer cartes sur table une fois pour de bon. Si elle acceptait les règles du jeu tant mieux, il saurait au moins où il mettrait les pieds et dans le cas contraire il n’insisterait pas plus. « Moi ? Rien du tout. » Répondit-il comme s’il ne comprenait réellement pas de quoi elle lui parlait. La voyant avancer la tête en se mordillant la lèvre, il en fit de même instinctivement pour lui faciliter le travail et resta le regard planté dans ses yeux jusqu’à ce qu’elle mette fin au derniers millimètres qui les séparaient. Une poignée de secondes s’écoula à peine entre le moment où elle avait retiré la glace et la chantilly et celui où leurs lèvres se retrouvaient enfin. Il n’en avait pas eu l’occasion depuis le nouvel an donc plus d’un mois, soit une éternité. Même s’ils étaient en plein milieu d’un dîner et en public, ce qui aurait donc dû les convaincre de s’arrêter à un chaste baiser du bout des lèvres, il ne parvint pas à se détacher d’elle préférant de loin la deuxième option qui s’offrait à lui : prolonger. S’il l’avait provoqué en faisant tout ça, ce n’était surement pas maintenant qu’il avait ce qu’il voulait qu’il allait faire marche arrière et jouer au gars timide peu sur de lui. Il avait fait un grand pas en avant avec elle, hors de question que les suivants en soient trois en arrière. Ils se détachèrent alors après quelques secondes aux allures paradisiaques et se regardèrent du moins, avant que la jeune brune ne se lève de sa chaise soudainement. Nathanaël lâcha donc ses mains, la regardant toujours et essayant de prévoir à l’avance ce qu’elle comptait faire et où est-ce qu’elle pouvait bien aller. Pas très loin à vrai dire puisqu’elle se retrouva juste derrière lui, bras noués autour de son cou et visage à la hauteur de son oreille et de son épaule. Le jeune homme pencha légèrement la tête en arrière, yeux fermés et posa ses mains sur ces bras qui l’entouraient et le berçaient. Ils n’étaient peut-être pas habitués à de telles démonstrations surtout lorsqu’il y avait des gens autour mais là ça ne comptait plus vraiment. C’était comme une pause dans leur jeu habituel qui ne cessait jamais, une sorte de mise au point. Il sentait l’euphorie montante dans sa tête, sa peau se réchauffant au contact de la sienne et encore mieux, son délicieux parfum enivrant son nez. Il ne répondit pas à sa première question qu’il pensait plus rhétorique qu’autre chose et tendit l’oreille pour entendre sa réponse. « J’aimerais qu’on soit ensemble. » Ses yeux se rouvrirent d’eux-mêmes. Jamais encore ils n’avaient été aussi explicites l’un envers l’autre si ce n’était peut-être il y a un an, le jour où ils avaient fait des crêpes et où Nate lui avait pour la première fois dit ‘Je t’aime’. C’était à la fois excitant et terrifiant de se dire qu’ils venaient tout juste de passer un cap et que ce soit, comme par hasard, le jour de la fête des amoureux. Il ne s’en formalisait pas puisque à ses yeux on aurait pu tout aussi bien être le dix neuf octobre, ça n’aurait rien changé à ce qui venait de se passer et ce qu’elle venait de lui dire. Scarlett lui arracha un frisson lorsqu’elle déposa ses lèvres près de son oreille, endroit plutôt sensible chez lui comme elle le savait bien. Il s’apprêtait alors à répondre lorsqu’il sentit ses bras se dénouer et se retirer doucement et alors qu’il tournait la tête pour la regarder, elle avait déjà changé de position comme pour partir. Pas le choix, quitte à ce que ça devienne kitsch il s’en foutait éperdument. Elle venait de lui dire ce qu’il attendait depuis des années et il ne pouvait tout bonnement pas laisser ce moment lui glisser entre les doigts. Il attrapa sa main alors qu’elle lui tournait déjà le dos et la força à s’arrêter , la rejoignant sans attendre après s’être levé. Une fois tournée vers lui, il n’attendit pas plus longtemps et entoura sa taille de ses bras pour la retenir dans le cas où elle essaierait encore une fois de s’enfuir. Il n’était plus question de ça maintenant. Ils avaient joués longtemps les rôles des bons amis mais venaient de griller leurs couvertures comme il faut sans retour en arrière possible. « Ne fais pas ça. » La supplia-t-il, les yeux brillants de tristesse à l’idée de la perdre encore une fois. A présent de nombreux regards étaient à nouveau tournés vers eux mais aucune chance pour que Nate y fasse attention. Il jouait bien trop gros, plus qu’une misérable relation sans importance il était question de savoir si oui ou non, il allait pouvoir être avec celle qu’il aimait depuis toujours. Peu importe ce qui c’était passé dans sa vie, entre eux, l’éloignement, tous les problèmes et les tracas, les changements à cent quatre vingt degrés,.. S’il y avait bien une chose qui n’avait jamais changée, jamais diminuée, c’était ce qu’il ressentait pour elle. « Ne fuis pas, pas maintenant. » Ses paroles étaient des murmures alors que le silence se faisait petit à petit dans la salle même si quelques tables continuaient leur repas comme si de rien n’était. Sa main remonta lentement afin de caresser du bout des doigts sa joue alors qu’il reprenait : « Je t’ai fait du mal par le passé, j’en suis conscient mais laisse moi me racheter, laisse moi ma chance et laisse moi te prouver que personne ne pourra jamais t’aimer autant que moi. » Il n’avait jamais crû ces études qui disaient que quelque part on avait une âme-sœur, une moitié avec qui nous étions destiné à finir mais était parfaitement conscient qu’une seule pourrait contribuer à son bonheur et c’était elle. « Parce que c’est la vérité, je t’aime et.. » Il marqua une pause dans ses arguments puis reprit le plus sérieux du monde : « Et parce que tu es la seule pour qui j’ai ressenti ça de toute ma vie. Laisse nous une chance, je t‘en supplie. » Regard plongé dans le sien, il sentait son cœur s’emballer à l’idée qu’elle accepte ou même qu’elle refuse tout ce qu’il venait de dire. Il ne pouvait plus cacher ses sentiments, ces gestes affectueux et si ça avait nécessaire, il aurait pu lui conter toutes les autres raisons pour lesquelles elle devait leur laisser leur chance de vivre quelque chose, chance qui avait été écartée après l’accident. Le meilleur argument qu’il pouvait lui donner n’en restait pas moins qu’il l’aimait indéniablement même si ça semblait plutôt faible comme mot pour exprimer ce qu’il ressentait vraiment pour elle. Il en était dingue, était prêt à tout pour elle, pour la voir heureuse. Dans l’attente et le suspens de ses réponses, le jeune homme se contenta seulement de l’observer en silence. Il était passé de l’euphorie à la peur, la peur du rejet encore une fois. Il ne pouvait rien ajouter de plus, elle avait toutes les cartes en main.

Scarlett n’avait absolument pas anticipé qu’une simple soirée, officiellement entre amis, puisse prendre une telle tournure. Nathanaël l’incita tout d’abord à jouer un jeu dangereux quand il se remit de la glace près de la commissure des lèvres et lui tint les mains sur la table pour l’empêcher de s’en servir. La jolie brune, qui avait jusque-là résisté aux subtiles avances du jeune homme, ne pouvait plus faire machine arrière devant cette approche plus évidente de sa part. Plus audacieuse d’un coup, elle réduisit la distance entre leurs deux visages avant de lui retirer la vanille et de partager un langoureux baiser avec lui sans se soucier de ceux qui les entouraient. Scarlett était bien consciente que si elle cédait à cette envie, le reste suivrait également. Ses sentiments reprendraient le dessus et la pousseraient à craquer face à ce qui devenait de plus en plus clair chez elle. Et c’est exactement ce qui se produisit. Après ce baiser échangé, la jeune femme se leva de sa chaise et rejoignit Nathanaël qu’elle entoura affectueusement de ses bras en faisant toujours fi des quelques regards qui se tournaient désormais vers eux. En quelques secondes, elle lui avoua ce qui lui était passé par la tête plus tôt dans la soirée. Scarlett n’avait plus envie d’endurer son absence, parce qu’il fallait soi-disant qu’ils s’évitent pour ne pas raviver les sentiments. Ceux-ci étaient toujours autant présents après tant d’années et rien ne pourrait changer ça. La jeune femme en avait assez de retenir ce qu’elle ressentait, ce qu’elle voulait était de tout laisser exploser au grand jour, d’arrêter de le cacher et le lui afficher à chaque fois qu’elle en aurait l’envie. Scarlett était devenue dépendante de la présence de Nathanaël dans sa vie, comme d’une drogue puissante dont le manque était la plus douloureuse privation. Elle se sentait tout simplement vide quand il n’était pas là. Incapable d’expliquer l’intensité d’un tel sentiment ou de poser des mots dessus, la jolie brune avait finalement sauté le dernier pas qui restait sans doute à franchir entre eux, un aveu qui mettrait définitivement un terme à cette fausse relation d’amitié qu’ils entretenaient depuis bien trop longtemps. Une boule lui nouant le ventre, Scarlett avait pourtant peur de la réaction de Nate. À plusieurs reprises, ils avaient touché cette réalité d’être ensemble du bout des doigts, mais l’un ou l’autre avait toujours fini par l’esquiver avant qu’elle n’arrive. Lui, après l’accident de Tessa. Elle, en ayant le cœur partagé en deux. Détachant son étreinte de lui après cette révélation, la jeune femme s’éloignait déjà dans l’intention de croupir quelque part où elle n’aurait pas à l’affronter. Non seulement Scarlett avait peur (cet amour aussi grand lui fichait littéralement la trouille vu son incidence sur elle) mais elle s’en voulait terriblement de faire revivre le même scénario en sens inverse à son petit ami actuel, une situation difficile à assumer, même pour elle. La jeune femme n’eut cependant pas le loisir de continuer dans son intention, retenue par la main de Nate qui venait de se glisser dans la sienne. Il se leva alors pour se retrouver à sa hauteur et la garda dans la ‘prison’ de ses bras avec la ferme intention de ne pas la laisser s’enfuir. Fuir. Elle passait son temps à le faire quand il s’agissait de ses sentiments pour lui. À quoi s’attendait-elle franchement ? Qu’il la laisserait sagement partir après ce qu’elle venait de dire ? C’était ridicule. La voix de l’Evans résonna comme une supplique dans le restaurant, où de plus en plus de gens commençaient à les regarder. Scarlett ne prêtait absolument pas attention à ce qui l’entourait et voyait dans le regard de Nate cette même appréhension qu’elle avait vue environ un an auparavant, quand elle l’avait quitté ‘pour de bon’. À la différence que ce soir, c’était sa réponse qu’elle ‘fuyait’, pas lui. Il lui répéta alors une nouvelle fois de ne plus l’esquiver et avait sans doute raison. À un moment ou un autre, elle devait assumer ses actes jusqu’au bout. Il posa ensuite la main sur la joue de la jeune femme et la caressa du bout des doigts comme pour attirer son attention avant de reprendre. Il lui rappela le ‘mal’ qu’il lui avait fait, mais il était loin d’être le seul. Ni lui ni elle n’étaient parfaitement blancs ou noirs dans cette histoire. À un moment donné, ils leur étaient arrivés de se faire de mal – involontairement ou non. Scarlett l’avait aussi profondément blessé quand elle avait choisi d’en aimer un autre que lui, elle en était parfaitement consciente, alors ce n’était pas la peine de continuer à se jeter la pierre, sans compter qu’il y avait eu des raisons à l’époque qui les y avaient poussés. Nathanaël était en train de faire tomber les dernières barrières de la Spencer avec une vraie déclaration où il lui demandait entre autres de lui donner une chance parce qu’il l’aimait comme jamais. Rares avaient été les moments où il s’était autant ouvert à elle. Toujours partagée entre l’euphorie et la peur, Scarlett resta quelques instants silencieuse après tout ce qu’il venait de lui dire, ne sachant pas quoi ajouter. Se rendait-il seulement compte qu’elle ressentait exactement la même chose pour lui, à savoir qu’elle ne pourrait jamais en aimer un autre autant qu’elle était attachée à lui ? Son cœur continuait de battre à un rythme effréné. À ses côtés, elle voulait que leur amour devienne comme un art dans lequel ils pourraient s’épanouir en dessinant leur œuvre au quotidien. La jeune femme prit une profonde inspiration et réduisit définitivement la distance entre eux, son intention de l’esquiver avait totalement disparu. Scarlett en était désormais plus que convaincue : il était redevenu le seul… et l’unique. « C’est tout ce que je veux. » Lui souffla-t-elle à nouveau à voix basse, en relevant cette fois des yeux déterminés vers lui. « Être avec toi. » Enfin, après toutes ces années à se tourner autour, ils se l’avouaient clairement. Scarlett le prit un instant dans bras. Il pouvait se rassurer ; elle était exactement sur la même longueur d’onde que lui. Un coup d’œil de côté lui signifia combien l’atmosphère dans ce restaurant lui était soudainement devenue étouffante. « On s’en va ? » Demanda-t-elle alors comme une supplique en desserrant son étreinte et en se fichant bien des défis qu’ils s’étaient encore promis d’accomplir. Elle voulait juste retrouver leur bulle, être rien qu’avec lui, pas avec tous ces regards curieux braqués sur eux, mais qui ne pouvaient heureusement pas les entendre tellement ils parlaient à voix basse. Scarlett avait d’ailleurs une petite idée de l’endroit où ils pourraient fuir ‘ensemble’, à l’abri de ce monde extérieur bien trop envahissant à son goût.

C'était encore une première fois qu'il vivait avec elle : déclaration au restaurant. Enfin, heureusement que personne n'avait le pouvoir de les entendre puisqu'ils parlaient trop bas parce que dans le cas contraire, pas sur que Nathanaël aurait été aussi assuré. Aux yeux de tous, ils n'étaient que deux personnes qui discutaient , debout, en plein milieu de la salle ou qui se disputaient peut-être plutôt vue la manière qu'avait eu Scarlett de presque s'enfuir. Peu importe, ils étaient là, l'un en face de l'autre et bien décidés à ne plus se cacher derrière de viles insinuations ou mensonges dans le simple but de se 'protéger' et l'un et l'autre. Elle avait eu peur qu'il reparte à nouveau et lui, il ne voulait pas qu'elle soit impliquée de près ou de loin à cette histoire d'accident par son biais. Il lui avait démontré qu'il ne partirait plus quant à cette histoire, elle était enfin révélée. Plus rien maintenant ne les empêchait d'être ensemble si ce n'était peut-être le petit détail quand même important : elle était déjà en couple avec quelqu'un. Sur l'instant il n'y avait même pas pensé, comme à chaque fois qu'il était avec elle. Il oubliait complètement et commençait à jouer comme s'il était toujours avec la Scarlett célibataire d'avant l'accident, comme une seconde nature, comme s'il ne pouvait s'empêcher de le faire. Il avait beau réussir à arrêter quelques élans de son cœur amoureux mais ne pouvait décemment pas tout filtrer à la perfection. Surveiller sans cesse ses gestes, ses paroles pour ne pas dire ou faire quelque chose qui le rapprocherait d'elle avait été chose difficile et lui demandait une concentration permanente. Au nouvel an il ne lui avait d’ailleurs fallu qu'une petite minute sans y penser pour se rapprocher d'elle et presque l'embrasser au moment où les feux explosaient. Elle déclenchait en lui comme un raz-de-marée d’émotions, une véritable tornade, une tempête à chaque fois qu'ils se voyaient sans même le vouloir, juste en souriant où en étant là. Nate se sentait comme un peintre, un peintre qui aurait voué sa vie à une seule et unique toile qui représenterait l’œuvre de sa vie et dont la muse aurait été la Spencer. Lui qui haïssait les films trop cucul où les personnages s'avouaient ouvertement et aux yeux de tous leurs sentiments les plus sincères, il se retrouvait dans la même situation à l'exception qu'il se sentait éperdument bien. Sa réponse tomba, elle voulait aussi être avec lui. Soulagé, l'Evans sourit. Il avait envie de rire tellement la nervosité lui était montée à la tête, tellement son cœur battait vite en cet instant mais n'en montra rien. Ses yeux brillaient d'une nouvelle lueur : la joie et l'amour qui le traversaient sur le moment étaient indescriptibles. Lorsque Scarlett s'approcha, il en fit de même et l'entoura de ses bras en la serrant contre lui. Ce n'était pas leur première étreinte, mais elle avait un tout autre goût depuis ce qu'ils s'étaient dit , ce qu'ils s'étaient avoué. L'Evans savait aussi que malgré cette conversation, ils ne pourraient pas être ensemble 'tout de suite' , par respect pour Elias parce que oui, même si à un moment il l'avait haït -par pure jalousie bien entendu- il n'en restait pas moins encore et toujours le petit ami de la jolie brune. Nate hocha la tête à sa proposition, ravi de quitter cet endroit pourtant assez agréable et dans l'espoir de pouvoir profiter de cette soirée sans témoins. Il fit alors un geste de la main après avoir levé le bras, au serveur le plus proche pour lui indiquer qu'il voulait l'addition et retourna à sa table pour enfiler sa veste. Tant pis pour sa glace, pour la chantilly et pour le coulis de chocolat, ça ne l’intéressait plus vraiment non plus. Tout ce dont il avait envie c'était de la retrouver pour de bon, elle . Une fois la note arrivée, Nathanaël régla puis attendit que la jeune femme soit prête pour sortir du restaurant se retrouvant alors devant le parking. « Où est-ce que tu veux aller ? » Demanda-t-il en se tournant vers elle et faisant un pas dans sa direction qui mettait d'ores et déjà presque fin à la distance qui les séparait. Il avait l'impression d'avoir tellement été séparé d'elle qu'il ne supporterait plus que ce soit le cas maintenant qu'ils en étaient là, profiter de chaque instant, de chaque moment. Il lui avait juré il y a longtemps qu'elle ne le perdrait plus et il avait tenue sa promesse puisque à présent il pouvait le dire : il lui 'appartenait' de manière plus ou moins officielle bien que c'était le cas depuis plusieurs années déjà. Moins 'timide' que tout à l'heure dans le restaurant alors que des yeux étaient braqués sur eux, Nathanaël posa le casque de moto qu'il avait récupéré à terre et s'avança encore avant de l'embrasser. Restaurant romantique, révélations tout ça le soir de la st valentin. Y avait-il une chance que ce ne soit pas le fruit du hasard et qu' un cupidon était réellement en train de semer ses flèches dans Magnolia ? Telle était la question.

