When it's time to tell the truth, you don't have the choice... anymore.

J'ai toujours aimé la pluie, les grands vents et le froid... les jours comme celui-ci, j'apprécie d'être confortablement installé dans mon siège, fumer une clope en regardant le déluge par la fenêtre. Bref, j'aime les jours de pluie. Mais aujourd'hui, je sais que c'est un nouveau jour... un jour chiant. Le fameux avocat de Los Angeles, un sacré coup arrangé par Joey, va débarquer et prendre possession de mes bureaux. L'idée me fait pâlir, mais je n'ai pas eu le choix. Joey était prêt à me virer de mes propres bureaux si je n'acceptais pas ce marché. Soit, faisons donc avec. Nous verrons bien qui est ce personnage, et s'il rebooste les affaires, alors ce n'est pas si mal. Je restais tout de même anxieux à l'idée de faire sa rencontre.

Je venais de me lever, Juliet était encore couchée bien confortablement dans nos draps. Je posais mon regard sur son doux minois, baillais, puis finissais pas filer sous la douche. j'avais pris soin de m'enfiler deux cafés avant de sauter dans ma voiture. Roulant à faible allure, je grinçais des dents. J'aurais voulu avoir en face de moi Joey, l'injurier, mais je n'en avait pas eu l'occasion. En effet, le paternel était parti chercher sa nouvelle recrue la veille à Los Angeles pour un aller/retour express. Forcément, son petit protégé avait besoin de bras pour déménager à Magnolia... Bref, j'arrivais bien vite au cabinet O'Conell.

Passant la porte d'entrée, j'avais affiché un grand sourire à Rebecca, notre assistante et secrétaire. "Bonjour Rebecca! Bonne semaine en perspective ! Laissez moi vous servir un café!". La jeune femme me répondit qu'Heath' était déjà là, et qu'il lui avait déjà déposé une tasse sur son bureau ! J'acquiesçais donc et filais dans le bureau d'Heathcliff. Finalement, j'étais très heureux de le voir ici, de le savoir parmi nous et non auprès de ces chiens de la côte Ouest. J'entrais alors dans son bureau, lançais "Salut p'tit con!" et allais me poster derrière lui. Je posais alors ma main sur son épaule et me penchais pour observer ce sur quoi il était en train de plancher. Je souriais, il avait l'air de bien se débrouiller. "Tu as bien avancé depuis vendredi! Si t'es aussi efficace on va finir par être très demandé!". Je soulignais son application et sa motivation. C'était important. J'aurais tant aimé que Joey me félicite pour mon travail au sein du cabinet lorsque je me suis lancé. Bref, encore un autre sujet.

Je regardais pas la fenêtre, guettant l'arrivée de notre nouvel associé, et soucieux, je me tournais une nouvelle fois vers Heathcliff et ajoutais: " Il ne va pas tarder à débarquer l'autre... J'espère qu'il est aussi doué que Joey le dit, sinon on est pas sorti d'affaire!". J'adressais un sourire à mon petit frère. Je décidais enfin de m'installer en face de lui, et de commencer à travailler dans son bureau en attendant que le nouveau arrive. Au moins, je n'attendrai pas seul.

Tout se passait tellement bien dans ma petite vie. Tout commençait à rentrer dans l'ordre. Ca allait beaucoup mieux avec Annie depuis l'histoire avec Jay. Ca s'était arrangé avec mon grand frère depuis que j'avais commencé le travail à ses côtés. Ca ne faisait qu'une petite semaine mais j'étais déjà concentré sur ce qu'il me donnait à faire, j'me donnais à fond. Je ne voulais pas qu'il soit décu, qu'il regrette ou quoi que ce soit. Alors je m'engage dans son cabinet et ça a l'air de faire plaisirs à Adrian. Il avait l'air content toute la semaine, de pouvoir travailler avec le plus beau des O'Conell sûrement. Le plaisir est partagé. Je ne regrette absolument pas d'être rester alors que Los Angeles m'ouvrait ses portes. Quel sacrifice pour mon frère ! Merde, faut que je me dépêche maintenant. J'ai trop tardé sous la douche, déjà que j'suis en retard. J'ai dormi chez Annie cette nuit, vu que personne n'était à la maison, on en a profité pour passer du temps ensemble, jouer au monopoly et pleins de choses intéressantes (a) J'me suis réveillé en retard et j'prends donc rapidement une douche pendant que la fausse blonde me prépare un petit déjeuner. Je lui ai pourtant demandé de se recoucher mais elle n'a pas voulu. Je sors de la douche en faisant attention à ne pas glisser et je file m'habiller. Une fois prêt, je prends le petit déjeuner avec Annie, j'lui donne un dernier baiser et je file au travail.

Je suis obligé de me précipiter, parce qu'aujourd'hui est un jour important. Le nouvel avocat de mon père vient passer son premier jour - et son dernier j'espère - dans le cabinet de mon frère. Dernier jour, parce qu'on risque de lui en faire voir de toutes les couleurs aujourd'hui et il repartira rapidement ! Je ne veux pas qu'il pose ses fesses dans ce cabinet, il n'a pas sa place. Mon frère et moi même ne voulons pas de lui alors j'vois pas pourquoi Joey se mêle de nos histoires en nous ramenant un avocat de la côte Ouest, qu'il reste chez lui ! Finalement j'arrive au cabinet à l'heure et j'suis même surpris de ne pas voir mon frère dans son bureau. Après une petite conversation avec la secrétaire de mon frère et un café, je m'installe dans mon bureau pour me reposer un petit peu. Je déteste me précipiter, j'ai l'impression d'oublier des trucs, de sauter des étapes et de passer une mauvaise journée après. Dix minutes après moi environ, mon frère se pointe avec toujours la même salutation. J'aime vraiment la relation qu'on entreprend mon frère et moi. C'est comme avant, parce qu'on se lance des piques, mais on sait se contrôler maintenant. Par exemple, avant, il m'arrivait de lui balancer pleins de trucs à la figure et lui me répondait de la même façon. Maintenant, on reste subtile, on fait ça indirectement mais toujours aussi méchamment. Je lui adresse seulement un sourire et j'ouvre ma boite mail. Il vient voir ce que je fais et a sûrement capté que je viens d'arriver aussi. Il me complimente sur ce que j'ai fait et j'suis plutôt fier de moi. "Avoue que j'assure Adrian. J'avoue, c'est quand même grâce à toi." Pour cette première semaine, j'ai simplement aidé mon frère avec ses dossiers, j'étais là quand il rencontrait des difficultés mais les crimes et tout c'qui va avec... Ce n'est pas trop pour moi. J'vais devoir petit à petit travailler dans ma spécialisation, une fois que les entreprises du coin et autres endroits sauront que j'peux gérer leurs problèmes depuis ce cabinet à Magnolia. "Il a intérêt ! A mon avis, il en a rien à foutre du cabinet, c'est juste un gosse de riche qui veut se changer les idées." Et bien sûr, il a trouvé le cabinet O'Conell pour se changer les idées. D'ailleurs en parlant de lui, je crois qu'il arrive. J'entends une voix masculine qui parle avec Rebecca. J'arrête de regarder ma boite mail pour attendre le fameux avocat de la côte Ouest. Let's have fun.

