C'était bien connu, les criminels revenaient toujours sur le lieu du crime. Enfin, je n'avais assassiné personne mais pour Sam cela serait vu comme un meurtre. Enfoncé un poignard imaginaire dans son coeur, vous voyez ? Ce n'est pas ma faute si il y a beaucoup de jolies garçons et de jolies filles dans ce quartier. Ce n'est pas faute d'essayer de rester tranquille et sage, mais chasser le naturel et il revient au galop.
Et puis Stephen était drôle, il ne me demandait rien et n'était pas gavant. Pas comme mon petit copain qui rendait l'air presque irrespirable pour moi. Il faut avouer aussi que son bar était sympathique et avait une bonne ambiance. Pas de vieux homophobes coincés dans le coin, rien que du très beaux gays ou bisexuels.

J'entrais donc dans ce fameux bâtiment avant de me diriger vers le bar où travaillait activement Stephen. C'était le soir, alors y avait pas mal de monde mais je pouvais bien me permettre de le monopoliser quelques instants.
Lorsque son regard croisa le mien, je lui souris avant de demander poliment.

- Bonsoir, une bière s'il vous plaît

Il savait que j'étais en couple, je lui avais dit après bien évidemment. Certaines personnes cela les refroidissaient de savoir qu'ils allaient aider quelqu'un à fauter. Mais, je n'avais pas eu envie de voir Stephen filer et finir tout seul.

Stephen aime cette ville d'amour parce qu'elle lui permet ceci, tout ce qu'il y a autour de lui, de gens qui s'amusent, qui discutent, qui se rencontrent et qui profitent. Il y a longtemps qu'il a compris qu'on crée sa propre chance et il en va de même des endroits où vous vous sentez bien. Dans son ancienne ville, et à peu près partout au monde, il ne trouvait pas l'endroit qu'il désirait vraiment. Il l'a donc créé et il s'y sent particulièrement bien. Il ne faut pas croire que Stephen saute sur le premier venu à tous les soirs, mais il aime rencontrer de nouvelles personnes régulièrement. Il aime se préoccuper de ses clients, apprendre à les connaitre et passer du temps en leur compagnie. Certains sont des habitués, d'autres des toutes nouvelles têtes et dans les deux cas, ça lui plait d'engager la discussion. Puis, il y a d'autres soirs comme celui-ci où il y a tellement de monde qu'il finit par faire le boulot des serveurs pour alléger leur tâche. Stephen n'est pas un patron exigent, la plupart du temps il traite ceux-ci comme des collaborateurs ou même des amis plutôt que comme des employés.

Il est occupé à servir un verre à un autre client quand il l'aperçoit, Duncan. Systématiquement, un sourire apparait sur ses lèvres, mais c'est quelque chose de léger. Il termine ce qu'il fait et adresse un bref sourire au client avant de se faufiler pour s'approcher de l'endroit où le beau brun a pris place. « Bonsoir, une bière s'il vous plaît » Il le regarde avec contentement. Cet homme est particulièrement beau et attirant. Ce n'est pas innocent qu'il se soit passé quelque chose entre eux la dernière fois, Stephen sait se montrer assez agressif dans son jeu de séduction lorsqu'il a vraiment envie de quelque chose, vous savez quoi. « Monsieur demande... » Il ne le quitte qu'un instant, pour aller chercher la dite bière. Il se souvient exactement de la sorte qu'il avait pris la dernière fois, alors c'est ce qu'il lui apporte. « ...Monsieur est servi ! C'est sur la maison, la première en tout cas. » Non, il n'offre pas une bière à tout le monde, pas même à tous les hommes avec qui il couche. Mais il est heureux de voir Duncan, il n'aurait pas forcément cru le recroiser de si tôt à vrai dire.

Leur nuit s'est terminé sur la révélation de Duncan du fait qu'il est en couple. Stephen n'a pas trop su comment prendre cela, à savoir si c'était un avertissement pour le prévenir que ça ne se reproduirait plus ou alors, si c'était tout simplement une demande de ne pas en parler à qui que ce soit. Il faut dire, il n'est pas du tout du genre à ébruiter le détail de ses aventures, mais ce cas est particulièrement délicat. Pour tout dire, il a bien eu du mal à croire qu'un homme comme Duncan soit en couple. Non pas qu'il n'a pas droit à l'amour d'un autre, mais tout simplement qu'il a l'air extrêmement épris de sa liberté et ce, bien trop pour se lier à quelqu'un définitivement. En tout cas, ça ne l'empêche pas de partager des nuits enflammées avec un autre, avec lui dans son souvenir et c'était bon. Stephen fait discrètement signe à l'un des serveurs pour lui indiquer qu'il prend un moment, lui signifiant qu'ils devront se débrouiller seuls pour le service au moins pour les prochaines minutes.

« Je dois avouer que je ne pensais pas te revoir. » dit-il seulement, en se penchant légèrement au dessus du comptoir vers lui.

Stephen aimait prendre soin de ses clients tout comme moi j'aimais prendre soin des miens. Ce qui en soi était un point commun assez important pour me plaire. Oh je couchais aussi avec des indifférents de la société, mais ce n'était pas la même chose, que se soit dans la vie courante ou dans l'intimité. Cela se sentait que mon beau barman aimait que l'on se sente à l'aise dans son établissement.

Inutile aussi de tourner autour du pot avec moi, il n'y avait pas trente six milles façons de montrer lorsque quelqu'un vous plaisait. Stephen me plaisait et c'était réciproque alors pourquoi s'embêter avec la morale ? J'avais prévenue Sam que je n'étais pas un homme à mettre en cage, j'ai essayé de tenir et j'ai échoué, comme d'habitude. Enfin, je n'étais pas venu ici pour penser à mon petit ami.

- Merci c'est gentil de ta part

Ca ne serait surement pas le dernier de la soirée mais j'appréciai le geste. Signe qu'il était heureux de me voir. D'ailleurs il laissa ses employés continuer le travail pour se focaliser sur ma personne, et qu'est ce que j'aimais cela.
Penser que je ne reviendrai pas était mal me connaître mais je suppose qu'en une nuit on ne peut pas tout savoir sur une personne.

- Je t'ai manqué ?

Demandais je avant de boire une gorgée, ma langue passant sur mes lèvres dans un geste qui se voulait érotique.

