Ce qu'il y a avait de bien dans Pâques, avant même de parler des chocolats, c'était le retour du printemps. Le vrai printemps. Les fleurs, le beau temps, toutes ces conneries un peu simples, mais qui au final marchaient à tout les coups. Avait on déjà vu un mec faire la gueule, par un jour férié ensoleillé ? Était il seulement légalement autorisé de faire la gueule pendant un jour de congé où l'habituel combo bureau-dodo avait été remplacé par un prometteur choco-chico ? Peu importait les crises de foie, les indigestions au chocolat, la promesse des caries à venir. On aurait tout le temps de se repentir demain, quand le monticule de cacao aurait déjà été consommé, un spasfon dans une main, un dentifrice au fluor dans l'autre. Pour l'instant, l'heure était à l'optimisme.
Serrant sous son bras celui, plus fluet de sa compagne, William bravait les premiers rayons du soleil avec le même abandon béat qu'un lézard paressant. Se laissant guider jusqu'au stand de chamboule-tout avec une tranquillité exemplaire, il lui semblait que rien ne pouvait venir perturber le cours de cette j... OUAF !
Un aboiement retentit. Il n'y aurait probablement pas prêté attention, si Sara ne lui avait pas glapi dans l'oreille, se pressant contre son torse. William ne put s’empêcher de sourire, trouvant sa réaction pour le moins charmante. Il referma son bras autour de sa taille en riant.

« - Bah alors Sara ? Depuis le temps, tu n'as plus besoin de trouver des stratagèmes aussi saugrenus pour venir te blottir contre moi, tu sais. »

Le jeune couple s’arrêta devant le stand, et William en profita pour examiner les lots à gagner. Parcourant du regard les étagères, il se surprit à fanfaronner auprès de sa belle.

« - Bon, alors, qu'est ce que tu veux que je te gagne ? Le radio réveil, là ? Ou la peluche lapin, peut être... Oh non, pas le lapin. Regard moi ses yeux, on dirait un lapin sous acide. »

Joignant les gestes à la paroles, William retroussa ses lèvres, imitant le lapin aux yeux exorbités. Il avait de la chance que Sara le couvre déjà d'amour, car le spectacle qu'il lui offrait était loin de mettre en valeur le jeune garçon. Arrêtant ici ses pitreries, échangea quelques mots avec l'homme qui tenait le stand, et referma ses doigts sur la balle d'un air assuré.

Devant le stand, nous, les deux amoureux, nous arrêtâmes et jetâmes un œil aux lots que nous pouvions gagner. J'étais à peu près certaine de ne pas être une assez bonne viseuse pour m'offrir un cadeau. Mais je louais une confiance sans borne à William et il était sportif : toucher quelques malheureuses boîtes de conserve serait un jeu d'enfant pour lui. Réveil-matin, peluche de lapin ? Will avait raison, l'animal plus rose que rose semblait molletonneux certes, mais de figure, paraissait totalement flippé. Sous acide, peut-être bien oui. L'imitation de mon petit-ami était plus que crédible. J'explosai de rire sans même me forcer.

-T'as un don pour les imitations de lapin sous acide !

Et, sans comprendre ni pourquoi ni comment, je laissai mes dents de devant sortir pour, à mon tour, imiter le lapin et je lâchai :

-Quoi d'neuf docteur ?

J'étais sans nul doute moins douée que William, mais en bon duo d'inséparables, il me fallait l'accompagner dans sa déchéance dans le domaine du mime.
Puis, je me retournai vers les lots, tentant de forcer le calme à revenir. La peluche lama me plaisait bien : je l'appellerai Pierrick ! Mais William me regarderait-il bizarrement à désirer un si étrange animal, de surcroît auréolé d'une couronne de feuille. Mais il était si mignon !

-Le lama, celui-là, désignai-je du doigt. Enfin, c'est celui qui me plaît le plus. Maintenant tu sais les surprises c'est fun aussi. Maman disait toujours : « la vie, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ».

Je souris, bienveillante, ravie de montrer ma culture cinématographique. Mais soudain, je me demande si la référence est assez claire :

-Enfin, ma mère n'a jamais dit ça hein ! C'est une citation de film.

