Nina n'apercevant toujours personne de son entourage, elle finit par croire qu'elle allait devoir rentrer par ses propres moyens. La jeune fille, pas très patiente, sortit son téléphone de son sac à main non sans difficulté, puis commença à pianoter d'une main sur le clavier, tirant toujours de l'autre sa lourde valise. En effet Nina était une vraie fille et même si elle n'était à Magnolia que pour quatre malheureux jours, elle avait emporté le "nécessaire". Bien sûr il lui restait encore tout un tas d'affaires au numéro vingt-sept et elle n'aurait pas été perdue en n'emportant rien avec elle, mais voilà elle avait préféré faire ça comme ça. Le texto partit à destination de sa cousine Evane, et lorsque la jeune fille releva son tête, c'est son père qui était face à elle. « Te voilà enfin ! » La première chose que lui demanda son dernier fut de savoir si elle allait bien. La réponse était difficile à déterminer ; sa journée avait été éprouvante et agaçante mais au moins elle était enfin à destination. Elle aimait bien râler de temps en temps pour se faire entendre, mais être pessimiste n'était pas dans sa nature non plus. Alors elle préféra adopter une réponse positive. « Oui, maintenant que je suis ici ça va très bien. » Même si elle ne put s'empêcher d'ajouter une remarque. «  Mais j'ai quand même cru que j'allais devoir rentrer à pieds ! » Nina taquinait plus son père qu'autre chose – elle savait bien qu'il avait une tonne de choses à faire – malgré tout elle avait tout de même cru un instant qu'on l'avait oubliée. Chose qu'elle n'aurait pas du tout appréciée en tout cas. « Laisses moi t’aider. On fait l’échange. C’est bien celui que tu aimes ? » La jeune fille remarqua seulement à cet instant ce que son père tenait dans sa main. Sa boisson préférée ! « Avec plaisir, c'est vraiment trop lourd. Ah oui j'adore, merci ! » Nina lâcha avec un peu trop de précipitation sa valise qui faillit tomber à la renverse, puis échangea avec entrain son paquet avec celui que son père lui tendait. Voilà au moins un truc qui la mettait de bonne humeur. « Tu as fait bon voyage ? » La jeune fille tourna sa tête vers son père d'un air réprobateur. « J'ai une tête à avoir fait bon voyage ? » finit-elle par lui répondre en souriant. « Heureusement le trajet est assez rapide même si à moi il a paru durer des heures. » C'était ça lorsqu'on avait rien à faire dans les transports.

Le père et sa fille empruntèrent la sortie de la gare pour se diriger jusqu'au parking. « Alors tu avais beaucoup de travail aujourd'hui papa chéri ? » Nina jouait à merveille son rôle de petite fille parfaite, et ça marchait, la preuve elle avait réussi à le faire quitter son lieu de travail rien que pour venir la chercher, et en plus de ça il s'était arrêté au Starbucks juste pour la mettre un peu plus de bonne humeur. La jeune fille ne remarqua pas que sa remarque ait pu paraître déplacée. Une fois dans la voiture, elle oublia même d'aider son père à mettre la valise dans le coffre mais bon il lui pardonnerait bien ça. Elle s'installa plutôt à l'avant à la place du mort puis mit la radio à un volume assez élévé. Quoi, il fallait bien que Magnolia soit au courant de son retour ! Nina se détendit et posa ses pieds sur le tableau de bord ; d'habitude elle n'avait pas le droit de faire ça, sauf qu'aujourd'hui son père avait l'air bien luné, il ne lui dirait rien c'était certain. La jeune fille commença à chantonner, pressée d'être enfin à la maison.

La famille VV était une famille presque exclusivement composée de femmes, en effet Patrick était le seul homme au milieu de cinq filles. Depuis l'emménagement d'Evane et Esperanza, en tout cas. C'était peu dire qu'il était l'homme de la maison. Du coup, Patrick devait depuis le temps en connaître un rayon sur le comportement des femmes. Voilà pourquoi il n'avait pas paru plus surpris que ça en voyant Nina débarquer avec une valise plus grosse qu'elle pour un périple qui durerait seulement quatre petits jours. En effet, une fois installée à Philadelphie, Nina s'était rendu compte qu'elle avait parfois besoin d'affaires qu'elle avait finalement décidé de laisser à Magnolia, chose qui l'avait fait enrager contre elle-même ; pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Depuis, elle s'était promis d'emmener tout son dressing avec elle à chacun de ses déplacements. Dur dur d'être une fille.