« Merci c'est gentil de ta part. » Les gens comme Duncan le déstabilisent. Ce n'est ni bien ni mal, c'est seulement surprenant. Stephen est un adepte du vivre et laisser vivre, alors il ne porte pas de jugement sur les actions ou les décisions des autres et même s'il est un homme de principes, il a les moeurs légers. La notion de fidélité est quelque chose d'assez flou dans sa tête, non pas parce qu'il n'y adhère pas, mais parce qu'il ne l'a jamais expérimenté. En même temps, il a bien eu quelques liaisons de moyenne à longue durée qui étaient plutôt exclusives pour la simple raison que lorsqu'il est comblé avec quelqu'un, il ne cherche pas à tout prix à aller voir ailleurs. Il a déjà été obsédé par certains de ses amants, il s'est aussi déjà montré jaloux. C'est seulement qu'il ne s'est jamais dit amoureux et que personne ne s'est déclaré en ce sens envers lui non plus, ni n'a jamais vécu une histoire au sein de laquelle quoi que ce soit était vraiment officiel. Tout est sur le moment, comme ça vient. Ce n'est ni bien ni mal, c'est ainsi qu'il a vécu jusqu'à présent et qu'il a goûté autant de joies que de peines.

Mais s'il y a une chose avec laquelle Stephen est moins à l'aise, c'est le mensonge. En tant qu'individu, il ne sait pas s'il pourrait tromper quelqu'un qui s'attend à le voir partager un seul lit parce qu'il n'aurait pas envie de mentir. C'est justement ce qui fascine chez Duncan, cette facilité qu'il semble avoir à mentir aux gens. Après, il est étonnant qu'il sente autant de sincérité chez lui, quelque chose en cet homme le touche beaucoup et ce n'est pas seulement sa beauté. Derrière les grands airs se trouve un homme vraiment intéressant.... Puis les grands airs, il les aime bien aussi à vrai dire. La vie serait ennuyante si personne ne jouait.

« Je t'ai manqué ? » Stephen continue de lui sourire, ne ratant rien de sa langue qui va se balader sur ses lèvres. « Voyons, pas besoin de ça entre nous... » répond-il en un murmure, ça étant cette séduction, ces allusions silencieux mais pourtant si claires. « C'est curieux, j'avais l'impression que c'est moi qui te manquais pour que tu sois là, comme ça, à essayer très fort de me charmer. » Façon détournée de ne pas répondre à la question. S'il lui a manqué ? Difficile de dire, il ne s'était pas vraiment posé la question. Si être véritablement heureux de le voir veut dire qu'il lui a manqué, oui sans doute. Mais Stephen était sincère : il ne croyait pas qu'il reviendrait ici et encore moins le voir. « Qu'est-ce qui t'amènes ici ? Toujours malheureux en ménage ? » Petit sarcasme, mais rien de méchant évidemment. Il lui sourit, espiègle.

Je savais que je n'avais pas besoin de chercher à le séduire, mais c'était dans ma nature de vouloir plaire, même si c'était déjà fait. Cela ne serait plus vraiment amusant de chercher à courtiser quelqu'un si il suffisait de claquer des doigts. Je faisais la même chose avec Sam, je le chauffais jusqu'à ce qu'il ne puisse plus tenir et me saute dessus.
Stephen répliqua qu'il avait l'impression que c'était plus lui qui me manquais. Ah il fallait dire que quand je trouvais un bon partenaire, la chaleur du corps de ce dernier me manquait rapidement. Personne ne faisait l'amour comme un autre, c'était une manœuvre unique et c'est ce que j'aimais là dedans.

- Et si c'était le cas ? Est ce que tu m'offrirais un deuxième verre ?

Suggérais je avec un petit clin d'oeil. Je n'étais pas venu ici pour me saoûler non, plus pour m'aérer l'esprit et échapper aux menottes de mon couple. Je n'étais pas malheureux, ce n'était pas le mot pour définir ce que je ressentais dans ma relation avec Sam. C'était plus le sentiment d'avoir les ailes coupées.

- J'ai l'air si malheureux que cela ?

Demandais je avant de finir mon verre et de reprendre plus sérieusement.

- Je ne suis pas malheureux, mon petit ami prend bien soin de moi mais c'est justement le problème, il est trop présent et j'étouffe

On me dirait alors de le quitter, mais le hic c'était que le petit ami en question était aussi mon patron et que je n'aurai plus qu'à prendre mes clics et mes clacs et trouver un autre emploi. Mais ça Stephen l'ignorait, et je ne tenais pas à lui révéler ce secret. Magnolia était vraiment trop petite et hasardeuse pour prendre le risque. Qui si en plus ces deux là n'étaient pas les meilleurs amis du monde depuis peu?

Combien des hommes qui passent leur soirée ici ont quelqu'un qui les attend à la maison ? C'est ce qu'il y a d'étrange avec cette position de gérant de cet établissement pour Stephen. Il n'est pas là pour porter de jugement sur la vie de ses clients et plusieurs d'entre eux deviennent à un moment ou à un autre amant temporaire. C'est le propre des endroits de ce genre qui servent, il faut bien l'admettre, en grande partie de lieu de rencontre à des fins assez évidentes. Ceux qui se rencontrent au boulot ou en cours d'un quelconque loisir prennent sans doute le temps de se raconter leur vie et d'être honnête sur leur situation amoureuse ou civile. Ici, ce n'est pas ce qui compte le plus, voire pas du tout. Pour le coup, qu'il ait été mis au courant pour la situation de Duncan relève de l'inhabituel et ce doit être que ce dernier tient tout de même en bout de ligne à ce que ses écarts de conduite ne soient pas révélés. Ce doit être qu'il tient à cet autre qui partage sa vie. « Et si c'était le cas ? Est ce que tu m'offrirais un deuxième verre ? » Il se contente de lui sourire. Que serait la vie sans surprise, alors il lui faudra bien rester pour connaitre la suite. « Si tu restes assez longtemps, peut-être bien. » Ce n'est pas vraiment qu'il s'en veut de répondre présent au petit jeu de séduction amorcé par Duncan, c'est tout simplement qu'il trouve plus difficile de le faire maintenant qu'il sait et pire, qu'ils en parlent. Pour cela, il n'y a que lui à blâmer parce que c'est lui le premier qui a amené le sujet sur le tapis.

« J'ai l'air si malheureux que cela ? Je ne suis pas malheureux, mon petit ami prend bien soin de moi mais c'est justement le problème, il est trop présent et j'étouffe » Stephen sourit. Il lui semble bien que c'est le propre des petits amis d'être étouffants... Non pas parce qu'ils sont désagréables, mais parce qu'ils souhaitent l'exclusivité. Après, c'est au choix, selon les moeurs et les besoins. Il est curieux, peut-être bien lui faudra-t-il essayer ce mode relationnel un de ces jours, juste pour voir s'il peut le faire et tenir le coup, ou s'il se retrouvera comme Duncan à faire de l'oeil au premier bel homme sur son chemin pour s'enfuir de la monotonie ou de cette sensation décrite d'étouffer. « Bon alors... je te sers une autre bière, parce que je ne suis pas mécontent de te voir en effet... et on continue cette séance de psy sur ton couple » Un sourire narquois apparait sur son visage. « Ou alors t'es venu pour autre chose, peut-être ?  » Il aime bien être d'égal à égal et n'avoir pas à jouer de subtilité.

