Finalement nous partions donc. Heureusement, l'air ne fut qu'à deux minutes de portée. J'exultai d'être enfin dehors. Le tonnerre gronda au-dessus de nos têtes, Adrian prononça mon nom, je me retournais vers lui, je en devais plus lui tourner le dos. Je tendais ma main vers lui, lui disant:

"Prend ma main."

Passé la surprise, il obtempéra. Je regardais le lien qui nous reliais là face à face, deux hommes puissant. Chacun de nous deux pouvait détruire l'autre en une poignée de seconde. Pourtant, quand je tenais sa main comme ça, je ne ressentais que de la chaleur, de l'amitié, de l'amour. Comme si rien ne pourrait s'arrêter, se finir.
Je relevais les yeux, les encrant dans les siens, avant de reprendre avec sincérité:

"Tant que tu ne la lâches pas, jamais tu ne pourras voir mon dos."

D'accord c'était logique en quelque sortes mais mes mots sous-entendez tellement plus. C'était mon meilleur ami, je ne voulais pas avoir à lui cacher des choses. Pourtant, pourtant la réalité était tout autre. J'avais des secrets qui pouvaient me détruire. En plus de cela il détestait Jay, il n'y avait eu que du flirt finalement entre ce dernier et moi mais quand même, il le détestait. Je ne pouvais juste pas parler de lui aussi aisément qu'Adrian l'aurait voulu. Non ce n'était pas rien pour moi Adrian comptait pour moi son opinion aussi. Le fait qu'on en est une aussi divergente me blessait profondément.

Lentement je desserrais ma poigne, mettre fin au contact...

Ne plus me tourner le dos, c'était ce que je demandais à Holden. Et même si je savais qu'il ne le faisait pas exprès, je savais qu'il recommencerait. Je n'étais plus aussi confient avec Holden qu'avant, juste parce que je le connaissais trop et que je savais que cette histoire avec Jay allait tout chambouler dans notre relation. Je ne pouvais pas lui demander de faire une croix sur Black, car je suis sûr que Dirty disait la vérité, ils s'aiment. Je ne peux pas empêcher Holden de le voir, de l'aimer... alors je resterai discret, je ne m'opposerai pas à ça. Mais je sais très bien que j'aurai beaucoup de mal à voir Holden plus souvent si Jay Black est dans les parages.

Je soupirais donc. Il me demanda de lui prendre la main, mentionnant même que si je ne la lâche jamais, il ne me tournera jamais le dos. C'est vrai, mais qui de nous deux finirait par lâcher prise? Je me sentais mal, mal de lui avoir fait cette scène, mal qu'il ne se soit pas plus exprimé sur le sujet et qu'il ne m'ait pas expliqué. Mais je n'étais pas rancunier, surtout pas avec Holden. Je saisissais donc sa main, et me souvins alors qu'il y a peu on ne faisait presque plus qu'un. A chaque fois qu'Holden établissait un contact physique, j'avais l'impression d'être protégé, d'être fort, d'être rassuré. Mais cette fois-ci, ce contact me fit mal, comme si c'était peut être le dernier, comme si je vivais mes derniers instants de complicité avec mon meilleur ami. Alors tenir sa main n'était pas suffisant...

Je n'osais plus rien dire, par peur de gâcher ce précieux moment. Holden me regardait fixement, et je pouvais lire dans son regard la même inquiétude. Je ne voulais pas le rendre malheureux, je ne voulais pas qu'il passe à côté de quelque chose par ma faute. Je plongeais alors mon regard dans le sien, sans pouvoir m'en séparer. Je ne pouvais pas parler non plus, j'étais dans un piètre état.

Holden finit par lâcher ma main. Parcourais alors dans tout mon corps une montée d'adrénaline. Je m'approchais d'Holden, posais alors ma main sur sa joue, et continuais de le regarder dans le blanc des yeux, sans rien dire. Je soupirais. "Holdy..." et je baissais la tête. Enfin, après quelques secondes d'hésitation, je pris Holden dans mes bras, et serra fort mon ami. Dans le creux de son oreille, je glissais à voix basse "Je t'aime tête de chips... Holden, comptes sur moi.". Je ne le lâchais plus, et collé contre son corps, je pouvais sentir les battements de son coeur s'accélérer. Et contrairement à l'instant où il prenait ma main, je pouvais à présent me sentir protégé par mon ami, rien qu'en le serrant contre moi.