Revirement de situation complet. À la base une simple sortie comme une autre, la soirée venait de prendre un tournant totalement différent. Il avait suffi d’un intense baiser échanger, le premier depuis le Nouvel An, pour que les dernières barrières de Scarlett craquent et cèdent face aux sentiments qui devenaient de plus en plus criants en elle. La jeune femme en avait assez de taire ces élans qui revenaient bien trop souvent depuis qu’elle avait recommencé à voir Nathanaël un peu plus fréquemment. Ces derniers mois avaient été plutôt révélateurs pour elle. Bien loin de s’atténuer, leur relation continuait de grandir avec eux au fil du temps. Alors quand il lui avoua qu’il espérait plus que tout qu’elle lui donnerait une chance, Scarlett ne recula plus et répondit par l’affirmative. Elle aussi voulait qu’ils se donnent une chance. À chaque fois qu’ils avaient été sur le point de se mettre ensemble, un aléa ou un obstacle s’était présenté sur leur chemin. Aujourd’hui, la situation de la jeune femme n’avait pas changé, elle était encore en couple et tenait encore beaucoup à Elias. Mais ce qu’elle ressentait pour Nathanaël n’avait finalement pas diminué et dépassait même l’entendement. Un lien si fusionnel ne pouvait pas s’expliquer autrement que par l’amour sincère qu’elle ressentait pour lui et continuer de le nier ne ferait pas que du mal à eux-mêmes mais aussi à ceux qui les entouraient surtout sur le plan sentimental. Quand Scarlett lui retourna qu’elle voulait être avec lui, son cœur devint soudainement plus léger. Elle n’avait plus envie de le cacher, pire elle assumait pleinement. La jolie brune était bien consciente que ses peurs et son indécision avaient déjà fait vivre plusieurs montagnes russes à Elias ou Nate, mais elle avait l’impression que tout se remettait en place ce soir. Scarlett avait déjà eu ce semblant de sentiment quand elle s’était mise en couple avec le barman un peu plus d’un an auparavant, mais c’était tout de même différent. À l’époque, elle était toujours avec lui, il s’était montré présent dans un moment de sa vie où elle ne voyait presque plus Nathanaël et puis, ils étaient tellement tellement différents que la relation qu’elle entretenait avec les deux n’était même pas comparable. Aujourd’hui, elle ressentait cette émotion mille fois plus fort, comme si toutes les sons criants dans sa tête s’harmonisaient enfin dans une douce mélodie. Elle l’aimait, point. Inutile de chercher plus loin. Scarlett lui proposa alors de quitter le restaurant pour qu’ils se retrouvent loin de ces regards curieux désormais braqués sur eux en se demandant ce qui se tramait et s’ils étaient en train de se disputer alors que c’était tout le contraire. Peu habituée aux marques d’affection en public, la jolie brune était dans la retenue. Nathanaël approuva son idée et appela le serveur pour régler l’addition tandis que Scarlett enfilait à son tour sa veste. Elle lui emboîta ensuite le pas à l’extérieur. Une fois qu’ils arrivèrent près de la moto, il se tourna vers elle pour lui demander où la jeune femme voulait aller. Scarlett avait sa petite idée, mais préférait ne pas le lui dire pour le moment. « Tu verras, je t’indiquerais le chemin. Mais c’est pas tout près. » Répondit-elle, en esquissant un sourire mystérieux. En effet, ils en auraient bien pour une bonne heure de route en roulant bien avant d’y arriver, mais peu importait, car la soirée n’était pas encore très avancée. Nathanaël réduisit alors la distance entre eux et l’embrassa tendrement, leur premier baiser en étant ‘plus ou moins’ ensemble. Celui-là avait sans aucun doute une saveur différente des autres. Leurs lèvres se séparèrent finalement et Scarlett enfila son casque en attendant qu’il s’occupe de démarrer la moto. Ils s’installèrent ensuite dessus et la jeune femme passa ses bras autour de lui pour se tenir. « C’est par là. » Indiqua-t-elle alors la route à suivre, une nationale rapide. Elle se rappela alors du gage qu’elle avait voulu lui lancer, celui-ci avait justement rapport avec la moto. Avant qu’ils arrivent ici, Nathanaël avait roulé (excessivement) prudemment comme s’il avait peur d’un mauvais coup du sort. Elle n’avait rien dit pour ne pas le braquer alors qu’il avait déjà accepté de prendre les ‘commandes’ de l’engin, mais Scarlett était sans doute un peu plus ivre de vitesse que lui et lui aurait bien demandé de ne pas avoir peur et d’accélérer un peu en guise de ‘défi’ personne, cependant elle se retint. Ce n’était peut-être pas une bonne idée après tout ce qu’il avait traversé, elle mieux que personne savait combien il se sentait suffisamment coupable pour un événement que pour risquer de provoquer un nouvel accident sous prétexte d’un jeu idiot qu’elle lui aurait ‘imposé’. Scarlett oublia donc bien vite cette perspective et se contenta de lui donner quelques indications pendant le chemin jusqu’à ce qu’ils arrivent finalement dans un bois (aux chemins bien tracés donc pas de problème pour y rouler) et s’y enfoncent pendant quelques minutes avant de finalement arriver devant une belle maison spacieuse alias la seconde résidence des Spencer où ils se réfugiaient parfois un long week-end ou quelques semaines en été. Scarlett se souvenait de la dernière fois où son père avait emmené toute la petite famille pour tenter de recoller les morceaux entre eux, un vrai fiasco. « Bienvenue chez mon deuxième chez moi ! » Dit-elle quand il s’arrêta finalement. Ou plutôt le troisième, vu que le deuxième était censé être jusque-là officieusement le n°18 mais ce ne serait plus le cas désormais. C’est sûr qu’ici ils ne seraient pas embêtés, le coin était over-calme surtout en soirée et à cette période de l’année. Nate n’y était jamais venu, même pendant leur enfance. Heureusement que Scarlett gardait toujours toutes ses clefs sur elle ; ils n’avaient même pas dû rentrer avant. La jolie brune descendit de la moto, retira son casque puis passa une main dans sa longue chevelure pour la remettre en place. « J’te fais le tour des lieux ? » Proposa ensuite la jeune femme avant de rejoindre l’entrée, en espérant que la perspective de finir la soirée ici ne lui déplairait pas. De toute façon, ils ne risquaient pas de s’ennuyer.

Lorsqu’elle ne lui indiqua pas l’endroit mais le chemin à prendre pour y aller, Nathanaël hocha simplement la tête en guise de réponse. Sans doute était-ce une surprise bien que ce soit surprenant puisqu’à la base, ils ne devaient pas passer cette soirée ensemble et ayant été ‘collés’ du début à la fin, elle n’avait rien pu préparer à la dernière minute. Explorant les diverses possibilités, Nate se dit donc que c’était peut-être un endroit dans la nature ou alors un petit bar tranquille quelque part. Dans tous les cas, il lui donnait sa confiance et savait qu’elle avait une bonne idée derrière la tête. Mettant son casque sur sa tête lorsqu’ils se séparèrent, le jeune homme remonta sur la moto et retira la béquille qui la tenait avant de mettre le contact en attendant que la jolie brune derrière s’installe à son tour. Regardant alors la route qu’elle lui indiquait, ils partirent sans que l’Evans ne pose une seule question même si des centaines se bousculaient dans sa tête. Roulant sur une nationale, Nathanaël se permit d’accélérer même si, son mauvais souvenir l’empêchait toujours de se lâcher à cent pourcent. Il aurait voulu voir ce qu’elle avait dans le ventre cette bécane, aller à fond, se faire flasher même du moment que l’adrénaline montait et pétillait en lui en faisant rythmer son cœur et son sang à une cadence plus importante. Après quelques minutes de route, Scarlett lui indiqua qu’elle sortie il devait prendre et par où il devait continuer pour finalement se retrouver.. Dans un bois ? De toutes les situations possibles qu’il avait imaginées, tous les endroits où ils auraient pu aller, l’Evans devait bien avouer qu’elle le bluffait et qu’il ne comprenait plus rien. A moins de ne l’avoir emmené ici pour le violer entre deux bouts de bois (a) il ne voyait pas bien ce qu’elle voulait qu’ils fassent ici. Il arqua simplement un sourcil, bien caché derrière son casque et sa visière mais continua puisque Scarlett semblait bien savoir où elle allait et surtout pour quelle raison. Alors que les minutes avaient défilées plutôt rapidement et qu’ils s’étaient bien éloignés des sentiers les plus empruntés, Nathanaël vit derrière des arbres, à quelques mètres d’eux, quelque chose qui avait étrangement la forme d’une maison. Avait-elle découvert un espèce de vieux manoir mystérieux et probablement habité par une sorcière maléfique en manque de chaire fraiche pour retrouver sa jeunesse d’antan ? Non, probablement pas mais cette perspective le fit sourire. Des fois lui-même -ou plutôt son imagination- s’exaspérait. Bien souvent, son esprit partait trop vite, trop loin dans des délires que personne ne pouvait comprendre hormis quelqu’un aussi fou que lui. Enfin arrivés, Nate éteint le moteur et posa pied à terre pour retenir la moto le temps de mettre la béquille. Non effectivement, ça n’avait rien d’une vieille bâtisse habitée par une vieille folle ou même abandonnée bien au contraire. Au milieu des grands pins et autres arbres, se trouvait une maison qui en jetait d’ailleurs vue de dehors. On voyait bien à ses murs, fenêtres et porte qu’elle n’avait rien de vieux bien au contraire, tout avait été choisi et assemblé avec goût pour donner une première impression positive et classe. Alors que Scarlett présentait la maison comme étant son deuxième chez elle, Nate lui retirait son casque en ne quittant pas des yeux ce qu’il avait devant lui. Une nouvelle fournée de questions se précipitèrent dans sa tête : depuis quand avaient-ils cette maison ? Pourquoi n’en avait-il jamais entendu parlé avant aujourd’hui ? Ca semblait être un endroit parfait pour prendre des vacances ou tout simplement faire une pause à l’abris de ce quartier trop fréquenté, trop prétentieux et trop hypocrite au goût de Nate. Il n’y avait rien hormis la forêt et la nature autour, probablement le chant des oiseaux le matin comme réveil et la lueur du soleil traversant les vitres en été ou au printemps. Un petit endroit de paradis sur terre quoi. « Wow c’est.. Wow. » Il rit légèrement toujours en regardant ladite maison. Sur le moment il n’avait pas vraiment d’adjectifs en tête pour la décrire, juste son étonnement et le fait qu’il approuvait le choix qu’elle avait fait. « Bien sur ! Je te suis. » Répondit Nate en la regardant un instant avant de descendre de la moto sourire aux lèvres. Même si le trajet avait été un peu long, le jeu en valait sans doute la chandelle surtout qu’ici, il n’y avait définitivement aucun moyen pour que des oreilles ou des yeux trop curieux les surprennent. Il la suivit jusqu’à la porte d’entrée, casque sous le bras et attendit qu’elle ouvre pour entrer après s’être essuyé les pieds sur le tapis pour ne rien salir. L’intérieur, il devait bien l’avouer, était encore plus impressionnant que l’extérieur. Tout était si.. Spacieux pour une maison dans la cambrousse. C’était certes très bien décoré mais aussi assez simple pour mettre à l’aise n’importe qui et le faire sentir chez soi. « Ca fait longtemps que vous avez cette seconde résidence ? » Questionna-t-il en regardant tout autour de lui comme si sa tête pouvait pivoter à 180 degrés. Il avait envie de tout visiter, de tout voir comme un gamin qu’on emmènerait dans un nouveau lieu qu’il ne connaissait pas mais qu’il souhaitait ‘s’approprier’ pour s’amuser. Alors que Scarlett entamait la visite telle une pro d’agent immobilier, Nathanaël la suivait, débarrassé du casque et de sa veste qu’il avait laissés à l’entrée, rangés à l’endroit qu’elle avait le mieux décrété pour. Quand il disait qu’elle arrivait toujours à le surprendre même après tant d’années, il était décidemment encore loin du compte