Mon père avait toujours été présent pour moi. Dans toutes mes nouvelles démarches, dans tous mes nouveaux projets. Je n’ai pas eu de mal pour réussir dans ma vie car j’y mettais du mien.

Je me souviens de mes premiers pas en tant qu’avocat. Ce fut compliqué, je me suis fait ma place petit à petit mais vraiment ça a pris son temps et pas pour me déplaire. J’ai un niveau plutôt correct et je me défends bien, enfin plutôt je défends bien mes affaires. Sans trop me vanter. En fait j’ai de la tchatche, le sourire qui va avec et le corps bien sur qui aide. J’aime user de mes charmes pour atteindre mes objectifs mais je reste bien sûr dans le juste. Disons que c’est bien pratique pour faire avouer une femme un crime. Cette femme qui aurait tué son mari pour l’argent et l’amour avide pour les jeunes. Oh oui cougars, vous vous êtes reconnues ? Bande de vilaine !

Je n’aime pas les cougars, c’est bizarre. J’idolâtre bien trop ma mère pour m’imaginer sortir avec une femme ayant son âge… Trop bizarre comme situation. Même fort dérangeant !

J’avais rendez-vous aujourd’hui. Un rendez-vous bien particulier puisque c’était pour être avocat. Oui c’est bien beau mais où ça ? Oh pas à Los Angeles ma ville natale mais bien du côté de chez mon père Joey. Oui vous avez bien compris Joey O’Conell à Magnolia, un quartier remué par des secrets, des crimes tout aussi vilains les uns que les autres. Ce qui me préoccupe c’est de rencontrer mes frères. DE QUOI DE COMMENT ???

Oui vous avez bien compris mes frères enfin mes demi petits frères. Oui je sais moi, j’ai des frères. Mon père ne me l’a pas caché et à ma mère non plus. Elle l’a acceptée, car elle était bien jeune quand elle m’a mis au monde, certains faits familiales du côté de ma mère ont fait qu’elle ne pouvait rester avec mon père. Elle a fait l’effort pour moi de l’accepter parmi nous afin qu’un homme soit présent pour m’apprendre les grandes lignes de la masculinité sans oublier son caractère. Damn … Bah il en a un sacrément complexe, mais c’est ce qui m’a forgé.

C’est un gobelet de café à la main que je me postais devant le cabinet avec une jolie plaque indiquant le joli nom d’O’Conell. Je posais ma main sur la porte et….

♣ ♣ ♣ Oui nous en étions rendus là. Pour se tenir en haleine sur la suite, je vais vous laisser au seuil de la porte pour quelques retours sur mon arrivée devant cette porte. Je m’étais préparé sérieusement pour soigner mon entrée. Vous croyez quoi ?! J’ai croisé des gens sur la route, certains craignent les O’Conell, certains les admirent et certains les trouvent bien trop tendus du string. Un sourire étira mes lèvres en un rictus moqueur et satisfait d’en apprendre plus sur « ma famille ». Cette rencontre va promettre bien des choses. Non pas que j’ai hâte de voir leur tête d’attardés devant l’annonciation de mon nom, mais juste de voir l’étendue de l’impact qu’aura cette révélation. Où ça nous mènera…

Bon assez duré, je poussais cette très jolie porte d’entrée qui reflétait bien la personnalité du personnage que j’allais rencontrer. Ouais la classe ! Un peu trop prétentieux bwarf ! La classe quand même. Oh mais tiens ! Qui m’adresses un bonjour aussi posé que radieux.

- Bonjour !

Dis-je à cette jeune femme, avec entrain et accompagné par mes soins d’un sourire ravageur. Elle me déballa son nom, se présenta puisqu’à l’avenir, nous serions à travailler ensemble également.

– Et bien enchanté Rebecca, moi c’est Joshua, j’ai rendez-vous avec ces messieurs, sont-ils disponibles ?

Je savais qu’ils déballaient bien des trucs à mon égard. Mais ils n’allaient pas osés dire trop de saletés quand je leur annoncerais que je suis de leur sang et que je suis l’aîné. Cela mérite d’être jouissif. Elle me répondit un peu d’un air béat un « oui, ils vous attendent »… Avais –je autant d’effets que ça ou j’avais forcé sur le sourire et le regard ?

- Et bien merci et à bientôt !

Je me dirigeai vers le bureau. Je restais droit, j’ai toujours gardé la tête haute. Et là ça n’allait être qu’une partie de plaisir. Oh yeah ! J’avançais donc pour rejoindre les deux frères. La porte était ouverte. Oooh trop choupinet il m’évite de frapper. ( xD ) Va savoir pourquoi ils fixèrent mon entrée … Pour savoir comment j’étais fringué ? Simple veste, une chemise et puis c’est tout. A bas les préjugés !! Je venais en avocat, je voulais faire bonne impression à mes frères en arrivant. Voyons ce que ça donne.

- Bonjour, Messieurs O’Conell je présume ?

Dis-je d’une voix formelle. Je leur adressais un sourire narquois. Ils devaient en ce moment bien me prendre pour un con. C’était le plus marrant, ce moment où ils sont en train de se foutre de ta gueule et que leur sourire moqueur s’efface quand tu leur annonces.

- Joshua O’Conell, pour vous servir !

Dis-je en imitant une pauvre révérence pour la connerie du moment. Puis en attendant leur réaction, je les fixais et bus une gorgée de café, puis enchaînais.

- Belle journée pour s’occuper des affaires non classées n’est-ce pas ?

Je leur adressais un sourire en coin et attendais une réaction de leur part. Bien que… Je savais que ça allait fuser, mais au fond je n’attendais que ça. Pourquoi ? Parce que ça allait fixer la base de nos futurs relations familiales… Eh oui !!

"Oui tu te démerdes bien pour un jeune avocat ! Mais ne prend pas la grosse tête trop vite, sinon on risque de te confondre avec Joey!", je riais puis allais donc m'assoir face à mon frère. Oui j'avais posé mes fesses sur la place de l'accusé ou de la victime, mais je n'étais pas là pour consulter mon frère. Non j'attendais le petit nouveau, avec appréhension, et j'espérais ne pas tomber sur un de ces cas de Los Angeles, ceux qui vous bouffent en trente seconde et vous envoi aux oubliettes. Une chose était certaine, ici c'était mon affaire, et personne ne me marcherait dessus, surtout pas lui. Je ne cèderai pas le cabinet, j'y tiens trop. Il est symbole de mon indépendance, ma fierté...

Lorsqu'Heathcliff annonça l'arrivé du nouvel avocat, mon coeur se mit à battre. Je tournais rapidement la tête en direction de la porte d'entrée et vit un homme, la vingtaine, grand et brun, plutôt canon (cool, on en gagnera des procès avec cette gueule), s'avancer vers nous. Je me levais, pour l'accueillir. J'avais juste envie de lui botter le cul, et de le renvoyer par colissimo jusque dans sa Californie. Mais au lieu de me comporter comme une gosse, j'allais être un jeune homme très poli, très courtois... euurk! "Bonjour, Messieurs O’Conell je présume ?" lança t'il. Je hochais la tête, lui serrais la main par politesse et me présentais. "Tout à fait... Adrian O'Conell... " et me tournant vers Heath', j'ajoutais "... Et mon frère Heathcliff." Il arborait un grand sourire, qui ne me plaisait pas du tout. Il était trop à l'aise, comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Il empoigna donc ma main avec force avant de serrer celle de Heathcliff. L'intru ne s'était pas encore présenté. Je me tournais alors vers lui, insistant du regard pour obtenir son nom... "Joshua O’Conell, pour vous servir !"... Quoi? Qu'est ce qu'il dit? Joshua O'Conell. Je le regardais, haussant un sourcil, et riait alors nerveusement. Encore une blague de Joey certainement !

