Une journée de merde en perspective… Mais bon, comme d’habitude, hein ? Ce n’était pas comme si Kim n’y était pas habituée. Seulement, elle ne pouvait s’empêcher de râler à cette idée : celle de se lever, de soigneusement éviter ses colocataires, d’aller travailler dans un bar miteux jusqu’au soir pour finalement revenir et éviter à nouveau toute rencontre avec les charognes et aller se coucher. Quelle vie passionnante…

Pour l’heure, la jeune femme ne se donnait même pas la peine de faire semblant de travailler : elle lisait tranquillement un livre dans un coin du bar, bien calée dans un tabouret, les jambes sur le comptoir, les pieds croisés face à un client qui attendait apparemment mais qui n’avait pas encore l’air d’oser la solliciter pour commander un verre… Tranquillement, c’était vite dit. On ne pouvait pas vraiment dire du bar qu’il était rempli, mais il y avait tout de même un brouhaha assez présent pour faire pester Kim durant sa lecture. Elle ne lâchait cependant pas l’affaire : l’histoire était intéressante, et chaque phrase qu’elle lisait la mettait encore plus en appétit…

Elle entendit le client souffler. Elle leva les yeux et lui jeta son regard le plus meurtrier, pour finalement revenir tranquillement à sa lecture, ne l’épargnant pas d’un « gros plouc » murmuré à sa propre intention. Entre temps, elle avait pu constater qu’il était imposant, gras, mal habillé et qu’il avait l’air sale. Oh, que c’était cliché… Heureusement que des comme lui, elle n’en recevait pas tous les soirs ! Le reste de la clientèle n’était pas pour autant plus agréable : il comptait les alcooliques, les vieilles cochonnes, les jeunes abrutis et un tas d’autres cas sociaux qu’elle avait l’impression de ne pouvoir trouver que dans un endroit pareil…

Le gros lard, visiblement agacé par tant d’attente, manifesta son mécontentement par un autre souffle, plus insistant cette fois, faisant à nouveau lever les yeux de Kim vers lui. Il profita de cette occasion pour capter son regard et lui faire des gros yeux tout en secouant en signe d’empressement.

Ca va venir oui ?!

Ni une ni deux, Kim posa son livre qu’elle claqua sur le comptoir et bondit de son tabouret pour se retrouver nez à nez avec le rustre gaillard, les deux mains posées sur le comptoir et l’air sérieux.

Ca va venir quoi ? Ca va venir le moment où tu vas me demander poliment de venir te servir au lieu d’attendre que ce soit MOI qui le fasse ? Tu crois quoi, que parce que je suis une black je suis une sorcière vaudou qui lit dans les pensées et qui va te servir ce que tu veux sans même en entendre une syllabe ? cracha-t-elle d’un air agressif, dans le lâcher du regard.

Visiblement choqué, il balbutia : vous êtes serveuse, non ?

Kim blêmit. Il avait marqué un point, et cela l’énervait à un point tel qu’elle avait envie de lui casser un verre à la figure. Elle se raidit, son regard pénétrant toujours le sien. Elle tentait de cacher sa confusion.

Très bien monsieur le macho raciste, qu’est-ce que je peux vous servir ? Vous pensez pas en avoir déjà assez, avec ce bide que vous vous trainez ? répliqua-t-elle en arborant un sourire narquois, fière d’avoir repris la situation à son avantage.

Il ne répondit pas, visiblement choqué, et ne demanda même pas à voir son patron, qui devait encore faire semblant de travailler dans son bureau. Elle le laissa planté là, avant qu’il ne réagisse comme un grand garçon et qu’il se lève en n’oubliant pas de lui dire au revoir :

Connasse !

Kim lança son livre sans attendre une seconde et se rua sur le comptoir, en hurlant :

Ouais c’est ça, casse-toi sale gros porc, retourne te rouler dans ta merde !!

Tout le monde s’était arrêté, la regardant, ébahi. Au bout de cinq secondes, tout reprit normalement. Elle souffla un bon coup et vit quelqu’un se pointer devant elle.

Quoi encore ? soupira la « serveuse » en levant doucement les yeux vers la prochaine personne à servir.

Alors qu’elle commençait à retrouver ses esprits et à reprendre une respiration plus ou moins normale, Kim réalisa à qui elle avait à faire et ne pu s’empêcher de sourire à la vision de Christian. C’était assez bizarre qu’elle se réjouisse de la présence de quelqu’un, c’est pour ça qu’elle garda un air froid et désintéressé. Ce type se ferait des idées…

Apparemment, il avait aimé sa façon de remettre le grizzly à sa place. Sa remarque déforma les lèvres de la jeune femme en quelque chose qu’on appelait sourire. C’était assez étrange, car elle essayait de se retenir mais n’y arrivait pas. Elle imaginait la grimace qu’elle devait tirer… Quelle honte. Elle n’était pas du genre à se soucier des apparences, ça non ! Elle n’était pas comme tous ces gens. Mais elle baissa la tête, tant elle devait avoir l’air ridicule.

Eh oh ! Baisser la tête ? C’était un signe de soumission ! Hors de question que ce mec pensait qu’il pouvait la dominer parce qu’il était un homme blanc !
Ce qu’elle pouvait être exaspérante… Il lui arrivait, contre toute attente, de prendre conscience de son mauvais caractère, comme ici. Pourquoi traiter d’homme blanc Christian ? Elle ne le connaissait pas, mais suffisamment pour savoir qu’il ne pouvait pas blairer ce quartier, tout comme elle. C’était quelqu’un qui la comprenait au moins.

Après un moment de silence, elle finit par dire :

Au moins ce gros lard a trouvé quelque chose à sa taille… Enfoiré de raciste sexiste.

Elle regardait au loin, comme pour s’assurer qu’il ne reviendrait pas. Non pas qu’elle avait peur de lui, loin de là, même si elle était consciente qu’il la mettrait sûrement à genoux s’ils en venaient aux mains… Il n’avait pas que de la graisse dans le corps, ça se voyait. Mais bon, même si elle ne les aimait pas, Kim avait un point commun avec les autres filles : elle pouvait s’avérer être la pire des chiennes, et avec elle, tout pouvait devenir une arme si elle se sentait en désavantage dans un combat… Heureusement, elle en venait très rarement aux mains.

Elle reporta son regard à Christian, ce brave flemmard. Il avait l’air d’avoir encore un peu la tête dans le cul. Cela devait être son air naturel, mais Kim se retint de faire une remarque là-dessus. On devait sans cesse lui répéter que c’était un fainéant qui dormait tout le temps, et elle savait à quel point le fait qu’on vous répète sans arrêt la même chose était désagréable.

C’était la première fois qu’elle recevait un voisin sur son lieu de travail, et autant dire que c’était assez embarrassant. Elle ne savait pas si elle devait se montrer amicale ou professionnelle. De toute manière, elle ne se montrait jamais amicale. Mais il s’agissait du jeune Livingstone. Il en aurait été de même s’il avait s’agit de Heather, même si elle aurait été plus à l’aise car c’était une fille. Malgré sa haine envers la gente féminine, son mépris pour les hommes était probablement plus grand, au fond. Seulement, les filles ne cachaient pas qu’elles étaient des pouffes.