J'avais bien l'intention de rester ici, oui. Je n'allai pas partir sans avoir obtenue ce que je voulais, même si j'ignorais encore quoi. Il serait facile d'avoir Stephen, la porte s'était déjà ouverte une fois et une deuxième serait loin d'être compliqué. A moins qu'il ait décidé de ne plus rien faire avec moi parce que j'étais en couple. Encore une raison qui me fessait regretter d'avoir accepter de sortir avec Sam. Je ne pouvais que le blesser, et c'était sans doute encore plus douloureux que lorsque nous étions non officiel. Je n'avais rien à lui prouver à ce moment là, je n'appartenais à personne, juste à moi même.

- Longtemps est une mesure assez indéfinissable, je peux rester jusqu'à la clôture

Enfin pour l'instant mon but serait donc d'avoir mon deuxième verre. Je pouvais aussi me montrer assez pathétique pour ce genre de chose. Je n'étais pas pauvre, mais il était toujours agréable de se voir offrir quelque chose par un être doté d'une certaine beauté. Sam m'a offert un travail ( et un bonus), Stephen un verre ( et aussi un bonus), et moi aussi il m'arrivait d'offrir, et souvent c'était en nature parce que c'était ce qui était le plus gratuit dans ce bas monde. Je n'étais pas un gigolo, donc je n'allai pas faire payer les galipettes en ma douce présence.
Bref, je m'égarai dans mes pensées, pour ne pas penser, justement, à un certain Barringer. Stephen était aussi un homme attentif et je pouvais me plaindre de mon petit ami qui m'étouffait. De toute façon il était au courant à présent que je n'étais pas entièrement libre.

Je me voyais alors offrir un seconde verre, geste qui me fit sourire.

- Vraiment, psychologue pour mon couple ? Je te préviens d'avance il y a du boulot là dessus

Lâchais je avec un sourire amusé. Lui, en tout les cas n'avait pas l'air de trouvé cela bien de jouer ce rôle.

- Mais ne t'inquiète pas je ne suis pas venu ici pour me plaindre, juste penser à autre chose alors on peut clore le côté "prisonnier" de ma vie et parler d'un autre sujet beaucoup plus divertissant...Ou si tu préfères je peux te kidnapper pour te faire des confessions sur l'oreiller

Suggérais je avec un sourire en coin.

C'était vraiment une plaisanterie, au sujet de la séance de psy, dite avec humour et le sourire qui va avec. Pourtant, il se rend compte après coup qu'il a dit cela parce que ça ne l'amuse pas autant qu'il l'aurait cru de connaitre la vérité sur la situation amoureuse de Duncan. Sans doute que si le sujet n'avait pas été abordé si rapidement, il aurait avancé davantage sur la séduction. Duncan est ici ce soir devant lui, il est diablement attirant comme la dernière fois. Pour être plus exact même, on peut dire qu'il correspond presque en tout point à ce qui lui plait chez un homme. Le sourire, les cheveux sombres, une aisance à s'exprimer... Stephen n'a pas de "genre" à proprement parler, des tas d'hommes différents l'ont séduit pour différentes raisons, mais quelque chose chez Duncan est vraiment particulier. Il aime sa compagnie même s'il ne l'a pas eue souvent et que dire de l'intimité qu'ils ont partagé. En amenant un deuxième verre, et en s'en servant un par la même occasion, le propriétaire des lieux a pris place de l'autre côté du comptoir aux côtés de Duncan.

« Mais ne t'inquiète pas je ne suis pas venu ici pour me plaindre, juste penser à autre chose alors on peut clore le côté "prisonnier" de ma vie et parler d'un autre sujet beaucoup plus divertissant...Ou si tu préfères je peux te kidnapper pour te faire des confessions sur l'oreiller. »

Il continue de sourire malgré lui. Duncan ne lui inspire pas d'être sombre ou mélancolique au contraire. Et cette proposition sous-entendue devrait normalement lui plaire au plus haut point. C'est un des avantages de posséder cet endroit, c'est qu'il peut s'amuser à jouer les serveurs quand ça lui chante, mais il peut aussi s'en aller si l'envie lui prend d'apprendre à connaitre un client davantage. Ça ne lui déplairait pas du tout de poursuivre les découvertes en ce qui concerne Duncan. « Rien ne me plairait davantage... » répond-t-il. « J'ai des souvenirs plus qu'agréables et difficiles à oublier de la dernière fois... » Il n'a aucun mal à admettre lorsque la nuit a été bonne et lorsqu'il a envie de recommencer. C'est même un peu dommage, il aurait presque préféré que Duncan lui mente tout compte fait. Il aurait pu se douter, mais ne pas porter l'odieux de savoir qu'il participe à tromper un type quelque part dont il ignore tout de la vie. C'est difficile pour lui de vraiment s'imaginer ce que c'est, mais il n'aimerait pas qu'on le trompe s'il était avec quelqu'un de façon sérieuse. Sa main s'égare tout de même, sur Duncan juste au dessous de la ceinture, les yeux sur lui. « Tu fais chier, t'aurais pas dû me dire. » se contente-t-il de soupirer avec un sourire résigné en cessant de le titiller, car il n'a pas l'impression qu'il pourrait s'abandonner au plaisir aussi simplement et librement que la première fois.

Ce cher homme n'était pas le seul à avoir un souvenir plus qu'agréable de notre dernière nuit. Je ne cachais pas mes satisfactions ni mes mécontentements et il je pouvais le penser, et même le dire si besoin aisément : Stephen était doué. Moins que moi bien évidemment, personne ne m'arrivait à la cheville mais ce petit frisé avait quelque chose de spécial.
Je me demandais donc ce qu'il attendait pour quitter cet endroit afin de nous satisfaire mutuellement comme deux adultes consentants. Il avait en plus pris place à mes côtés, sa proximité n'aidait pas vraiment. Je jouais donc distraitement avec le contenue de mon verre, buvant de temps à autre une gorgée.

- J'en garde aussi de merveilleux souvenirs...