Une fois qu’ils arrivèrent devant la maison, Scarlett descendit rapidement de la moto et retira le casque pour aller ouvrir la porte. La jeune femme tourna la clef et s’effaça ensuite pour laisser entrer Nate qui admira la décoration sobre et cosy de l’intérieur. Elle lui proposa alors de lui faire la visite des lieux, une intention qui aurait également l’avantage de leur dégourdir les jambes après ce long trajet en moto. Scarlett rangea leurs vestes et les casques dans le vestiaire prévu à cet effet à l’entrée et l’entraîna alors vers les escaliers montant à l’étage. Autant commencer par le moins intéressant… Nathanaël lui demanda alors si les Spencer possédaient depuis longtemps déjà cette seconde résidence. « Oui plutôt, depuis aussi loin que je me souvienne en fait, on y allait souvent tous ensemble en été quand ça allait encore bien, mais c’était pas aussi grand avant, ils ont fait pas mal de travaux ces dernières années, c’est seulement depuis peu qu’on peut y retourner plus souvent. Je vais te montrer tout ça. » Expliqua-t-elle brièvement, avant de l’inviter à la suivre. Elle lui montra d’abord à l’étage les chambres d’un peu tout le monde, sauf peut-être celle des parents qu’il n’avait pas besoin de voir, la salle de bains, toutes ces pièces décorées avec goût certes, mais jusqu’ici rien de bien grandiloquent. « Puisque c’était censé être notre maison de vacances, celle où on venait se poser un peu, mon père a décidé il y a quelques années d’aménager une pièce spéciale qui plairait à chacun d’entre nous. » Compléta-t-elle ensuite en laissant une part de mystère. Il comprendrait très vite ce qu’elle voulait dire. Ils redescendirent donc pour poursuivre la visite. Scarlett continua dans l’optique du moins intéressant vers le plus surprenant. Elle se dirigea donc dans un couloir à plusieurs portes et ouvrit la première qui donnait sur un petit bureau qui servait à son père sauf qu’il y avait une belle bibliothèque richement fournie en livre juste derrière. « Je passais mon temps à lire des bouquins avant, alors il m’en a préparé une bonne réserve pour les fois où on venait. » S’amusa-t-elle à raconter, elle dévorait littéralement les ouvrages, des grands classiques à des auteurs moins connus. La jeune femme laissa Nathanaël admirer quelques instants les précieuses reliures et attendit qu’il s’imprègne de l’atmosphère avant de passer à la pièce suivante. Scarlett quitta le couloir où ils reviendraient ultérieurement pour l’emmener à l’extrémité où se situait la spacieuse cuisine destinée à Arsinoé qui n’avait jamais autant préparé des plats que dans cette pièce lumineuse en été et bien dégagée. « C’est ici qu’on a partagé nos meilleurs repas Spencer. » Poursuivit-elle sans rentrer dans trop de détails pour ne pas le barber non plus. Un peu plus loin que la cuisine, la pièce faisant jonction n’était autre que le salon… doté d’un foyer à bûches artificielles pour les Noëls qu’ils avaient parfois passés ici assis dans les canapés à regarder des films en famille ou entre frères et soeurs. C’était surtout pour Elisabeth, la frileuse de la famille, que leur père l’avait installé. Enroulée dans des couvertures, elle trouvait toujours le moyen de mourir de froid, plus depuis que le foyer était là. Il y avait aussi une grande baie vitrée avec une belle vue sur le bois, qui rendait super bien en automne quand les feuilles étaient toutes colorées. Chaque pièce de la maison pouvait convenir à une période de l’année différente. Restait encore deux endroits principaux à voir, une réservée aux deux garçons de la famille et une autre pour tous les membres Spencer. « Prépare-toi pour la suite… » Jugea alors-t-elle bon de le prévenir. Il n’allait pas en revenir, c’était certain. Elle retourna dans le couloir où se trouvait le bureau et s’enfonça pour atteindre une deuxième porte plus large cette fois. « Cette pièce est réservée aux véritables enfants de la maison, soit mon père et mon frère. » Dit-elle en riant avant d’ouvrir en grand et de laisser à Nathanaël le loisir de découvrir par lui-même. Une salle… complètement dédiée aux jeux. Wii, billard et co. Les bars n’avaient qu’à bien se tenir. On se serait cru dans une mini-caverne d’Ali-Baba pour enfants fan de jeux en tout genre. Elle savait que cette pièce pouvait tout aussi bien devenir celle de prédilection pour Nate aussi mais il en restait encore une sur la liste. Scarlett le laissa faire un tour et chipoter aux affaires qu’il voulait tandis qu’elle s’avançait plus loin dans le couloir vers une salle destinée au ‘bien-être’ selon ses parents qui avaient sacrifié plusieurs années de suite des voyages à l’étranger pour pouvoir se la payer. La jeune femme ouvrit la porte et attendit que Nate la rejoigne pour découvrir la cerise sur le gâteau de la maison. « Ça c’était le lieu de réunion générale en cas de crise. » Décrivit-elle amusée. Quand elle se prenait la tête avec sa soeur par exemple, rien de mieux que le coin détente pour se réconcilier. Et pour sûr… La pièce était pourvue d’un assez grand jacuzzi intérieur, capable d’accueillir plusieurs personnes, de forme ronde.  L’idéal pour calmer les tensions ou se détendre. « Voilà, le petit tour est terminé, cette maison n’a désormais pratiquement plus de secrets pour toi. » Dit-elle en souriant, excepté peut-être la chambre des paternels où ils n'avaient rien à y faire, entendons-nous bien (a) « T’en penses quoi ? » Scarlett espérait qu’elle n’avait pas trop fait la visite dans un sens « étalage », ce n’était pas du tout l’intention car Arsinoé et Thomas avaient trimé pour y arriver. Elle l’avait plutôt fait dans une optique ‘découverte’. Il comprendrait certainement mieux son air déprimé parfois quand elle revenait de ‘vacances’, cette maison était juste un bijou comparé aux résidences ennuyeuses de Magnolia. La jeune femme attendit sa réponse avant de se rediriger vers la cuisine en priant pour que le frigo ou la réserve ne soit pas vide de tout, ce dont elle doutait puisque ses parents étaient normalement passés récemment faire le plein pour leur prochaine venue aux prochaines ‘vacances’.

Scarlett lui répondit qu’elle y allait depuis toujours mais que la maison avait subie de nombreux travaux et aménagements notamment pour l’agrandir et sans doute aussi pour les objets qui la remplissaient plus ou moins. C’était compréhensible même si Nate n’en revenait toujours pas. Lorsqu’il était gosse, il rêvait toujours d’avoir une cabane dans les bois -et pas forcément perchée dans un arbre like Tarzan- dans laquelle il pourrait se refugier si tout allait mal chez lui et qu’il ne savait pas où aller ou tout simplement lorsqu’il voulait passer un peu de temps seul, loin de la civilisation. Plusieurs fois il avait même piqué des marteaux, des cloues et bien d’autres objets à son père sans le lui dire juste dans l’espoir d’arriver malencontreusement à fixer quelques bouts de bois par ici et par là pour en faire un espèce de camp bien organisé à l’abris des yeux. Sauf qu’à la longue il avait été découragé soit de ne pas y arriver (ou plutôt que ça ne ressemble en rien à un quartier général style James Bond des forêts) soit que lorsqu’il revenait le lendemain, voyait que tout avait été enlevé, balayé comme s’il n’y avait jamais rien eu. Lorsqu’il fallait construire de nouveaux lotissements pour les nouveaux habitants qu’il fallait caser quelque part, le premier truc qui y passait était la forêt alors forcément, pas facile d’ s’organiser. Les deux jeunes gens montèrent à l’étage alors qu’elle lui présentait les chambres chacune spéciale et agréable à sa façon mais pourtant bien distinctes et différentes ainsi que les salles de bains. Etant déjà allé quelque fois chez les Spencer, il avait déjà eu quelques avants gouts des choix immobiliers audacieux de Thomas et Arsinoé mais il ne s’attendait décidemment pas du tout à ça. La maison des Spencer pourtant bien entretenue et jolie passait, à côté de celle-ci, pour une vulgaire maison de banlieue comme une autre. Nate se sentait comme Peter Pan dans le monde imaginaire où les enfants ne grandissent jamais, endroit parfait pour rire et profiter de la vie sans se soucier du temps ou des ‘tic tac’ qu’indiquait l’horloge. « Eh ben il a eu raison, c’était un très bon investissement on dirait. » Même s’il devait avouer que la maison était parfaite en tous points, il ne se serait jamais imaginé dedans non pas parce qu’il n’aurait pas été à l’aise mais plutôt à cause de sa famille. Même un lieu comme celui-ci n’aurait pas suffit à apaiser toutes les tensions qui sévissaient déjà depuis toujours entre eux et notamment entre la mère à la crinière de feu et sa fille. Ils n’auraient pas su profiter de la bonne manière de cet endroit, de ce qu’il pouvait offrir et au final ils n’y seraient probablement plus allés du tout au bout de quelques années hormis peut-être chacun de leur côté dans les moments où, d’une exaspération totale, ils ne se seraient plus sentis capable de rester au numéro trois sans risquer d’étriper ou d’étrangler quelqu’un volontairement. Enfin une fois, cela concernait la mère et la fille. Nate lui, évitait les conflits comme la peste dans cette famille hormis lorsque ses parents s’unissaient ou avaient quelque chose contre Lily. Il aimait sa mère tout autant que son père mais sa sœur, c’était encore différent. Quant à Nathan, il était bien trop cool, bien trop relax, bien trop ‘je-m’en-foutiste’ pour perdre patience et ne pas s’enfuir de lui-même dans un bar ou encore chez son pote monsieur Melrose. Oui en fait le problème majeur dans cette maison c’était surtout les caractères des deux lionnes même si, ça n’effaçait en rien les propres disputes qu’avaient Nathan et Katlina lorsque ça leur reprenait soudainement. Scarlett suivie de Nate, descendirent les escaliers et arrivèrent dans un couloir sauf qu’au lieu de faire porte après porte, elle lui proposa celles qu’elle souhaitait au fur et à mesure en les classant de façon incompréhensible pour Nate. Sans doute voulait-elle finir par le plus impressionnant ce qui était logique lorsqu’on y réfléchissait bien : le meilleure pour la fin. Elle ouvrit la porte sur un bureau qui semblait plus petit que les pièces visitées précédemment mais beaucoup moins que la bibliothèque gigantesque, imposante et pleine de livres qui y sévissait. Même s’il s’était tourné vers le droit, Nate avait toujours apprécié la littérature, surtout de grands auteurs bien connus. Il s’était même parfois volontairement obligé à lire des livres quasiment incompréhensibles pour lui (comme du Rousseau auquel il ne comprenait vraiment pas grand-chose) juste pour voir ce qu’il pourrait en tirer mais à chaque fois, ça n’avait pas été en vain. Ce qu’il appréciait le plus, c’était les vieux livres, leurs couvertures abimées mais les originales, leurs pages jaunies avec le temps qu’il fallait tourner avec délicatesse, la tournure des mots, de l’écriture,.. Tout en fait. La littérature était un art à la même image que la peinture ou la musique et il s’exaspérait des fois d’entendre des gens dirent que ça ne valait rien puisque maintenant tout était retranscrit en film par exemple ou que tout le monde se fichait qu‘au XVIII siècle, Hugo ait mangé au bord de la Seine avec une petite amie. Ca n’avait aucunement la même valeur ni même la même saveur et il restait persuadé que le jour où les livres se feraient plus rares tout autant que les écrivains, les gens comprendraient leurs torts et se rueraient pour essayer de rattraper le coup. Nate s’avança dans la pièce et regarda quelques titres dans la bibliothèque en caressant du bout des doigts le dos de certains. Oh oui, Thomas Spencer avait du gout en la matière. Il y avait de nombreux classiques présents, des ‘immanquables’ comme diraient certains ce qui fit sourire l’Evans. Ca lui rappelait l’époque du lycée lorsque, contrairement aux autres élèves de sa classe, il prenait un malin plaisir à lire les bouquins obligatoires pour les cours. « Sacrée collection.. » Commenta-t-il avant de se tourner vers elle afin de ne pas trop traîner dans cette pièce et pour qu’elle continue la visite. La moto, maintenant la maison de vacance et le bureau spécialement. Nathanaël avait l’impression de s’immiscer d’une certaine façon dans la vie de cet homme avec qui il avait pourtant tellement peu parlé. Il ne le connaissait pas et leur conversation -s’il y avait eu- s’étaient souvent stoppées à ‘Bonjour’ et ‘Bonne journée au revoir’ . Nathanaël ferma bien la porte derrière lui et arriva ensuite dans une grande cuisine toujours aussi spacieuse songeant que, sa mère tuerait probablement pour avoir la même, elle qui passait tellement de temps dans cette pièce. C’était aussi sans compter le salon doté d’un foyer, d’un canapé, de fauteuils et tout ce qui allait avec donnant encore une fois une impression de ’chez soi’. Sans doute que cela avait été décoré justement à cette effet, pas ’trop’ recherché pour que tout le monde puisse s’y retrouver et être à l’aise. Cette maison était vraiment magnifique. Quelques instants plus tard ils rejoignirent une porte du même couloir que tout à l’heure alors qu’elle recommençait à faire du suspens. Elle lui lança que la pièce était réservée aux enfants soit à Carl et Thomas. Par enfants, elle voulait sans doute dire aux hommes (a) ou en tout cas, c’Est-ce que Nate décréta se mettant déjà à sourire à l’idée de ce qui pourrait se cacher derrière cette porte. Elle ouvrit en mettant fin au supplice tandis qu’il entrait d’ores et déjà à l’intérieur pour la découvrir. Il en resta littéralement bouche bée, sur le cul. Ses yeux s’arrondirent alors qu’il restait sur place sans bouger. Ca lui rappelait quelque chose, un souvenir qui le fit sourire d’ailleurs. Cette soirée de folie avec Heathcliff chez deux filles qui les connaissaient mais qu’eux ne reconnaissaient aucunement. Ce soir là ils avaient bien abusé de l’alcool mais Nathanaël n’en gardait pas moins un excellent souvenir de cette salle de jeux avec un babyfoot, un billard, des consoles de jeux, un jukebox etc. « J’ha-llu-cine » Dit-il en coupant bien ses mots et en avançant un peu dans la pièce grand un grand enfant dans un magasin de jouets. « Cette pièce à elle toute seule est.. Paradisiaque ! J’ai trouvé ma salle préférée c’est clair ! » Dit-il en riant avant de se tourner vers elle après avoir regardé de plus près quelques trucs. C’est ça quand on a le syndrome de Peter Pan, on se met à rêver d’une pièce remplie de jeux uniquement de jeux et encore de jeux. Et peut-être un tout petit peu d’alcool quelque part aussi (a). Il la regarda sortir et contempla une dernière fois cette grande salle de rêve avant de faire de même et de la rejoindre et d’entrer dans une énième pièce de la maison. « Euh j’ai dit que la salle de jeux était ma préférée ? » Demanda -t-il en fixant le jacuzzi avant d’ajouter : « Parce que j’en suis plus très sur là je t’avoue. » Qui aurait cru qu’on pourrait installer un tel.. Centre de thalasso limite dans une forêt comme celle-ci ? Nate le dernier probablement. « C’est vraiment cool, je comprends mieux tes absences en période de vacances ! » Même s’il devait bien avouer qu’il ne comprenait pas comment après avoir vécu dans ça plusieurs jours d’affilé, elle pourrait retourner à sa maison de Magnolia qui n’avait rien de comparable. Pour lui ici en comparaison à la ville, c’était le jour et la nuit, l’enfer et le paradis. Il aurait fait n’importe quoi pour avoir un pied à terre hors de cette ville que ce soit dans la forêt, dans des champs, sur la montagne peu importe du moment que ça l’en éloignait de là-bas. Une dernière fois, le jeune homme la suivit jusqu’à la cuisine et s’adossa au mûr en la regardant fouiller : «  Ca va pas déranger tes parents si on reste ici ? » Questionna-t-il. Vue la maison, normal que ça inquiète de savoir que son enfant était seul la bas avec officiellement un ‘ami’ mais pour sur, ils la laisseraient dans le même état en partant que celui dans lequel ils l’avaient trouvée en arrivant.

Une pièce après l’autre, Scarlett présenta la maison de ‘vacances’ des Spencer à Nathanaël. Le lieu était parfait pour venir se ressourcer au calme ou se retrouver en pleine nature dans les bois alentours. La jeune femme n’avait jamais eu l’occasion de l’emmener jusqu’ici, mais ce choix s’était imposé assez spontanément à elle quand elle avait réfléchi à un endroit où ils pourraient être tranquille sans risquer de se faire capter dans le quartier que ce soit chez l’un ou l’autre et loin regards curieux dans les lieux publics comme le restaurant. Nathanaël s’attarda particulièrement dans la bibliothèque qui se trouvait dans le bureau de Thomas Spencer, touchant à de vieux livres, grands classiques ou moins. La jeune femme s’était passionnée plus jeune pour de grands auteurs comme Hemingway, Fenimore Cooper, Melville et encore bien d’autres. L’Evans passa d’ailleurs la main sur un exemplaire d’une édition limitée de Mobidick, ce fameux livre de Melville qui ouvrait le monde sur la pêche démesurée à la baleine, une véritable brique inévitable dans l’histoire de la littérature américaine. Scarlett s’était également intéressée à beaucoup de ces livres de par ces études en la matière et même si son travail actuel n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’elle avait fait, son rêve n’avait pas changé. Ce qu’elle voulait vraiment faire étaiit de travailler dans une maison d’éditions et peut-être même d’en ouvrir une un jour. La jolie brune avait failli toucher son rêve du bout des doigts quand elle avait décroché en dernière année un stage à Londres dans la célèbre maison d’édition Orion Books mais à l’époque avait eu lieu son accident avait Heathcliff qui l’avait suffisamment blessée pour que cette opportunité tombe à l’eau. Elle ne lui en avait pas tenu rigueur dans le sens où cette histoire n’avait aucun rapport, en revanche, la pilule était mal passée quand Scarlett avait dû se résoudre à se rabattre pour un quelconque magazine du quartier en guise de stage. La jeune femme chassa ces mauvais souvenirs de sa tête ; elle aurait peut-être l’occasion un jour de réaliser ce rêve. En attendant, elle se consolait d’une autre chose qu’elle avait eue envie depuis longtemps et qui s’était plus ou moins accomplie dans les mots ce soir : être avec Nathanaël. Elle ne l’avait plus vraiment cru possible. La visite se poursuivit ensuite dans la cuisine spacieuse et le salon cosy avant de rebrousser chemin dans le couloir principal pour lui dévoiler une salle aux divertissements plus qu’intéressants. Comme Scarlett l’avait prédit dans sa tête, Nate tomba littéralement sous le charme de cette pièce comme un enfant émerveillé par un cadeau de Noël. « T’auras qu’à en essayer après si tu veux. » Proposa-t-elle. Par contre, la jeune femme n’était pas vraiment d’humeur à jouer aux jeux vidéos et autres spécialités de la maison ce soir. Elle passait déjà bien assez de temps à le faire avec son frère ou son pote Shannon que pour en rajouter avec lui. Scarlett préférait largement un autre style de jeu avec Nate. La jolie brune lui présenta ensuite la dernière pièce à savoir le jacuzzi autrement dit le spa maison. Ça avait coûté un pont à ses parents de s’offrir ce mini-luxe mais son père y avait tenu et la résidence faisait définitivement office de retraite de bien-être loin de la vie lassante de Magnolia. Encore une fois, Nathanaël approuva et se demanda alors quelle était désormais sa pièce préférée de la maison hésitant principalement entre les deux dernières. L’effet de surprise avait fonctionné à merveille. « Oui, mais bon, après quelques jours, t’as vite fait le tour quand même. C’est quand même mieux que Magnolia, ça c’est sûr ! » Répondit-elle néanmoins. La maison pouvait occuper quelques temps, mais Scarlett n’aimait pas y rester tout un été non plus et finissait souvent par partir quelques jours à l’étranger quand elle voulait de vraies vacances dépaysantes. La jolie brune retourna alors dans la cuisine pour aller vérifier les réserves dans le frigo et dans la maison tout court. Quand elle l’ouvrit, elle découvrit un frigidaire pas rempli à rabord mais pas mal garni non plus. De toute façon, ils venaient de manger donc pas besoin de s’en préoccuper pour le moment. Scarlett découvrit alors une bouteille mise au frais sans doute peu de jours auparavant. « Tu veux quoi ? Un peu de champagne ? » Proposa-t-elle alors, bien qu’il était tout à fait libre de choisir d’autres options, vu tout ce qu’il y avait. Bières, jus d’orange (a), limonades, etc. La jeune femme attendit sa réponse ; après tout, n’avaient-ils pas en quelque sorte quelque chose à fêter ce soir ? Après avoir entendu ce qu’il voulait, Scarlett sortit les verres adéquats pour lui servir sa boisson. « Alors comme tu as vu, il n’y a pas vraiment moyen de s’ennuyer ici, alors le choix te revient sur ce que tu veux faire après. » Dit-elle. Elle avait déjà tout essayé dans cette maison de toute façon, alors autant qu’ils s’occupent comme lui voudrait que ce soit en profitant du reste de la soirée soit devant le foyer bien chaud, soit à jouer à tout et n’importe quoi, à trouver des grands livres en édition limitée, ou plongés dans le spa relaxant, peu lui importait pour elle, ses derrières barrières tombées, Scarlett se sentait à peu près partante pour tout ce soir.