Sans plus attendre, je commençais à jouer, dégommant toutes les princesses Disney que je voyais. Je sentais Clyde quelque peu gêné par cette première apparition en tant que couple, mais je comptais bien le mettre à l'aise. Lorsque j'eus fini de jouer, je regardais Clyde et lui glissais à l'oreille : “Tu veux attendre encore un peu avant qu'on affiche notre couple?” Je lui souris et caressais discrètement sa main qui traînait non loin de la mienne. Je regardais autour de nous, je voyais au loin plusieurs de nos voisins qui s'amusaient à différents stand. La réponse de Clyde me soulagea et il me prit dans ses bras et me blottit contre lui. Je l'embrassais doucement et le poussais alors en avant vers le stand : “Allez joue! Si tu gagnes...” Je lui jetais un regard coquin, m'approchais de lui et lui chuchotais à l'oreille : “Tu choisiras mes prochains sous-vêtements à acheter...” Je me mordais la lèvre et le regardais, puis le laissais jouer. Je regardais autour de nous et j'aperçus ma soeur non loin de là. Elle me regarda et je sentis qu'elle allait venir me voir.

Je me raclais la gorge et soupirais. Depuis ce dernier soir où elle et moi nous étions disputés, on ne se parlait plus, on s'évitait. Et je n'avais pas franchement envie de me prendre la tête avec elle aujourd'hui, en plein public, et sous les yeux de Clyde. Car je me montrerai intransigeante, voir encore plus sévère que l'autre jour. Je regardais Clyde qui jouait et hurlais, surprise : “Eh mais t'es bon!” Je ris et me blottis de nouveau dans ses bras. On avait l'air niais, et d'imbécile heureux, mais d'un côté ce n'était pas plus mal.

Parfois les mecs, c'est un peu con. Souvent d'ailleurs. C'est pour ça que Jenna ne fit pas plus attention que ça à Austin, ni à Blaine, ni à leurs remarques supplémentaires. Et puis elle avait exprimé ce qu'elle ressentait, ils avaient entendu, peut-être que la prochaine fois ils feraient attention. Sûrement pas d'ailleurs, mais peu importait. Au moins elle avait sorti ce qu'elle avait sur le coeur. C'était comme ça avec Jenna. Elle pensait quelque chose ? Fallait qu'elle le dise. Peu importe si c'était en haussant la voix ou pas. Très vite elle reprenait sa bonne humeur habituelle et c'était vite oublié, mais au moins, elle avait l'impression de faire quelque chose de bien, d'être la voix de la raison en quelque sorte. Pas mal de gens détestait cette expression "voix de la raison" et qui était dénommé comme cela n'était jamais apprécié. Mais Jenna ? Elle s'en foutait. Depuis le temps qu'elle exprimait ses pensées à haute voix, elle avait appris que certains étaient prêts à l'écouter, d'autres non. Elle avait beau vouloir changer les choses, elle ne pouvait changer le monde.

C'est pourquoi elle secoua la tête, oublia la connerie d'Austin et se faufila dans son sac à patates pour le départ. Seulement, un regard sur le Russell lui rappela une période qu'elle aurait aimé oublier. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai. C'était juste qu'elle ne voulait pas forcément que Blaine soit au courant .. Que son petit ami apprenne qu'il se trouvait en compagnie de celui avec qui Jenna avait passé la nuit, un soir de juin 2009.. Certes, c'était avant Blaine. Mais quand même. Tous les trois sur le point de départ, Jenna regardait encore Austin, et se demanda s'il se rappelait d'elle. Cela la vexerait si ce n'était pas le cas, mais voyant l'énergumène que c'était, elle ne se doutait pas qu'il ait eu beaucoup plus d'aventures après elle. Et puis cela faisait quand même 5 ans.. 

Attendant le coup de sifflet, elle se mit en position tout en mangeant le bout de carotte qui lui restait du matin même. Elle en avait gardé un bout dans sa poche au cas où elle en aurait besoin. Oui, Jenna avait souvent besoin de se mettre quelque chose sous la dent pour se calmer. Un peu comme un bébé en fait.

« Chut, Fitz. Fais pas comme si ça t'étais jamais arrivé. » répondit Carl, encore ensuqué. Julia s'assit alors à côté de lui. Il grommela, s'étira et se leva donc en apercevant le mec en chocolat au loin, avant de s'esclaffer (j'vous disais quoi ? les mecs cons ? ). Il grimaça en portant une main à sa tête. Pfiou, il s'était levé trop vite. Julia répliqua alors que c'était plutôt lui qui avait une gueule de merde. « Tu t'es vue peut-être ? » répondit-il en haussant un sourcil. « T'as toujours pas arrangé ta tignasse, on dirait une sauvage. » fit-il remarquer pour commenter les cheveux désespérément frisés de la jeune blonde. Depuis qu'il la connaissait, elle n'avait jamais vraiment su les coiffer -ou les dompter. Carl proposa alors d'essayer un des jeux de la foire -tant qu'à y être autant y rester - mais la Fitz n'était pas de cet avis. Il s'avança et lui donna un petit coup de poing dans l'épaule. « Allez ! T'es relou. » Puis il sourit, en se baissant et en posant son front sur celui de Julia. « S'il te plaît .. » supplia-t-il en faisant la moue. Puis il se retira et rit, voyant que la blonde changeait d'avis, peut-être à contre-coeur. « Si ça peut te rendre un peu plus aimable, pas de problème. » répondit-il à son amie qui prétendait vouloir lui tirer dessus.