Et voilà, toujours ses mêmes conclusions qui revenaient à mon esprit. C'était dangereux. Trop dangereux. Voilà pourquoi on ne pouvait pas continuer ainsi. Je l'aimais, bordel je l'aimais comme un dingue. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans lui. Même si ces derniers temps je devais moi créer un contact, même si ça blessait ma fierté, je le voulais! Comment imaginé que je poursuive ma vie en laissant nos chemins se séparer?? Je pouvais pas, même si l'inéluctable semblait arriver de plus en plus vite. Oui, en mettant ma vie entre parenthèse, je pouvais préservé notre amitié, mais tel était le prix! M'abandonner pour le conserver. Que choisir? Mon corps commença à décider, ma main lâchant lentement la sienne. De toute façon, il ne devait pas tenir autant que ça à moi, sinon il chercherait plus souvent à entrer en contact avec moi. Le temps du premier pas était révolu, j'avais assez courut pour voir ma lassitude et ma fatigue s'installer. Ma main retomba dans le vide.

Un vide me rempli aussitôt, ma décision était donc prise. Je le sentis alors plus près. Sa main se posa sur ma joue, faisant monter une boule de chagrin dans ma gorge. Il soupirait mon prénom, j'allais craquer, déjà le paysage vacillait. Je sentis son front, puis ses bras m'entourèrent brusquement. Je restais les bras ballants, alors qu'il me soufflait qu'il m'aimait moi, sa "tête de chips", je pouvait compter sur lui. Je laisser échapper un rire bref, avant que les larmes ne roulent d'elles-mêmes. Doucement, je me raccrochais à lui, serrant plus fort. Avant de dire la voix brisée:

"Comment veux-tu que je compte sur quelqu'un. Si tu savais la vérité tu pourrais me briser à n'importe qu'elle occasion..."

Ma plus grande crainte. Mais je voulais tant pouvoir m'abandonner à ses bras protecteurs, me sentir épaulé, compris. Ne plus craindre chaque jour que le monde faisait, ne pas le perdre...

Faire les choses de travers, et se rendre finalement compte qu'on a été juste con. Con de réagir aux choses sans prendre le recul nécessaire, con de se comporter de la sorte alors qu'on vaut bien mieux que ça... Quand on se retrouve face à une situation qui nous déplaît, on monte tout de suite sur nos grands chevaux, on tiens des discours sévères, on cri, on boude, on pleur... et on fini par regretter _ regretter d'avoir prononcer des paroles impensables et blessantes.

Ne pas faire de mal à Holden, et ne laisser personne lui en faire, avait toujours été ma priorité, et ce soir, je transgressais les règles, je dépassais les limites, je bafouais mes principes. Par crainte? Par jalousie? Par mépris? Et si seulement j'avais eu peur de perdre Holden, si seulement j'avais imaginé une seconde être oublié? Si ce Jay Black devenait cet obstacles infranchissable entre nous deux, et si je devais tirer un trait sur mon ami? Quel ami je serais, moi? Qui me donnerait le droit d'être avec Holden la pire des enflures?

C'est lui, celui qui ne baisse jamais les bras, celui qui compte toujours pour deux, celui qui connait la suite de l'histoire, celui qui sait si bien l'écrire, celui qui veille, celui qui n'a jamais peur de prendre les devant... un repère. Holden est un repère, une force, le maillon fort de la chaîne. Faire du mal à Holden serait m’amputer volontairement d'un membre bien trop cher, depuis longtemps. Blesser Holden serait m'auto mutiler, jouer avec le feu, en sachant que j'en serais autant blesser. Alors non, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas risquer cela, car l'enjeux était bien trop important. C'était m'imaginer moi sans lui, c'était gâcher trop de chose pour des futilités.

