Lorsque la jeune femme acquiesça à son idée, Nathanaël la suivit jusqu’au salon et se posa dans le canapé le temps qu’elle prépare un peu le tout pour le feu. Son regard dériva une nouvel fois sur la pièce qui, le plus étrangement du monde d’ailleurs, capta son attention plutôt que la jolie brune qui affolait ses sentiments et son rythme cardiaque comme par magie depuis le début de soirée. Scarlett faisait parti de ces gens spécifiques qui, d’un seul regard, vous perçaient et vous enflammaient le cœur, le tatouaient de manière définitive jusqu’au plus profond de l’âme pour que quoi qu’il arrive, on n’oublie jamais quel sort nous a touché. Le tout fin prêt, la jolie brune prit place à son tour dans le canapé tout contre lui et au creux de ses bras. Une nouvelle fois le contact de sa peau contre la sienne le fit frissonner, ses pupilles se dilatèrent lentement. Il était inconsciemment et silencieusement en train de prendre sa dose de cette drogue enivrante sans se soucier du hier ni du lendemain. Rien d’autre ne comptait en cet instant hormis le corps vulnérable et chaud de la Spencer contre le sien, la frénésie docile qui le parcourait lorsqu’il faisait courir ses doigts sur sa peau ou que ses lèvres encore tremblantes couvraient outrageusement son cou. Le silence qui les entourait n’était ni désagréable, ni gênant. Il était révélateur; révélateur du bonheur silencieux dont-ils étaient tous les deux victimes. Ils en étaient là : dans une maison éloignée de Magnolia, seuls, dans leur monde à eux où rien ni personne ne pourrait les déranger, les ramener sur terre et gâcher leur sentiment de bonheur pur et simple. « On ne dira rien pour le moment ? » L’Evans quitta le foyer des yeux et reporta son attention sur elle avant de répondre sans attendre, sur de sa réponse de toutes les façons : « Oui, gardons ça pour nous, ça vaut mieux. » Encore une fois il ne pouvait que constater qu’ils étaient en tous points d’accords. Après tout, ils ne pouvaient pas s’enfuir sur une moto après avoir mangé ensemble un quatorze Février et revenir le lendemain en ville comme si de rien n’était en se tenant par la main et en se faisant la sérénade devant les yeux exorbités des habitants. Scarlett aurait besoin de temps pour remettre de l’ordre dans sa vie, pour parler à Elias et ensuite introduire -peut-être- l’idée qu’elle sortait avec Nate. Quant à lui, son seul objectif du moment était de soutenir sa sœur ainsi que Heathcliff, essayer de calmer les choses avec ses parents et surtout : bosser. Parce que oui, un petit détail pas du tout insignifiant était qu’il était bel et bien toujours étudiant en fac de droit et que jusqu’à preuve du contraire, ce n’était pas en continuant sur cette lancée qu’il finirait diplômé. Il savait qu’il avait déjà entassé pas mal de retard, qu’il devrait demander à d’autres élèves de lui prêter leurs cours afin qu’il rattrape le plus vite possible mais il fallait bien avouer que la motivation n’y était plus du tout. La plupart du temps, il fuyait la réalité des choses en repoussant la date fatidique où il devrait vraiment vérifier à quel niveau il en était et se disait qu’il avait toujours le temps même si plus le temps passait, plus le petit mensonge se transformait en réel handicape pour la suite. Il n’était plus allé en cours depuis bien longtemps, avait du manquer pas mal d’examens et d’exercices et devrait sans doute refaire son année mais il n’en avait pas grand-chose à faire même si au fond, il se rendait bien compte que ce n’était pas si anodin. Ces derniers mois il n’avait pas eu la tête à se plonger dans le code pénal, la lecture d’affaires non réglées auxquelles il fallait essayer de trouver des solutions, plaider la cause et tout le reste. Et puis même s’ il retournerait à la fac, quel motif pourrait-il donner pour excuser sa longue absence ? Il avait foiré son année, un point c’est tout. Le jour où il avait fait l’accident, où il avait déplacé le corps, c’était à ce moment là vraiment, qu’il avait ‘décidé’ de foutre sa vie en l’air de manière radicale. Il s’était mis dans de beaux draps mais une part de lui encore très naïve et optimiste lui disait que tout n’était peut-être pas perdu et qu’avec un peu de chance, le calvaire se terminerait tôt ou tard en mettant définitivement cette histoire derrière eux. Nathanaël ferma instinctivement les yeux puis prolongea le baiser le plus naturellement du monde tout en pensant que de toutes les gourmandises du monde, la Spencer n’en restait pas moins la meilleure et celle vis-à-vis il ressentait le plus de dépendance. Son souffle n’était jamais aussi parfait que mélangé au sien, leurs doigts fins lorsqu’ils s’entrelaçaient et redécouvraient leurs corps, leurs yeux se perdant à tour de rôle tantôt dans l’un tantôt dans l’autre, leurs corps se collant l’un contre l’autre dans une ardeur quasi volcanique et leurs lèvres finissant toujours leur chemin en se retrouvant dans une harmonie parfaite. Il se sentait revivre, il se sentait complet. Elle guérissait les cendres de son cœur en lambeaux, le faisant renaître à l’image d’un phœnix et retrouver sa vivacité d’antan. Son esprit n’était plein que de positif, de légèreté et surtout de tranquillité. Scarlett lui redonnait cette confiance qu’il pensait avoir perdue à jamais, ce sentiment de sécurité, ce sentiment d’appartenance qu’il ne trouvait même plus au sein de sa famille. A côté de sa vie de famille chaotique, Lily et Heathcliff apeurés par la révélation, ses cours qui le propulsaient déjà probablement au recalage pour la prochaine année, Scarlett était la chose ou la personne la plus stable à l’heure d’aujourd’hui qu’il trouvait dans sa vie. La soirée continua de bon train et se termina sur une note tout aussi agréable que lors de son commencement. Ils parlaient, riaient et profitaient de chaque instant comme durant leurs jeunes années insouciantes hormis le fait que maintenant, ensemble, leur amour était encore plus fort.

FIN DU SUJET