Alors, qu’est-ce que je te sers ? lança-t-elle d’un ton froid.

Il fallait rectifier le tir. La jeune femme se fichait complètement d’avoir des amis dans ce bled paumé, qu’elle quitterait dès qu’elle en aurait les moyens. Mais autant conserver les deux qu’elle avait plus ou moins réussi à se faire. Il était clair que ses relations étaient plus développées avec Heather, mais elle ne se fermait pas à Christian.
Elle trouva une idée, qu’elle s’empressa d’appliquer avant de l’oublier.

Un jus d’orange ? demanda-t-elle d’un ton ironique, tout en souriant.

Elle ne savait pas quel âge il avait. Il avait déjà dû lui dire mais elle ne s’en souvenait plus. Il était tout de même facile de deviner qu’il n’était pas majeur, d’où la blague.
Eh oui, Kim s’essayait à l’humour, et ça la surprenait elle-même. Autant dire qu’elle n’était pas très douée, c’est pour ça qu’elle s’abstenait en général de faire des blagues. Elle était capable de casser toute une conversation en se croyant marrante alors qu’elle ne l’était pas, soulevant un défaut de quelqu’un et s’avérant plus blessante qu’autre chose.
De toute façon, elle était devenue beaucoup plus froide depuis un moment, bien avant son arrivée à Magnolia Cresent. Elle ne faisait donc plus de blagues. Heureusement pour les autres…

T’as intérêt à consommer, à moins que tu veuilles être servi comme l’autre porc ?

C’était peut-être de trop, et elle se sentit totalement stupide d’avoir ajouté cela.

Bizarrement, Kim poussa un petit rire qui n’était pas sans rappeler celui des pétasses du quartier, ce qui lui donnait une sacrée envie de se taper dessus… Si elle avait pu se faire la tête au carré sur le moment, oh, elle l’aurait fait !
Elle s’avouait à elle-même qu’elle y avait été un peu fort avec l’autre con, mais n’avait-il pas eu ce qu’il méritait ?

Mais c’était Kim, et rien ne pouvait la changer. Elle avait hérité de l’irascibilité de son père, au détail près qu’elle ne battrait jamais ses enfants. La jeune femme n’aimait pas se souvenir de cette époque, et on ne pouvait pas dire qu’elle avait réellement était une enfant battue, mais elle avait plusieurs fois senti la sévère ceinture de son père frapper son frêle corps.
D’un autre côté, elle lui avait toujours été reconnaissante de sa violence. Il était sûr qu’il n’agissait pas pour son bien, même pas du tout, mais elle ne pouvait nier les vertus que les coups avaient eu sur elle : ils l’avaient rendue forte.

Il était plutôt marrant, ce Christian… C’était assez bizarre de trouver quelqu’un d’aussi sympathique dans le quartier. Comment Kim pouvait-elle penser cela de quelqu’un si vite ? Etant capable de détester quelqu’un en un temps record, elle était également capable d’apprécier une autre personne en une seconde chrono. Ce ne fut pas le cas avec le jeune homme, mais elle rattrapait son retard.

La furie ne disait pas non à un peu de compagnie. Tout à coup, son livre lui paraissait bien morne et ennuyeux. Le jeune Livingstone était en effet le premier voisin qu’elle recevait sur son lieu de travail.
Heureusement, d’ailleurs… Ces racistes pourraient la prendre pour leur négresse personnelle. Sales bourges…

Pour en revenir à Christian, elle coupa court au rire débile qui s’était échappé de sa gorge et lui murmura tout en s’accoudant au comptoir et n’oubliant surtout pas de sourire :

- Bah, si tu te comportes en gentleman, y’a aucune raison que tu ne sois pas servi…

Mais pendant qu’il ne pouvait pas la voir, elle pensa : * merde !! *

Qu’est-ce que c’était que cette façon de jouer l’allumeuse ? Comme elle se répugnait… Elle agissait exactement comme celles qu’elle appelait les succubes, à savoir Renata et ses portes ouvertes, sa grande sœur Diana aussi couverte de peinture que la façade d’un immeuble, la prétentieuse London, la vieille Elena et toutes celles qui suivaient.

Strictement aucune d’elle n’était différente, sauf peut-être Alix et Alexandra. Et encore ! Elles faisaient juste partie d’une autre catégorie qu’elle méprisait tout autant : ses colocataires. Elle ne comptait pas la troisième, qui était comme les autres, une cruche. Heather Hamilton ? Même pas la peine de mentionner le fait qu’elle ne faisait partie d’aucune catégorie si ce n’était la très fermée « les gens que Kim supporte ». Bien sûr, elle minimisait sa compassion envers elle.
En parlant de cette dernière, il y avait bien une des deux jumelles qui avait l’air totalement déconnectée des autres et qui ne pouvait donc pas être considérée comme une succube, à l’instar de la deuxième sur laquelle Kim ne se prononcerait même pas…

Elle eut envie de se justifier mais… merde. Il venait de lui demander une bière, qu’elle s’empressa de lui servir avant de réaliser quelque chose.

- Papiers.

Elle resta immobile un instant, l’air sérieux, la main tendue vers le mineur.

- Bah oui, t’es un gamin à qui j’ai pas le droit de servir de l’alcool. T’es sûr que tu préfères pas un jus de fruit ?

Mais elle songea à quelque chose. Ce boulot la gonflait à un tel point qu’elle avait envie de pleurer à chaque fois qu’elle se levait pour y aller. Elle le supportait encore moins que Magnolia Cresent, c’était dire !

- Et puis merde… Je cherche à être virée, de toute façon.

Elle se retourna et lui servit une bière, s’appliquant parfaitement à sa tâche et se voyant déjà franchir le seuil de ce bar pour ne plus jamais y retourner. Si cela venait à se réaliser, le jeune homme lui aurait été d’une aide précieuse. Elle voulait absolument démissionner mais ne trouvait pas le courage nécessaire, car sans argent, elle pouvait dire adieu à sa colocation. Et aussi pénible soit-elle, elle bénéficiait au moins d’un toit.

Son interlocuteur lui demanda ensuite si elle travaillait ici depuis longtemps. Depuis son arrivée, en fait. Après un entretien d’embauche pendant lequel elle avait refusé de montrer un CV ni même d’écrire une lettre de motivation, elle avait finalement été prise pour assurer la relève des autres serveuses capricieuses qui devaient se montrer assez flexibles pour se glisser sous le bureau du patron et ainsi bénéficier d’un emploi du temps aussi flexible.

- Depuis que je suis arrivée ici. Faut bien que je trouve une raison de me faire accepter par les filles, même si j’ai pas vraiment envie de rester. Oh, et dès que je pourrai, je partirai, tu peux compter sur moi !

Elle n’attendait que ça, et Christian avait tout à fait raison : son job était tout ce qu’il y avait de plus chiant.

- Oui, c’est mortel… Mais bon, ça paye mieux que mon ancien boulot !

Sentant qu’elle allait devoir aborder le sujet de son passé, ce qu’elle détestait, elle s’empressa de lui servir sa bière pour le faire taire. C’était comme parler de mecs entre filles, sauf que ça, on pouvait le faire avec tout le monde.