Carl tourna alors les talons, et traîna les pieds vers le premier stand où il avait senti quelque chose de bon -pas comme ce chocolat écoeurant. Bingo, c'était du lapin cuit. Il attrapa donc un petit bout et le mangea rapidement sans que le teneur du stand l'ait vu. Hop, ni vu ni connu. Puis il se retourna vers Julia, toujours assise. « Bon, c'est pour aujourd'hui ou c'est pour demain ? Les filles j'vous jure .. » finit-il par soupirer avec un sourire en coin. Décidément, les chiens font pas des chats.

Blaine me faisait des signes de main comme si je devais arrêter de parler. Je le regardais et haussais les épaules. Je décidais donc d'entrer dans mon sac, c'était le moment de jouer. Je me préparais à partir, mais le départ tardait trop et je râlais, révélant au passage que les histoires de Pâques étaient tout aussi vrai que la petite souris et que le père Noël. Je regardais mes deux adversaires et lorsque j'entendis le coup du départ, je m'élançais. Je ne me concentrais que sur mon propre parcours, je devais gagner cette course et revenir à la maison vainqueur. Je m'élançais, sautais comme un lapin et je croisais alors quelqu'un sur ma route. Regardant autour de moi, je hurlais et sautais sur l'espace de verdure le plus proche. En effet, je me trouvais dans un jardin, jouant à la course en sac comme un enfant.

Je continuais donc ma route et revins sur la route principale. J'aperçus alors la ligne d'arrivée, mais incapable de savoir si j'étais premier, deuxième ou dernier, je m'élançais afin d'arriver premier. J'accélérais donc le pas et lorsque j'arrivais, je trébuchais, me retrouvant les quatre fers en l'air, enroulé dans mon sac. Je levais alors la tête, à la recherche de LA phrase qui me déclarerait vainqueur.

On s'assumait enfin avec Clyde, on se montrait en public, et des petits surnoms arrivaient et s'incrustaient dans nos conversations. J'étais habituée aux "ma belle", mais lorsque Clyde m'appela Chouchou, je le regardais avec de gros yeux et lui souris. Mais lorsque je me rendis compte qu'il allait chercher des Barbapapas je me mis à sautiller sur place comme une enfant en le regardant partir. Mon dieu, qu'est-ce qu'on devenait niais lui et moi. Je regardais alors Clyde partir, matant son petit derrière et me tournais vers ma soeur, lasse. Je le regardais et lui tendis la carabine. “Joue et après peut-être qu'on parlera Lynn. Pour une fois tu vivras les choses dans la réalité.” Et bim, ça c'était dit. Je laissais Lynn jouer, et lorsque je me retournais, je vis que Clyde attendait avec la barbapapa. Je lui fis signe de venir, car honnêtement, je ne voulais pas perdre un seul moment avec lui juste pour parler à ma petite soeur geek. Il revint donc près de moi et je fis les présentations, sur un ton froid : “Clyde, ma soeur Lynn. Lynn, mon petit-ami Clyde.” Je jetais un regard à ce dernier qui ne paraissait pas comprendre la situation.

Je regardais donc ma petite soeur jouer, agacée mais tout de même curieuse de savoir ce qu'elle comptait me dire. Allait-elle me dire qu'elle avait trouvé un travail, ou qu'elle allait arrêter de jouer ou qu'elle venait tout simplement s'excuser. Je me tournais donc sur Clyde et mangeais un peu de la barbapapa qu'il était allé chercher. Et je l'embrassais sur la joue, comme pour le remercier.

Citation :

Après une compétition acharnée, Blaine remporte la victoire. Le forain lui remet en cadeau un petit coffre-fort qui s'ouvre avec un code secret composé de lettres. Avec le coffre vient un papier sur lequel est inscrit : XQBBEMUUD.