Suggérais je avec un petit sourire en coin. Souvenirs que l'on pouvait aisément remettre au goût du jour. Il n'y avait juste qu'une seule chose à faire. Bien que je sois pas certains d'être en capacité que d'aller plus loin que les toilettes si il posait ses mains ainsi sur moi. Il jouait avec le feu et je pouvais m'enflammer rapidement, surtout si l'allumette était gratté par de si jolies mains.
Il me reprochait de lui avoir dit que je n'étais pas célibataire, me frustrant par la même occasion lorsqu'il cessait le contact.

Je levais les yeux au ciel, dans un signe de haute exaspération. Stephen avait plus de morale que Sam sur ce coup là alors que j'avais envie de le dévorer tout crue.

- Mon cher compagnon, cela ne l'a pas gêné à une époque que je sois en couple pour me faire l'amour sur le canapé

Confiais je sérieusement. Ma main s'était posé sur sa cuisse, la caressant distraitement comme une feuille volante.

- Mais soit, je respecte ton choix et tes envies

Conclue ai-je avant de retirer ma main pour finir mon verre.

Stephen agit au rythme de ses humeurs. La plupart du temps, c'est tout naturellement qu'il prend la majorité de ses décisions. Malgré son entrain et sa tendance à se faire remarquer à parler trop fort, à débattre trop longtemps ou à être vachement tenace sur un tas de sujets, on dit tout de même de lui qu'il est un homme posé et réfléchi et à son avis, c'est seulement parce qu'il est constamment à l'écoute de ses émotions, envies et besoins. Avec Duncan ce soir pourtant, il lui semble qu'il oscille entre deux chemins sans savoir sur lequel s'orienter vraiment. À la seconde où il l'a aperçu entrer dans son bar, il a eu envie de se rapprocher de lui à nouveau comme la première fois où il a voulu le séduire et où cela a bel et bien mené à plus qu'une conversation au dessus d'un verre de bière. Il a bel et bien envie de se retrouver seul avec lui et de poursuivre l'exploration de l'autre qui a été entamée la dernière fois. Il a envie de sa chaleur, de se laisser aller et de ne pas réfléchir outre mesure. Il aime la simplicité et la spontanéité, deux choses dont Duncan lui a bien prouvé être capable.

Mais il y a un mais. Cela ne semble pas naturel cette fois, même si sa main n'a aucun mal à trouver le chemin vers son corps. Il en a envie, ce n'est pas ce qui fait défaut. Il ne sait même pas ce qui fait vraiment défaut, sinon qu'il y a cette ombre qui plane tout au dessus de leurs têtes. Cette pensée qu'il y a un autre qui doit fulminer quelque part à attendre ou à se poser des questions. « Mon cher compagnon, cela ne l'a pas gêné à une époque que je sois en couple pour me faire l'amour sur le canapé » Cela donne sujet à réfléchir et ça reste malgré tout douloureux de le sentir retirer sa main à son tour. Même s'il lui vient à l'idée que Duncan semble un abonné à l'infidélité. Stephen ne cache pas même sa déception du fait d'avoir freiner le rapprochement entre eux, il ne s'en donne pas la peine. Il n'a aucune envie de tenter de cacher qu'il aurait envie de passer la soirée avec lui si les circonstances étaient différentes. « Mais soit, je respecte ton choix et tes envies. » Ses envies ? Duncan est décidément doué pour jouer dans la tête des gens, Stephen réalise qu'il ne voudrait pas être à la place de son petit ami... Sauf peut-être quelques fois, la nuit.

« Tu sais de quoi j'ai envie. » commence-t-il doucement. Il faut dire qu'il n'est à l'instant pas la personne la plus convaincue de sa décision du monde. « Tu devrais me remercier, j'essaie de faire de toi un homme bien ! » ajoute-il, à la blague. Il n'est pas du tout du genre à vouloir changer qui que ce soit. L'authenticité est ce qui compte le plus pour lui, peu importe ce que vous êtes vraiment. « Et tu sais que je ne serai pas bien loin, si jamais les choses venaient à changer... » Il n'entend pas par là qu'il souhaite le voir rompre de sa relation, seulement que cette attirance monstre peut rester au chaud dans l'attente de... d'une nouvelle occasion de se déployer. Ça, ou alors si Duncan a de meilleurs arguments en faveur de l'infidélité ! À penser à tout ça, il ne peut s'empêcher de penser à Wayne. Une seconde, peut-être dix... Certaines notions, dont la fidélité ou alors l'infidélité, commencent à être vraiment difficiles à saisir pour Stephen. Surtout qu'il pousse Donovan à tromper son épouse, ce qui en soit devrait être pire que le petit ami de Duncan. Wayne peut tromper sa femme parce qu'il ne l'aime pas, parce qu'il n'est pas même hétéro. Il a presque envie de demander à Duncan s'il aime son petit ami, mais la question ne franchit pas le cap de ses lèvres, songeant qu'il entrerait sur un terrain délicat et que Duncan pourrait mal interpréter le sens de la question.

Oh oui je sais parfaitement ce dont tu as envie, puisque j'ai la même. Stephen n'a pas l'air pourtant de vouloir y succomber. C'est vraiment dommage, pour moi comme pour lui. Je n'étais pas certains d'avoir envie d'être un homme bien. Qu'est ce que c'était le bien en plus ? Tromper un homme que l'on n'aime pas est ce que c'était mal ? Je n'aimais pas Sam comme il m'aimait. C'était un amour différent.

- J'ai déjà le diable en moi...Si ce n'est pas toi, je trouverai facilement quelqu'un d'autre...C'est juste que j'avais pensé à toi et à personne d'autre...Mais manifestement il faut que je revois mes plans

Soufflais je avec une moue vexée. Je n'allai pas attendre que les choses changent pour venir passer du temps dans les bras de Stephen ou de n'importe qui d'autres. Je me serai pendue au lustre avant que cela n'arrive. J’imaginais sans doute que ce brave homme était différent des autres, je l'avais apparemment mal jugé sur ce coup là. J'aurai dû me taire sur mon statut. Cela ne veut rien dire en plus d'être " en couple". On peut l'être sans être exclusif. Bon c'était vrai que avec Sam mieux valait pour la personne que je le sois mais ce n'était, hélas, pas le cas.

- Bon et bien je suppose que je n'ai plus qu'à chercher ma petite perle du soir, merci pour le verre

Lançais je avant de me pencher pour l'embrasser sur le coin des lèvres, descendant ensuite du tabouret. Je ne déclarais pas encore forfait, je n'étais pas encore sortie du club. Ou peut être même que je pourrais trouver mon occupation ici.