- Eh voilà, monsieur est servi ! annonça-t-elle en lui mettant sous le nez un joli verre de bière rempli à ras bord.

Mais les gens étaient tenaces, et il risquait de lui demander « oh, mais quel était ton ancien travail ? », comme si ça l’intéressait et comme si elle avait envie d’en parler… Elle ajouta donc, non sans un certain intérêt :

- Et toi, alors ? Je sais rien de toi, à part que tu détestes ce ghetto de nazis.

Pouvait-elle être plus offensente à l’égard des habitants de Magnolia Cresent ? Kim semblait complètement oublier que contrairement à elle, il vivait ici depuis un bon moment, ou du moins assez pour s’être lié d’amitié avec ceux qu’elle venait tout juste de dénigrer de la pire des façons.

Mais Christian avait l’air comment dire… cool. Elle doutait qu’il prenne mal cette remarque. Elle ajouta :

Pff… Je me sens comme une petite juive.

Quel désastre… Elle venait de toucher le fond mais continuait à creuser.

Ce qui l’avait poussée à répondre à cette annonce ? Eh bien… La photo peut-être ? Bien qu’elle méprise ce quartier et ses apparences qui étaient le seul argument de ses habitants superficiels au plus haut point, la jeune fille ne pouvait nier qu’elle aimait l’esthétisme et la tranquillité. Au fond, elle pensait pouvait se poser sous un arbre avec un bouquin et une barquette de frites et saluer de temps en temps ses voisins d’un petit sourire.
Au lieu de ça, elle les fusillait du regard et envoyait ses frites dans leurs gueules. Il ne fallait pas non plus croire que ça lui faisait plaisir ! Et, vu la hâte dans laquelle elle avait emménagé, elle n’avait pas vraiment pris le temps de peser les pours et les contres de cette annonce. Le gros pour était qu’il y avait déjà trois filles, donc moins à payer, même si cela restait tout de même assez gros vu la baraque !

Quant au nom, il était clair qu’elle s’était fait plein d’à priori. Mais bon, comme d’habitude, n’est-ce pas ? Magnolia Cresent… Ce que c’était ridicule. Cela laissait présager une allée pleine de tulipes avec des voisins qui chantent et des amoureux comblés qui attendaient un bébéééé…
Au fond, c’était en quelque sorte ce qu’elle cherchait : un endroit tranquille, pas trop prise de tête. Seulement, ce n’était pas tranquille et c’était carrément prise de tête. Derrière le joli décor digne des plus belles cartes postales se cachaient le fléau de ce quartier si calme d’apparence : ses habitants. Alors, le nom de Magnolia Cresent importait si peu lorsqu’on le comparait à l’horreur de ceux qui peuplaient ce petit quartier résidentiel…

Kim ne pouvait même pas dire qu’elle détestait les mecs, car les filles étaient toutes aussi désespérantes. Leur anatomie avait beau être différente et complètement opposés, ils étaient en réalité tout à fait similaires, en plus de pouvoir s’emboiter…
De leur côté, les filles étaient des putains. De vraies Marie couche-toi là… Elle les appelait les succubes : elles avaient besoin des hommes et de cosmétiques pour être belles. Elles étaient si loin des beautés simples et naturelles qu’avait pu côtoyer Kim tout au long de sa vie... Sans la gente masculine et leurs produits de beauté, elles n’étaient rien et se désintégraient au soleil. Si encore elles étaient gentilles, elles n’auraient comme seule tare que leur superficialité maladive. Mais c’était de vraies harpies ! Tout ce qu’elles faisaient, c’était céder à leurs pulsions les plus animales et coucher avec le premier qu’elles jugeaient potables. En témoignaient les immondes London et Diana. Elle se demandait comment ces deux démons ne pouvaient pas s’entendre. Peut-être à cause d’un mec aussi superficiel qu’elles… Kim désespérait également à la vision de cette jeunesse déjà fanée : une des jumelles, la plus grosse, en était le triste exemple. Si jeune et déjà salope… Sans parler de la sœur de la succube italienne !
Quant aux mecs, c’était loin d’être glorieux ! Etaient-ils autre chose que des bœufs, aveuglement manipulés par une paire de seins ? Ils étaient réellement pitoyables… Kim détestait les idées toutes faites sur les hommes. En fait, ce qu’elle n’aimait pas, c’était les moutons de Panurge : ces filles qui criaient au machisme et à la supériorité féminine sans même avoir de raisons de le faire. Elles pensaient qu’avoir un clitoris était une raison suffisante pour se faire passer pour une victime, alors que manifestement, elles n’étaient victimes que de leur connerie. De plus, elle ne supportait pas cette facilité avec laquelle les femmes étaient en droit de rabaisser les hommes. Si c’était l’inverse, les mecs se retrouveraient avec toutes les associations de protection des droits de la femme sur le dos… C’était une des grandes questions de la vie ! Mais Kim n’affectionnait pas pour autant le sexe masculin de Magnolia Cresent. Elle avait déjà rencontré bien pire, mais ils étaient tellement niais… Etaient-ils seulement des hommes ? Non, c’était des mannequins. A regarder mais surtout, ne pas toucher ! Ils étaient aussi fragiles qu’elle, et sa queue était plus grosse que la leur.
Dans le genre dragueurs du dimanche, ils n’étaient pas mal non plus ! Elle ne se demandait plus pourquoi les filles et les garçons s’entendaient si bien !

Pour répondre à son interlocuteur, elle lui épargna ce long monologue et haussa la voix.

- Mais je te jure ! Je sais pas ce qui m’a pris… Je regrette pas mal mon choix, mais bon, j’en suis pas à ma première connerie. J’ai comme qui dirait un don pour me planter, et cette fois j’y ai pas échappé ! Sauf que je pensais pas tomber avec ce genre de filles…

Elle se raidit et posa un poing sur sa hanche. Ses muscles se contractèrent et ressortirent, ce qui ne l’aidait pas dans ce qu’elle souhaitait faire, mais soit ! Après tout, la jeune fille était fière de sa musculature. Elle lui avait été utile plus d’une fois, et elle préférait cela au frêle corps des pouffes du quartier… Aucun relief, à part dans leur tête quand il s’agissait de leur ego pourri. Tout en prenant une voix des plus aigues et en adoptant des manières qui ne lui allaient pas du tout, elle dit :

- Ah oui, non mais voilà quoi ! Il a couché avec moi et s’est barré sans rien dire, pas un appel, PAS UN ! Rho lala je vais me suicider, j’arrête de respirer tout de suite… En plus, je suis tellement écervelée que s’il me demandait de recommencer, je le ferais ! Ce que j’aime me faire sauter et surtout me faire avoir ! Je suis vraiment bonne qu’à çaaaa !