Lorsque Scarlett proposa qu’il essaie plus tard s’il le voulait, il fit un signe négatif de la tête. Ils étaient dans une magnifique maison, ensemble, il n’allait certainement pas perdre une seule minute à jouer aux jeux vidéos alors qu’il pourrait la passer avec elle. Certes, les jeux avaient l’air plutôt bons, même très bons, mais Scarlett n’en restait pas moins beaucoup plus attrayante. « Non merci, peut-être une autre fois mais pas ce soir. » Refusa-t-il poliment. Nate la suivit ensuite du regard lorsqu’elle ouvrit le frigidaire et la vit en sortir une belle bouteille de champagne. Plutôt adorateur des alcools forts, il savait néanmoins apprécier une bonne bouteille pétillante bien que ça n’avait pas grand effet sur lui. Tant mieux de toute manière, le but de ce soir n’était pas non plus de se la mettre à l’envers comme il avait pu un peu le faire au nouvel an. Il voulait se rappeler dans tout en détail en sortant de cette maison, en reprenant la moto et en rentrant à Magnolia une fois qu’ils en auraient fini ici. Il n’en revenait toujours pas de se dire qu’on était le quatorze Février et d’être ici avec elle. Il ne fallait pas oublier qu’avant de se retrouver, ils avaient coupé les ponts pendant plusieurs mois, qui pouvait jurer avec certitude que si Scarlett n’avait pas envoyé ce fameux message -partant d’une blague- ils en seraient au même point . Est-ce qu’ils se parleraient à nouveau seulement ? L’Evans essayait de se persuader qu’il aurait changé d’avis et aurait fini par mettre non seulement sa fierté, mais son inquiétude de côté pour aller vers elle mais il n’en était pas certain. « Champagne c’est très bien. » Alors que Scarlett sortait les verres, il compléta en quelque sorte l’action puisque lui s’occupa alors d’ouvrir la bouteille. Une fois le bouchon retiré le plus délicatement possible pour que ça ne déborde pas de la bouteille, il servit puis la reposa sur le plan de travail avant de tendre l’un des deux verres à la jolie brune. « Trinquons déjà pour commencer, le reste on verra après. » Il sourit en coin et lève son verre. Ils l’ont déjà fait au restaurant s’il se souvenait bien mais ça n’avait pas grande importance. Encore une fois, ils trinquaient dans une situation complètement nouvelle et différente de toutes les autres : ils étaient ensemble, vraiment. « A cette soirée qui est encore loin de se terminer. » Dit-il son regard plongé dans le sien et complètement hypnotisé par ses yeux marrons. Leurs verres se touchèrent doucement avant que le jeune homme ne porte le sien jusqu’à sa bouche afin de boire une gorgée. Une magnifique moto, une magnifique maison, une magnifique collection de jeux, une magnifique bibliothèque, un magnifique jacuzzi, une magnifique fille, une magnifique bouteille de champagne,.. Y avait-il un domaine dans lequel Thomas Spencer n’excellait pas ? Enfin, Nate partait du principe que la bouteille avait surement été apportée par les parents mais en vérité il ne pouvait pas le savoir. Il reposa son verre un instant et reporta son attention sur elle. « Moi je vote pour le jacuzzi, et toi ? » Ah oui, il y avait juste un seul petit minuscule hic.. Avait-il pensé à emmener son maillot ? Ben bien sur, pour aller donner un cadeau de st valentin et manger au restaurant qui aurait oublier de mettre des affaires adéquates tels qu’un short de bain ? A cette pensée il grimaça. C’était bien plus que problématique en fait. « Par contre y’a juste un petit problème.. » Commença-t-il en se frottant la nuque, la quittant des yeux et reculant d’un pas. Comment dire ça le plus simplement du monde en évitant le ridicule ‘j‘ai pas de maillot de bain‘ ? « J’ai rien a me mettre quoi. » Voilà qu’il retrouvait un peu de sa timidité si bien connue. Même si l’idée qui lui avait traversée l’esprit -qui était loin d’être pudique ni même très catholique d’ailleurs- pouvait régler le problème plutôt facilement, il n’oserait le proposer aussi directement alors qu’ils venaient tout juste de s’avouer ce qui leur avait fait défaut depuis bien des années. Ils avaient déjà franchi un grand pas au restaurant et Nathanaël ne voulait pas risquer ‘d’abuser’ d’une certaine façon. Après tout, il pourrait toujours y aller en boxer même si c‘était définitivement pas très intelligent. Enfin, dans l’optique où espérons le , il ne portait pas l’un de ces trucs blanc horrible avec des cœurs rouges vif partout qui pouvait casser votre image, votre virilité et votre fierté d‘un seul coup et en moins de trois secondes trente. Nate s’était toujours dit qu’aucun homme -censé- pouvait porter ce genre de sous-vêtement à moins que ce ne soit pour une blague, pour un défi ou pour une série/un film humoristique. C’était tellement ridicule, tellement peu classe, personne n’achèterait ça avec toute sa tête. Oh et puis, c’est pas si grave. Glissant ses mains dans ses poches il hausse finalement les épaules avant d’ajouter : « Enfin si toi ça ne te gêne pas, moi non plus. » Son regard à nouveau fixé au sien il ne put s’empêcher de sourire en coin comme il le faisait souvent inconsciemment lorsqu’une idée plutôt flatteuse lui traversait l’esprit. Après ce qui avait été dit, il n’avait plus de raison de faire son adolescent timide et renfermé bien au contraire. « C’est toi la propriétaire des lieux, je te laisse décider. » Finit-il par conclure en baissant la tête pour ouvrir un bouton de sa chemise. C’est pas tout ça, mais il faisait chaud ici, à moins que ce ne soit juste lui qui bouillonnait de l’intérieur ce qui était tout aussi probable.

Après avoir fait un tout général de la maison, les deux jeunes gens se retrouvèrent dans la cuisine. Scarlett n’avait absolument pas prévu de finir la soirée dans cette résidence, puisqu’à la base, elle n’avait même pas envisagé de sortir. Les réserves étaient donc peut-être vides. Au pire, si c’était le cas, ce n’était pas si grave, puisqu’ils avaient la moto et pourraient toujours aller se chercher quelque chose s’ils en avaient en vie. Scarlett savait cependant que son père découchait parfois de Magnolia et venait dans la maison quand il venait apporter des affaires ou avancer sur des petits travaux qui n’étaient pas encore tout à fait terminés, enfin c’était surtout un prétexte pour échapper parfois aux tensions avec leur mère. Alors que Scarlett proposait à Nathanaël de s’essayer à la salle de jeux plus tard dans la soirée, le jeune homme déclina aussitôt l’offre. La jeune femme arqua un sourcil étonné mais ne chercha pas à comprendre plus loin. Elle ouvrit le frigo et découvrit avec un soulagement non dissimulé qu’ils n’auraient pas à aller chercher des réserves, il y avait tout ce qu’il fallait dans la maison. Scarlett remarqua alors une bouteille de champagne qui avait été mise au frais. Elle se demanda alors un instant avec effroi si ses parents avaient prévu de finir la soirée ici aussi sans que les enfants ne le sachant mais elle en doutait, il faudrait déjà qu’ils se réconcilient avant pour ça. La jeune femme chassa donc cette idée saugrenue et proposa à Nathanaël qu’ils ouvrent la bouteille. L’Evans acquiesça et s’en occupa tandis qu’elle se rendit dans l’armoire où il y avait toute une collection de verres et en sortit deux flûtes de champagne pour servir le liquide couleur or et légèrement pétillant. Scarlett tendit ensuite un des deux verres à Nathanaël avant de prendre le sien pour suivre son geste et trinquer avec lui. « À cette soirée » Répéta-t-elle en soutenant son regard comme il était de tradition avant que le cliquetis des deux flûtes ne se fasse entendre. Loin de se terminer… La jeune femme était curieuse de connaitre la suite. Comme s’il lisait dans ses pensées, Nathanaël répondit à cette question silencieuse en désignant le jacuzzi. « Je vote pour aussi. » Se contenta-t-elle de rétorquer en souriant pour approuver cette idée. Il la regarda alors soudainement de cet air timide qui le caractérisait si bien quand il hésitait à lui dire quelque chose de… délicat. Nathanaël lui avoua avoir un petit problème, Scarlett le regarda intriguée, attendant qu’il s’explique plus avant. Rien à se mettre ? C’était donc ça son fameux embarras ? Depuis le temps où ils ne devraient plus en être là… Scarlett but une nouvelle gorgée de champagne avant de poser sa coupe. « Moi non plus. » Répondit-elle alors en le regardant amusée. En effet, elle n’avait ni eu l’intelligence de laisser de maillot dans les parages ni même prévu de venir ici ce soir et encore moins de faire un jacuzzi alors il n’était certainement pas le seul dans cette situation. Après si ça le gênait lui, ils pouvaient remettre ça dans d’autres circonstances mais ce qu’il lui dit ensuite contredit aussitôt cette initiative. « Pas du tout. On se débrouillera. » Dit-elle en guise de réponse, ne jugeant pas nécessaire de s’attarder sur la question puisque ça ne la dérangeait absolument pas. Ce n’était pas la première fois qu’ils se retrouvaient dans la même situation. Scarlett s’éloigna alors vers la chaîne hi-fi dans le salon pour mettre un peu de musique de fond. « J’vais mettre l’eau à la bonne température. Fais comme chez toi. » Reprit-elle ensuite avant de quitter la pièce pour retourner dans celle de jacuzzi. Il fallait mettre l’eau chauffer quelques temps avant de pouvoir l’utiliser. Arrivée dans la pièce, elle déverrouilla les fixateurs du spa pour retirer la couverture isotherme qui le protégeait et régla la température au niveau corporelle soit environ 36° pour ne pas qu’ils attrapent froid dedans bien que Scarlett se doutait bien qu’avec un Nathanaël complètement dénudé dans l’eau à côté d’elle, elle ne risquait pas de frissonner longtemps. La jeune femme sortit ensuite de la pièce et fit un détour par la bibliothèque où elle resta deux trois minutes avant de revenir dans la pièce principal et de trouver Nathanaël occupé à regarder la décoration. Scarlett attendit qu’il se retourne pour reprendre la parole. « Je me suis toujours dit que si tu venais un jour ici, je voudrais que tu aies ceci. » Expliqua-t-elle alors en lui tendant un magnifique livre dont la couverture en cuir ne pouvait tromper ni sur la qualité ni l’édition extrêmement limitée. Les aventures d’Huckleberry Finn de Mark Twain où l’histoire de deux adolescents, l’un fuguant son foyer, l’autre un esclave échappé, qui deviennent amis au fil des pages et dérivent à deux sur les rives du Mississippi à la découverte du monde où mille et une aventures les attendent. La jeune femme n’avait bien sûr pas choisi un de ces livres à l’eau de rose ridicules qui n’étaient pas son genre de lecture à elle et devait encore moins être celui de Nathanaël. C’était un des premiers ouvrages qu’elle avait lu gamine et à en croire la plupart des auteurs modernes, ce livre était la fondation de la littérature américaine aujourd’hui, une leçon car cette histoire avait été une des premières à relater l’amitié entre un garçon blanc et un ado à la peau colorée dans les années autour de la guerre de Sécession. Le jeune homme ne s’ennuierait sûrement pas en le lisant (et aurait en plus un nouveau prétexte pour rester dans sa chambre au calme loin de ses parents). Mais ce n’était pas tout. Au bas de la première page blanche, celle avant le début de l’introduction du livre, Scarlett y avait glissé d’une écriture ronde et fine trois petits mots qu’elle ne sentait pas, contrairement à lui, capable de dire à voix haute de soir de peur de briser le moment. Une fois le livre entre les mains de Nate, la jeune femme récupéra sa coupe de champagne laissée un peu plus tôt sur le comptoir de la cuisine et attendit sa réaction ne sachant pas trop quoi ajouter sur le moment. C’est vrai que ce n’était sûrement pas comparable à ce qu’elle lui avait déjà « donné » plus tôt dans la soirée… Son cœur tout entier et son amour désormais inconditionnel pour lui.