"Très drôle! Joey t'a demandé de nous faire une petite blague!?", et en me retournant vers Heath' "L'humour de notre père ne vole pas haut!". J'étais habitué aux mauvais coups du paternel, combien de fois il nous a fait croire avoir vu le fantôme de notre mère, combien de fois il nous a dit que l'on n'aurait pas de cadeau à noël? Joey est un con, loin d'être quelqu'un de marrant, loin de faire rire... Joshua O'Conell... n'importe quoi. J'attrapais alors ma tasse de café, car nerveusement, je sentais que quelque chose n'était pas net. Je cherchais quoi, pendant que l'autre marionnette s'apprêtait à répondre.

Non il y avait quelque chose d'anormal, quelque chose qui me perturbait. Ce nom là, Joshua. Je l'avais déjà vu quelque part. Impossible de me souvenir où... soudainement je lâchais ma tasse de café, qui s'éclata au sol. Joshua O'Conell, la plaque que nous avions reçu quelque jour plus tôt... mais je pensais qu'ils s'étaient trompé. J'avais demandé une plaque pour Heathcliff... "Attend, Joshua O'Conell? Tu es vraiment sérieux?" dis-je avec stupeur. Il me semblait comprendre ce qu'il se passait, et j'espérais que ce que j'allais entendre était loin du mauvais film que j'étais en train de me faire... Je ne regardais pas Heath' à ce moment là, mais je devinais facilement sa réaction, certainement la même que la mienne. J'attendais alors qu'il réagisse, et que l'autre bouffon réagisse à son tours.

Me confondre avec Joey ? Non merci. Déjà que je trouve que mon caractère est le même que celui de mon père, à peu de chose près, je ne veux pas qu’on me confond avec. Je le déteste. Après une petite discussion avec mon frère, j’entends la voix du nouvel avocat qui allait prendre de la place dans le cabinet des O’Conell. J’comprends pas pourquoi mon frère nous fait un sale coup comme celui là. Seul les O’Conell peuvent travailler dans ce cabinet et ce nouveau type tout droit sorti de la côte Ouest n’a rien à faire chez nous. Il entre dans mon bureau avec son air hautain et son sourire narquois. C’est bon, je le déteste déjà. Je n’ai pas envie d’apprendre à le connaitre, ni envie qu’il reste dans NOTRE cabinet – sisi j’le considère comme le mien aussi maintenant 8D –. Je ne prends pas la peine de l’ouvrir, mon frère s’est occupé des présentations. Lorsque vient son tour de se présenter, il se nomme soit-disant « O’Conell » aussi. La bonne blague ! Quel con ce mec quand même, qui suit au doigt et à l’œil ce que Joey lui dit de faire. Mon père lui a demandé de faire une blague dans ce genre, et voilà que le petit coco exécute. Adrian pense à la même chose que moi, soit que c’est une blague de Joey. Tout ça me semblait trop bizarre. J’avais l’impression d’avoir loupé un épiode. Joshua O’Conell. Depuis quand il existait d’autres familles O’Conell dans le coin ? « Je ne savais pas qu’il y avait des O’Conell en Californie. » Ce n’est pas un nom de famille courant, comme Davies ou Brown, donc ça m’étonnait un peu de voir que, COMME PAR HASARD, le mec qui vient tout droit de l’autre côté du pays porte le même nom de famille que nous. Ca me fait légèrement rire. Ce mec avait le vice dans le sang, j’comprends pourquoi Joey nous parlait de lui qu’en bien. Qui se ressemble s’assemble.

Je regarde ce nouveau mec qui a l’air bien à l’aise avec nous et assez confiant. Pourtant, ce n’est pas le cas pour moi. Plus les secondes passent, et plus j’me pose des questions sur ce nouvel avocat. Je ne crois pas au hasard, moi. Je ne pense pas que ce soit un O’Conell juste par hasard. Il y a quelque chose derrière tout ça mais je ne sais pas. Adrian doit se poser les mêmes questions que moi, et attend aussi des explications de la part de Joshua. Qu’il prenne la parole, merde ! Déjà, d’où mon père le connaissait ? C’est vrai qu’il va souvent en voyage d’affaires, mais il ne nous parlait pas tellement de L.A, parce que ces déplacements étaient moins importants que ça, il allait plutôt à l’étranger, dans un autre pays, ou alors près de New York mais rare sont les fois où il nous a parlé de la Californie. Bon, ils veulent jouer comme ça, lui et mon père, alors on va jouer. « Pourquoi t’es là ? J’veux dire, il n’y a pas assez de cabinets en Californie ou t’es tombé amoureux de Magnolia ? »

J’étais bien chez les O’Conell. Bon point ! Je leur serrais la main avec vigueur. Je voulais m’imposer pour éviter de me laisser écraser par leur remarque, leurs attitudes de playboys et tout le reste qui va avec !
Leur tête, leur réaction étaient juste phénoménales. L’un, Heathcliff me toisait comme si je venais de la Haute ! Hors ce n’était qu’une simple fausse apparence que je voulais donner et encore je ne pensais pas avoir employé un air hautain. Mais bon selon notre père je suis l’aîné c’est peut-être le fait de me sentir le plus grand des trois que cela agit sur mes actions. J’étais plus sur de moi, j’avais plus d’assurance !!

Je leur adressais un sourire amusé face à leur réaction aussi prévisible qu’un conte de fées. Alors à la remarque d’Adrian sur les blagues foireuses du paternel, j’eus un rire simple, court et naturel.

- Désolé pour toi Adrian mais non il ne m’a pas demandé de faire cette blague. Cela n’en est pas une, de plus je viens l’annoncer par moi-même c’est un grand pas en avant ! Et une affaire familiale ouverte, n’est-ce pas excitant ?

Je regardais Heathcliff et lui dit également.

- Bah tu vois bien que si, la preuve je suis devant vous deux ! Vous voulez qu’on demande mon acte de naissance peut être ?

Leur dis-je avec un air blasé à leur égard. Bon c’est vrai, il faudrait que je reconsidère mes dires parce que contrairement à moi ils ne savaient pas qu’ils avaient un demi-frère caché par leur cher et tendre père apparemment. Vu les mots employés ils ne le portaient pas dans leur cœur. Je leur adressais un sourire calme et posé. Mon gobelet Starbucks en main je bus de nouveau une gorgée. Je fixais Adrian d’un regard qui en disait long sur la mauvaise blague imaginaire, il était en pleine réflexion et puis là splash une tasse de café qui tombe au sol woups. Je lui sortais cette bonne vieille petite vanne tout en approchant mes lèvres vers mon gobelet.

– Tu sais si tu veux éviter de faire la vaisselle, tu as des contenants plus adaptés !