Je serrais Holden contre moi, et je ne voulais que rien ne s'arrête. Je voulais qu'il me serre aussi fort que le jour où ma maman est morte. Je ne voulais que plus rien, ni un mot, ni un geste, ne nous sépare. Je sentais sa main agripper mon pullover avec force... Alors que je maintenait contre moi, essayant de le rassurer aussi fort que je le pouvais, j'entendis les sanglots étouffés de mon ami... Holden ne pleurait jamais. Gros dur que je suis ou que je tente de paraître, je ne pouvais cacher le mal que ça me faisait. Putain... Pas Holden, pas ma tête de chips. Mon comportement craignait autant que celui de Joey.

En lui disant qu'il pouvait compter sur moi, je voulais qu'il soit certain de la véracité de mes mots. Et lorsqu'il dit ne pouvoir faire confiance à personne, et que si je connaissais ses secrets, je pourrais en profiter pour le faire tomber. Je m'en voulais terriblement, de lui avoir prouvé par mes actes et mes paroles que je pouvais être quelqu'un de dangereux à ses yeux. Sans attendre, j'attrapais son visage entre mes mains, et plongeant mon regard triste dans le sien, je lui murmurais: " Holden Turner, tu ne m'a jamais tourné le dos, et j'espère que tu ne le feras jamais. Je sais tout ce que tu fais pour moi, je sais que je te dois tant, depuis des années. Je veux que tu puisses me faire suffisamment confiance pour ne pas avoir peur de mes réactions. Et je suis désolé, désolé d'avoir agit comme un connard et de t'avoir montrer ce soir que je ne pouvais pas être tolérant. J'ai été con... Je te demande pardon Holdy...", je soupirais, me mordais la lèvre inférieure... J'avais été avec Holden comme celui que je peux être avec Juliet, et je comprenais enfin le mal que je lui faisais à elle aussi. Je me remettais donc complètement en question ces temps ci, et je m'y perdais. Tout en passant mes pousses sur les joues de mon ami pour essuyer ses larmes, j'ajoutais "Dis moi tout, arrête de te taire... je n'ai pas le droit de te juger, je suis ton ami..."

Tout semblait changer. Les ténèbres profondes dans lesquelles j'avais relégué mes sentiments à son égard. Car oui, ils m'avaient blessé. Ne me laissant jamais de répits, comme un dépendant aux cracks. Je m'étais tourmentais sans cesse, ne voyant que l'énormité de ce que j'éprouvais pour lui, comparée au peu que je pensais être à ses yeux. J'avais déclaré forfait. Finalement, ne pas être aimé en retour est toujours le plus douloureux. Pire que de ne pas aimer.

J'avais lâché sa main, résolu, avant qu'il m'enferme contre lui. M'offrant son amour, et sa confiance. Il voulait que je sache que je pouvais compter sur lui, que rien n'avait plus d'importance que nous à cet instant, il m'aimait. J'éclatais en sanglots, ne pouvant contenir mes larmes de souffrances plus longtemps. Trop de trahison, de chantage, de mensonges. Il me fallait plus que mes épaules pour supporter tout ça. Je lui avouai alors ma crainte, que ce que j'avoue, ce que je lui avoue, se retourne contre moi. Ma mère m'avait appris que tout ça ne signifiai rien finalement, qu'au moindre désaccord, en affaire, ton meilleur ami devenait ton pire ennemi. Bien sûr j'avais mes craintes, si ça se savait... Je pourrais dire adieu à tout. Tout ce pour quoi j'avais vécu jusqu'à présent. Pas moyen alors.
Pourtant, alors qu'il me disait qu'il voyait tout ce que j'avais fait pour lui, tout ce que je lui avais donné sans compter, je sentis tout ça vaciller, j'avais sa reconnaissance, ma reconnaissance. Il voyait mes efforts, mes attentions, tout ça n'avais pas été du vent pour lui. Il s'excusait alors, me demandai pardon. Je l'observais, subjugué par ce revirement et mes émotions incontrôlables. Il pris mon visage entre ses mains, essuyant mes larmes puis m'assura, que jamais il ne me trahirait. Il n'avait pas cillé, à moi son ami, il n'avait pas hésité en me disant cela. Alors telle une bougie ballottée dans le vent, la flamme de ma crainte mourut d'un coup.