Kim ne se rendit pas compte du point auquel elle avait été vulgaire. Son imitation était loin de se vouloir flatteuse envers les intéressées, mais elle s’était quelque peu laissée emporter. Tant pis, Christian comprendrait sûrement. Il était vraiment gentil. Elle ne le connaissait pas si bien que ça mais n’en revenait pas tant elle avait eu du mal à trouver quelqu’un d’aussi appréciable ici ! Heather était l’exception. D’ailleurs, comment avait-elle fait pour être épargnée par le fléau de Magnolia Cresent, alors qu’il était évident que celui-ci avait frappé dans sa demeure et touché au moins une de ses deux sœurs ?!
Elle reprit un air simple, le sien et poursuivit :

- Non mais je te jure… Et encore, ça c’est les connes inconscientes. Il y aussi les pouffes tout à fait conscientes ! Elles, elles couchent avec tout ce qui bouge. Genre l’autre… Tu sais, la petite pouffe italienne… Renata ! Elle a dû se taper tous les mecs du quartier, ça craint quand tu les vois…

« Tous les mecs du quartier » sous-entendait Christian lui-même… Oh non ! Oh non, ce n’était pas possible ! Elle ne le voulait pas ! Le seul gars avec qui elle s’entendait ne pouvait pas s’être laissé avoir par cette succube ! Elle blêmit à cette simple idée.
Elle lâcha un petit rire pour décompresser et faire sortir cette idée de son esprit. Mais ce n’était pas concevable, elle ne voulait pas y croire. Continuant de rire mais inquiète cependant, elle posa de façon ironique la question :

- J’espère que t’as échappé au raz-de-marée de cyprine qu’elle déverse… Et si ce n’est pas le sien, au moins celui de sa sœur, toute aussi pouffe mais au moins mieux foutue qu’elle.

Quitte à s’assurer qu’il n’avait pas couché avec une Ciccone, autant vérifier pour la deuxième… Mais elle en doutait. Diana semblait être engagée avec un mec, qui avait l’air tout aussi vide qu’elle. Ils devaient donc filer des jours heureux à coucher ensemble et à se dire des mots niais.
Sentant que le jeune homme pourrait penser que Kim piquait une crise de jalousie totalement injustifiée compte-tenu de leurs liens presque inexistants, elle tenta de changer de sujet tout en attendant toujours une réponse.

- A moins d’être bourré, comme tu risques de l’être ce soir si je te sers trop de verres pour être virée… On pourrait provoquer une bagarre ?

Elle rit à cette simple idée. Elle ne pensait rien de mal à l’égard du Livingstone, mais elle risquait carrément de le maitriser… Ce serait assez humiliant pour lui. Kim était très différente des autres filles qui en venaient aux mains. Elle pouvait user des ongles et tirer les cheveux, certes, mais elle avait une technique. Elle avait beau réagir au quart de tour et sembler improviser, elle gardait un contrôle certain de la situation et ne se laissait pas vraiment aller. Elle savait où viser et faisait preuve de tactique. C’était ça de grandir dans le Bronx ! Autant dire que Kim n’avait pas peur de se salir…
Mais bon, cette idée n’était pas sérieuse, de toute manière. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle y revenait. Sûrement parce qu’elle n’avait pas eu l’occasion de le placer avant, ou plutôt parce qu’elle avait oublié….

- Au fait… Bon, j’ai pas l’habitude de m’excuser alors profites-en ! Bon… Désolée si j’ai pu te vexer. Je suis là depuis un mois et comme tu le vois, j’affectionne pas vraiment ce quartier. Comme je sais que tu l’aimes pas non plus, j’en profite un peu mais je t’ai peut-être blessé. Tu le connais beaucoup mieux que moi et j’ai peut-être été vexante. Tu fréquentes peut-être toi aussi des salopes et autres putains. J’espère que ça tient toujours pour ta cave ! J’ai hâte de faire la connaissance des juifs qui s’y cachent ! finit-elle par dire, pour ne pas non plus avoir l’air trop tristounette et mignonne tout plein. Même dans ses excuses, la serveuse était loin d’être fine…
Son regard se posa sur un homme qui venait de s’asseoir au comptoir, et qu’elle était définitivement décidée à ne pas servir… Le voilà peut-être, son prétexte ! Elle ne voulait pas vraiment attirer de problèmes à Christian. Ce serait con de perdre une de seules personnes qu’elle était capable de supporter et… réciproquement.

Un don pour se mettre dans de mauvaises situations ? Et bien, il ne pouvait pas dire que c’était son cas, vu qu’il avait lui, le don de toujours vouloir éviter de se faire surpasser par les situations. Facile quand on ne faisait rien… Certain aurait donc pu compatir et affirmer que c’était eux aussi leur cas (bien que bizarrement Christian jurerait que leur situation était moins critique que celle de Kim, il n’aurait su expliquer pourquoi) mais pas lui, si le mauvais sort s’acharnait sur certain il n’avait personnellement pas à se plaindre, il bénéficiait d’une vie pépère et finalement ne s’occupait que de sa petite personne, vivait dans son monde et c’était bien comme ça. Dans le fond monsieur Livingstone était bien égoïste… Il ne le démentirait pas, il n’était pas parfait, il avait même des défauts assez conséquents mais tandis que certains se complaisaient à les cacher derrière le masque de l’hypocrisie, lui n’en faisait rien. Bon… Il était vrai qu’il n’aimait pas non plus qu’on pointe du doigts tout se qui était mauvais en lui, l’adolescent était comme qui dirait un tantinet susceptible mais si on lui scandait les larmes aux yeux qu’il était « un connard » comme lui avait déjà assuré une jeune fille, il se contentait de dire « Oui, et ? On est pas tous parfait ma jolie. » Ah ce n’était pas son rôle d’être gentil ! D’ailleurs pour lui, gentil était une insulte. C’était quoi sérieusement, ce mot la, ‘gentil’ ? Par exemple, prenons l’exemple de Dean Brown. Qu’est se qu’il était ? Bah gentil. Et franchement pour lui ce n’était pas un compliment car pour rien au monde il n’aurait troqué sa place contre ce bellâtre vide comme une coquille d’huître. Sans la perle à l’intérieur ça va de sois. Bon dieu, il était lisse comme pas permis ! Bref, c’était sûrement l’air du pays, Magnolia Cresent ou le monde des apparences, la grande aventure tintintin ! Et quels aventures, ‘machin à couché avec machin hier, ah ! la garce, vilaine fille va’ pour les adolescents tandis que les adultes se moquaient gentiment du jardin de la voisine ou secouait négativement la tête en confiant à voix basse « elle ne va pas bien je suis sur que son mari la trompe ».

Quand Kim se mit, ou du moins tenta plus ou moins approximativement d’imité les barbies de sont quartier, Christian ne se retint pas d’exploser de rire. Ils avaient définitivement la même vision des choses et la partager sans qu’on ne le réprimande lui faisait le plus grand bien. Il se souvint de conversation avec Jay Black qui avait vilainement pris le fait que Christian décende tout ses petits camarades de paliers en flèche. Quoi un peu de sincérité ne faisait pas de mal ! Non il n’avait pas envie de dire que truc était très très gentil et qu’elle avait une très belle maison, truc était une pute qui crachait son venin dés que vous aviez le dos tourné.

Alors maintenant, voir la serveuse qui n’avait définitivement elle, pas l’allure de toutes ces bonnes gens, prendre l’accent si délicieusement insupportable de toutes ces poupées, c’était juste un pur moment de bonheur. Elle était vulgaire ? Au diable la bienséance ! C’était exactement comme ça même si elles, utilisaient peut être un langage plus…Soutenu ?