Je lui montrai mon gobelet comme si je trinquai et bus ma dernière gorgée pour le jeter dans la poubelle juste à côté. Je répondis à sa remarque pour savoir si j’étais sérieux ou non.

- Bah bien sûr que je suis sérieux ! Joshua O’Conell ! Pas assez Californien peut être … aah ces préjugés

Dis-je pensif. Puis je me tournais vers Heathcliff pour lui répondre avec un calme implacable voir légèrement froid. Son ton m’irritait un peu. Enfin que dire, je n’y allais pas avec des pincettes non plus.

- La Californie tu en fais vite le tour et puis Magnolia … C’est comme cette réponse, remplis de mystères, de … Secrets…

Je repris avec tranquilité.

– Et puis la famille…

Une autre fois pensif et puis plus insistant.

- La famille, les gars ! ça motive, une famille dans ce petit quartier qui m’était inconnu avant que je fasse mes petites recherches à la suite des histoires de Joey. Des Meurtres, un site, des secrets révélés, cachés…

Je respirai un peu comme un soupir.

- Mais cela vous connaissez, vous y vivez à Magnolia.

Je leur souris, déterminé à faire mon petit intrus pour m’intégrer. Je pense qu’il fallait les persuader et bien les convaincre que j’avais le même sang qui coulait dans mes veines.

Un jour, ma mère m'a dit "Ne te laisse jamais berner, fais attention au monde qui t'entoure Adrian, ne te montre jamais faible... Car tu pourrais tout perdre, sans t'en rendre compte. Tu ne peux faire confiance à personne... tu ne dois jamais donner ton entière confiance à quelqu'un..." . Ma mère, cette femme si forte, si belle... Ma mère, celle qui savait nous consoler avec un baisé magique, celle qui se donnait tant de mal à nous élever, celle qui voyait en nous les futurs hommes de ce monde, de cette famille qu'elle aimait tant. Celle qui nous donnait le courage, celle qui nous faisait rêver. Celle qui nous rassurait, celle qui savait si bien parler à ses petits garçons. Celle qui nous apportait tous les jours le plus grand des amours, celle qui nous laissais vivre sans trop nous oppresser, mais sans trop nous abandonner tout de même. Celle qui nous avait été enlevé trop tôt, trop brutalement... Et ce départ oui, ce départ qui nous avait rendu mauvais. Ce départ qui avait fait de nous des jeunes hommes froids, névrosés, frustrés, et si mystérieux. Ma mère était la plus grande femme du monde, la plus belle personne. Je ne cesse jamais de penser à elle, car j'espère un jour devenir aussi humble qu'elle. J'espère la rendre fière...

Avoir entre mes mains le cabinet O'Conell, avoir enfin des responsabilités, vivre par mes propres moyens, c'était avant tout la motivation de montrer à ma mère que j'étais capable de passer outre tout ce que notre père nous avait fait subir. C'était ma manière de la rendre fière, le moyen d'être enfin l'homme qu'elle espérait que je devienne. Je m'étais tant investit dans le cabinet, essayant de le faire vivre, le faire évoluer, le faire grandir jusqu'à ce qu'il prenne de la valeur... J'étais fier de mon parcours, à seulement 25 ans. Bien sûr, j'avais fortement profité du pouvoir financier de mon père, sans en abuser. Il avait le titre de propriété, les locaux lui appartenaient.... très bien! Mais l'âme de ce cabinet, c'est à moi qu'elle revient. Il n'y a rien de plus fort, rien de plus précieux que l'âme. L'argent n'est rien, le matériel n'est pas suffisant. J'aime donc ce cabinet... suffisamment pour ne pas le laisser entre les mains de Joey ou de ce Joshua.

J'avais donc souhaité, en installant un bureau pour Heath', garder le cabinet au sein de la famille. Ce nouvelle avocat n'était pas un membre de la famille, du moins, c'est ce que j'espérais. Je n'osais pas m'imaginer une seconde cédé ce bien précieux à quelqu'un dont j'ignore tout.

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Il venait donc d'arriver, le grand Ken brun à sa Barbie, et ce sourire narquois sur ces lèvres, ce comportement prétentieux, m'agressait fortement. Qui était-il? Pourquoi se prétendait-il être un O'Conell, en était-il 'ailleurs vraiment un? Qui était cet étrange individu que Joey nous envoyait? Je venais d'attraper ma tasse de café, et sortais une cigarette de mon paquet. Je l'allumais, et écoutais ce cher Joshua me répondre. J'avalais une première tafe de ma cigarette, et laissant terminer mon interlocuteur, j'extrayais la fumer du fond de ma gorge.

Je remarquais l'attitude d'Heath', il était sur la défensive, comme prêt à attaquer le nouveau joujoux de notre père au moindre écart de conduite. Heath' était comme ça de nature, très impulsif, et parfois agressif sans le vouloir. De mon côté, je gardais mon calme. Je n'allais pas me démonter face à ce grossier personnage. C'est du moins ce qu'il m'inspirait pour me moment. Avec calme, je répondais enfin:

"Je vois Joshua. Quel dommage que Joey ne t'ai pas accompagné, je trouve ça impoli et déplacé de sa part. Je me permets de te tutoyer Joshua... puisque nous allons travailler ensemble."

Oui mais voilà, je cachais bien mon appréhension. Que ce cachait-il derrière ce nom O'Conell? Un cousin éloigné? Ou un usurpateur? Je restais méfiant, tout comme mon petit frère. L'homme nous proposa de consulter son acte de naissance pour justifier son identité. Je n'attendais que ça, trop curieux... je tentais de me rassurer, mais les idées fusaient dans ma tête. Et si Joshua était bien plus qu'un simple cousin éloigné? Je lâchais donc la tasse que je tenais entre mes mains, sans m'en rendre compte. L'individu ne manqua pas de faire une petite remarque sarcastique... étrangement, je reconnaissais dans ce comportement quelqu'un, quelqu'un qui m'étais très familier. Ces petites phrases sarcastiques, cette assurance reflétant presque un narcissisme exacerbé... on aurait dit... Joey... pire, on dirait presque que c'est moi. Tous les poils de mon corps s'hérissait, comme si j'avais enfin compris ce petit manège... je n'osais pas y croire. Mais d'apparence, je restais toujours aussi calme... comme intouchable. Il continuait son discours, entrant presque dans un monologue. Quels préjugés? Je n'avais pas de préjugés... des O'Conell en Californie, ça ne me choquait pas. Notre nom était d'origine écossaise, et nous étions américains, donc rien de très alarmant! Lorsque Heath' lui demanda ce qu'il venait faire ici, ce n'était pas sans une pointe d'agressivité. D'un regard furtif, j’incitais mon petit frère à se calmer un peu. Il débutait dans le monde du travail, et le connaissant, je savais qu'il faudrait qu'il apprenne à être plus malin que son adversaire, qu'il adopte un comportement plus soft pour ne pas révéler ses faiblesses. Heath' me lança un regard plein d'incompréhension. Pendant ce temps, l'autre poursuivait son discours. Magnolia, ses secrets... nous entrions donc plus en profondeur sur la nature de sa présence?