Couple improbable de lapins camés, Sara et William semblaient avoir inhaler des volutes bien différentes du simple parfum des carottes. Pas sur que si on leur avait fait passer l'épreuve de l'éthylotest, ils s'en seraient sortis indemnes. Bras contre bras, sourire béats à la dentition probante et doux regards se reflétant au travers des yeux exorbités de leur tendre moitié, les deux idiots s'amusaient sans vergogne à braver la bienséance de vigueur dans les allées de Magnolia. Après tout, le coeur n'était peut être pas le seul élément qu'ils étaient amenés à partager. A la course aux organes, le cerveau se plaçait sans doute bien devant.
L'euphorie provoquée par leurs inepties les faisait planer à dix milles, à la manière de deux aéronefs improbables, s'amusant à flirter avec les limites de la stratosphère. Démarrant tout juste leur épopée volante, si personne ne se dévouait pour les arrêter dans leur délire ascensionnel, c'est bientôt à un exobiologiste qu'il faudrait confier leur cas.
Heureusement pour eux, une jeune fille se chargea elle même de cette dure mission. Les abordant avec un grand sourire, elle leur demanda s'ils acceptaient qu'elle se joigne à eux. Rangeant prestement ses dents bien au fond de sa bouche, William se tourna vers elle avec un sourire affable.

« - Mais bien sur. Je ne refuse jamais un peu de difficulté ! »

Préparant son lancé, il suspendit son geste pour gratifier la nouvelle venue d'une raillerie affectueuse.

« - Prépare toi, à m'acclamer, mistinguette. Si tu es sage, peut être même que je te laisserait prendre une photo ! »

La balle s’élança alors de la main de William, avant de traverser les airs, direction les conserves.

Quoi?! Austin avait perdu?! J'avais perdu?! Je me retournais et balançais mon sac à patate. Je me retournais et regardais autour de moi. Je m'apprêtais à revenir au stand pour contester cette victoire non mérité lorsque j'aperçus un boeuf attaché derrière le stand. Convaincu qu'il était la récompense pour cette course, je m'avançais vers lui, bien décidé à voler ce boeuf, et le détachais. Je l'emmenais jusqu'à chez moi et l'attachais à un arbre avant de savoir quoi faire. Puis je revins auprès des amoureux, essoufflé et regardais Blaine se débattre avec un coffre. “C'est quoi ce coffre?” Dis-je d'une voix froide. En effet, je n'acceptai pas cette défaite, je m'étais préparé, m'étais étallé dans un jardin pour... Perdre. Miss Peace and love regardait son amoureux et je m'avançais vers elle avant de lui glisser à l'oreille : “On est d'accord, il la mérite pas la victoire?”.

Je me tournais alors et vis Clyde avec carabine dans les mains. Je soupirai. J'aurai du jouer à la place de cette fille brune, et non être obligé de voler un boeuf pour piquer le prix de ce Blaine qui m'avait arraché à la victoire, la gloire et la fierté de mes parents. Je le regardais et m'asseyais par terre. Je regardais Jenna, puis Blaine. “Alors, y'a quoi dans ce coffre? Une récompense?”. Je regardais dans le coffre et avançais.

Jenna, Blaine et Austin étaient sur le point de départ, tous enfoncés dans leurs sac à patates, et dès que le signal retentit, ils se mirent à sauter le plus vite qu'il purent. Après trois enjambées, Jenna éclata de rire et se retrouva comme une gamine, sa bonne humeur étant revenue définitivement. Elle vit Austin s'écarter de la piste, avant de revenir et de s'écrouler au sol. Jenna fut alors prise d'une crise de fou rire et s'écroula à son tour, laissant Blaine arriver premier. Elle mit un instant à se relever, tout sourire, et rit encore une fois quand elle réalisa qu'elle était empêtrée dans son sac. Finalement, elle réussi à s'en sortir, et quand elle arriva auprès des deux garçons, ce fut pour découvrir un coffre et un code. «  Wouhouuu, comme Fort Boyard ! » s'écria-t-elle. Mais malheureusement, elle avait beau se creuser les méninges, elle ne trouva pas la réponse. Et puis Passe-Partout était pas là pour donner d'indices. (en réalité j'sais pas s'il donne des indices mais on va faire comme si, hein) Blaine cria alors sa trouvaille et la blonde haussa les sourcils. Ah ouais. Elle ne voyait pas du tout le rapport. En même temps, elle et les énigmes.. ça faisait quarante-douze.