D’ailleurs il fallu que la conversation se penche vers Renanta Ciccone… Christian se redressa légèrement. Rien qu’à entendre le nom de la petite Italienne, il repensa à cette espèce d’hormone sur patte qui, électron libre, allait se loger entre les jambes de la moitié des hommes du quartier. Quand il vit le regard légèrement inquiet de Kim, il lui en voulu de croire qu’il faisait partit du lot. Tout mais pas ça. Il avait un minimum de dignité et n’était pas en manque au point de se taper cette fille…

- Bordel, tu me vexerais presque la… !

Plaisanta t’il accompagné d’un rictus.

- Non je ne me la suis pas tapé, dieu m’en garde, ni elle ni sa sœur. Sérieusement… Ca serait tombé bien bas. Elle a essayé pourtant, je t’assure dés qu’elle me vois elle commence sa parade, à mourir de rire… ! Je la trouve plus flippante qu’attirante personnellement, la gamine à 17ans et la moitié de l’Amérique se félicitera un jour de lui être passé dessus. Qu’est se que ça cherche à se prouver ce genre de nana ? Je trouve ça tellement pitoyable… ! Je sais pas, je comprend pas. Je sais même pas si il y a quelques choses à comprendre toute façon, peut être qu’elle aime bien se faire ramoner et c’est tout faut pas chercher.

Christian marqua alors une pause, profitant pour boire une gorgé de bière. Non rien à faire, il ne comprenait pas.

- C’est peut être leur vision de ‘la femme libéré’ bah putain… Je veux dire il y a des limites. Bref, si c’est ça notre avenir, j’ai bien envie de dire triste époque. Alors pour conclure, non tu ne m’as pas vexé et comme tu peux le voir je porte autant d’affection à ce quartier que toi. Ok ok, relavisons un peu quand même… Ils sont pas TOUS comme ça, il y a quelques exceptions, rare certes, mais il y en a. Malheureusement tes colocataires ont font pas partis, quoi que Alexandra m’a l’air relativement calme comme fille, non ? J’ai jamais vraiment eu l’occasion de lui parler, peut être qu’elle cache bien son jeu mais sa tête me reviens bien.

La petite blonde était certes très huppé, il fallait avouer qu’elle était moins excentrique qu’Alix, défoncé H 24 a on ne sais qu’elle substance (bon, il fallait avouer que lui-même tournait un peu trop sur le pétard aussi, mais il était loin de partir dans des délires aussi important que la jeune Cartwright, il se souvenait de cette fille gueulant à qui voulais l’entendre dans la rue qu’elle était bourré juste en bas de chez lui. Il était 6heure du mat, il ne lui avait jamais pardonné). Quant à Cinzia… Bon il ne préférait pas en parler.

- Maintenant pour se qui est de la bagarre…

Il fallait avouer qu’il n’avait pas vraiment envie de se faire maîtriser par Kim… Non parce qu’il voyait déjà la scène, bien qu’il ne faille pas croire que sous ses airs de maigrichons Christian se laissait faire. Il se souvenait d’un garçon au collège qui l’embettait doucement mais sûrement. Le passif Christian n’avait rien dit au début, et puis, au bout d’un moment, l’autre n’arrêtant pas ses plaisanteries lourde, le jeune Livingstone avait cassé le bras de son camarade. Il ne fallait pas l’énerver, c’est tout. Bref, de toute manière l’a n’était pas la question, c’est juste qu’en effet si il devait provoquer une bagarre il devrait faire la victime et il avait tout de même un brin de fierté.

- Ca te fait rire toi… ! Bon mais sérieusement, j’ai quand même bien envie de t’aider collègue de… Comment on pourrait appelé ça… De méprisant envers le quartier, je suis même pas sur que ça se dise mais t’aura compris l’idée. Non mais limite je pourrais aller me plaindre à ton patron ? Je serais pas le premier je suis sur… ?

Demanda t’il avec un sourire en coin. Il était fort à parier que plus d’un client s’était plein de la serveuse, mais elle devait être efficace.

- Bref si tu te mêles à la conversation, genre je m’énerve, tu t’énerves, tu pourrais même lui balancer tout se que tu penses de lui pendant notre joyeuse dispute. Enfin… C’est juste une idée, peut être pas sur que ça sois la meilleure mais bon... Et puis au cas ou à cause de ça, donc un peu de moi, tu te retrouves sans boulots, sans le sous et que tes colocataires te mettent à la porte toute façon... Y'a toujours ma cave qui est prête à t'accueillir.

Cachée par ses cheveux, la jeune fille sourit de soulagement à la réponse de son client. C’était une bonne chose qu’il n’ait pas couché avec Renata Ciccone, mais elle était en droit de s’inquiéter. C’était un homme, et Kim en avait appris des vertes et des pas mûres sur leur compte. C’est pourquoi elle n’aurait pas été si impressionnée que cela, en fin de compte, d’apprendre qu’il ait pu répondre aux attentes de l’italienne pendant une nuit. Après tout, cela arrivait à tout le monde, sauf à Kim apparemment. Et à Christian, d’après ce qu’il lui avait dit.

Mais bon, c’était un homme. Elle avait beau se faire une image très sympathique du jeune homme, elle ne doutait pas qu’il devait parfois satisfaire ses appétits sexuels, et elle ne l’en blâmait pas. Elle n’était pas du genre à hurler que les hommes étaient des porcs, même si elle le pensait, il fallait l’avouer. Heureusement, au moins, ce n’était pas avec Renata. Ni avec sa sœur d’ailleurs, qui avait l’air tout de même moins facile mais tout aussi pitoyable.
Les remarques de Christian sur la nymphomane lui arrachèrent, malgré elle, un éclat de rire clair et joyeux, probablement un des seuls qu’elle avait exprimé sincèrement. Exprimé tout court, d’ailleurs. Elle ne se forçait jamais à rire et disait toujours de qu’elle pensait. Elle s’était bien entendu moquée de plusieurs personnes, mais on ne pouvait pas parler là de joie. Seule Heather avait réussi à la faire ricaner de par sa gentillesse et sa personne, tout simplement. La jeune femme avait compris que cette fille était sincère, contrairement à toutes ces personnes fausses.

Kim avait pris place sur un tabouret et s’était installée au bar. Accoudée au comptoir, elle écoutait Christian, le poing posé sur la joue et mentalement, elle adhérait à tout ce qu’il disait. Elle méprisait tellement cette liberté sexuelle qui devenait presque banale… Pour elle, l’amour sans sentiments était égal à un viol. Le consentement réfutait alors peut-être sa théorie mais elle ne comprenait pas comment la fierté de sa fille pouvait rester intacte. On voyait bien que pour elles, le sexe était anodin et tout à fait inoffensif. Mais apparemment, il n’y avait qu’elle qui en avait conscience.