"Joshua O'Conell donc..." je faisais alors le tour du bureau d'Heath', écrasait ma clope dans le cendrier avant de l'avoir complètement terminée. J'expirais la dernière bouffée, avant de reprendre. Et puis la famille, il venait de prononcer ce mot... j'avais l'impression d'approcher de plus en plus d'une révélation, révélation qui m'angoissait. J'ajoutais alors "Joshua O'Conell... intéressant... mais pourrait-on en savoir un peu plus sur toi Joshua? J'aime apprendre à connaître d'avantage mes futurs associés..." Je m'avançais vers lui, attendant sa réponse. Je craignais de l'entendre, j'avais le lourd pré sentiment que j'allais apprendre quelque chose qui me déplairait. Lui se prétendait donc de la famille? J'ajoutais enfin "... c'est d'autant plus intéressant si nous faisons parti de la même famille... enfin selon tes dires!".

J'affichais un sourire narquois mais je cachais bien mon inquiétude. Allez parle grand con, qui es-tu? Que veux tu? Que viens-tu faire ici? J'espérais qu'il apporterait rapidement des réponses à ces questions. Face à si peu de réactivité, et l'impatience de l'entendre, je lui lançais alors: "Alors? Qui es-tu Joshua?"

Joshua O'Conell. Alors comme ça, il faisait partie de la famille. Je ne comprends pas comment mon frère peut rester aussi calme et sérieux avec lui. Comment arrive t-il à se contrôler ? Il lui demande, toujours sur un ton calme, qu'il parle de lui, d'où il vient et pourquoi il est ici. On ne le connait même pas : Joey ne nous a jamais parlé de lui, ni même mentionné son prénom et nom. Il ne nous a pas dit qu'il était aussi un O'Conell alors qu'il le savait. Puis, Joshua prend à son tour la parole en disant que Magnolia était un quartier rempli de secrets, de mystères. Il s'était bien renseigné avant d'arriver en tout cas. Ca doit lui faire bizarre de passer d'une grande ville à un petit bled comme Magnolia Cresent. J'écoute ensuite son monologue sur la famille : Plus il parle, plus je le déteste. Il a cet air que je ne supporte pas. Je ne dis rien, parce que mon frère m'a lancé un regard du genre "calme toi." Va falloir que je réfléchisse avant de parler, pour ne pas paraitre impulsif. Mais tellement de questions me viennent en tête. Je ne sais pas par quelle question commencer. Ce Joshua est trop mystérieux. Il a l'air de connaitre beaucoup de choses sur nous. Je regarde mon frère avant de prendre à mon tour la parole en tournant la tête vers le nouvel avocat. "Joey ne nous a jamais dit qu'on avait de la famille en Californie. T'es un cousin éloigné ?" Je ne vois que cette solution. Il ne peut pas être un oncle parce qu'il a notre âge à mon avis. Il ne peut pas être un neveu, et encore moins un frère.

Je me lève de ma chaise, pour le regarder de haut en bas. C'est plutôt un beau gosse, alors il fera un bon avocat. En espérant qu'il ne reste pas. Je me rassois sur mon bureau, en me demandant ce que mijotait mon père. Il avait toujours eu des idées folles, mais là, ça m'avait l'air encore plus fou que d'habitude. Emmener un soit-disant O'Conell à Magnolia, dans le cabinet de mon frère, faut le faire ! Normalement, je devais être à Los Angeles à l'heure qu'il est. Je n'aurais même pas su qu'un Joshua vient foutre la merde dans le cabinet d'Adrian. Heureusement que je suis resté. On sera plus rapide à deux pour foutre ce nouvel avocat dehors. Il n'a pas sa place ici alors qu'il se casse. J'explosais à l'intérieur, mais je parais calme parce que mon frère me le demande. Je ne connais aucun oncle ni aucune tante qui habitent à L.A. "Tu es le fils de qui ?" Demandais-je calmement, juste pour savoir. Mon père a peut-être des frères en Californie, donc Joshua est son neveu et notre cousin. Ou alors, ce mec veut nous ruiner en se faisant passer pour un membre de la famille alors que c'est un imposteur. Avait-il une carte d'identité à nous présenter, histoire de nous prouver qu'il est réellement un O'Conell ? Je reprends calmement. "Dis nous Joshua, qui est ton père ?"

J'avais donc insisté pour en savoir un peu plus sur Joshua. Ce mec ne me plaisait pas du tout. Ce personnage très sur de lui, bien trop d'ailleurs, ne m'amusait pas. Je ne me voyais pas collaborer avec lui, ni même l'avoir dans mes locaux. Il me tapait sur le système, et lorsqu'il jouait le garçon mystérieux, je n'avais envie que d'une chose, l'attraper, le plaquer contre la porte vitrée et lui faire manger sa cravate.

Mais je gardais mon calme, surtout dans ce genre de situation. Ce n'était pas comme lorsque j'étais face à Andrew, où là je pouvais vraiment exploser et perdre mon sang froid. Là, j'étais Adrian mais avant tout chef d'entreprise. Perdre mon calme face à cet individu ne ferait que l'inciter à profiter de mes faiblesses. Et vu son comportement, je savais qu'il fallait que la joue discret et que je sois plus malin que lui.

Je ne comprenais pas ce qu'il avait à nous annoncer. Il avait débarqué sur ses grands chevaux, se comportant comme si nous étions des "potes", et tenait un discours déplacé... j'imaginais que le nouveau se ferait relativement petit en arrivant ici, quelle surprise ! Mais je gardais en tête que j'étais maître de tout ici, et je restais persuadé d'une chose: je n'ai pas besoin de me faire prier quand je veux quelque chose. Si je veux voir ce minable quitter mes locaux, je peux me donner les moyens de réussir. N'oublions pas que je suis un O'Conell, avant tout.

Lui aussi donc? Bien... il ne semblait pas vouloir nous dire clairement qui il était. Avait-il peur? Je ne pense pas? Se jouait-il de nous? Très probablement. "De dramatiques révélations? Je te prierai d'être un peu plus clair dans ton discours Josh'! Il faut savoir te faire comprendre pour convaincre l'audience!" Je crois qu'à cet instant là, il me fallu beaucoup de patience pour ne pas m'énerver. Joey était bien dans le coup visiblement, du moins c'est ce que je comprenais petit à petit. Qu'avait-il encore fait, ce con? Comme si m'imposer la venue de son petit toutou n'était pas suffisant. Mais avec Joey, j'ai vite compris qu'il fallait se méfier en permanence. Justement, ma mère m'a toujours demandé de me méfier des gens, je ne savais pas à l'époque que j'aurai autant à douter de la sincérité des paroles et des actes de mon propre père.

J'avançais donc d'un pas décidé vers Josh, et lorsqu'il tendit ses papiers à Heath', je ne pris pas la peine de regarder. Je tournais la tête vers Heathcliff. Son visage se ferma d'un seul trait, comme si les papiers donnaient raison à l'individu face à nous. Il s'agissait bien du livret de famille de Joshua, et il devait bien mentionner le nom de ses parents. Je continuais à regarder Heath', je ne comprenais pas pourquoi il fermait subitement son poing. Mon coeur s'emballa bien vite, comme si Heathcliff allait m'annoncer une mauvaise nouvelle. Mon téléphone sonna alors, je venais de recevoir un message. Je le sortais du fond de ma poche, et jeta un oeil... "Papa". Je fronçais les sourcils. Le message disait *Adrian, rdv ce soir au Cresentcook à 20h, emmène Claire et Cliff. Vous devez avoir des questions auxquelles je dois pouvoir répondre. A ce soir.*... De quoi parlait-il? Forcément, des questions on s'en posait tous les deux... comme depuis toujours, mais Joey a toujours été trop con pour y répondre.