« J'ai déjà le diable en moi...Si ce n'est pas toi, je trouverai facilement quelqu'un d'autre...C'est juste que j'avais pensé à toi et à personne d'autre...Mais manifestement il faut que je revois mes plans. »

Stephen est bien loin de la perfection, mais il n'est pas un homme qui cède nécessairement facile aux mauvaises émotions. Il ne se met pas souvent en colère. Il n'éprouve pas souvent de jalousie. Il est curieux, mais pas jamais vraiment trop. Il se range totalement derrière la notion de vivre et laisser vivre et cela fait en sorte qu'il ne se fait pas chercher querelle et qu'il évite les conflits. Sa faiblesse, c'est les autres. Il les aime et il les aime tous. Il aime ce qui est intense, grand, beau, un peu brûlant. Tous ces qualificatifs conviennent à Duncan d'ailleurs et à ce qu'ils ont partagé la dernière fois même si cela se situe à des kilomètres d'une liaison amoureuse. C'était du sexe à l'état pur, un plaisir partagé. C'était agréable et spécial à la fois, car ce l'est toujours de s'abandonner sans se prendre la tête à quelqu'un d'aussi agréable. La passion est une forme d'amour, mais un amour libre qui ne réclame rien d'autre que d'être consommée dans le moment. C'est pourquoi les mots de Duncan arrivent à l'agacer vraiment. Il pose son regard sur lui en tentant de décoder ce qu'il est en train d'essayer de faire. Ça semble plutôt évident que le brun tente de piquer son orgueil et même si ce n'est de coutume pas chose très facile avec Stephen, cela fonctionne plus que bien maintenant. Il n'a aucune envie que Duncan change ses plans et cela notamment parce que lui n'a pas d'autres plans non plus pour ce soir. Alors quoi, il va le laisser retourner à ses bouteilles et aller en draguer un autre sous ses yeux ? Ce n'est pas que Stephen en a contre le fait que Duncan partage quoi que ce soit avec qui que ce soit d'autre, au contraire. Mais il n'apprécie pas ce petit jeu qu'il instaure pour le faire changer d'avis. Ce ne peut être que ça, cette attitude soudainement un peu détachée.

« Bon et bien je suppose que je n'ai plus qu'à chercher ma petite perle du soir, merci pour le verre »

Il hoche la tête extrêmement lentement, tandis que l'autre vient poser un baiser au coin de ses lèvres. Pendant quelques instants, il songe même que Duncan doit être un homme assez désagréable dans le quotidien s'il agit de la sorte pour obtenir tout ce qu'il veut. Il plaint presque son petit ami, mais tout cela ne le concerne pas le moindrement, alors ces pensées sont rapidement chassées de son esprit. Alors Duncan a fait un exploit ce soir, il a vraiment réussi à attiser une certaine forme de colère - certes assez inoffensive - chez lui, celle-ci se nourrissant de ses frustrations accumulées des derniers jours de toute façon. C'est peut-être bien d'avoir pensé à Wayne qui le pousse à abandonner ses positions de ne pas contribuer aux infidélités de Duncan. Il ne va pas passer trop de temps à ressasser la déception de pas avoir de nouvelles. Tant pis pour la morale. Sur un coup de tête, il se lève et interrompt le mouvement de Duncan qui allait s'en aller.

« Tant pis pour pour ton petit ami. » cède-t-il, le regard avide de ce qui est évident qu'il a envie qu'il se produise entre eux. Il s'avance vers le jeune homme et lui parle à l'oreille. « Il y a mon bureau derrière, que tu connais déjà... On pourrait s'y payer une visite. » Stephen n'a pas l'habitude de ramener qui que ce soit chez lui, surtout pas pour des fréquentations à court terme et il en a rarement qui durent vraiment plus longtemps dans le temps. Il préfère aller chez les autres ou alors profiter du dit bureau : une grande pièce dans lequel sa soeur a voulu installer un grand divan-lit par souci de décoration et d'utilité s'ils avaient à dormir à l'établissement avec des soirées se terminant aux petites heures du matin. À vrai dire, Stephen est celui qui utilise le plus cet endroit et pas souvent pour vraiment travailler.

Un sourire victorieux vient étirer mes lèvres lorsque Stephen me retient. J'étais certains d'avoir gagné, parce que je connaissais l'être humain et ses faiblesses, je savais piquer là où ça faisait mal. Au final il était comme tous les hommes, ce qui aurait pu être sans intérêt pour moi mais en même temps il était intéressant. Il avait sa petite morale et juste pour moi, il l'envoyait au diable. J'étais touché d'être si exceptionnel. Sam en serait ravis. Je l'étais déjà pour lui, étant donné que j'étais le seul homme de toute sa vie. J'avais aussi ce don, parfois, de faire pencher la balance.

- Oh mais avec plaisir...Je n'ai pas tout vu la dernière fois...

Répondais je avec un sourire en coin. Un bureau, une salle de bain, une cuisine, je n'étais pas un endroit prêt. Il fallait juste que cela soit du solide. Cela ne me dérangeait aucunement qu'il ne m'emmène pas chez lui. Cela deviendrait vraiment trop "officiel" si c'était le cas, et le risque de se faire pincer augmenterait.
Je suivais donc mon guide jusqu'à ce fameux bureau, qui avait la particularité de disposer d'un divan-lit, ce qui était très utile en cas de besoin. Bien que je doutais fortement que Stephen l'utilise juste pour se reposer. Une fois la porte refermée je m'adossais contre elle, croisant les bras contre ma poitrine, dévisageant celui qui me faisait face.

- J'espère que tu ne regrettera pas ton choix...Le plaisir est peu présent si tu n'es pas certains que tu le veux vraiment, si tu pensera à mon pauvre petit ami

Je me décollai de la porte, m'avançant vers lui telle une lionne qui s’approche d'une gazelle.

« Oh mais avec plaisir...Je n'ai pas tout vu la dernière fois... »

Comme prévu, Duncan ne se fait pas prier. Ou alors, comme espéré. Stephen n'aurait pas supporter de refus de sa part après tout le petit manège qu'il lui a servi à l'origine pour le faire changer d'avis sur la suite des choses. Ça lui plait de le voir avec cet air victorieux. En fait à l'instant précis où il le regarde pendant qu'ils se dirigent tous les deux vers les couloirs qui mènent vers son bureau, Stephen réalise à quel point les émotions qui l'habitent sont contradictoires et délicieuses à la fois. Combien il a besoin de se sentir vivant pour ne pas déprimer. Il aimerait parfois ne pas être ainsi et ne pas dépendre à ce point de la bonne volonté des autres à lui donner un peu d'eux-mêmes, mais il en a trop besoin. Stephen ne peut pas se passer des autres, il en est complètement et irrévocablement dépendant. Duncan peut satisfaire ce besoin comme il l'a déjà fait par le passé. C'est encore mieux quand tous les deux ont besoin de quelque chose et que cela est comblé. Disons que le pas vers le bureau est assez vif, et juste avant de l'atteindre, il attrape le jeune homme par la chemise et l'attire vers lui en un mouvement brusque pour l'embrasser. Le contact avec ses lèvres, le jeu de celles-ci et trop rapidement de leurs langues fait taire les quelques réserves qui l'habitent. C'est à vrai dire une sorte d'étrange lassitude. Son coeur bat à tout rompre, son corps répond présent à la proximité de l'Autre, mais quelque chose n'y est pas avec l'intensité habituelle. Ça n'a pas exactement la même saveur exquise.