Il me regardait, je le regardais, ne bougeant pas. Pis mes lèvres s'ouvrirent pour souffler sans plus aucunes hésitations:

- Prenons une chambre dans l'hôtel le plus proche, je te dirai tout.

Nous restions encore là un instant en suspens, cette fois c'était claire, l'heure des révélations avait sonné.

*
Tête de chips,
Je t'écris depuis la France, je t'avais promis une lettre et un petit présent. Et je fais un effort, car tu sais bien qu'écrire des lettres c'est pas ma cam! Bon, alors ouais le petit cadeau c'est pas grand chose, c'est une petite tour Eiffel que j'ai acheté à un mec, enfin j'ai juste eu le temps de payer, le mec s'est barré en courant, et des flics lui couraient après. Sont un peu fous ses français! Bref, c'est juste un petit cadeau, je t'en ramène un gros quand je reviens, j'ai pas oublié que c'était ton anniversaire. J'ai pas oublié non plus que c'est l'anniversaire de la mort de ton père. Je sais que tu t'en fous un peu, t'façon tu l'aimais pas... enfin c'est ce que tu dis. Voilà, j'espère que tu vas bien, et que même si tu n'en parles jamais, tu dois savoir qu'on peut en discuter ensemble quand tu veux. On parle jamais de ma mère, mais parfois j'aimerais juste que tu me poses la même question, pour pouvoir vider mon sac. Ouais, parce que j'ai pas envie de m'engager tout seul dans cette discussion, je me dis que ça te ferait chier d'en parler.
Bref, je pense beaucoup à toi! Ah et j'ai croisé un type, genre 13 ans, comme nous... ben il fumait de la drogue je crois, ça m'a juste fait penser au discours de ta mère l'autre jour, genre la drogue c'est pas bien... Enfin voilà, il me tarde de revoir ta tronche de cake ! Je reviens le 22, tu viendras dormir à la maison!

A + mon frère !
Adrian.
*

Prenons une chambre d'hôtel oui, de toute façon on ne pouvait pas rentrer chez nous dans cet état là et surtout pas en voiture. J'hochais la tête, et le prenais par le coup. Nous marchions à petit pas, irréguliers, et je gardais Holden prêt de moi. Il ne fallait pas que je le lâche, pas maintenant.

Je me souvient de cette lettre depuis la France. Je n'avais jamais écrit de lettre à quelqu'un, c'était donc une grande première. J'avais toujours considéré que c'était un truc de fille, mais j'avais compris qu'on pouvait se dire bien des choses sur le papier, bien plus que de vive voix. Holden et moi ne nous étions jamais habituer à nous parler de nos problèmes, peut être parce qu'ensemble nous préférions profiter des bons moments plutôt que de ressasser les mauvaises pensées. Je regrettais, car je réalisais que même après tant d'années d'amitié, je ne connaissais pas suffisamment mon meilleur copain. Alors peut être faudrait-il se remettre à écrire pour se dire les choses, si nous arrivons moins facilement à communiquer aujourd'hui.

Tenant toujours mon petit Holden par l'épaule, je lui dis: "Je te lâche plus... promis.". Puis nous nous dirigions vers l'hôtel le plus proche. Il avait des révélations à me faire, et je n'avais plus peur de les entendre. Il était temps qu'il parle, et je n'allais pas l'en empécher. Et qu'importe ce qu'il dirait, un meilleur ami ne juge pas, un meilleur ami ne renie pas... et puisque je suis ce meilleur ami, je sais ce qu'il me reste à faire, désormais... l'aimer, le protéger, le défendre, et veiller sur lui, ma "tête de chips".

La suite me parut étrange. Nous entrions dans un hôtel, trempés, Adrian réservait une chambre. Je ne disais rien. Je ne voulais pas parler, pas tant que ce ne serait pas pour lui dire la vérité. Si je disais autre chose je risquais de ne plus être capable de le faire. Nous prenions l'ascenseur jusqu'au 21ème avant de nous engager dans le couloir, une minute et nous étions dans la chambre.