Puis je compris... la tronche qu'Heath' venait de faire, le fait qu'il ne parle plus... et ce message. Je me dirigeais rapidement vers Heathcliff, lui prenait des mains le livret de famille, balayait les quelques lignes sur le nom, prénom, et l'âge, et posa mon regard sur la mention "Fils/fille de...", et mon souffle se coupa durant quelques secondes. Aussi incroyable, aussi stupéfiant, et aussi terrifiant qu'il puisse être, Joshua était "Fils de Joey Ronald O'Conell..."

Un long silence parcourrait la pièce, puis Joshua repris de plus belle son monologue. Je refermais le livret de famille, posait ensuite mon regard dans celui de Cliff, et serrait la mâchoire. Dos à notre..."frère"? ... je me retournais vers lui, posais son livret sur la commode contre laquelle il était appuyé... sans un mot. Je ne pris même pas la peine de répondre à sa question, celle de savoir si nous partions souvent en voyage d'affaire... et compris enfin que Joey nous mentais tout ce temps. Voyages d'affaire mon cul ! Tromperie business surtout.

La personne de Joshua venait de tout détruire en une fraction de seconde... je serrais les poings. Joshua venait de taper fort, là où n'importe quel humain aurait mal. Il détruisait les souvenirs d'un père présent et aimant lorsque ma mère était encore vivante. Il renforçait l'image de connard que nous avions de cet homme... Joey O'Conell n'était même plus un père, c'était juste un parfait inconnu. J'étais sonné, complètement abattu par cette nouvelle. Mais je restais digne, gardais la tête haute.

C'est sans un mot que je rejoignais le siège sur lequel j'avais trouvé mon frère en entrant ce matin. Il fallait vraiment que je m'assois, j'étais devenu tout pâle. Je réalisais l'ampleur et les conséquences d'une telle tromperie.

(Flash back - Décembre 1992)
Joey - Tu seras bien sage avec ta maman Adrian, hein? Si maman me dit que tu as été sage, je te ramènerai un cadeau..."
(Fin du flash back)

"Garde le ton cadeau fils de chien..." murmurais-je.

Adrian posait des questions assez général pour que le fameux Joshua nous en dise un peu plus sur lui. Sauf qu'on n'obtenait pas les réponses que l'on voulait. Il restait mystérieux et inconnu à nos yeux. Ce mec cache quelque chose, c'est sûr. Il n'arrête pas de nous parler de Joey, en disant qu'il ne lui avait pas dit qu'il avait de la famille à Magnolia. Il continue ensuite à parler de lui-même, de ses diplôme, de son métier d'avocat - comme par hasard - et propose de nous donner toutes ses pièces d'identité. Je ne refuse pas, j'attends qu'il sorte tout ça de sa sacoche et me les tend. "Aussi oui, à moins que ce soit trop dangereux pour toi d'me le donner." Dis-je à propos du livret de famille. A ce moment là, mon frère reçoit un message et ça n'a pas l'air de lui faire plaisirs. Sûrement mon père, vu la tronche que tire Adrian. Je regarde les papiers de Joshua un par un, et je ne trouve pas grand chose d'intéressant. Il s'appelait bien Joshua O'Conell, c'était bien lui sur les photos, il y a une adresse de Los Angeles, donc il n'a pas menti jusqu'à maintenant. Je prends maintenant le livret de famille et je trouve dans les premières pages une photo de Joey. Qu'est ce qu'il fout là lui ? Décidément, il est partout ce mec. Il y avait aussi la photo d'une femme que je ne connaissais pas. Fils de Joey ? C'est impossible. Joey n'est jamais allé en Californie, sauf quand il est en voyage d'affaires... Joshua est donc notre frère ? Et depuis tout ce temps, l'autre con de Joey nous l'a caché. Je tombe de très haut là, jamais je n'aurais pensé qu'une chose pareille pouvait être caché, mon père a encore une fois foutu la merde dans la famille. Un nouvel O'Conell dans la famille, et pas n'importe lequel. Comment réagirait Clairou quand elle saura qu'elle a en réalité trois grands frères. Le pire dans tout ça, c'est que Joshua était le plus grand de tous. Enfin, il a l'âge d'Adrian. Ca veut dire que depuis 25 ans, Joey sait qu'il a un grand fils et ne nous en a jamais parlé.

Je regarde Joshua, qui avait cette fierté de nous montrer et de nous prouver qu'il était l'un des notres mais je ne parle pas. En fait, même si je voulais parler, aucun son ne sortirait de ma bouche, parce que je ne suis jamais tombé d'aussi haut. Lui prend la parole et se met à rire. Je ne prends pas la peine de lui répondre et je regarde Adrian qui se demande ce qu'il se passe. Il se précipite sur ce livret de famille que je tenais et comprend à son tour. Le regard rempli de haine et de dégoût, Adrian essaye de rester calme comme il le fait toujours et va s'asseoir à ma chaise. Un nouveau membre de la famille, ce qui voulait dire qu'il allait habiter avec nous ? Il oserait venir s'installer chez les O'Conell et manger à notre table ? Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi Joey décide enfin de faire venir Joshua dans ce quartier ? J'suis sûr qu'il y a un rapport avec le cabinet. Et si Josh' était là pour foutre la merde dans le cabinet d'Adrian ? Je pense que Joey n'a pas supporté que mon frère réussisse sans son aide, voilà pourquoi il décide de faire venir Joshua. "Joshua O'Conell... Le plus grand de la famille alors." Dis-je calmement. Il ne faut pas que je m'énerve, ça ne servira à rien. Par contre devant Joey, ça va être autre chose. S'il n'était pas mon père, je l'aurais déjà mis en sang mais je me retiens. "Maintenant que t'es ici, qu'est ce que tu comptes faire ?" Parce que d'accord, c'est notre frère et alors ? Il veut qu'on forme la belle et grande famille ? Non merci. "Joey est le pire des connards que j'ai jamais connu."

Devant cette grande baie vitrée, je ne souriais plus, je me mis à serrer des poings. Non par menace… Mais je me rendais compte que j’étais tout à fait injuste avec eux. Je donnais cette impression de venir foutre ma merde ici. Je faisais mon malin parce que j’avais un net avantage sur eux… Mais putain ! Je suis leur demi-frère légèrement ainé. Je soupirais longuement et montrais mon premier signe de faiblesse depuis le début de cette entrevue. Je ne devais pas me montrer ainsi. Mais on était tous dans une histoire qui s’approchait de ce côté culcul des Feux de L’amour… Non merci quoi !!