L‘Evans hocha la tête lorsqu‘elle dit qu‘ils se débrouilleraient et la laissa allumer la chaîne hifi pour mettre un peu de musique avant qu‘elle n‘aille allumer le jacuzzi pour faire chauffer l‘eau. En attendant, le jeune homme reprit une bonne gorgée du champagne qui se trouvait dans sa coupe et la posa délicatement sur le comptoir avant de revenir dans le salon, mains dans les poches. Il avait regardé plutôt de loin cette grande pièce accueillante mais ne s’était pas attardé auparavant sur les photos qu’il y avait ici et là, posées à quelques endroits. Il s’avança donc et en regarda quelques unes, se mettant à sourire lorsqu’il en vit une d’Eli, dans ce même canapé en train de lire. Il avait l’impression que ça faisait une éternité qu’il ne l’avait plus vue, qu‘il n‘était plus sorti s‘amuser avec elle à faire on-ne-sait-quoi. Elle non plus n‘avait pas beaucoup échappé à sa prise de distance si soudaine même si, il n‘avait pu se résoudre à couper complètement les ponts avec elle comme il l‘avait fait avec Scarlett pendant cette longue période noire. Une fois toutes les photos regardées avec attention, le jeune homme se redressa et se tourna , manquant de sursauter lorsqu’il vit Scarlett silencieuse derrière lui. Il détestait se rendre compte après que quelqu’un était dans la même pièce, d’un coup, comme apparaissait le mec à la tronçonneuse dans un film d’horreur bien gore. Scarlett prit alors la parole en lui disant en gros qu’elle avait quelque chose pour lui qu’elle attendait juste qu’il vienne dans ladite maison pour le lui donner. Il avança dans sa direction, curieux de savoir de quoi elle parlait et prit le livre entre ses deux mains. La couverture était de cuire ce qui démontrait déjà l‘authenticité et la valeur de l‘ouvrage en lui-même. C‘était loin d‘être l‘une de ces stupides reproductions grotesques comme on en trouve dans toutes les librairies non, ce livre était un original. Les doigts de Nate caressèrent doucement le cuir avant qu‘il ne relève les yeux vers elle : « T’es sure que tu veux me le donner ? Je veux dire, il est vraiment.. » Beau ? Grandiose ? Cher ( de manière sentimentale sans doute autant que de boursière) . Rien qu‘à son regard ça se voyait bien qu‘elle était sure d‘elle et que ce n‘était pas une décision prise à la légère. Il sourit donc simplement avant d‘ajouter : « Merci. » Il n’eut pas vraiment le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’elle retournait déjà à la cuisine en annexe pour s’occuper de il ne savait pas trop quoi. Baissant les yeux, il regarda l’ouvrage avec un peu plus d’émerveillement et commença à tourner quelques pages, lentement pour ne pas les abîmer, comme s’il souhaitait survoler le tout et se faire une idée du voyage qu’il allait entreprendre en le commençant. Il l’avait sans doute connu de nom mais n’avait jamais eu la chance de le dire ni même d’avoir une version aussi limitée entre ses mains. Alors qu’il allait entreprendre de lire l’introduction, son attention et son regard furent accaparés par quelque chose juste deux ou trois pages avant ça. Il avait cru entrevoir quelque chose mais pas quelque chose de tapé à la machine, de la taille réglementaire ni de l’écriture utilisée pour tout le reste. C’était autre chose. Tournant une page puis deux il se trouva finalement face à ce qu’il avait vu mais n’y était pas du tout préparé. Les trois mots y étaient inscrits en lettres d’or directement de l’encre de la plume de Scarlett. Il resta quelques instants le regard fixé sur la page. Lui aussi il l’aimait, elle le savait tout autant que lui se rendait bien compte qu’il était encore trop tôt pour espérer entendre ces trois syllabes sortir de sa bouche. Il se convainquait de tout manière que le plus important n’était pas de l’entendre, mais de le savoir. Cette soirée avait probablement déjà coûté beaucoup d’efforts à la jolie brune pour prendre sur elle au début puis lui dire ce qu’elle ressentait vraiment au restaurant. Il caressa une nouvelle fois du bout des doigts l’écriture puis referma le livre. L‘introduction, la découverte et tout le reste ne l‘intéressait plus vraiment maintenant. Le jeune homme revint dans la cuisine, toujours le bouquin en main avant de le poser sur le comptoir. « T‘as eu raison de me le donner, j‘ai beaucoup aimé ce que j‘y ai lu. » Il réduisit la distance entre eux et posa ses mains sur ses hanches. Après lui, était-ce elle qui était la plus timide des deux maintenant ? Il était sur que maintenant que c’était un peu plus ’officiel’ et non pas un petit égarement comme là fois du nouvel an , ils ne jouaient plus du tout au même jeu et les règles avaient plus ou moins changées tout comme leurs comportements. « Et moi aussi. » Répondit-il dans un murmure , quittant ses prunelles des yeux pour finalement les fermer et rencontrer une nouvelle fois la douceur de ses lèvres. Il ne pouvait pas l’exprimer plus que ce qu’il ne l’avait déjà fait ce soir et même si ça avait été un grand pas en avant (voire même un énorme saut en avant) il se sentait bien, tout simplement. Détachant ses lèvres des siennes par la suite, il en resta tout aussi proche et demanda alors : « L’eau sera chaud dans combien de temps? » Ses yeux se rouvrirent et se posèrent sur la blouse que portait Scarlett. Evidemment, si elle comptait se baigner -et lui aussi- ils devraient passer par l’étape déshabillage non ? « Moins de dix minutes ? On devrait commencer à se préparer alors. » Dit-il lorsqu‘elle lui donna la réponse. Sans attendre, le jeune homme agrippa délicatement Scarlett par le dessous des cuisses et la souleva sans aucune difficulté pour finalement la faire assoir sur le plan de travail au milieu de la pièce. Il serait bien plus facile pour lui à cette hauteur de faire ce qu‘il avait en tête. Il planta un instant son regard dans le sien et l‘embrassa à nouveau avant de faire glisser ses lèvres dans son cou tout en ouvrant petit à petit les quelques boutons de la blouse qui couvraient sa poitrine. Il se recula légèrement lorsque ce fut fait puis attrapa le vêtement par le dessous pour le faire glisser lentement vers le haut pour le lui enlever définitivement. Instinctivement, son regard ne put se décoller de son corps qui se découvrait au fur et à mesure. A quand remontait exactement la dernière fois qu‘il l‘avait vue aussi dévêtue ? Le jour où elle lui avait annoncé pour Elias soit plus d‘un an. Ca paraissait si long et pourtant, il avait encore l‘impression que cette fameuse crêpe party était hier. S‘avançant à nouveau, Nate posa ses deux mains des deux côtés des cuisses de la jeune femme, s’immisçant entre ses jambes et atteint à nouveau ses lèvres, lui faisant partager l‘ouragan d‘émotions qui le traversait. Pas si sur que le jacuzzi reste à 36° une fois qu‘ils seraient à l‘intérieur.

La question de Nathanaël résonna quelques instants dans l’esprit de Scarlett. Était-elle sûre de lui donner ce livre ? Sûre. Elle ne l’avait plus été autant depuis bien longtemps et avait l’impression que ce mot n’avait jamais résonné aussi juste que ce soir. La jeune femme avait souvent été incapable de dominer cette indécision qui l’avait habitée depuis des mois. Avait-elle fait les bons choix ? Pouvait-elle revenir en arrière ? Comment ? Elle ne songeait pas seulement à cette hésitation entre deux hommes auxquels elle était particulièrement attachée mais à plusieurs aspects dans sa vie, des aspects pour lesquels Nathanaël n’était pas forcément au courant. Le moment était venu d’arrêter de se cacher derrière la sécurité du quotidien et d’oser se lancer définitivement pour ce qu’elle voulait vraiment, qu’importe les qu’en dira-t-on ou bien même les conséquences. La vérité n’était pas toujours bonne à entendre mais elle avait au moins la qualité de débarrasser les mensonges du plancher. Vis-à-vis de sa vie amoureuse par exemple, Scarlett se mentait à elle-même  - et par extension aux autres – depuis plusieurs semaines à savoir la soirée du Nouvel An. Ce jour-là, les sentiments longtemps enfouis pour le jeune homme s’étaient réveillés au-delà de l’imaginable. Son cœur s’était emballé comme jamais dans sa poitrine tant l’émotion qui l’avait submergée avait été inédite pour elle, une émotion qu’elle avait à nouveau ressentie ce soir en lui avouant ce qu’elle voulait vraiment… qu’ils soient ensemble. Un pincement douloureux l’avait alors saisie au restaurant quand Nate lui avait dit qu’il l’aimait,  un pincement torturant son ventre d'une manière inconfortable, ses yeux avaient retenu une pression importante tandis que les muscles de son visage  s’étaient crispés douloureusement. La rigidité de ses muscles était devenue troublante, et il avait fallu plusieurs minutes à la jeune femme avant de comprendre ce qui lui était arrivé : elle était heureuse. Foncièrement et définitivement heureuse, durant quelques secondes aucune ombre n’avait plané sur eux, c’était une évidence, Nate avait toujours fait partie intégrante de sa vie. Sa main froide se posa sur sa joue en guise de réponse à sa question, caressant sa peau douce. Elle l’aimait, d’un amour sans limite, oublieux des obstacles qui avaient jalonné leur histoire et pollué leurs esprits. Scarlett n’avait jamais été aussi sûre depuis ce jour où son appréhension lui avait ouvert les yeux sur une chose : l’attente finirait par lui faire perdre Nathanaël. La jeune femme avait finalement compris le sens des paroles de Christian Bobin, les mots étaient encore incrustés dans son âme dès leur première lecture, refusant de la quitter jusqu’à avoir trouvé en elle ce moment propice pour résonner : C’est une chose étrange que l’absence. Elle contient tout autant d’infini que la présence. J’ai appris cela dans l’attente, j’ai appris à aimer les heures creuses, les heures vides : c’est si beau d’attendre celui ou celle que l’on aime. Scarlett ferma les yeux un bref instant avant de se détacher de lui pour s’éloigner dans la cuisine. Elle n’était pas tout à fait d’accord. La beauté de l’attente lui échappait, elle ne voyait en elle que l’infini d’une solitude  prolongée. Nate était la part manquante à ce bonheur léger qu’elle ressentait ce soir, et lorsqu’il était loin d’elle, son absence lui avait clairement pesé. La révélation de cette histoire d’accident avait peut-être précipité l’appréhension de la jeune femme de le perdre à nouveau mais elle ne se posait plus de questions à ce sujet. La complexité de leur relation avait toujours été sans pareille. Ils n’avaient jamais su se l’avouer avant aujourd’hui et pourtant l’avaient toujours su. Point à la ligne. Scarlett attrapa sa coupe de champagne qu’elle avait abandonnée sur le comptoir quand elle était allée  régler la température du jacuzzi et vida le reste du contenu. La jolie brune se demanda un instant si Nate découvrirait maintenant ce qu’elle avait écrit dans le livre ou s’il aurait la surprise plus tard mais à en croire le bruit des pages qu’elle entendait vaguement, il parcourait déjà l’ouvrage à la découverte de l’histoire. Au moment de poser sa flûte vide sur le comptoir devant elle, la jeune Spencer entendit l’Evans faire irruption dans la pièce. Scarlett releva les yeux vers lui et comprit sans même qu’il ait besoin d’ouvrir la bouche. Il avait vu.  La jeune femme ne répondit rien tandis qu’il réduisait inexorablement la distance qu’il y avait encore entre eux. Tout ce qui était en train de se passer ce soir était tellement nouveau et tellement pas à la fois, ils avaient déjà eu l’occasion de dire ou de faire des choses tout aussi fortes mais toujours avec une épée de Damoclès sur la tête les empêchant de le faire en toute liberté,  de pouvoir tout balancer sans se soucier de rien. Alors maintenant que Scarlett avait avoué que c’était ce qu’elle voulait, elle avait encore un peu de mal à s’adapter à cette toute nouvelle situation, ce fait de ne plus devoir être dans la retenue constante en présence de Nathanaël. Ce fut donc tout naturellement que leurs lèvres finirent par se retrouver. La jolie brune ferma les yeux pour profiter du moment avant de les rouvrir en se détachant de lui. Cet instant magique aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur le jeune homme qui avait bien décidé de mettre de côté aujourd’hui toutes les dernières barrières qu’ils s’étaient tous les deux imposées la dernière fois. Il lui demanda quand l’eau serait à la bonne température. « Dans pas longtemps. » Souffla la jeune femme. Elle acquiesça de nouveau quand Nate précisa la valeur de moins de dix minutes. Il proposa alors qu’ils commencent à se « préparer ». Sans avoir le temps de répondre, Scarlett se sentit soulevée et assise sur le plan de travail. Son organe battant s’accéléra aussitôt que ses lèvres se posèrent sur les siennes avant qu’une pluie de baisers ne descende dans son cou. Même après tout ce temps passé ‘ensemble’, il parvenait encore à la prendre au dépourvu et à la surprendre mais c’était loin d’être désagréable bien au contraire. La jeune femme avait à la fois l’impression que c’était hier mais aussi une éternité qu’elle n’avait pas senti le contact de sa peau contre la sienne. Quand il termina de déboutonner sa blouse, elle souleva légèrement les bras pour l’aider à la lui retirer. Sa longue chevelure brune se retrouva une nouvelle fois en pagaille – électricité statique bonjour – mais elle s’en fichait bien à cet instant. Alors qu’une petite voix aurait dû la ramener à la raison et la faire arrêter pour ne pas commettre l’irréparable maintenant, il n’y avait absolument rien dans sa tête pour contredire ce qu’elle était en train de faire. Chaque fibre de son corps voulait ce qui était en train d’arriver. Elle voulait faire une overdose de cette drogue amoureuse ce soir, assouvir cette passion enfouie qui la dictait depuis trop longtemps. Leurs lèvres se retrouvèrent une énième fois tandis que Nate s’immisçait entre ses jambes pour se rapprocher d’elle au maximum et que la jeune femme commençait à déboutonner à son tour sa chemise d’une lenteur presque insoutenable pour faire monter la tension encore plus à l’extrême. Caressant chaque parcelle qu’elle effleurait au fur et à mesure que le vêtement s’ouvrait, Scarlett ne voulait rien précipiter et profitait de chaque seconde pour lui faire ressentir une once des sensations qu’il pourrait éprouver s’ils continuaient sur cette pente-là. Arrivée en bas de la chemise, elle lui découvrit finalement le torse alors que leurs corps et leurs lèvres se collaient à nouveau inexorablement l’un contre l’autre comme des aimants indissociables. Ses yeux pourraient désormais tomber amoureux de son visage chaque jour. Le spectacle était sublime, des mots qu’elle ne prononcerait jamais, car un peu trop romantique peut-être pour cet esprit encore indépendant et fier de la jeune femme, alors elle s’ordonna le silence. La douce quiétude qu’elle ressentait enfin derrière cet embrasement n’était plus une simple illusion.

Une fois la blouse retirée et posée –quelque part- il ne s’arrêta pas dans sa lancée. Après tout, tout cela était fait avec une infinie innocence ( ) et elle pouvait toujours l’arrêter lorsqu’elle le voulait s’il y avait quelque chose. Comme à chaque fois qu’il était avec elle, et même si ce soir c’était encore plus amplifié par les révélations faites, Nathanaël se sentait dans un tout autre monde, une quatrième dimension où on lui donnait sa chance d’écrire une histoire en parallèle. Près d’un an qu’il ne l’avait plus ‘approché’ à proprement parler ou en tout cas, de manière aussi intime. Un an qu’il ne l’avait plus vue dénudée, un an qu’il l’avait aimée en silence et que tout venait de se détruire comme un château de sable balayé par une vague. Il ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’il disait et faisait, son corps parlait pour lui et agissait en toute autonomie au garde à vous de la jolie brune. L’expérience qu’ils avaient vécue à nouvel an avait été forte en émotions mais elle ne ressemblait en rien à celle de ce soir qui avait une toute autre saveur. Il avait l’impression de revivre cette journée d’hiver où Scarlett était arrivée chez lui en lui annonçant qu’elle avait fait son choix sauf que cette fois, elle le choisissait lui . Alors que les doigts de la Spencer commençaient tout juste à ouvrir les premiers boutons de la chemise du jeune homme, des frissons parcoururent son échine. Son souffle et sa respiration se firent plus lents à l’opposé de la réaction que ce soudain rapprochement provoquait à son organe battant. Il voulait cette fille, la désirait de tout son être mais ce qu’il voulait encore plus, c’était qu’ils apprennent ensemble, à deux à gérer et s’adapter à la situation nouvelle qu’ils venaient de créer. La Spencer fit légèrement monter la tension déjà haute tout en prenant bien son temps pour ouvrir chaque bouton et Nathanaël avait bien du mal à ne pas intervenir pour faire cesser ce supplice avec lequel elle le piquait. Elle savait l’effet que ça lui faisait tout autant qu’elle devait savoir qu’elle n’en avait aucunement besoin puisqu’il était d’ores et déjà ivre ; ivre de ce sentiment grisant qui l’envahissait, ivre de confusion et surtout ivre d’amour. Il n’était ni le plus poète ni le plus romantique des hommes mais il avait au moins la capacité la plus certaine à le lui montrer au biais de ses gestes, du moins il espérait que ce soit le cas. Le dernier bouton enfin retiré sous le regard de Nate, celui-ci releva un peu la tête afin de la regarder un instant, profitant du moment présent pour l’admirer en toute impunité. Même habillés, s’ils s’étaient trouvés au restaurant ou en présence d’autres personnes aux alentours, bon nombre auraient pu remarquer de quelle manière il la regardait : c’était un mélange de sournoiserie et d’envie à la limite de l’indécence. Elle éveillait en lui ce lycéen depuis longtemps disparu, cet étudiant profitant de chaque seconde à rire et réaliser des folies. Il n’y avait plus rien de triste, de malheureux ou de brisé en lui puisque la seule présence et les baisers de Scarlett suffisaient à réparer en lui, même la pire de toutes les blessures. Elle était son anesthésiant, sa drogue, son bandage. Il se sentait fort comme si, par l’unique intervention de celle qu’il aimait depuis toujours, il était maintenant capable de soulever, de bouger des montagnes à mains nues. Il se sentait complet, à sa place et rien n’égalait ce sentiment. Les bords de la chemise glissèrent sur ses épaules puis sur ses bras avant de se retrouver au sol après quelques secondes qui semblaient s’éterniser. Nate se retrouva irrémédiablement attiré par elle et retrouva donc le contact de sa peau et de son corps quelques secondes plus tard. Même si son envie de la retrouver pleinement était sans conteste, ce qu’il voulait encore plus c’était jouer. Leurs lèvres détachées, il fit glisser sa bouche jusqu’à l’oreille de la jeune femme en frôlant la peau de son cou et lui murmura d’une voix suave : « Je te laisse t’occuper du reste, autrement, je sens que le peu de vêtements que tu portes finira en lambeaux. » Manière subtile de la chercher et de pouvoir en observer sa réaction ? Sans doute. Même si, de son point de vue, il ne faisait que lui rendre la balle. Il recula ensuite ne la quittant pas des yeux alors qu’il défaisait la boucle de sa ceinture. C’était bien trop facile de se déshabiller et l’un et l’autre dans cette cuisine et sur ce plan de travail alors même qu’une autre possibilité était envisageable. « Je t’attends là-bas. » Lâcha-t-il en souriant discrètement en coin toujours en s’éloignant et se retrouvant dans le salon avant de retirer complètement sa ceinture et de la laisser glisser au sol. Certes, elle connaissait mieux la maison que lui mais il pouvait tout de même suivre l’idée qui lui avait traversé l’esprit. Le jeune homme termina par tourner le dos et sorti de la pièce. Dans le couloir, il ouvrit les boutons de son jean et le retira en le laissant posé là, bien en évidence au milieu du couloir. Il se la jouait un peu au petit poucet sur le coup même si, ce n’était non pas un chemin de morceau de pain qu’il semait, mais bien de vêtements. Arrivé devant la porte, il l’ouvrit sans hésitation puis la laissa quelque peu entrouverte. Il laissa sa main effleurer l’eau déjà bien à température et retira finalement son caleçon en le posant lui aussi au sol, près de la porte avant de baisser l’intensité de la lumière un petit peu et d’entrer ensuite dans le jacuzzi. Il sentait dans son dos des jets d’eau probablement dans le but de le masser et de le détendre, même si la seule qui avait ce pouvoir sur lui –ou l’aurait ce soir- était Scarlett.