Il m'avait promit de ne plus le lâcher. Cependant je me dégageai, frigorifiai il fallait au moins que je me douche. Je pénétrai dans la salle de bain, ne prenant pas la peine de fermer la porte - c'était Adrian après tout - avant d'attraper un peignoir que j'accrochais dans la douche italienne, je me déshabillais rapidement balançant mes vêtement sur le muret -peut-être sécheraient-ils à cet endroit - je tournais alors rapidement les robinets, réglant le jet d'eau au maximum sur 43°. Je laissais l'eau ruisselait sur tout mon être retrouvant une certaine intériorité. Je restai là. Il me fallait me ressourcer. Je pensais à tout ce qui m'étais arrivé ces dernières années, ce que j'allais lui dire. Il s'en était passé des choses. Il avait déjà su, pour moi et Kennedy. Ce que j'avais fait, maintenant je le payé cher, même si je jubilai encore de la tête de Mark lorsqu'il l'avait appris. Enfin, ce que j'allais lui dire été lié. Tout été lié finalement. Je restai là, me demandant encore si je ne faisait pas une connerie à vouloir tout lui dire. Mais je ne pouvais plus reculer. Il fallait que je le fasse, il pourrait m'aider, et il pourrait aussi me détruire. Seulement il ne le voulait pas, alors je ne pouvais pas penser comme cette adulte prudent et calculateur. J'avais d'un coup envie de redevenir l'ado insouciant, celui qui n'avait cure des batailles de gloire et combat de coq à n'en plus finir. J'allais lui dire, j'allais lui dire, j'allais lui dire...

Nous arrivions dans cette grande chambre. J'avais la tête à l'envers, mal au niveau de la tempe droite. J'étais bien mal en point, et il fallait que je me pose. Je me dirigeais vers la fenêtre, l'ouvrait en grand.... j'avais chaud, et je ne voulais pas avoir à me sentir mal et tourner de l'oeil. J'observais un instant Holden se diriger vers la salle de bain pour prendre une douche, je soupirais. Plus un mot depuis que nous avions prit notre clé de chambre. J'espère qu'après cette bonne douche, nous pourrions parler et tirer les choses au clair.

Je me dirigeais vers le lit double. On s'en foutait de dormir ensemble ou séparément, de toutes façons, nous avions toujours dormis dans le même lit. Je n'étais donc pas gêné de devoir passer ma nuit dans les mêmes draps que mon meilleur ami. Je m'allongeais donc, et fixais le plafond. Puis je songeais... je pensais à Holden, à Jay. Je n'arrivais pas à les imaginer ensemble, mon meilleur ami et le gars que je déteste le plus au monde. Ce n'était pas croyable. J'avais sérieusement besoin d'y réfléchir une fois que j'aurais les idées claires. Le bruit de l'eau de la douche me berçait. Je fermais les yeux... jusqu'à m'assoupir.

Quelques minutes plus tard, Holden sorti de la douche. Il s'approcha de moi et me secoua. Je sursautais, puis posa mon regard sur lui. "Désolé, je me suis assoupi... Je vais peut être aller prendre une douche aussi...". Je me levais, me dirigeais vers la salle de bain. J'avais un mal de crâne monstre. Je me déshabillais, et me hissait sous la douche. Je laissais couler l'eau froide sur ma nuque, histoire de me rafraîchir un peu. Je sortais enfin quelques minutes plus tard, entourait ma taille d'une serviette et retournait dans la chambre, tout en me séchant le crâne avec un autre serviette. Je m'essayais enfin à côté d'Holden. "Alors c'est maintenant qu'on doit parler je crois...", j'esquissais un maigre sourire. J'étais fin prêts à écouter mon ami se confier.

Je refermais le robinet. Je l’avais assez fait attendre. J’étais prêt de toute façon, j’avais assez torturé mon esprit pour arriver à cette conclusion : je voulais prendre ce risque, pour moi, pour lui, pour nous. Je nouais une serviette autour de ma taille, inspectant rapidement mon reflet dans le miroir, avant de franchir la porte de la salle de bain. Je trouvais Adrian allongé sur le lit double, endormi, encore trempé, il allait prendre froid. J’allais vers lui pour le secouer légèrement :

- Adrian, ne reste pas comme ça, tu bas prendre froid. Tu ferais mieux de te changer…