J’avais voulu me donner ce genre de fouteur de merde. Je me mis à m’enfermer dans ma tête et ne s pas vraiment gaffe aux actions, aux pulsions des deux jeunes hommes non loin. Je me mis à fixer l’extérieur du cabinet. Des gens vagabondaient, passaient, courraient. C’était une ville particulièrement animée. Ce qui ne me décevait pas. Ma vie avait été bien calme, ou avec certains remous. Mais je n’avais jamais eu trop à me plaindre de mon train-train quotidien, je ne me fiais qu’à ma mère et à moi. Et parfois à mon père, il me donnait un peu de son temps, en fait au début je le considérais comme celui qui a abandonné ma mère, puis celui qui est quand même présent, puis quand il m’a avoué qu’il avait une autre famille, j’étais dégouté de lui. Enfin, certains évènements de ma vie ont fait que j’étais bien content de le retrouver et qu’il me déterre de ma situation résultante du décès de ma mère. Cela m’avait tellement marqué que je ne voyais plus vraiment clair dans le chemin que je m’étais tracé. Ma mère avait été mon point de repère, celle qui voulait bien me rattraper à la petite cuillère après un évènement difficile.

Bref.

J’étais là. J’étais arrivé dans ce cabinet, avec derrière moi, deux mecs qui me détestaient et surement qui avaient leurs envies de meurtres. Je ne pouvais pas leur en vouloir. J’ai autant détesté d’avoir à partager un père alors que chacune des familles, à part ma mère, n’était pas au courant. Ma mère savait tout mais elle se taisait, elle avait refusé de vivre avec Joey pour certaines raisons familiales et même personnelles, je ne l’ai jamais véritablement et je n’ai jamais osé lui demander, pour ne jamais remettre son choix en question. Je me reconnectais à notre petit monde et perçus les réponses des frères O’Conell.

- Maintenant vous savez tout…

Leur dis-je d’un ton impartial. Je n’étais plus le mec qui était sûr de lui, complètement con et aux apparences fouteurs de merdes. Sachant qu’il était bien trop tard pour que je m’excuse et que j’avais une certaine fierté dans les situations embarrassante et tendue comme celle-ci, je posais un regard calme et posé vers les frères à présent côte à côte. Je me rendis compte que l’un rangeait son portable avec une mine dépité, l’autre serrait assez les dents pour se les casser. Hop et puis un qui serrait les poings. Bon la situation était clairement identifiable et menaçante. Je regardais le sofa non loin de moi. Adrian pâlit à mon aveu et s’asseyais sur un fauteuil.

Après un marmonnement d’Adrian, je m’asseyais sur une sorte de Sofa, je pris une pause sérieuse. Je savais que si je continuais à essayer de tâter l’atmosphère avec mes airs ridicules, cela ne le ferait pas bien longtemps, et je ne voulais pas repartir avec des ecchymoses partout sur le visage, ressortir du cabinet en boitant avec des tâches de sang sur ma chemise. Ils sont quand même deux faces à moi et pas forcément gringalets. Même si j’avais une imposante musculature, je ne prendrais pas le risque de me battre. Pour moi cela ne résoudrait pas du tout le conflit actuel, et n’effacerait aucunement les erreurs d’un père aux deux vies.

- Bon écoutez, ne me matraquez pas, car ce n’est pas de moi que vient cette infidélité. On est tous les trois dans cet engrenage familial. C’est la merde ok. Mais moi je n’y suis pour rien. Je suis juste venu parce que Joey m’a envoyé ici. Et oui cela fait de moi l’aîné et de peu

Et là je repris une certaine aise. Je les voyais bouillonner ce qui ne me donna pas d’autres choix que de revenir sur la défensive.

- Il m’a dit que je serais utile ici, et que mes talents seraient bons à utiliser dans le Cabinet d’Adrian. En réalité, je comptais rester.

Je me mis à les toiser, la pression montait sérieusement, et je me dis que si ces mecs avaient un flingue, ils iraient buter les erreurs commises et les auteurs en question.

Je n'avais jamais pensé à cette éventualité, celle de découvrir un jour l'existence d'un membre de ma famille proche. En l'occurrence, découvrir que j'avais un autre frère était juste quelque chose d'inimaginable. Depuis l'enfance, j'avais été habitué à être le grand, responsable de mes frères et soeurs, celui qui devaient les surveiller lorsque les parents étaient absents, bref, jouer son rôle d'aîné d'une fratrie. Je ne m'attendais donc pas à une telle révélation. Cette dernière me laissait complètement sur la touche, et mon cerveau s'était partiellement déconnecté, le temps de reprendre mes esprits et de réaliser ce qu'il se passait alors.

Je laissais mon regard vide de sens croisé celui de Heath', qui semblait attendre que je réagisse. Oui, comme si c'était à moi de dire quelque chose comme je l'avais toujours fait. C'était probablement sa manière de se sentir protéger par son grand frère, et je n'étais pas mécontent qu'il m'accorde autant de confiance, même après toutes les crasses que j'ai pu lui faire. Mais voilà, je ne savais quoi dire, je ne savais même pas comment réagir. Je préférais garder mon calme mais intérieurement, j'implosais. Je savais à ce moment là que je ne tarderais pas à craquer. Je commençais alors à me ronger les ongles tout en regardant la scène. Le "fils caché de Joey prenait ensuite la parole. "Maintenant vous savez tout"... mais c'était complètement faux. Nous ne savions rien. Pendant un instant, je me demandais même si Joshua n'était pas un escroc, s'il n'était pas en train de nous mener en bateau, mais toutes ces petites ressemblances et ce comportement.... ça ne pouvait être qu'un O'Conell.

Joshua adoptait alors un tout autre comportement, subitement. Je ne compris pas vraiment pourquoi, je m'attendais à ce qu'il nous achève complètement. Et lorsqu'il nous dit ne pas être fautif, n'avoir rien demandé, n'être que le fruit des mascarades de notre père, je me rangeais de son côté. Oui, lui n'avait rien demandé c'est vrai, il n'y est pour rien, mais pourtant il y a d'autres façons de se présenter à nous et nous annoncer une telle nouvelle! Et Joey aurait du le faire à sa place, s'il avait eu un minimum de bon sens... bizarrement ce comportement ne m'étonnait pas de lui. Je me relevais de ma chaise, ne pouvant vraiment rester en place. Je baissais la tête, me concentrant sur les dossiers en cours, qui d'ailleurs étaient ceux de mon frère, mais peu importe. Je ne pouvais continuer de regarder Joshua dans les yeux après cette annonce. Je ne voulais pas qu'il puisse remarquer sur mon visage que cette nouvelle venait de me donner un sacré coup, d'autant plus lorsqu'il souligna le fait qu'il devenait alors l'aîné de la famille, chose à laquelle je tenais particulièrement, et que ce nabot m'enlevait si facilement. Mais voilà, ne rien laisser paraitre, c'était la règle d'or du bon avocat. Je lui répondis tout en gardant le regard fixé sur le plancher du bureau.

"C'est vrai, tu n'y es pour rien...", j'haussais les épaules et repris aussi calmement: " Il est d'ailleurs regrettable que tu aies eu à croiser le chemin de Joey O'Conell, j'en suis désolé pour toi.". J'attrapais les dossiers disposés sur le bureau, et par nervosité, je décidais de les ranger à leur place, dans l'armoire juste derrière le bureau de mon frère. Je faisais ça machinalement, comme si je me sentais obliger de faire quelque chose pour ne pas perdre la face.