En parlant de tâches, connes et autres écervelées, il fallait bien finir par aborder le sujet des colocataires. Ah… Des connes, elles en faisaient des belles, surtout Alix et Cinzia. Entre l’excitée de la vie exubérante et constamment pétée et la poupée gonflable aussi fade physiquement que mentalement, on pouvait dire que Kim était servie. L’entente entre les filles n’était pas très cordiale, le minimum syndical dirons-nous. En effet, elles vivaient sous le même toit et n’avaient d’autres choix que de cohabiter ensemble et survivre. Elle avait beau râler, Kim leur était reconnaissante de l’avoir acceptée. Mais le fait qu’elles se connaissaient avant l’arrivée de celle-ci et surtout le fait qu’elle était foncièrement différente rendait la colocation fastidieuse. C’est la raison pour laquelle Kim se limitait en général à deux pièces : la salle de bain et sa chambre.
Le jeune Livingstone ne cessait décidemment pas de surprendre la future ex-serveuse : Alexandra était en effet la seule fille supportable de la maison. Elle était la seule capable de l’aborder de façon appropriée et qui lui parlait sans préjugés. La haine de ses colocataires envers elle était peut-être méritée, mais la petite blonde n’en tenait pas compte et tentait de calmer les ardeurs de la quatrième et dernière venue.

- Oui, je vais finir par croire que t’es vraiment comme moi en mec et en plus clair, sérieux. Oui, Alexandra est la seule fille que je supporte. Enfin, tu vois, elle est un peu niaise et tout ça, et son calme me stresse. Mais franchement, c’est la moins chiante pour pas dire la plus gentille, parce que c’est pas encore la grande amitié quoi. Elle se pencha alors vers Christian et lui murmura : Et entre nous, c’est la plus mignonne. Elle se redressa et dit, l’air complice, en désignant du regard la bière posée sur le comptoir : Continue à penser comme ça et je t’en offre une deuxième !

C’était clair. Les dents de lapin d’Alix et les airbags de Cinzia étaient tout sauf attirants. Elle préférait de loin la simplicité et la sympathie qui se dégageait du doux minois de la jolie blonde. Sa remarque pouvait avoir l’air lesbienne, mais elle n’y fit pas vraiment gaffe car pour elle, c’était tout à fait anodin de complimenter une autre fille. Peut-être pas pour Christian, et c’est cela qui l’inquiéta, mais elle ne voulait pas donner l’air d’être psychotique. Elle devait déjà le sembler suffisamment… La carrure de Kim pouvait également renforcer cet effet. Elle n’était pas très féminine, pas même physiquement. Elle était plutôt carrée et toute en muscle.

Bien vite, la discussion s’orienta sur autre chose de tout aussi intéressant : sa démission. C’était marrant car le jeune homme avait vraiment pris au sérieux cette remarque, alors que Kim l’avait lancée sans trop y croire elle-même. Après tout, il fallait bien apporter sa part au loyer. Déjà qu’elle risquait sévèrement d’être virée par les autres si elle continuait comme cela… Elle n’était bien entendu pas venue les mains vides à Magnolia Cresent, mais cet argent ne suffirait pas à subvenir à tous ses besoins, sinon, elle ne travaillerait pas dans un bar pourri. Le seul point positif de ce job était qu’elle était parvenue à échapper à l’uniforme réglementaire, composé d’un t-shirt et d’un short tellement court qui ferait frémir sa grand-mère, mais toujours trop long pour une fille comme Renata.
En tout cas, elle risquait de prendre Christian au mot et de croire qu’elle pouvait réellement emménager chez lui, ce qui lui conviendrait bien mieux, il fallait l’avouer. Si elle avait bien compris, il avait une sorte de mère androïde et maniaque et une sœur qui semblait tricoter son slip avec ses gambettes. Elle avait aussi vu un mec, sûrement son frère, mais n’avait encore rien à dire sur lui pour le critiquer. Non, en fin de compte, son emménagement chez les Livingstone était peu probable. Kim savait de toute façon où se réfugier, même si ce n’était pas l’endroit le plus confortable du quartier…

Elle l’écoutait lui proposer des manières de déclencher une dispute et trouvait qu’il s’y prenait vraiment comme un amateur et cherchait trop de cohérence. Elle était bien décidée à l’aider à trouver une solution pour qu’il l’aide à se faire virer, mais elle n’allait sûrement pas adopter une méthode qui venait de lui. Un bruit de porte qui claque se fit entendre et Kim vit que son patron était parti discuter avec des clients à une table non loin.

La dernière remarque de Christian était vraiment gentille mais Kim arborait désormais un air furieux et contenait une rage qu’elle ne ressentait même pas mais feignait à merveille. Elle fit un clin d’œil à Christian et lui demanda de l’excuser pour ce qu’elle allait faire.
Assez vite pour qu’il ne puisse le remarquer, elle attrapa le verre de bière et en jeta le contenu sur le jeune homme. Après avoir reposé violemment le verre sur le comptoir, elle s’écria :

- Dans ta cave, hein ? Espèce de pourri, sale raciste de merde, tu crois que c’est parce que je suis une négresse que tu peux m’acheter comme ça ? Je suis pas à vendre, et même si c’était le cas tu crois que je me laisserais acheter par un blanc bec dans ton genre ?!

Voyant son patron s’approcher, l’air à la fois inquiet, embarrassé et furieux, Kim lui facilita la tâche et allant se poster devant lui et lui mit une vigoureuse claque qui résonna dans toute la pièce. La joue de l’homme devait cuire et la main de la jeune femme lui laisserait probablement une jolie trace. Sans perdre de temps, elle hurla :

- Ça c’est pour m’avoir pelotée, espèce de connard ! Attends un peu que mon mec sorte de prison, il va faire sa fête à ton petit cul de blanc comme seuls les blacks savent le faire !

C’était tout à fait faux. Son patron ne l’avait pas touchée, mais elle aimait en rajouter à l’embarras qu’il ressentait. Et puis ce bar ne méritait pas tant de clients, surtout vu la gestion. Elle ne regrettait donc pas de faire passer cet homme pour un pervers et surtout de lui ficher la trouille. Elle n’avait pas de mec, et encore moins un mec en prison.

Avant de quitter le bar tout en pestant, elle retourna au comptoir et empoigna une éponge et, tout en la montrant à tout le monde, elle dit :

- C’est la mienne ! La tienne était bien trop crade et tes serveuses ont dû s’en servir pour essuyer autre chose sous le bureau !

Elle claqua la porte de l’établissement sous le regard des clients, ébahis par la scène à laquelle ils venaient s’assister. D’où elle était, elle entendait un brouhaha revenir. En effet, sa petite comédie avait eu son effet mais certains devaient se balancer de ce cinéma et retourner à leurs occupations, à savoir boire et discuter. Elle entendit la porte claquer une deuxième fois et vit Christian. Elle se mit alors à courir dans les rues, se retournant de temps en temps pour voir si elle ne l’avait pas perdu dans sa course. Elle riait tout en levant la tête au ciel, sans s’arrêter pour autant. Ses jambes la guidaient et elle ne savait pas vraiment où elles allaient les mener, elle et Christian.

Elle finit tout de même par s’arrêter dans une ruelle et s’adossa contre un mur, toujours en riant. Elle fit face au jeune homme et lui tapa l’épaule comme si elle avait à faire à un vieux pote d’armée.