Il avait sursauté avant de poser ses yeux sur moi. Je l’aidais à se redresser alors qu’il s’excusai avant d’envisager l’idée d’aller lui aussi se doucher. Bonne idée. Il se levait, se dirigeant à pas lents vers la salle de bain. J’entendis à nouveau le bruit de l’eau. Je me posais donc à mon tour sur lit, le corps chaud après une bonne douche. J’optai finalement pour me glisser sous les draps après avoir éteint le plafonnier, j’allumai la lampe de chevet du côté de Dri, avant de m’allonger comme il faut. Je fixai les ombres formées par la lumière tamisée, perdant peu à peu le fil de mes pensées. Je n’eus cependant pas à attendre aussi longtemps que mon meilleur ami car contrairement à moi il ne passait pas des heures sous le jet d’eau. Je le vis arriver dans la même tenue que moi avec une serviette en plus pour sécher ses cheveux – chose que je ne prenais pas la peine de faire vu la chaleur à laquelle j’exposai les miens – avant de venir s’asseoir près de moi, de son côté du lit. Et sans plus de manière, il supposa qu’il été l’heure de parler pour nous deux.

Je l’observai un instant. La bouche entrouverte, pas vraiment d’étonnement plutôt comme si je ne m’attendais pas à ce que ça démarre là maintenant. Je l’observais, lui et son sourire timide, attendant les révélations. Je reportais mes yeux sur les ombres avant d’entamer, la voix lente et monocorde :

- Ce que je vais te dire, je l’ai caché jusqu’à présent. Je n’ai pas pu faire autrement parce que si ça venait à ce savoir je serai fichu. Comprend bien que j’ai conscience que tu vas surement m’en vouloir pour t’avoir caché un truc aussi gros, mais je n’avais pas le choix… En fait, je…

Je lui disais tout, lui racontant exactement comme ça c’était passé, ce que j’avais ressenti les conneries qui en avaient découlé et pourquoi je ne savais plus quoi faire pour m’en sortir. J’avais parlé d’une traite, sans qu’il ne m’interrompe, à présent c’était à lui. C’était à lui de m’aider ou de m’achever.

Je retournais donc dans cette chambre, et découvrais mon meilleur ami déjà sous la couette. S'il pensait pouvoir éviter la conversation, il se mettait le doigt dans l'oeil. J'avais beau être fatigué, j'avais besoin d'entendre ses confessions avant de me sentir plus serein pour bien dormir! Je m'asseyais donc sur le lit, et contemplais sa petite bouille de gamin, ma tête de chips n'avait pas changé! Il me faisait toujours autant pensé à l'enfant qu'il était lorsque je l'ai connu! Je lui souriais, et l'invitais enfin à me confier ses petits secrets, ou les gros puisque visiblement, celui ci avait l'air de le contrarier fortement. Je me laissais tombé à côté de lui, me faufilais rapidement sous les draps. Je posais ma mains sur l'oreiller, et ma tête sur ma main. J'étais fin prêt à l'écouter. Puis il se lança, me dévoilant des choses que j'ignorais complètement. Je l'écoutais enchaîner sans jamais s'arrêter, j'avais l'impression de le redécouvrir sous un autre jour, et de me tromper lorsque je dis le connaitre par coeur.

Holden se confesse, déterminé à aller jusqu'au bout de ces aveux. Je ne l'interromps pas, bien au contraire, je l'écoute avec attention pour comprendre ce qu'il cloche, ce qui le rendait visiblement mal depuis un certain temps.

En entendant ses mots, j'ouvrais grand les yeux, surpris par ces révélations, ça m'en bouchait un sacré coin. Je ne savais pas comment considérer les choses, lui en vouloir de ne pas m'avoir révélé ce lourd secret bien avant, ou tout simplement être le meilleur ami tolérant que j'ai toujours essayé d'être avec lui. Je me perdais dans ses mots, le son de sa voix tinté de tristesse et de remords me touchait droit au coeur. Il finissait, me laissant à présent la parole. Je réfléchissais un instant, soupirais puis posa ma main sur son crâne encore tout humide.

"Tu aurais du me dire ça bien avant, tu savais que j'ai les moyens de t'aider Holden... surtout quand ça concerne ces choses là."