Ils entrent, lui le premier et bientôt Duncan referme la porte tout en prenant soin de parler à nouveau. Stephen lève les yeux vers lui en se tournant vers lui. « J'espère que tu ne regrettera pas ton choix...Le plaisir est peu présent si tu n'es pas certains que tu le veux vraiment, si tu penseras à mon pauvre petit ami » Il reste silencieux quelques secondes. Comment dire ? Au fond, il s'en fiche bien du petit ami mystérieux en question. Il ne le connait pas, ce n'est pas de sa responsabilité de lui être fidèle, si ? Ce sont les affaires de Duncan. Ce qui le chicote vraiment, c'est de penser à quelqu'un d'autre. D'avoir un instant songer à éviter cette possibilité de passer un bon moment parce qu'il pensait à quelqu'un. Étrange, mais ça le met en colère tout d'un coup. « Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui doute ? » Il est certain de ce qu'il veut en affirmant cela, nulle marche arrière possible à présent. Mais une sorte de curiosité étrange l'envahit, à savoir pourquoi il a l'air si peu sur de lui, d'après Duncan. Non, il ne passera pas des heures à regretter d'avoir rendu quelqu'un cocu. Il s'en fiche. Il se convaincra qu'il se fiche du reste également avec toutes les forces qui l'habitent.

Duncan s'approche de lui, Stephen le regarde faire. Il ne demande qu'à être séduit, encore plus fort que les autres fois. Ultimement, il en a besoin. Il le laisse venir à lui, et aussitôt qu'il est suffisamment à proximité, ses mains vont se balader sous son t-shirt, reviennent bientôt pour défaire la boucle de son pantalon.

A son visage, je voyais bien que j'avais touché quelque chose. Je préférais cependant être honnête et être certains que je ne serai pas le seul à prendre du plaisir dans ce qui allait suivre. Je ne voulais pas non plus forcer Stephen si il en avait pas envie, ou qu'il regretterait par la suite cet acte.
Sa question rhétorique me faisait doucement sourire bien que pas vraiment des plus rassurés sur la réponse à cette phrase. Lui seul savait, je ne pouvais pas me glisser dans sa tête.

- Absolument pas

Soufflais je tout de même. De ce que j'avais observé, il n'était point homme à douter, sûr de ses décisions, véritable chef des lieux.
Lorsque je fus suffisamment près de lui, il glissa ses mains sous mon vêtement me faisant frisonner avant de s'attaquer à mon pantalon. A noter que piquer sa colère était un bon moyen d'obtenir quelque chose chez Stephen. Chaque humain avait son lot de faiblesse, j'avais aussi les miennes. Il m'était par exemple, impossible de résister à une tentation. Actuellement c'était celle de partager cette soirée avec Stephen. Si j'étais assez fort, je ne serai pas actuellement dans son bureau en train de l'embrasser, de le déshabiller, de caresser ce corps désirable que je ne connaissais pas encore par coeur.

- Je n'aurai pas pu trouvé plus jolie perle...

Lui glissais je à l'oreille avant de l'embrasser dans le cou, de m'attaquer à chaque parcelle de sa peau.

Stephen ignore tout de ce qu'est tromper quelqu'un puisqu'il ne l'a jamais fait lui-même. Ses relations ont toujours été très brèves ou alors ouvertes et il ne s'est jamais posé plus de questions. En quelque sorte, il avait droit aux bons côtés d'être à deux, soit la chaleur d'un corps contre le sien, la possibilité d'échanger sur de nombreux sujets et d'être accompagné dans diverses sorties, mais jamais les mauvais comme être forcé de ne plus regarder les autres. Pendant de très nombreuses années, il lui a semblé que le couple consistait en une prison certaine, même s'il pouvait quand même concevoir le réconfort que représente sans doute le fait d'avoir quelqu'un qui vous connait très bien et qui devient une partie intégrante du quotidien. Les gens comme Duncan ne font que lui confirmer cette façon de penser puisque les soi-disant sentiments amoureux qui sont suffisants pour décider de se mettre en couple avec une personne sont tout de même insuffisants pour décider de lui être fidèle.

« Je n'aurai pas pu trouvé plus jolie perle... »

La remarque lui tire tout de même un sourire moqueur. Où Duncan trouve-t-il toutes ces phrases, ainsi que ce ton on ne peut plus juste, pour convaincre quiconque. Stephen ignore s'il peut parler de perle, mais en tout cas, il devient de plus en plus convaincu que c'est ce dont il a besoin dans le moment. De se laisser aller complètement. Lorsque les lèvres du jeune homme caresse la peau de son cou, il est parcouru d'un frisson et les dernières ombres planant sur son moral s'éclipsent. Ce n'est plus qu'eux pour l'éternité de la soirée, pas au-delà. Il sait déjà combien il doit être discret sur cette affaire et pourquoi, ce qui confère un autre avantage au fait d'être venu profiter de l'intimité de son bureau. Personne d'autre n'y met jamais les pieds à moins qu'il ne l'ait décidé.

« Tu me rends... trop impatient. » Non seulement il le dit, mais chacun des gestes qui suivent le prouvent, alors qu'il prive Duncan d'une partie de ses vêtements juste avant de le pousser sur le canapé. « Tu m'excuseras... de ne pas prendre trop mon temps... » Il lui sourit, espiègle avant de l'embrasser passionnément. Il lui semble que retrouver vraiment ses lèvres, sa langue, tout cela le rassure en quelque sorte. Il n'est plus seul.

Je ne pu m'empêcher de pouffer lorsque Stephen me lança que je le rendais trop impatient. Si il savait à quel point j'avais hâte aussi mais plus on mettait du temps, plus on appréciait. Du moins, avec moi cette façon de faire fonctionnait. Je ne lui en voulait donc pas d'être rapide, au contraire. J'étais encore plus excité de savoir l'effet que je lui faisais, que ce corps brûlait en cet instant pour moi et pour personne d'autre.