Nul être n’était censé affolé ses sens aussi puissamment que Nathanaël éveillait une vague d’émotion violente en elle à cet instant. Scarlett se sentit soulevée contre son corps brûlant. Le jeune homme n’était pas dupe ; rien ni personne ne pouvait égaler l’emprise qu’il avait sur elle. Les premiers vêtements glissèrent de leur corps fébrile. Ils avaient l’air de deux toxicomanes, véritables drogués en manque de l’un et l’autre. C’était effrayant de s’imaginer l’ampleur de ce qu’elle pouvait bien ressentir pour lui, effrayant de se sentir aussi vulnérable et dépendante d’une autre personne. La jeune femme chassa ces pensées troubles quand il retira sa blouse et elle en fit de même pour lui. Leurs lèvres se trouvèrent une nouvelle fois, lorsque Nathanaël détacha ses lèvres des siennes et lui glissa au creux de l’oreille, tel un doux murmure dans le silence de la nuit, qu’il la laissait s’occuper de la suite sous peine que ses vêtements ne finissent complètement en lambeaux. Une étincelle brûlante s’éveilla dans les yeux de la jeune femme. Elle sentit son souffle dans son cou, se rapprocher de son visage et se rapprocher à nouveau de son oreille. Il l’attendrait là-bas. Ses yeux marron plongèrent dans son regard clair. Malgré sa soudaine retenue, Nathanaël ne parvenait jamais ni à lui mentir, ni à lui cacher quoique ce soit avec les yeux. Quand il s’éloigna de quelques pas en commençant par retirer sa ceinture, un éclat de rire s’échappa de la gorge nouée de la jeune femme, la passion s’infiltrait dans son corps : le jeu reprenait. Le fil d’Ariane de son existence était revenu dans sa vie après des mois de privation, tantôt victime, tantôt bourreau de leurs détours, ils échangeaient les rôles avec une facilité beaucoup trop déconcertante. Tous sauraient bientôt qu’elle était incapable de lui refuser quoique ce soit si ce n’était par jeu. Après deux longues minutes, Scarlett se décida à descendre du plan de travail et à le rejoindre. Suivant à la trace les vêtements laissés sur sa route, elle retira son propre pantalon devant ladite porte du ‘rendez-vous’ qui l’attendait. Scarlett prit une nouvelle inspiration, sachant très bien que si elle rentrait dans cette pièce, c’était définitif. Fini de reculer, de se trouver des diversions au travers de jeux sempiternels, fini d’hésiter tout simplement. On ne choisit pas qui l’on aime, ni l’intensité des sentiments ressentis et qui nous consument pour l’être aimé. Alors quand folie et amour se rejoignent dans un mélange de passions floues, la réponse à cette question devient encore plus incertaine. De l’incertitude ? C’était terminé. Scarlett n’en ressentait plus. Elle posa sa main sur la poignée et ouvrit. Nathanaël avait tamisé les lumières et s’était installé dans le jacuzzi. Il semblait avoir les yeux fermés, comme s’il s’était laissé emporter dans un ailleurs qu’ici. Dans la pénombre de la pièce, la jeune femme enleva alors son soutien-gorge. Ça faisait bien longtemps que toute trace de timidité à ce sujet avait disparue entre eux, elle avait été tout au plus contenue depuis qu’elle était avec un autre. La jolie brune avança et retira le dernier vêtement qui la couvrait avant de rentrer dans l’eau. Son corps frissonna quelques instants sous la différence de température. Mais au lieu d’aller vers lui, Scarlett ramena légèrement ses jambes contre elle pour profiter quelques instants des bienfaits massant du jacuzzi. Dire qu’elle y était déjà venue avec son frère et sa sœur, rien que d’imaginer la scène sous un nouvel angle, maintenant qu’elle était avec Nate, ça aurait été drôle. Mais l’heure n’était plus au rire. Quoique… Il avait pris un malin plaisir à se jouer d’elle, Scarlett comptait bien lui rendre la pareille. « Fais pas genre tu dors ! Je sais bien que tu fais semblant. » Souffla-t-elle finalement. Joignant le geste à la parole, la jolie brune l’éclaboussa… assez fort. Il se retrouva pratiquement entièrement trempé. Une jolie vague, mais elle savait pertinemment que cet affront ne pourrait que le provoquer et induire une réaction en chaîne. Elle ne s’en sortirait sûrement pas à si bon compte. Si lui pouvait se montrer enfantin dans un tel moment, Scarlett pouvait sans doute en être qualifiée tout autant, c'était aussi ce qui avait toujours fait partie de leur vieille complicité.

Très bien installé dans le bain à remous, Nathanaël se laissa aller à fermer quelques instants les yeux. Il n’était pas question de fatigue, de sommeil ou de quoi que ce soit qui s’en approchait bien au contraire. Même là, nu dans ce jacuzzi, il avait encore du mal à réaliser. Pendant un an rien ne c’était passé -ou presque- à la limite du sur place et là, en plus soirée tout avait semblé avoir avancé à la vitesse de la lumière. Il avait tant de fois espéré un scénario comme celui-là, qu’il devait se forcer pour ne pas céder à la tentation qu’il avait de se pincer le plus fort possible pour bien vérifier qu’il n’était pas en fait endormi dans sa chambre. Etendant ses bras au bord du jacuzzi, le jeune homme fit basculer légèrement sa tête en arrière. Il était juste à la bonne hauteur pour sentir les jets d’eau s ‘écraser et chatouiller le bas de son dos. Tellement pris dans ses pensées, il n’entendit même pas la porte s’ouvrir, ni même d’ailleurs Scarlett entrer ou finir de se déshabiller. Le moment où il comprit enfin fut celui où elle entra dans l’eau et s’installa quelque part dans le bain. Même si son premier reflexe avait été de penser ouvrir les yeux pour la regarder et reprendre peut-être la conversation pour calmer les choses, il ne le fit pas et se retint avec un peu de mal. S’il y avait une chose qu’il supportait encore moins que d’être dans la même pièce qu’elle sans pouvoir lui parler, c’était de ne même plus pouvoir la regarder. Le minimum vital dirons-nous. Gardant donc les yeux clos, Nate ravala son sourire en ouvrant très légèrement la bouche comme pour faire croire qu’il était tellement bien installé, qu’il s’était finalement naturellement endormi et que cela mettait fin à tout ce qui venait de se passer de manière sèche et irrémédiable. Sauf que voilà Scarlett n’était pas dupe d’autant plus qu’elle savait pertinemment et savait ce qu’il en était vraiment. Elle ne tarda pas à réagir, lui soufflant que ça ne servait à rien de faire semblant parce qu’elle savait très bien que ce n’était que de la -mauvaise- comédie. Pas grave, il restait quand même dans son jeu toujours en réprimant ce sourire qui tentait vainement de se glisser sur le bout de ses lèvres depuis tout à l’heure. Ca gâcherait tout de manière définitive et, bien trop pris par son rôle, il ne voulait pas. Evidemment ce fut sans compter la seconde réaction de Scarlett : plus expressive que ses paroles, moins douce aussi et surtout éclaboussant. Sans comprendre quoi que ce soit à la vie, l’Evans venait de se manger un tsunami en pleine figure. Il ne bougea pas, gardant encore les yeux fermés et se pinça les lèvres avant de se mettre à rire. Non là vraiment, c’était trop. A la limite sans l’eau il aurait pu garder son sérieux mais maintenant c’était impossible. Ses paupières s’ouvrirent lentement après plusieurs clignements et s’habituèrent à l’eau et l’ambiance tamisée. Le jeune homme passa une main sur son visage afin de retirer un peu l’eau ou les goutes encore trop abondantes puis regarda la jolie brune en face : « Hm. Quelle délicatesse. » Sa main le démangeait pourtant posée au fond du jacuzzi. Une envie irréversible de lui rendre exactement la pareille en dix fois pire le déchirait de l’intérieur. Il ne voulait pas non plus faire déborder le bain ou la noyer même si, techniquement parlant, elle méritait bien d’être mouillée elle aussi un peu plus que ce qu’elle ne l’était déjà genre dans la figure et les cheveux. « J’espère que tu réveilles pas toujours les gens de cette façon, ils ne doivent pas beaucoup apprécier. » Même l’action terminée, il restait dans son rôle de prédilection de ce soir. Il imaginait bien la Spencer, un seau d’eau glacée à la main réveiller son frère ou même sa sœur de manière tout aussi attentionnée et délicate. Nul doute que les deux s’écrieraient de ce geste abjecte et pesteraient durant toute la journée sans pouvoir oublier tout en montant un espèce de plan diabolique de vengeance. « Je suis trempé, c’est pas trop juste t’es trop sèche. » Dit-il sans pour autant bouger en la regardant cette fois. Aucun sourire n’apparaissait sur son visage. Il était bien trop concentré, trop concentré à ne pas franchir cette distance qui les séparait, ne pas s’approcher, ne pas retourner directement à l’assaut interminable de ses lèvres. Il aimait cette sensation de tension qui montait graduellement en lui lorsqu’il se trouvait plus ou moins loin d’elle, cette impression qu’il ne tiendrait ô grand jamais et qu’il voulait pourtant vaincre et dépasser. Ce soir il s’était mis à nu dans tous les sens du terme mais ne voulait pas précipiter bêtement les choses juste parce que son désir était trop grand et qu’il n’avait pas la patience d’attendre. « Un peu là.. » Dit-il en sortant enfin sa main de l’eau et en la posant doucement sur son cou avant de la faire descendre et s’arrêtant juste avant sa poitrine. « Et là aussi. » Il la remonta à nouveau jusqu’à sa joue et l’y posa pour l’humidifier de manière plus ou moins subtile. Il retira ensuite sa main et la laissa retomber dans l’eau, regardant toujours la Spencer. « Voilà là c'est mieux. » Il laissa passer quelques secondes puis tout d'un coup l'eclaboussa à son tour. Bonjour le coup de vice. Un fin sourire se dessina enfin sur son visage alors qu'il reprenait, jubilant interieurement de la voir, elle aussi, trempée ou tout du moins, autant que lui. « Un partout. » Lacha-t-il dans un murmure l'air un peu plus sérieux même si, cela relevait encore du jeu. Après, encore fallait-il savoir de quel genre de jeu.

Encore une fois, ils se retrouvaient dans l’eau comme si cet élément avait toujours été synonyme de prédilection et surtout de rapprochement pour eux. Scarlett se souvenait du premier bisou en jouant dans la rivière quand ils étaient encore de jeunes ados, cette journée qu’ils avaient passée à la plage environ trois ans auparavant où ils s’étaient retrouvés après deux ans de silence et qui avait désamorcé bien des barrières entre eux sans parler de ce jour où Scarlett lui avait annoncé qu’elle ne pourrait être avec lui et qu’ils avaient débuté leur crêpe party dans la douche des Evans. La jolie brune sortit de ses pensées et en profita pour regarder quelques instants Nathanaël qui faisait semblant de somnoler. Les jeux de rôle de ce genre étaient une perte de temps inutile car ils ne marchaient jamais entre eux. Au bout de quelques secondes, la jeune femme décida de l’éclabousser par une vague assez conséquente. Quelques gouttelettes s’écrasèrent d’ailleurs sur le sol derrière lui. Pour le coup, elle n’avait pas vraiment joué dans la finesse mais elle n’avait pas cherché à être subtile pour le tremper. Il ouvrit finalement les yeux et frotta son visage avant de réagir. Scarlett esquissa un sourire amusé devant son crime de ‘lèse-majesté’ sur Nathanaël, il espérait qu’elle ne réservait pas le même sort à son entourage à l’heure du réveil mais il ne croyait pas si bien dire. Elisabeth avait déjà fait les frais d’une douche froide tout comme elle d’ailleurs. Les relations fraternelles entre les enfants Spencer pouvaient porter beaucoup de qualificatifs étranges mais ils ne s’ennuyaient jamais les rares fois où ils se retrouvaient une journée ensemble. Étant entre les deux, Scarlett s’était sûrement toujours senti la plus entourée des trois ; sa sœur lui confiant à l’occasion qu’elle ne se sentait plus trop à sa place dans cette famille, tandis que son frère vivait sa vie de son côté. La jeune femme ne connaissait que trop bien les raisons de son aînée, Scarlett n’aurait elle-même pas voulu traverser ce qu’elle avait vécu/vivait. Alors qu’elle repensait à cette fameuse journée où Eli et elle s’étaient menées une rude bataille de douche froide, Nathanaël déplora l’injustice de son geste et sortit ensuite la main de l’eau pour lui en mettre sur son cou et d’effleurer sa poitrine avant de remonter vers sa joue. Le corps de Scarlett frissonna sous la caresse, elle le laissait faire, c’était de bonne guerre mais devinait le piège derrière. Elle connaissait son vieux truc comme le monde. Endormir sa confiance pour mieux taper fort ensuite. Mais la jolie brune aurait eu tort de ne pas profiter de ce contact lorsque la fameuse vague de retour lui arriva en pleine face. Même si elle s’y attendait, l’eau qui lui éclaboussait de partout surprenait toujours. Scarlett fit mine de faire une moue boudeuse pour lui faire plaisir, mais elle avait déjà trouvé de quoi riposter. Elle savait que la meilleure façon de réagir était d’attendre le bon moment pendant quelques instants et d’être sage mais ils devinaient et l’un et l’autre qu’ils se rendraient la pareille jusqu’à ce que l’un d’eux trouve la tension trop dur à soutenir et ne cède. « Vraiment ? Tu trouves que c’est assez trempé ? » Lâcha-t-elle en guise de réponse pour le provoquer à nouveau. Pour elle, ça avait clairement dépassé le stade du jeu. Ils n’en étaient plus là désormais. « T’as oublié comment faire ? » Devant son regard interrogateur, elle réduisit lentement la distance entre eux. La proximité ne la dérangeait pas, elle savait pertinemment bien que Nate la gérait souvent plus difficilement qu’elle, d’où cet espace qu’il avait continué de maintenir entre eux jusqu’à présent. Autant qu’elle commence à ‘nager’ dans son point fort pour se jouer de lui, bien qu’elle ne doutait pas de sa capacité à répondre crescendo. Ses mains passèrent derrière la nuque du jeune homme et descendirent légèrement le long de ses épaules. Ses lèvres vinrent lui titiller le lobe de l’oreille avant de rejoindre le creux de son cou et d’envisager à continuer de descendre. Mais elle pouvait lui éveiller les sens aussi facilement que de lui détourner l’attention. D’un coup, elle appuya sur les épaules de Nate qui, désormais éloigné de l’appui contre le jacuzzi descendit complètement dans l’eau. Mais Scarlett fut emportée en même temps, car elle se retrouva emmenée avec lui dans la ‘glissade’, leurs deux corps désormais collés sous l’eau. À un moment trop de jeu tue le jeu, Scarlett était partagée entre le continuer ou non mais son cœur emballé la poussa à cesser les détours et à effleurer les lèvres de Nathanaël sous l’eau avant de l’embrasser doucement. Ça lui rappela de nouveau ce souvenir de la plage où ils avaient failli avoir un bain de minuit qui s’était finalement – disons-le – terminé en queue de poisson. Ce ne fut que lorsque les poumons lui brûlèrent par manque d’air qu’elle n’avait pas inspiré avant de se retrouver sous la surface qu’elle se détacha de lui et remonta vers le haut. Voilà. Maintenant on pouvait dire qu’ils étaient complètement trempés. La jeune femme avait la sensation que l’eau dans le jacuzzi ne s’élevait plus à 36° petits degrés depuis longtemps.  