- C’est plus efficace, hein ? J’espère qu’il nous a pas suivis…

Plutôt proche du jeune homme, elle ne pu que constater qu’elle ne l’avait pas raté et s’éventa tout en s’exclamant :

- Ouh, tu pues la bière ! Attends…

Elle sortit alors l’éponge qu’elle avait embarqué, et pour l’anecdote c’était réellement elle qui l’avait achetée, et la passa sur le visage du jeune homme. L’obscurité cachait son regard qui brillait. Qu’est-ce qu’elle faisait, au juste ? Il allait croire qu’elle était une de ces pouffes ou pire, qu’il avait une touche ! Mais elle continua cependant de l’éponger. C’était tout de même plus agréable que l’éponger sur un comptoir tout crasseux… Oh, elle y pensait seulement maintenant. Tant pis. Vu son état, il n’allait pas chipoter sur l’état de cette éponge.

Est se qu’il était vieux jeu, ou était il, apparemment au même titre que Kim, complètement indisposé à vivre dans cette époque ? Après tout, on aurait pu s’en réjouir, la libération des mœurs, la liberté pour tous, levons les bras et crions victoire ! Mais… Non. Il y avait quelques choses de déprimant, les corps ne valaient plus rien, on se donnait pour oublier un espèce de mal être, c’était limite glauque et devenu terriblement… Banal. L’esprit n’était même pas rock’n roll, ou si il se voulait c’était raté, par la il voulait dire que les années 70 c’était bien beau, peace and love et vas-y que je ne me soucis pas du lendemain, plutôt sympa comme une idée, on fume on chante on baise, mais aujourd’hui ce n’était même plus le même esprit. Les gamines de 14 s’affolaient lorsqu’elle n’avait jamais eu de copains, faisaient tout pour se débarrasser au plus vite de leur virginité, les mecs ne pensaient qu’à sauter les filles ‘trop bonne’ et ne respectait plus grand-chose du temps qu’ils étaient assuré de leur potentiel. Merde quoi, quand il voyait tout ces gens s’affolé autour de lui pour des broutilles, ça le déprimait, et il y avait de quoi sérieusement, non ? Bon après la question se posait : Qu’est se qu’il aurait souhaité alors ? Il n’allait quand même pas dire qu’il regrettait le temps des poètes transis qui tentait a coup de vers bien tourné de conquérir le cœur de la femme qu’ils aimaient, mais quand même… Quoi que sérieusement, Christian s’amusait des fois à se rêver poètes, sauf qu’il n’avait ni le talents, ni la musicalité, ni l’intelligence pour créer quelque chose de potable à ce niveau là. Non c’était juste qu’être payer pour écrire, c’était plutôt pas mal, les mecs qui arrivaient avaient fichtrement de bol ! Et puis, romantique, lui ? La bonne blague… Christian Livingstone, le rustre, le flemmard, offrir une rose ou payer le restaurant le jour des un an d’une relation (encore faudrait il qu’il s’en rappelle) ? Il laissait ça à ce bon vieux Dean Brown ou autres gaillards qu’on aurait dit tout droit sortit de l’esprit d’une fille en fleur qui imagine son prince charmant.

‘Prince charmant’ est se qu’il était le seul a avoir envie de gerber quand on alliait ses deux mots la ? Il jurerait que Kim était de son avis. Déjà les deux séparément c’était plutôt effrayant, mais alors qu’on on les réunissait ! Il n’allait pas repartir la dedans, mais quand même, en plus il mettait sa main au feu que Blanche Neige et autre Cendrillon devaient bien se faire chier après coup, comme disait ce bon vieux John Lennon dans sa chanson assassine envers son vieux collègue Paul McCartney "Un joli visage devrait durer un an ou deux mais très vite ils verront que tu es un incapable".

Certes… Avec lui non plus ce n’était pas la grande éclate pour les pauvres demoiselles qui étaient un jour devenue ses petites amies. Mais il le savait pertinemment (se qui était peut être encore pire ?). Et puis qu’on n’aille pas non plus se leurrer sur le personnage… Christian était un homme avant tout. Evidemment que son regard se tournait vers les jeunes filles particulièrement désirables, évidemment que lui aussi matait les belles nenettes aux décolletés plongeants. Sauf qu’il ne cherchait pas à les connaître, parce qu’il savait qu’en cherchant un peu plus loin, il serait déçu. Ces filles la étaient juste de beaux objets à contempler, et elle-même semblait prendre conscience qu’elles devaient compense leur manque d’intelligence par leur physique avantageux puisqu’elles semblaient cultiver leurs aspects extérieurs au détriment de celui intérieur. Plus facile de se mettre du rouges à lèvres et de bien se coiffer plutôt que de lire Kant et Proust. C’est vrai, c’était plus excitant au premier abord, mais après ? Mais la preuve que ça fonctionnait : N’était il pas lui-même entiché de London Sheppard ? Cette grande brune à la plastique parfaite, son ‘fantasme’ ? Et que dire de sa relation avec Olive ?

La seule fille qui semblait lui convenir avait été Lou Huntington. Sans mentir, pour lui elle était idéale et il avait été sincèrement amoureux d’elle à une epoque. Cette relation avait d’ailleurs duré assez longtemps, jusqu’au jour ou la jeune fille avait craqué et plaqué le garçon, fatigué de son comportement. Il lui en avait voulu, rancunier qu’il était, et pas qu’un peu… Il n’avait rien fait pour la récupérer cependant. Elle ne voulait plus de lui ? Et bien soit, il n’allait pas s’esquinter plus longtemps, il n’était pas de ceux qui gémissaient aux pieds de la dame en lui promettant qu’il changerait de comportement. Ce n’était pas à lui de le faire. A y penser, elle était la seule que Christian regrettait aujourd’hui, pour le peu d’aventures qu’il avait eu, mais il appréciait de l’avoir gardé comme amie et ne se voyait pas retourné avec elle. Un arrière goût de rancune l’en empêchait d’abord, et puis… Leur relation purement amicale était bien plus stable. Rien de plus casse gueule que l’amour. Bref, Lou restait tout de même pour lui une des seules filles qu’il arrivait à encadrer dans le quartier, au même titre donc que Alexandra, celle sur qui la conversation se portait maintenant.

Avant toute chose, la remarque comme qu’il était une version de Kim en homme et en plus clair lui décrocha un sourire en coin. C’est vrai qu’ils semblaient être connecté sur plusieurs points et ça lui faisait bien plaisir de pouvoir parler de cette haine en commun qu’ils avaient pour ce quartier. Maintenant il apprenait qu’ils étaient deux à être d’accord aussi sur le fait qu’Alexandra n’était pas à mettre dans le même panier que les autres greluches. Certes elle avait l’air niaise, mais néanmoins sympathique. Et quand même, si elle attirait une once de sympathie aux regards critiques de Kim, ce n’était pas rien. D’ailleurs, lui-même pouvait être assez fier du fait que la serveuse ressente, semblerait il pour qu’elle lui parle de la sorte, au moins un brin d’affinité pour lui, ça n’était définitivement pas donné à tout le monde…