Je passai une main sur sa nuque, l'attirant encore plus vers moi pour approfondir le baiser, passant mes doigts dans ses cheveux frisés, un autre point commun que nous partagions. J'étais tout de même fier d'avoir réussi à enlever Sam de la tête de Stephen. Sinon je ne sais pas ce que j'aurais fait. Même sans être là, cela voudrait dire que mon petit ami serait étouffant dans ma vie. Me perdre dans les bras d'une autre personne, était ma façon de me sentir libre, de ne plus sentir ses chaînes de couple.
Je me demandais si Stephen avait déjà eu quelqu'un dans sa vie, si il avait déjà éprouvé quelque chose. Mais ce n'était pas le moment de l'interroger sur sa vie privée. Il y avait des choses plus importantes à faire dans l'immédiat.

- Ne t'excuses pas

Répliquais je après notre baiser, posant mon doigt sur ses jolies lèvres.

- Je suis tout à toi pour ce soir, alors profites

Je voulais me sentir dans un autre monde, loin de Magnolia, de ma soeur, de Sam, de tout le monde. Juste Stephen et moi dans ce bureau, sur ce canapé pendant toute une nuit. Oubliez face à ce délicieux corps et à cette virilité que je prenais en main. Je pouvais le rendre encore plus impatient qu'impatient, le rendre fou.

Citation :

Vous trouverez un objet trèèèès utile dans la vie de tous les jours (n'est ce pas ) là où vous pouvez vous dépenser.

« Ne t'excuses pas » C'est exactement ce qu'il a envie d'entendre. Ce qu'il a besoin d'entendre. « Je suis tout à toi pour ce soir, alors profites » C'est ce qu'il veut, ce qu'il désire. Lui et lui seul. Les doutes, les questionnements, le mal-être... Il n'a l'habitude de rien de cette liste et c'est pourtant ce qui l'assaillent avec beaucoup trop de vigueur ces derniers jours. Comment font-ils les autres, ceux qui se cassent la tête tous les jours ? La présence de Duncan est en quelque sorte la réponse la plus nette à l'envie de s'échapper et de prendre le large qui l'habite. Au fond de lui, il sait bien que ce n'est que temporaire, mais c'est déjà beaucoup mieux que le reste. Il ignore pourquoi il n'a pas cherché avec plus de volonté ce genre de réconfort plus tôt parce que cela semble diablement efficace. Des gens lui ont souvent dit, à commencer par les membres de la famille, qu'il finirait par tomber amoureux de quelqu'un et que le mode de vie qu'il mène comme si rien n'avait vraiment d'importance le rattraperait. Il a toujours pris ces mises en garde à la légère et même aujourd'hui, la simple idée de tomber amoureux le rend plus que perplexe. Si une simple attirance, quoi qu'une attirance monstre, pour quelqu'un qu'il connait à peine peut le rendre dans un état pareil, ce serait quoi d'être amoureux ? En cela, Duncan peut le comprendre et c'est aussi ce qui lui confère autant de valeur à ses yeux. Il est le partenaire parfait pour se changer les idées. Ils sont deux alors, à refuser de penser à quelqu'un d'autre et à se plonger tête première dans cette aventure affriolante pour se laisser porter par quelque chose d'agréable. « Alors je ne m'excuse pas... »

La moindre caresse, chacun des gestes du jeune homme est susceptible de lui faire perdre la tête. Impossible de le nier, ce dernier sait comment s'y prendre. Ses mains sont habiles, tout autant que ses lèvres. Il devient facile d'oublier et de lui faire confiance sur ce chemin bien tracé devant eux. Au loin, toujours la musique d'en haut dans le club, qui construit le parfait arrière-plan sonore pour camoufler le bruit qu'ils feront eux-mêmes.

* * *

Cela fait un moment qu'il est allongé sur le dos, les yeux rivés au plafond. Non pas par ennui, bien au contraire, car le voilà occupé à regagner une respiration à peu près normale. Duncan, allongé contre lui. Le seul inconvénient des aventures, c'est qu'il n'y a pas souvent à dire ensuite puisque ce n'est généralement pas ce que l'un ou l'autre recherche principalement. Mais Stephen tourne lentement la tête vers lui, toujours occupé à caresser son épaule nue du bout des doigts.

« Est-ce que tu dois rentrer ? » Question légitime, quand on sait que la dernière fois, il n'est pas resté.

Bien que cela puisse étonné certains que je me souvenais de chaque personne avec qui j'avais eu des relations, si ça avait été bien ou non. Et je savais qu'avec Stephen je ne serai pas déçue. Cet homme était tout simplement parfait en plus d'être sexy. Ce qui était bien aussi c'était qu'après il n'y avait pas besoin de parler. Simplement le bruit de nos respirations dans ce bureau avec la musique du club e fond sonore.
Je fermai les yeux, savourant ce moment avant de devoir retourner à mon devoir de petit ami infidèle. Je n'osai même pas imaginer l'était dans lequel serait Sam si il venait à apprendre mes infidélités. Pour le bien de Stephen aussi, il valait mieux mourir avec ce secret, l'enterrer dans notre tombe.

Mon compagnon du soir me demanda si je devais rentrer. Je soupirai avant de rouvrir les yeux. Je n'avais aucune envie de mettre les pieds chez moi. Surtout pour supporter ma soeur qui allait me poser dix milles questions avec comme seule réponse le claquement de la porte de ma chambre.

- Non

Je me redressai sur mon coude, me mettant sur le côté, prenant appui sur ce dernier.

- Je n'ai aucune envie de rentrer. Je veux rester là, avec toi

Je me penchais vers lui et déposa mes lèvres sur les siennes puis dans son cou. Le problème avec moi, c'était que j'étais insatiable en ce qui concernait le sexe.

Il y a ces partenaires qui ont besoin de parler, de tout, de rien, juste pour avoir l'impression que la rencontre n'est pas aussi superficielle. Stephen n'est pas de ceux-là, même s'il n'a rien contre le fait d'échanger quelques confidences sur l'oreiller. Seulement voilà, le silence ne le met pas du tout mal à l'aise. Il s'y complait, sachant que le corps a son propre langage et qu'il est parfois encore plus satisfaisant de seulement profiter de la présence de l'autre plutôt que de prétendre à plus. Avec Duncan par exemple, aucune fausse promesse ou faux-semblant. Être avec lui est agréable, ce n'est pas seulement un bon coup, mais nul besoin de s'encombrer de grands discours. Pourtant, ce soir, il ressent le besoin de parler. Il regrette de ne pas savoir comment s'y prendre, malgré le réconfort trouvé dans les bras du jeune homme, son esprit a du mal à ne pas redevenir préoccupé trop rapidement. Il le regarde doucement, avec un mince sourire. « Non. Je n'ai aucune envie de rentrer. Je veux rester là, avec toi » En quelque sorte, il se trouve heureux de savoir qu'il ne passera pas le reste de la nuit seul.