Spoiler:

Après sa mini tentative de vengeance, Nathanaël profita pleinement de la mine boudeuse de la brune même s’il devait bien reconnaître lui-même, qu’elle n’était pas l’air très surprise. En même temps, il savait très bien que soit il se vengeait directement lorsqu’elle lui faisait une crasse soit il ne le ferait jamais parce qu’il oubliait ou qu’elle le lui faisait oublier à la perfection. Peu importe dans quelle situation il était, Scarlett était la meilleure distraction qui existait à ce jour pour le déconcentrer et surtout lui faire oublier ce à quoi il pensait. Elle avait toujours eu cet effet là sur lui depuis qu’il avait eu des sentiments plus forts que de l’amitié pour elle et elle en était consciente tout autant que lui. Du moins c’Est-ce qu’il pensait. Son sourcil se leva lorsqu’il entendit la question. Même après ça, elle trouvait encore le moyen d’essayer de le piquer au vif et de lui rendre la balle ? Pas croyable. Il avait certes peut-être moins de facilités qu’elle à résister de l’approcher et tenir le coup mais il en était de même pour leurs jeux plus enfantins. « Tu regretteras cette petite vague lorsque je me vengerai vraiment. » Lâcha-t-il en lui faisant un clin d’œil significatif pour appuyer ses arguments. Il se serait volontiers contenté de ça si elle n’avait rien dit mais puisqu’elle continuait à le chercher comme si de rien n’était, il se disait que sa vengeance n’avait pas été assez grosse. Peut-être qu’un nouveau masque aux œufs pour les cheveux un an après referait son effet ? Aucune idée mais pas sur qu’elle apprécie d’autant plus que, s’il s’autorisait des folies chez lui, il n’en était pas forcément de même chez tous les autres. Même si bien évidemment, l’idée de repartager une douche ne lui déplaisait pas bien au contraire. Le jacuzzi c’était tout aussi bien voire peut-être même un peu mieux. Après une seconde question posée plus bas, la Spencer s’approcha de lui en traversant le bain à remous et posa ses mains dans sa nuque. Ce contact le fit frissonner involontairement. Il aurait préféré que non et surtout, qu’elle ne le remarque pas mais c’était sans doute peine perdue. Elle jouait avec lui. La malice dans ses yeux parlait pour elle beaucoup plus que ses lèvres rosées. Elle savait combien c’était difficile pour lui de résister à la tentation surtout avec une proximité aussi minime. Ses yeux plongés d’abord dans les siens, dérivèrent sur son nez puis sur ses lèvres comme dans une ligne droite parfaite. Lèvres qu’il avait envie d’embrasser, encore et encore. Il ne bougea pas, ne mimant aucun geste de peur que ses dernières volontés ne s’envolent comme les bulles formées par l’intermédiaire des jets d’eau. Ses mains glissèrent doucement de sa nuque jusqu’à ses épaules alors qu’il sentait au même instant les lèvres et le souffle de la Spencer ‘’jouer’’ dans on cou puis à son oreille. La proximité, le lobe de l’oreille, le manuel,.. Elle avait tout mis en place telle une démone souhaitant soumettre quelqu’un à la luxure, à l’envie. Il ne manquait plus qu’un tout petit détail -mais pas pour autant insignifiant- : le mordillage de lèvre qui le rendait littéralement fou. Pas dupe, il se méfia se disant que -probablement- ce n’était à son tour qu’une manière de se venger de sa vengeance . Son esprit était embrouillé et ne lui permettait plus vraiment de réfléchir comme il l’aurait fait en temps normal et cela uniquement par la ‘’faute’’ de la Spencer qui cherchait à le faire craquer par tous les moyens. Les lèvres de Scarlett se déplacèrent sur son cou alors que tout d’un coup, une pression fut exercée sur ses épaules et le fit glisser le long de la paroi du jacuzzi complètement dans l’eau. Il n’avait pas vraiment eut le temps de prendre une quelconque inspiration mais s’en fichait pas mal. Sa plus grande victoire pour le moment était de voir que -au moins- il l’avait entraîné avec lui et qu’elle n’avait pas échappé à ce nouveau sale coup dont elle était la créatrice. Les deux jeunes se retrouvèrent collés l’un à l’autre, Nate en dessous touchant presque le sol tandis qu’elle était au dessus. Tout ça ne cessait de lui rappeler leurs retrouvailles même si, d’une certaine façon, aujourd’hui aussi en étaient bien que plutôt différentes fort heureusement. D’un coup alors qu’il était encore sous l’eau, l’Evans sentit les lèvres de la brune se poser sur les siennes pour échanger un baiser à leur image : tantôt doux tantôt plus passionné et explicite. Il se disait en souriant intérieurement que, pour une fois, il n’était pas le premier a avoir craqué comme c’était souvent le cas. Quelques secondes étaient passées alors que tous les deux remontaient à la surface pour prendre leurs souffles. Une chance pour lui de ne pas s’être super bien coiffé avant d’aller chez elle et si le résultat était maintenant déplorable et ben tant pis. Les pointes des cheveux dans les yeux, Nate passa ses deux mains dans ces derniers pour les ébouriffer très légèrement et surtout les virer de sa vue puisque cela le gênait dans sa contemplation de Scarlett. Ces revirements entre enfantin et pas enfantin du tout commençaient légèrement à lui donner le tournis. C’était drôle évidemment de se chercher, de se titiller mais maintenant qu’ils n’en étaient plus simplement au stade ‘d’amis’ ils pouvaient enfin passer à autre chose pour ce soir et vivre ce dont-ils auraient du s’autoriser depuis bien longtemps pour leur propre bonheur. De l’eau avait sans doute débordée lorsqu’ils étaient entrés ensemble dans l’eau dans un mini fracas mais encore une fois, ça n’avait pas grande importance. Rien n’en avait hormis elle. « On peut continuer de jouer à ces jeux pendant très longtemps. » Lâchait-il en mimant un semblant de sourire qui voulait tout dire. Encore une fois, Nate n’avait qu’une envie s’était d’approcher d’elle et d’embrasser sa peau encore perlée, de sentir sa chaleur corporelle se mélanger naturellement à la sienne. « Ou alors trouver autre chose. » Reprit-il en baissant les yeux sur l’eau. Il lui semblait plus facile de résister lorsqu’il ne la voyait/ ne la regardait pas. Beaucoup plus facile même. Scarlett était le genre de drogue dont vous deveniez dépendant plus vite qu’il n’en fallait pour dire ’ouf’ , qui vous manquait de plus en plus avec le temps et que vous ne pouviez vous empêcher de désirer au delà de la simple frontière des pensées toutes circonstances confondues.

L’éclat de son regard la transperça et, dans le silence de la nuit, elle sentit le moment parfait où il n’y avait plus qu’eux, deux êtres qui se comprenaient et se complétaient parfaitement. Elle crût entendre le son de son cœur craquer. Où n’était-ce que l’écho du sien en réponse à l’intensité de ses sentiments ? Nul n’aurait su le dire. L'union de deux être ne peut pas se résumer à quelques mots. Il n’existe pas de manuel ou de livre qui peut en expliquer ou exposer tous les détails. C’était beaucoup trop compliqué et différent selon les cas. Mais il n’était pas difficile de comprendre que dans chaque histoire saupoudrée de passion, deux coeurs ne forment plus qu'un que lorsque leurs battements s'alignent, lorsque la chaleur de l'un devient la froideur de l'autre. Il n’y avait pas besoin d’explication dans ces moments-là car un tel degré de communion n’était qu’un aller simple pour le septième ciel. Doux amants qui avaient réussi à oublier le monde extérieur l’espace d’un instant, moment de bonheur d’une douceur aussi bien incroyable qu’éphémère, illusion parfaite d’un meilleur lendemain. Mais la réalité reprenait ses droits et la nuit approchante n’effacerait nullement un retour difficile à la réalité, du moins pour elle qui songeait soudainement à la trahison qu’elle venait de commettre. Son organe battant chassa cette pensée à sa place et formula à voix haute les sentiments qu’elle n’arrivait plus à lui cacher. Leurs doigts s’entrelacèrent sous l’eau comme jamais auparavant, sa peau douce effleura son corps au fur et à mesure qu’il se rapprochait d’elle et lui réitéra les siens, inflexibles depuis toujours. Scarlett prit une inspiration pour calmer définitivement son rythme cardiaque. Il avait rarement paru si beau, d’une beauté heureuse, si pure quand les inquiétudes ne l’habitaient plus, si douce et si parfaite lorsqu’il lui décrochait ce sourire, qu’il semblait avoir été l’œuvre d’un amour inspiré et généreux. Ne cesserait-il donc jamais d’emballer son cœur à chaque fois qu’elle posait le regard sur lui. Elle ferma un instant les yeux lorsque leurs lèvres se retrouvèrent afin de garder cette image dans sa tête. Leur histoire avait commencé innocemment, comme dans ce célèbre dicton de « je t’aime un peu, beaucoup… » issu d’un jeu stupide avec des fleurs. Il est vrai qu’au début, leurs sentiments n’avaient été qu’amicaux sans toutefois jamais être banals. Elle l’avait d’abord aimé un peu, ensuite une première désillusion avait arraché le premier pétale imagé ; une coupure de deux ans lui avait fait se rendre compte à quel point elle avait été bien plus attachée à lui qu’elle n’avait osé l’admettre. Et puis il était revenu dans sa vie. L’avait-elle « beaucoup » aimé ? Scarlett ne s’en était pas contentée très longtemps. Ils avaient rapidement retrouvé leurs jeux, bien moins enfantins, ces jeux avaient intensifié leur lien qui s’était rapidement transformé en passion tue et démesurée, les obligeant inconsciemment à toujours pousser plus loin leurs limites. C’était le moment où elle s’était rendu compte qu’elle l’aimait « passionnément » au point de ne plus pouvoir faire machine arrière. Le dernier stade du jeu avait sans doute été franchi ce soir, où elle avait cédé « à la folie » de l’aimer pleinement oubliant au passage que cette histoire ne les toucherait plus seulement eux mais aussi ceux qui les entouraient surtout son – comment devait-elle l’appeler - « futur ex ? ». À ses yeux, il n’y avait plus que Nate. Lui seul comme image greffée dans sa tête, lui seul pour l’entraîner dans un déséquilibre incontrôlé s’il le voulait. Au fond d’elle-même, chaque parcelle de son corps aurait voulu être capable de crier, crier à quel point, complètement dopée de sa présence, elle y était accrochée plus qu’une personne  saine d’esprit n’était censée l’être. Réalité étrange que de se rendre compte qu’on peut devenir à la fois le jour et la nuit d’une personne, voire un des rares ingrédients de son bonheur tout en portant le masque de bourreau. Ils avaient ce pouvoir l’un sur l’autre depuis longtemps car chaque moment de séparation avait été… invivable, du moins pour elle. Scarlett avait eu peur de se lancer un an auparavant et avait repoussé le moment. Nathanaël la rendait vulnérable, un des seuls aspects qu’elle avait du mal à accepter dans leur toute nouvelle relation.  Une part d’elle avait envie de retrouver cette petite fille innocente qu’elle avait été, les premiers jours où elle avait ressenti ça ou le début de ce qui s’en annonçait, quand elle se glissait encore dans ses bras et qu’ils vivaient simplement sans toutes les complexités qui jalonnaient leur vie aujourd’hui, sauf que Scarlett n’aurait voulu échanger le moment actuel pour rien au monde. L’amour – le vrai - était en réalité devenu pour elle un sentiment si compliqué et si exclusif… et son cœur, traître à lui-même, cet organe de sournoiserie parfaite, en avait d’abord choisi un autre avant de se rendre compte que la vérité ne s’effaçait pas d’un claquement de porte. Dans le fond, elle avait toujours été à Nate et cette promesse tacite, pleine de sens, s’était toujours montrée irrévocable depuis l’enfance. Alors quand il évoqua l’aventure complètement folle qui l’attendait, la jolie brune ne put s’empêcher de rectifier. « Je crois que je le sais depuis qu’on a genre quoi ? Cinq ans. » Répondit-elle tout aussi amusée. C’était peut-être exagéré sur le nombre d’années mais pas loin de la vérité. À douze-treize ans, elle l’aimait déjà bien. C’était déjà complètement fou à ce moment-là. Scarlett ramena ses jambes contre elle et profita des bienfaits massant du jacuzzi pendant quelques temps. Puis, au bout de quelques minutes, quand son organe battant avait enfin retrouvé son calme, elle se détacha de son étreinte toute proche et sortit de l’eau. La jolie brune s’arrêta devant la pile de serviettes rangées dans la pièce. Elle en déplia une qu’elle noua autour de son corps avant d’en prendre une supplémentaire et de la poser à proximité de Nathanaël. « Je vais chercher les vêtements. » Ajouta-t-elle ensuite en sortant pour rassembler leurs affaires éparpillées en petit poucet. Scarlett n’avait nullement l’envie de couper court à ce moment mais elle ne se voyait pas patauger toute la soirée dans l’eau et surtout elle avait besoin de se retrouver quelques minutes hors de cette pièce. Elle ramassa les vêtements dispersés tout en mouillant un peu partout le sol de ses pieds et rapporta ceux du jeune homme dans la pièce avant de prendre les siennes et de sortir à nouveau. Scarlett monta à l’étage et rejoignit la salle de bains. La jeune femme songeait à ce qu’elle avait osé faire, quelque chose qu’elle avait un jour reproché au meilleur ami de Nate. Tromper. Elle comprenait aujourd’hui comment on pouvait en arriver là. Maintenant que la tension électrique était quelque peu retombée, ça venait lui éclater en pleine figure. N’avait-elle pas elle-même déjà trahi ses propres convictions le jour où elle avait décidé de ne pas suivre la voie qui avait toujours été la plus logique dans sa vie ? La jeune femme préférait ne pas y penser pour le moment, elle ne voulait pas laisser cette histoire lui envahir l’esprit et venir gâcher le reste de leur soirée/nuit. Scarlett venait  à peine de retrouver complètement Nathanaël, ce n’était pas pour se laisser aller à de nouvelles divagations ou surtout encore sentir à nouveau un sentiment de « culpabilité » l’envahir. Cela devait cesser de la hanter, Scarlett avait fait le choix de revenir vers lui et ne l’avait pas regretté une seule seconde depuis les aveux qu’ils s’étaient fait au restaurant. Maintenant qu’ils avaient franchi une nouvelle étape, elle ne devait pas non plus retomber dedans. Il faut  dire qu’elle avait toujours été fortement été habituée à ressentir cette ‘oppression’ dans sa vie ces dernières années et pas seulement parce qu’elle était partagée en deux sur le plan relationnel. Sa famille commençait à l’étouffer, l’étouffer par leur indifférence entre eux car si la situation chaotique qui régnait en réalité chez les Spencer s’était stabilisée depuis quelques temps, elle n’était qu’une façade qui ne reflétait rien d’autres que des distensions encore irrésolues, des distensions dont elle n’avait jamais fait par à personne à l’exception de sa sœur qui se retrouvait sans aucun doute au cœur du problème. La jolie brune se sécha le corps tout en songeant qu’elle avait désormais la ferme intention de remettre de l’ordre dans tout ça. Elle avait déjà commencé ce soir en cessant d’hésiter et en tranchant une bonne fois pour toute vers la personne pour qui son cœur balançait à nouveau. La prochaine étape serait cette discussion qu’elle avait toujours reculée avec Elisabeth et qui ne pouvait plus attendre.  Toutes ces situations latentes avaient assez perdurés. Scarlett quitta finalement ses pensées et enfila ses vêtements. Son corps frissonna légèrement au souvenir des effleurements de Nate contre sa peau. Elle avait envie de revivre ce moment et de recommencer encore et encore mais ils auraient désormais tout le temps qu’ils voudraient. C’était tellement différent à cette journée qu’ils avaient partagé un an auparavant où tout « devait » se passer en un temps limité et bien défini. La jolie brune ignorait comment se passerait la suite, ils n’avaient jamais été habitués à se déclarer aussi ouvertement ni même à pouvoir s’afficher aussi librement. Leurs sentiments remontaient à bien loin mais cette nouvelle forme de relation serait toute nouvelle pour eux. Elle ne redoutait plus vraiment par contre les conséquences de la révélation de cette histoire d’accident car quoiqu’il se passerait désormais, Nathanaël n’avait plus à cacher quoique ce soit et elle se montrerait présente pour lui. Une fois habillée, la jeune femme frotta la fine buée qui s’était installée sur le miroir comme si son corps était encore tellement brûlant après ce qui venait de se produire que la glace en ressentait encore les effets. Elle remarqua son visage aminci et ses joues légèrement creusées. Ces derniers-temps avaient été particulièrement stressants mais Scarlett avait l’impression de n’avoir jamais été plongée dans autant de sérénité auparavant. C’était lui, uniquement lui qui avait cet impact apaisant sur elle. La jolie brune détacha ses cheveux mouillés et les ébouriffa pour démêler les nœuds. Au bout de quelques secondes, la jeune femme quitta la salle de bains et redescendit au rez-de-chaussée pour rejoindre Nathanaël. Elle ne voulait pas qu’il  puisse deviner le trouble qui l’avait traversée pendant quelques minutes car même si elle savait pertinemment bien le cacher, il avait toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert sans vraiment avoir à se forcer. Scarlett espérait que cette fois ne serait pas aussi facile car elle ne voulait certainement pas gâcher la soirée à penser à autre choses qu’à eux. La jolie brune ouvrit la porte de la pièce du jacuzzi mais Nathanaël n’y était plus. « Nate ? » Appela-t-elle. Aucune réponse. Où avait-il donc bien pu aller ? C’était comme si le simple fait de ne plus le voir pendant deux minutes, son monde s’écoulait déjà (n’exagérons quand même pas mais ce n’était pas loin de la vérité).  Scarlett referma donc la porte derrière elle et se dirigea vers le salon ou la cuisine où elle espérait le trouver. Malgré tout ce qui lui avait traversé l’esprit quand elle était dans la salle de bains, elle n’avait jamais eu autant l’impression d’être aussi bien, aussi entière. Alors peu importait dans le fond les conséquences que cette soirée entraînerait, l’effet indéfinissable que Nate avait sur elle ou même les décisions qu’elle s’était promis de prendre et s’efforcerait de tenir. Tout finirait par trouver sa place comme ils avaient fini par se trouver. Le temps semblait toujours aller au bout de son œuvre. C'est souvent dans ces moments, où le bonheur et la joie primait sur tout le reste, que l'amour vous faisait voler dans des contrées encore inconnues, que tout prenait son sens. Cette soirée en était le plus bel exemple. Au bout de quelques pas, Scarlett arriva enfin dans le salon où elle le chercha à nouveau du regard.