Vint le compliment sur le physique de la blonde dans un murmure complice. Comment est se qu’il devait interpréter ça au juste ? Franchement, il ne pouvait pas dire si c’était habituel mais les filles de se qu’il avait pu juger avaient plus l’habitude d’offrir des épines que des roses aux autres représentantes de leur sexe, alors oui, entendre un compliment de la bouche d’une fille pour une autre fille, et qui plus est qui semblait tout à fait sincère, ça l’étonnait et que cela vienne de Kim ne rendait la chose que plus surréaliste. Il ne fallait pas exagérer non plus mais… Chrisitan jeta un coup d’œil à la serveuse. Se pouvait il que ? Naan… Qu’il était con lui aussi des fois, ça lui arrivait à lui aussi de vanter le charisme d’un mec, tiens le premier nom qu’il lui vint à l’esprit, c’était son pote Holden Turner. Ce type qui était un salaud de pure race, mais qui avait un charisme de folie. Il exerçait un certain pouvoir sur lu1ui il fallait l’avouer, Christian respectait cet enfoiré qui se sortait de toute les situations délicates avec sa verves et son talent naturel pour se dépatauger comme un grand des pires emmerdes. C’était surtout ça qu’il enviait chez lui. Bon, non, il ne fallait pas se leurrer… C’est vrai aussi qu’il aurait aimé avoir aussi sa classe naturelle et sa capacité à aller facilement vers n’importe qui. Bref, la n’était pas le sujet, Kim venait de complimenter Alexandra et… Ca s’arrêtait la, il ne pensait pas qu’elle avait essayer de lui faire parvenir un quelconque message sublimable, et si c’était le cas il n’avait strictement rien contre ça.

- Sérieusement ? Plutôt intéressant ça, toute façon ça m’a pas l’air bien dur de penser autrement on est définitivement sur la même fréquence, chose plutôt rare dans mon cas… Je veux dire, j’ai l’impression d’être une radio que personne ne capte jamais. Ca fait plaisir d’avoir un auditeur mine de rien, bon même si on s’y fait forcément, et que je cherche pas forcément à changer mon programme pour faire plus d’audimat… Qu’est se que je raconte là ?

S’interrogea t’il lui-même en riant faiblement et secouant la tête, quoi que dans l'absolue c'était un peu ça.

- Donc bref, tu peux commencer à remplir un deuxième verre quoi, parce que je confirme, Alexandra a l’air d’être sortie de… Je sais pas, un espèce de conte qui nous raconterais la vie d’une gamine super intelligente aux boucles d’ors avec le nez toujours fourré dans ses bouquins, mais c’est toujours mieux que celui de Barbie pétasse qui se serre Ken dans son lit rose en plastique.

Enfin… Le regard de la serveuse avait changé et Christian haussa légèrement les sourcils. Ok… Clin d’œil complice, elle préparait un truc, une vengeance bien plus juteuse que se qu’il avait auparavant proposer, et il allait morflé.

Verre dans la figure, olé ! Surpris l’adolescent était légèrement abasourdi pendant que Kim gueulait radicalement qu’il avait la volonté de se faire la serveuse dans sa cave contre quelques billets sortis de sa poche. Il retint un très méchant fou rire avec toutes les peines du monde, mais il fallait entrer dans le jeu si ils voulaient que ça fonctionne. Il la remercierait plus tard de la faire passer pour le pauvre type par excellence devant les habitués du bar ou il ne remettrait très certainement pas les pieds demain.

Secouant légèrement les mains lui donnant un instant un air assez idiot de volatiles blessé, il remit plus ou moins sa large franches en place pendant que Kim s’en prenait maintenant à son patron. Bon dieu si il ne riait pas avant d’avoir franchis la porte de ce bar, il était un surhomme c’était certain ! Mais il se décidait à s’improviser acteur et assumer son rôle jusqu’au bout, même devant ces deux filles qui le regardait avec une expression tout à fait disgracieuse, celle des pouffes tout à fait indigné de l’attitude d’un pauvre macho (« même pas beau en plus, mais quel con qu’il aille se pendre ! » il pouvait carrément lire dans ses pensées).

- Fait pas cette tronche déjà que t’es laide.

Oh c’était simple mais efficace, le garçon se leva alors que Kim lançait sa dernière réplique sur le coup de l’éponge. Out, il avait perdu son pari avec lui même, il étouffa son rire dans son poing avant de mimer de racler sa gorge mais franchement… Cette fille était monumentale ! Bon alors certes il avouait que les quelques regards posé sur lui n’était pas sans lui rappeler qu’on le prenait pour un mec frustré qui tentait de voir si il y avait moyen avec la service en échanges d’un petit pourboire, ça c’était plutôt moyen, mais a priori il ne reverrait jamais ces personnes… Bref il aurait bien trouver une bonne réplique à sortir, il en mourrait d’envie, mais il avait peur de mourir de rire avant, alors il préféra jeter un regard noir au patron dans le visage gras suait d’embarras, et de filer rejoindre Kim.

Dehors le garçon secoua une nouvelle fois sa manche, faisant claquer sur le pavé quelques goûtes de bière dont le tissu avait été imbibé avant que son regard ne se tourne vers la serveuse qui fila au galop. Un large sourire déforma ses lèvres tandis qu’il la suivit dans sa course. Cette foutu boisson le collait et c’était une sensation franchement désagréable, mais le vent frappait directement dans son visage, et lui, hilare, pensa qu’il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas sentis aussi vivant.

Kim finit par s’arrêter alors l’adolescent fit de même à quelques mètres d’elle, les poings sur les hanches, riant toujours les larmes aux yeux.

- Bordel tu m’as tué, tu m’as radicalement achevé pour ce coup la !

Réussi t’il à caser avant de tenter de reprendre sa respiration, difficile quand on était pris à un véritable fou rire.

- Nan mais sérieux, pour quoi tu m’as fais passer la ? « Espèce de pourri, sale raciste de merde, je suis une négresse tu peux pas m’acheter comme ça ! »

Répéta t’il en imitant Kim avant de se redresser et d’essuyer les quelques larmes qu’il avait aux bords des yeux. La serveuse, ou plutôt, ex-serveuse, lui fit alors remarquer qu’il puait la bière. Très exact. Elle s’empara alors de son éponge tandis qu’un définitivement très gai Christian peinait à se calmer.

- A qui la faute hein? T’aurais vu sa tête, non y’a pas à dire, t’as réussi ton coup la, bon dieu mais… Mais je m’attendais pas à ça ! Hé… Hé en fait arrête avec ton éponge la, non mais c’est se que t’as dis tout à l’heure ça a de quoi pas vraiment donné envie de se faire nettoyer avec ça !

Christian retourna ‘l’arme’ contre Kim a qui il donna un coup d’éponges sur le visage amusé avant de faire quelque pas, marchant à reculons, une main dans la poche, l’autre pointant la direction par laquelle il était arrivé.

- En tout cas t’as raison, on ferait mieux de mettre les voiles, il avait l’air tellement flippé qu’il est capable d’appeler une garde rapproché et les flics… !

Manquant de trébucher sur un obstacle Christian repris son équilibre en même temps qu'il se ressassais un peu. Ouai bon, fallait qu'il se calme un peu quoi c'est tout... L'euphorie redescendant quelque peu, le garçon questionna alors.

- Bon après je sais pas ou tu veux aller ?

Enfin... Si elle voulait aller quelque part.