A ce moment-là, Austin -qui évidemment était vexé d'avoir perdu- chuchota à Jenna qu'il ne méritait pas d'avoir gagné. Jenna rit et acquiesça. « On l'a carrément laissé gagner, mais chut ! » Elle sourit, puis Austin chercha à savoir ce qu'il y avait dans le coffre. Tous les trois s'assirent et Jenna passa ses bras autour de Blaine et l'embrassa dans le cou. « Alors, tu l'ouvres ? » lui dit-elle avec un sourire et un doux regard. Pendant ce temps, elle faisait des oreilles de lapin à Blaine derrière son dos, et adressa un sourire complice à Austin. Finalement, il était plutôt de bonne compagnie.

Carl, déjà loin devant, fut rapidement rejoint par Julia qui soudainement avait trouvé une nouvelle occupation. Carl leva les yeux au ciel. Fallait vraiment faire gaffe à ce qu'on faisait avec celle-là. Le moindre faux pas, et elle vous le rappelait pendant des années.. Sauf que là, c'était pas un faux pas, au contraire. Le Spencer avait montré un signe d'affection, si on peut appeler ça comme ça, et la voilà qui avait besoin de tout casser avec ses idées de satisfaction personnelle ou autre. Incorrigible. Tournant les talons, il la laissa s'écrier toute seule. C'était comme avec les petits. Fallait les laisser parler et attendre qu'ils aient fini. Toute autre tentative était vaine et risquait d'empirer les choses. Fallait seulement pas que Julia pousse le bouchon trop loin ou Carl finirait par la laisser à ses élucubrations bien trop bavardes.

Arrivés au stand de tir, Carl vit qu'il y avait déjà un groupe. Il marcha alors encore un peu et vit un stand de libre, les fléchettes. Se tournant vers la Fitz, il designa le stand du menton. « Et ça ? Tu pourras tout aussi bien imaginer ma tête comme cible, t'en fais pas. » fit-il avec un sourire en coin. Carl était un habitué des fléchettes, vu qu'il en jouait souvent dans les bars en soirée, mais qui sait, peut-être que la Fitz avait un talent caché. Voyant alors une dame passer avec un panier d'oeufs à la main, il s'approcha rapidement et lui vola un oeuf, tout sourire. « Hey, on pourrait faire un bang avec ça ! Suffit juste de faire un trou là, et là, et puis ajouter un tube, tout ça .. » Carl faisait des gestes tout en tournant l'oeuf dans tous les sens, avec une  drôle d'expression de contentement. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Entendant la voix d'Esperanza raisonner jusqu'à sa chambre, Evane sursauta. La mama venait de la réveiller au beau milieu de son rêve. Râlant dans son lit en tournant dans tous les sens c'était fini, elle n'arrivait plus à se rendormir. Après un soupir la jeune Damenez finit par en sortir et jeta un coup d’œil par la fenêtre. La rue principale était remplie de monde. La Kermesse de Pâque. Elle l'avait complètement zappé. Evane hésita légèrement, puis se décida qu'il serait bon d'y faire un petit tour. C'était ça ou bien glander toute la journée dans la demeure VV/D. La brunette partie donc se préparer dans la salle de bain et une fois prête, elle sortie de chez elle. Elle parcourra brièvement la petite fête qui s'était organisée, regardant tout ce qui l'entourait. Il y avait pas mal d'attractions, de stands. Bref de quoi faire. Ayant le ventre vide, Evane se prit des churros. Elle continuait sa marche lorsqu'elle aperçu Esperanza faisant la queue à L'éclate-ballons. Grande enfant telle quelle la connaissait, cela ne l'étonnait pas de la voir attendre son tour. Petite, avec sa mère elles passaient leurs journées dans les fêtes foraines en Espagne à faire toutes les attractions possibles. C'était le bon vieux temps. Nostalgique, la belle décida de rejoindre Espé. Elle ne se dérangea pas pour doubler tout le monde, entendant au passage les gens râler. Mais elle s'en moquait. Elle embrassa sa mère et regarda la jeune blonde avec qui elle était en train de papoter. « Bonjour. »  Dit-elle un sourire en coin. Evane tendit ensuite son paquet de churros. « Quelqu'un en veut ? »  Poursuivit-elle, avant de s'en prendre un autre. C'était bientôt leur tour de jouer. « Je te parie une barbe à papa que je te bats ! Je suis sûrement devenue meilleure que toi depuis la dernière fois où on y a joué. »  Oui elle mettait sa mère au défi, mais bien entendu c'était bon enfant. Après tout, elle ne mettait qu'une friandise en jeu.