Ça y est, je lui avais tout raconté. Je ne pouvais pas me sentir plus misérable d'un coup. J'avais affreusement chaud. Comme transpirant après 3 heures de sport. Je sentais le sang pulser dans mes veines. J'avais le tournis. Je n'aurai rien du dire au final. Je me sentais affreusement mal à présent. Pourquoi? Ce ne devait pas être l'effet inverse? Le soulagement? J'avais tout dit.
Je sentis alors sa main se poser sur mon front. J'appuyai dessus avec les miennes, la faisant glisser sur mes yeux, je ne voulais pas le regarder en face après lui avoir tout dit. C'était insupportable, je me sentais comme une vraie merde. Incapable de régler moi-même mes problèmes, que lui le sache me rendait encore plus honteux.

Il me reprocha de ne pas le lui avoir dit plus tôt, car si quelqu'un pouvait bien me venir en aide, c'était lui. Je restais là, tenant sa main qui couvrait mes yeux. J'oubliais tout un instant, ne gardant que ce contact brûlant contre mon visage, et le bruit assourdissant de mon coeur affolé. C'était la première fois que je disais ma situation à voix haute, cela la rendait juste affreusement réelle. J'ouvrais alors la bouche et lui dis, la voix étonnement tremblante:

- Adrian, j'ai besoin que tu restes avec moi. Juste ce soir, je me sens mieux en sachant que tu es là...

J'avais besoin qu'il me réconforte, plus besoin de parler, juste de le sentir à mes côtés, de me cacher en moi l'espace d'une nuit, d'oublier qui j'étais et ce qu'il fallait que je fasse. Je le lui avais demandé, malgré ma grande fierté. Maintenant il pouvait me rire au nez, il n'avait peut être pas envie de me tenir la main toute la nuit pour que je dormes mieux. Quoi qu'il en soit, je ne me résolvais pas à lâcher la sienne...

C'est étrange cette relation que nous avons Holden et moi. A la fois ami, frère et presque amant. Amant parce que beaucoup de nos gestes sont tendresses, et nos échanges sont si forts qu'on pourrait parfois nous croire ensemble. Passer ma main sur son visage, c'était tout naturel pour moi, Holden était un peu mon mec, sans baisers ni rapports sexuels. Dire que je suis amoureux de lui est un peu fort, disons que je ne ressens pas les mêmes choses pour Holden que pour mes autres potes. Il y a pour lui quelque chose de plus, bien que je soi hétéro et bien dans mes baskets! Non, je ne saurais pas comment l'expliquer, ce mec est à moi, c'es tout.

Il venait de me confier un lourd secret, et d'abord déçu de n'avoir jamais été au courant, j'étais finalement très compréhensif et n'hésitais pas un instant avant de le réconforter. Je remarquais sa petite mine, je pouvais sentir les pulsations intenses du sang parcourant son corps lorsque je passais mes doigts sur ses tempes. Je m'approchais alors de lui, le serrant légèrement puis un peu plus fort pour le rassurer davantage. Et lorsqu'il me demanda de rester prêt de lui cette nuit, je hochais la tête pour lui confirmer ma présence. De toute façon, vue l'heure, et l'état dans lequel j'étais, je n'allais pas prendre la route pour rentrer. Nous étions confortablement installé dans le lit, prêts à nous endormir, ou discuter toute la nuit. Je me retirais légèrement pour lui répondre. "Je ne bouge pas mon pote, ne t'inquiètes pas."

Puis je le reserrais à nouveau contre moi, n'ayant qu'une envie, celle qu'il se sente mieux. Je passais ma main dans ses cheveux, silencieux. Je pensais à ce qu'il venait de me dire et me mordit la lèvre, puis soupirais. Je fermais ensuite mes yeux. Son souffle saccadé balayait ma peau. Si lui se sentirait peut être mieux grâce à ma présence, de mon côté j'étais de plus en plus rassuré sur la nature de notre amitié et espérais désormais qu'il n'y avait plus de non-dits, plus de mensonges, et plus de risque de perdre l'ami, le frère, l'amant... mon Holden. "Je ne bouge pas Holdy."

TERMINÉ