Stephen ferme les yeux, alors que Duncan s'approche à nouveau de lui. Il glisse ses bras tout autour de son corps, enfouissant son nez dans son cou aussitôt qu'il en a l'occasion. « Je suis désolé... de te décevoir, mais je suis crevé... » murmure-t-il, évasif. Il ne cesse pas pour autant de caresser sa peau du bout des doigts. Il a besoin de sa présence. Non pas que l'idée d'un deuxième round lui est déplaisante, mais à force de trop penser, il a vraiment ce sentiment de devoir dormir. Il espère que Duncan restera tout de même. Il n'a pas du tout envie d'être seul ou alors de retourner en haut. Il n'a pas du tout la tête à la fête. Il détesterait que Lois lui pose des questions sur son humeur.

Ma relation avec Stephen était simple. Il ne me devait rien, et moi non plus. On prenait du plaisir ensemble sans se prendre la tête, et cela m'allait parfaitement. C'était différent avec Sam, depuis que nous étions en couple je ne prenais pas le même plaisir à faire l'amour comme lorsque nous étions simplement des amants. Ce n'était pas que ce n'était pas bon, cela n'avait juste pas le même goût.
Alors rester cette nuit avec Stephen m'allait parfaitement, plutôt que de rejoindre les draps froid de mon lit. Étant donné que je n'habitais pas avec Sam, et encore heureux, je n'avais pas obligation de le retrouver toutes les nuits.
Les quelques heures que j'allai passer dans ce bureau était en sorte, mon terrain de repos. Bien que je n'avais aucune envie de me reposer, ayant plutôt envie de remettre le couvert. Stephen n'était pas autant remis d'aplomb que moi, et s'excusa d'être épuisé.

- Oh...tant pis cela n'est pas grave...

Je me laisse tombé à côté de lui sur le dos, fixant le plafond. Je ne lui en voulais pas mais j'étais quand même un peu frustré. C'était dur de passer par dessus ses envies, surtout quand on était collé à la personne qui nous donnait envie. Une idée me traversa l'esprit. Il n'aurait pas besoin de donner de sa personne et moi je serai satisfait. Tout le monde serait donc content. Doucement je lui pris sa main, qui était belle et grande. Rien à voir avec les miennes qui était normales...

- Avec de si jolies mains, tu aurais pu faire des métiers manuels, ou bien t'occuper des plantes

Je levais les yeux vers lui, en rajoutant, espérant qu'il comprenne le sous entendus.

- Enfin, pour le moment il y a une fleur qui est en train d'éclore et qui aurait bien besoin d'aide...

« Oh...tant pis cela n'est pas grave... » Même s'il dit cela, Stephen entend la déception dans sa voix et pour cette raison, il n'ose pas se retourner vers lui immédiatement lorsqu'il se laisse tomber à ses côtés. Il n'est pas vraiment mal à l'aise, mais il aurait préféré être d'attaque pour une nuit peut-être sans repos, mais offrant une autre sorte de réconfort. Il finit tout de même par le regarder quand Duncan attrape sa main. « Avec de si jolies mains, tu aurais pu faire des métiers manuels, ou bien t'occuper des plantes  » L'allusion à son métier à lui lui tire un sourire. Stephen ne se voit pas du tout faire ce genre de métiers, car à vrai dire le besoin de liberté lui est presque maladif. Il ne pourrait pas travailler dans une boutique sous les ordres de quelqu'un, ou se contenter de travailler le bois tous les jours. Il se doute toutefois que ce n'est pas réellement de ses plans de carrière dont Duncan souhaite parler, ce que ses prochaines paroles viennent confirmer assez rapidement. « Enfin, pour le moment il y a une fleur qui est en train d'éclore et qui aurait bien besoin d'aide... » Je l'observe quelques secondes avant de pouffer de rire. « Il est absolument débile, ton sous-entendu... » lui dit-il sans détour, un sourcil arqué, mais un sourire malicieux trouvant bientôt sa place sur son visage. Débile certes, cette façon qu'il a trouvé de lui quémander un peu d'attention malgré sa fatigue passagère, mais efficace. Parce qu'aussitôt, Stephen se retourne entièrement vers lui, l'air songeur et concentré.

Glissant lentement sa main le long de son corps, il se penche sur lui pour l'embrasser d'abord, histoire de prendre un peu plus son temps avant de ne lui offrir ce qu'il désire. Entre deux baisers : « Comme ça ? » Ce n'est à vrai dire pas la toute première fois qu'il s'affaire à le satisfaire, et Stephen a ce don d'être attentif et par conséquent, plutôt efficace. Il guette la moindre réaction sur son visage, ainsi que les tortillements de son corps.

Véritable passionné, je suis obligé de toujours parler, au moins une fois, de mon métier, des plantes. C'est plus fort que moi, une véritable obsession. Si la plupart de mes interlocuteurs courant lèvent les yeux au ciels, je suis quand même assez chanceux d'avoir mon patron comme petit ami. Au moins on se comprend, je n'ai pas l'impression de parler chinois.
Impression que j'ai souvent aussi quand je m'adresse aux gens dans un dialecte trop évolué pour celui utilisé actuellement par la société. Je ne suis pas vulgaire, j'aime faire des périphrases alors que le commun des mortels sort tout bêtement ce qu'il a à dire. Alors quand Stephen, pouffa suite à ma requête sous entendu, je me suis senti vexé. Ce n'était pas débile, c'était poétique. Mais personne ne comprenait la poésie, à part Jesse.

- Pff, tu ne sais juste pas les apprécier

Soufflais je alors que Stephen se retournait vers moi avec un visage concentré qui le rendait encore plus sexy. Je sentais sa main glisser sur mon corps, l'impatience me faisait frissonner. Il m'embrassa pour faire perdurer le suspens avant d'accéder à mon désir. Le plaisir traverse mon corps, je ferme les yeux, et un gémissement traverse mes lèvres.

- C'est parfait...!

Mes paupières se lèvent et je plante mon regard dans celui bleu-acier de Stephen. Des yeux magnifiques que je pourrais sans doute contempler pendant des heures. Le souffle erratique, parsemé de plaisir, je trouve tout de même le moyen de plaquer ma main derrière sa nuque pour un baiser enflammé. J'ai une folle envie de lui faire l'amour, même si ce qu'il est en train de me faire est divinement bon. Je n'arrive, à vrai dire, pas vraiment à savoir ce que je veux réellement dans la seconde.

- Ne t'arrête...surtout pas...