Quoi qu'il en soit, revenir à Magnolia lui faisait le plus grand bien. Bien entendu, dès qu'elle avait un moment de libre elle revenait dans le quartier, après tout Philadelphie la séparait d'ici de seulement trente minutes, ce qui n'était rien, en soi. Son père savait malgré tout à quel point la jeune fille pouvait se montrer capricieuse et impatiente, défauts qu'on lui connaissait bien dans le quartier. Du coup il n'avait pas perdu une minute pour venir la chercher, il lui fit même remarquer qu'il l'aurait 'ramassée' sur le chemin auquel cas. Expression douteuse qui fit sourire Nina. L'adolescente et son père ne perdirent pas une minute pour quitter la gare et s'engouffrer dans l'air froid de l'hiver qui menaçait déjà de pointer le bout de son nez dans peu de temps. « Tu as pu venir c’est déjà bien. Parce que je ne pense pas qu’on aurait pu venir te chercher jusqu’à ton université si tu n’avais pas pris le train. » Nina fronça le sourcils. « Oh ! C'était hors de question que je reste pendant quatre jours là-bas, notre coloc est insupportable parfois, tu verrais l'état de l'appartement.. » La jeune fille soupira. Austin avait beau être adorable, il était aussi un grand bordélique, et Nina et Katya se voyaient obligées de passer après lui, pour le ménage, le rangement, pour tout. Pas le genre de chose de quoi se préoccupait Nina habituellement, étant donné que sa mère s'est toujours occupée de ce genre de tâche à sa place. Mais la jeune fille ne voulait pas inquiéter son père. La colocation était un mode de vie assez spécial, auquel il fallait tout de même réussir à s'adapter, mais en soi ce n'était pas la catastrophe non plus. Et puis il y avait Katya, heureusement. « Non enfin je veux dire il n'aime pas ranger quoi. Du coup c'est moi qui me coltine le ménage, est-ce que tu imagines un peu ? » Nina imaginait que son père allait éclater de rire à sa remarque. Nina faire le ménage était une chose qui n'était sûrement jamais arrivée au numéro 27. « Tu aurais pu relire tes cours pour t’occuper.. » Nina haussa les sourcils. « Bien sûr et je vais nettoyer les vitres du wagon et servir à manger aux passagers aussi ! » Si elle venait à Magnolia, ce n'était sûrement pas pour travailler. Elle était déjà bien assez occupée à bosser ses cours à Philly.

Une fois dans la voiture, Nina prit automatiquement ses aises. Evidemment on ne perd pas les bonnes habitudes. Le son à fond la caisse et les jambes allongées sur le tableau de bord, elle était tranquille. Son père accepta sa position habituellement interdite cependant la musique le dérangea et il lui demanda de diminuer le volume émanant de la radio. « Oh, t'es qu'un rabat-joie papa ! J'espère que je serai pas comme toi à ton âge. » Nina regretta aussitôt la spontanéité de ses paroles et se rattrapa immédiatement comme elle le put. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire. « Ça va je rigole. Si j'ai aussi bien réussi ma vie que toi à 45 ans je crois que je peux mourir tranquille ! » C'est vrai, il avait un métier super, une famille unie et une bonne situation. Nina avait toujours un peu craint pour son avenir, lorsqu'elle était encore au lycée. Mais elle semblait désormais sur la bonne voie. « Tu as l’air fatiguée. Tu dors bien là bas ? Tu as tout ce qu’il te faut ? » Pourquoi s'inquiétait-il comme cela ? La jeune fille baissa le battant accroché au toit et se regarda dans le miroir. « J'ai des cernes à ce point ? Bah mince. » Cela l'embêtait un peu, elle n'avait pas envie que sa famille pense qu'elle faisait du surmenage ou dormait mal à Philly. Pour l'instant tout se passait globalement bien, elle avait peut-être juste un peu abusé des fêtes en ce début de semaine. « Oui tout va bien merci, ne t'inquiète pas s'il y avait un problème je t'en aurais parlé tout de suite ! » Puis son père lui demanda si elle avait prévu quoi que ce soit pour ce week-end. Dis donc il était bien curieux. Mais cela ne lui déplaisait pas qu'on s'intéresse à elle de cette façon. « Non, j'avais juste très envie de revenir à MC, puis c'était une des conditions tu sais bien. » répondit-elle accompagnant ses paroles d'un clin d'oeil. En effet, inquiète à l'idée que la petite dernière de la famille prenne son envol la première, Natalia avait posé la condition que Nina revienne régulièrement dans le quartier. « Rien en particulier, je pense voir Claire, Emily, Dean et les autres comme d'habitude. Pourquoi, tu voulais me faire une fête surprise samedi soir et tu voulais savoir si j'étais disponible ? »