La réponse de Scarlett résonna dans toute la pièce, cachant par la même occasion les tentatives de plus en plus efficaces de l’Evans pour reprendre une respiration correcte et normale. Petit à petit l’euphorie se calme, les doux frissons qui lui parcouraient jusqu’alors le dos se stoppent, ses joues qu’il soupçonnait d’être en feu sous le coup de la chaleur, du rapprochement et des efforts retrouvèrent elles-aussi leur couleur de base. Sans savoir le comment ni le pourquoi, il se retrouva à nouveau au soir du nouvel an lorsqu’ils avaient joué à leur fameux : je bois, je bois pas. Ne commençaient-ils pas un peu à mélanger l’aquatique et la luxure sous forme d’habitude ? D’abord les retrouvailles après les deux ans de silence, puis la douche et maintenant ça,.. Un sourire égaya ses lèvres à cette pensée. Le temps passait tellement vite, il se voyait encore à l’attendre le soir en sortant du lycée, le matin pour y aller, jeter des cailloux contre sa fenêtre comme dans les films pour lui indiquer que quelqu’un était là et qu’il fallait qu’elle ouvre bien qu’il restait sur ses gardes pour prendre ses jambes à con cou à n’importe quel instant, tel Usain Bolt en pleine action des JO si quelqu’un d’autre s’était intéressé à ses bruits de ricochets et avait voulu voir ce qu’il en était vraiment. Jeunes et cons. Ce n’était pas plus un slogan qu’une devise mais pour le nombre de fois où Nate s’y était déjà identifié, il voulait bien croire que c’était assez représentatif. Et maintenant ? Alors oui, il était moins jeune certes, mais en était-il moins con pour autant ? Il n’en avait pas l’impression. Rien que le fait d’avoir craqué ce soir, d’avoir craqué tous les soirs qu’ils avait passés avec elle d’ailleurs lui donnait l’impression d’être un incorrigible stupide. Il s’était, il y a longtemps, fait la promesse qu’il protégerait les gens à qui il tenait, qu’il ne leur ferait pas de mal ‘volontairement’ à moins que ce ne soit dans une mesure particulière et nécessaire. Il s’était dit aussi que, chercher la Spencer et la pousser dans ses retranchements, jouer avec elle comme il l’avait souvent fait dans le seul but d’obtenir ce qu’il espérait depuis toujours était plutôt répugnant voire même malsain. Après tout, n’avait-elle pas eut l’air heureuse au bras d’Elias ? Un mec peut-être pas blanc comme neige et sans histoires mais qui lui au moins, n’avait pas un meurtre sur la conscience. Elle était heureuse oui, jusqu’à qu’il arrive et y mette le foutoir. Il continuait de penser que, pour la protéger il aurait encore mieux fait de l’éloigner de lui mais après avoir vécu l’expérience une fois, après l’avoir perdue une fois il lui semblait impossible de réitérer une seconde fois. Scarlett était une grand fille, elle pouvait faire ses choix et si elle avait décidé de le soutenir, de le choisir aussi ce soir, il ne pouvait rien dire pour essayer de lui faire changer d’avis butée comme elle l’était. D’autant plus que même s’il essaierait de faire l’impassible en rendant des comptes aux personnes adéquates, il ne pouvait nier que la présence d’une épaule autre que celle de sa sœur et d’O’Conell ne lui ferait aucun mal bien au contraire. Il avait besoin d’elle, moralement, physiquement pour l’aider à traverser cette période de galère plus forte que jamais et il en ferait de même en contrepartie lorsqu’elle en aurait besoin puisque, apparemment, c’était ainsi que fonctionnaient les couples. Il ne l’avait jamais été avant aujourd’hui, enfin, pas officiellement plutôt. Avant l’accident qui avait bouleversé leur train de vie, ils avaient déjà des sentiments l’un pour l’autre et les exprimaient certes peut-être pas par les mots mais d’ores et déjà par des gestes qui étaient amplement suffisants. Le coupage de pont qui avait suivi entre eux avait fait office de rupture complète puisqu’en quelques semaines, leur relation s’était dégradée du tout au tout et avait finie par voler aux éclats cette même journée au parc. Tout était si loin et si proche à la fois.. Dix ans, oui. Dix ans qu’il en était amoureux, dix ans qu’il avait rêvé et pensé la même femme. Dix ans dont deux de séparation plus une troisième où ils avaient simplement joués les amis et rien de plus même si ça crevait les yeux que leur promesse n’était qu’un piètre mensonge pour cacher la dure réalité de leurs sentiments. « T’étais déjà folle de moi à cinq ans ? Si j’avais su… » Rétorqua-t-il sur le même ton avant de refermer les yeux en basculant la tête en arrière. Son visage allait mieux mais son corps lui, semblait toujours en fusion un peu comme l’intérieur d’un volcan pas définitivement éteint qui se ravivait petit à petit et ne demandait qu’à exploser pour laisser s’exprimer toute l’étendue de ses sentiments. Le jeune homme ne rouvrit qu’un œil après plusieurs minutes lorsqu’il entendit une pluie de petites gouttelettes s’écraser dans l’eau. Scarlett se levait et sortait du jacuzzi avant d’annoncer qu’elle allait lui ramener ses vêtements. Effectivement sur le coup il n’avait pas vraiment pensé à ‘l’après’ juste à l’instant présent et se serait retrouvé malin avec juste comme office de couverture et de cache une serviette comme il y en avait plusieurs rangées près de la porte. Il acquiesça donc et profita des derniers moments que lui offrait le bain à remous avant de se préparer définitivement à en sortir. Une fois ses vêtements ramenés, Nathanaël sortit à son tour et se sécha avec une serviette avant d’enfiler son sous-vêtement, son jean et de glisser ses bras dans les manches de sa chemise qu‘il retroussa jusqu‘aux coudes. Pour le moment il avait encore beaucoup trop chaud pour oser la fermer et ce, malgré le fait qu’en réalité, l’eau n’était qu’à 37°c et des cacahuètes. Un peu hésitant quant à ce qu’il devait faire maintenant qu’il était prêt, Nate décida de sortir de la pièce en regardant un peu autour de lui histoire de ne pas manquer Scar si elle se trouvait juste là quelque part. Quelques pas, un regard à gauche, une porte poussée à droite,.. Toujours rien. A ce moment là il ne sait pas exactement ce qui c’est passé ou ce qu’il se passe encore mais décide d’aller à l’endroit dont il se souvient le plus comment y parvenir : La cuisine (c’est nous et Schmitt! Okjesors). Arrivé là-bas, Nate va directement à l’évier et fait couler de l’eau froide, la plus froide possible d’ailleurs en mouillant d’abord ses mains puis son visage et enfin sa nuque. Il respira un grand coup en abaissant l’ouverture de l’eau du robinet avant de n’entendre la voix de la jolie brune au niveau du couloir. Venait-elle de l’appeler ? Il n’en était pas très sur a vrai dire, encore trop plongé dans le passé -récent ou beaucoup moins- pour entendre quoi que ce soir. « Je suis dans la cuisine! » Dit-il assez haut pour que, peu importe où elle se trouverait au rez-de-chaussée elle aurait le retrouver sans aucune difficulté et sans possibilité qu’il ait pris la fuite. Nathanaël tenait le livre en main. Ce soir il avait eu de tout : preuve physique et morale, une preuve écrite à jamais sur cette page et dans son organe battant. Il feuilletait rapidement les pages avant de le reposer nonchalamment et de se tourner vers Scarlett : « Tu veux qu’on se pose devant la cheminée ? » Proposa-t-il comme il aurait pu proposer n’importe quoi d’autre. Ca l’importait peu de toute manière du moment qu’elle était avec lui. Les jeux vidéos étaient toujours autant exclus de la liste. Ce soir plus de jeu, plus de personnages, rien qui ne pourrait rappeler ses trois ans où ils avaient été séparés et qui ne serait jamais un bon souvenir hormis les quelques petits moments d’intimité qu’ils s’étaient accordés. Son regard passa au peigne fin toute la personne de Scarlett et s’arrêta net sur ses lèvres, comme d’habitude. Des lèvres qui lui donnèrent à nouveau envie. comme d’habitude, on sait. Nate se contenta donc de relever le regard pour le replonger dans celui de son interlocutrice et glissa ses mains dans les poches de son jean. Quoi qu’elle décidait de toute manière, il serait pour lui aussi alors ça n’avait pas grande importance.

Folle de lui à cinq ans. Presque. Il ne lui en avait pas fallu longtemps avant que Scarlett ne tombe sous son charme, même si les sentiments avaient grandi en même temps qu’eux. Ce qu’on pouvait ressentir à une douzaine d’année n’était absolument pas comparable à ce qu’ils pouvaient éprouver aujourd’hui. La jolie brune esquissa un sourire en guise de réponse et préféra sortir quelques instants plus tard pour aller se rhabiller et surtout chasser les maudites pensées extérieures qui reprenaient déjà d’assaut son esprit. Une fois remise, la jeune femme redescendit les escaliers mais elle constata que Nathanaël n’était plus dans la pièce du jacuzzi. Scarlett faillit jeter un œil dans la salle de jeux se disant qu’il en avait sans doute profité de l’attendre pour s’essayer aux consoles et autre mais elle devinait que ce n’était pas du tout son genre de le faire alors qu’il lui avait dit le contraire plutôt dans la soirée. La jeune femme songea un instant que même si ils étaient désormais en couple, qu’ils auraient sans doute du mal à être quasiment inséparables, elle n’hésiterait absolument pas à s’y efforcer parce qu’elle détestait encore plus rester h24 avec la même personne au point qu’ils finissent par s’étouffer. Scarlett avait beau vouloir rattraper tout le temps perdu en un laps de temps très court, elle en était bien consciente. Ça pouvait totalement détruire une relation. Elle n’avait pourtant aucune raison de s’inquiéter car elle savait qu’il pensait sûrement la même chose qu’elle sur ce plan-là. La jolie brune débarqua dans le salon et le découvrit dans la cuisine. À la simple vue de Nathanaël, elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire, sourire de le voir aussi bien qu’elle l’était en cet instant. Elle acquiesça devant sa question et entreprit d’allumer le foyer. La température était déjà bien redescendue autant dans la maison que celle de leurs corps, à moins que ce ne soit l’imagination de la jeune femme et que celle-ci n’avait jamais bougé, disons qu’avec l’ascenseur émotionnel qu’elle venait de vivre, Scarlett arrivait difficilement à juger. Le frisson qui la parcourut suffit à la convaincre de mettre chauffer la pièce avant de rejoindre Nathanaël dans le canapé en face de la cheminée et de se blottir contre lui. La jolie brune posa sa tête contre lui, dans le creux de son épaule. Elle pourrait vite s’y habituer à ce genre de soirée, ayant bien trop pris goût aux quelques rares fois où ils s’étaient retrouvés seuls chez l’un ou l’autre. Leurs nombreux membres de leur famille (si on pouvait dire ça comme ça) ne leur facilitaient certainement pas la tâche pour en avoir souvent l’occasion, bien que ce qui les avait surtout freinés jusqu’à présent était le fait que Scarlett soit toujours en couple. Elle était bien consciente qu’elle devrait régler cette histoire le plus vite possible mais Nathanaël n’avait pas l’air de lui mettre la pression sur les épaules quant à cet aspect, comme s’il avait bien compris que ce n’était pas nécessaire. Scarlett espérait juste trouver la meilleure façon de le faire. De plus, la jeune femme n’avait pas forcément envie que ce qui se passait désormais entre l’Evans et elle se sache tout de suite, pas parce qu’elle voulait l’éviter ou parce qu’elle en avait honte, ce n’était absolument pas le cas mais elle préférait ne rien précipiter et garder ça entre eux. La jeune femme était toujours restée fort discrète quand il s’agissait de ses sentiments pour lui et si la plupart des membres de leur entourage pouvaient facilement deviner qu’ils se mentaient à eux-mêmes, ils ne parvenaient généralement pas à percer plus loin leurs élucubrations les concernant, un peu comme si Scarlett essayait de conserver précieusement leurs moments et de ne pas les partager. C’était à eux. Point. Elle ne voulait pas que ça change, du moins pas tout de suite. « On ne dira rien pour le moment ? » Demanda tout de même la jeune femme pour voir s’ils étaient encore une fois sur la même longueur d’ondes ou si Nate n’était pas de cet avis. Après tout, lui en avait peut-être assez de cette situation ambiguë et indécise. Ensemble… mais encore devoir le cacher, au moins le temps qu’elle l’annonce à Elias en tout cas. Qu’est-ce que seraient quelques jours ou semaines de plus quand ils avaient passé près de dix ans à le faire ? Scarlett attendit sa réponse avant de l’embrasser une nouvelle fois. Il ne devait absolument pas douter qu’elle était définitivement revenue vers lui cette fois. Le reste de la soirée se déroula de la même façon qu’elle avait commencée, dans une ambiance tendre et légère, à profiter de l’un et de l’autre, à ceci près qu’ils étaient désormais certains que ce ne serait que la première d’une longue liste à venir.