Joshua comptait rester? Le contraire m'aurait étonné! Je me tournais alors vers lui puis lançais: "Je n'avais nul doute sur ce point, d'ailleurs c'est bien pour ça que tu as quitté Los Angeles... c'est pour venir t'installer et accessoirement bosser ici... Et puis Joey ne nous laisse pas le choix. Je pense très sincèrement que je vais décliner sa proposition de dîner ensemble ce soir. J'en ai assez entendu pour aujourd'hui." je fermais le placard derrière moi, puis avançais au centre de la pièce. Je tapotais la joue de mon petit frère, comme pour lui dire "ne t'inquiètes pas" puis j'ajoutais enfin "Messieurs, veuillez m'excuser...", puis je sortais de la pièce pour rejoindre mon bureau.

Une fois dans mon bureau, je le traversais pour rejoindre le petit local où se trouvait ma machine à café et un petit frigo. C'était la seule pièce qui n'était pas équipé de parois vitrées. Je m'appuyais alors sur le rebord du radiateur, sortais une clope de mon paquet presque vide, l'allumais... et puis contre toute attente, je me surprenais à donner un grand coup de pied sur la porte du frigo, et finir ensuite par me mettre à pleurer comme un gosse. Je n'avais pas pleuré depuis des lustres, certainement depuis la mort de ma mère. Cette nouvelle m'arrachait le coeur, et me prenait aux tripes. Je ne pouvais définitivement plus rien contrôler de ma vie, je n'étais plus que contraint d'accepter ce cas de figure qui ne me plaisait pas du tout. Enfoiré de Joey.

Alors comme ça, j'ai un frère ? Un nouveau grand frère ? Déjà que j'avais du mal à supporter Adrian, j'vais devoir m'en taper un deuxième. Après avoir vu son livret de famille, j'ai l'impression que tout le monde autour de moi était faux, je remettais tout en question. Mon père est vraiment le pire des connards, comment peut-on cacher qu'il y a un autre O'Conell à l'autre bout du pays ? Il vivait caché jusqu'à maintenant mais ça ne l'empéchait pas de voir Joey. Bizarrement, Josh a l'air plus calme, moins arrogant et chiant. Il dit qu'il y ait pour rien et c'est la vérité. Tout ça vient de Joey et ses plans machiavéliques. Josh n'avait presque pas son mot à dire connaissant mon père. Au lieu de profiter de cette situation et faire le beau, le fier, il essaye tout simplement de nous faire comprendre que c'est la merde et qu'on est dans la même situation. Avant que je puisse dire quelque chose, Adrian lui explique qu'effectivement ce n'est pas de sa faute. Puis quitte la pièce. Je pense qu'il va se vider, qu'il va exploser ailleurs qu'ici. Tel un avocat, mon frère est très fort et arrive à se contrôler devant des personnes. J'aimerais être comme lui. Garder son calme devant des clients mais péter un plomb quand on est tout seul. Je n'y arrive jamais. Lorsqu'il s'en va, il y a un blanc total dans la pièce. Je ne sais pas quoi répondre à Josh et il n'a pas l'intention de rajouter quoi que ce soit. Il attend justement que je réagisse. "Je suis d'accord avec Adrian, ce n'est pas ta faute." Dis-je plus calmement. "Mais ne compte pas sur moi pour t'apprécier. Je reste méfiant, ce n'est pas contre toi, mais c'est comme ça." Je me lève de ma place et je vais m'asseoir sur mon siège avant de ressortir les dossiers que mon frère a rangé.

"Tu savais donc qu'on existait, Adrian et moi ? Depuis quand ? Et tu n'as jamais eu envie de nous rencontré plus tôt. Je veux dire, tu voulais pas venir faire ta vie ici, étudier ici, vivre à la maison ?" Je me posais beaucoup de questions et j'estime être un bon avocat alors je réagis tel quel. Je n'essaye pas de viser la perfection, mais mon modèle à moi est Adrian, un très grand avocat à mes yeux. "Je pense que Joey a préféré que tu vives caché. Qu'est ce que tu penses de lui ?" Dis-je pour savoir s'il était contre lui ou avec. Parce qu'il n'était pas tellement apprécié par ses enfants, je voulais savoir si c'était la même chose avec Josh. Si oui, ça nous faisait notre premier point commun. Je prends mon téléphone et j'envoie un message à mon frère. "Ne me laisse pas gérer la situation tout seul. C'est dans les moments pareils que j'ai besoin de toi." J'espère qu'il reviendra rapidement. J'ai su rester calme jusqu'à maintenant mais je ne sais combien de temps je tiendrai. Je n'arrive pas à être comme mon frère, j'ai beaucoup de mal à rester confiant et gérer la situation. Je relève la tête en direction de mon nouveau frère et je lui demande. "Ne me dis pas que tu comptes vivre à la maison." Je ne sais pas s'il réussirait à s'intégrer. Je ne sais même pas comment réagirait Clairou mais à mon avis, elle sera sous le choc.

Je regardais mes interlocuteurs, mes demis frères… Sous-pression et dépassé par les évènements, je me sentais soudainement mal à l’aise face à cette situation, mais je crois que je préférai le terrer bien au fond de moi pour ne rien laisser paraître. Je ne m’exprimais que très peu sur les sentiments qui nous humiliaient face à des gens influents et cassants. Ce qu’ils attendaient forcément, un signe de faiblesse et tout était foutu, tu te fais écraser comme un misérable cafard. Je fus quelque peu soulagé et surpris qu’Adrian m’accorde que ce n’était pas de ma faute, ce qui ne m’étonnait pas c’est qu’il parte s’extérioriser, je compris qu’on était similaire.

Je crois que nous avions tous obtenu cela par Joey. En fait je crois qu’il nous a tellement forgés pour que nous ne montrions aucun signe de faiblesse en public. « Ne jamais se laisser démonter et du moins ne jamais le montrer ». Je l’avais toujours détesté pour sa manière de diriger son monde. Et puis la fois où ma mère lui a demandé de partir. Et finalement j’avais compris pourquoi : il ne venait que très peu…
Stupide… C’est qu’il était marié et avait un enfant en route… Soit Adrian… Put***… Je fis le calcul dans ma tête. Il avait berné ma mère leur mère, leur famille… J’avais fait cette déduction quand Joey m’avait gentiment annoncé que j’avais des demi-frères et qu’ils étaient avocats. Et c’est à cet instant que j’avais commencé à le détester et surement dérivé un peu « comportementalement » parlant.

Mais il s’est rattrapé et m’a aidé à sortir de certaines mauvaises passes. Au décès de ma mère, j’ai perdus mes moyens et eu du mal à gérer ma vie comme à retrouver un repère stable. Et aucune question que je prenne mon père, notre père comme un modèle à ce moment de ma vie, même s’il avait été présent.

Présentement, j’avais de l’estime pour lui, mais j’avoue que j’avais des doutes. Je ne sais plus qui finalement suivre alors je regardai Heathcliff.

-Je ne cherche pas à ce que tu m’apprécies, je ne suis pas demandeur de quoi que ce soit.

Je passais ma main derrière la tête.

- Je connais votre existence depuis que ma mère est décédée soit à mes 20 ans, il est venu me l’annoncer et savoir si je voulais venir chez lui. Et à ce moment je voyais que ni lui ni moi n’étions prêt pour cela. Alors j’ai refusé, étant capable de me gérer seul et en autonomie.

Je repris

- Je suis venu ici pour débuter une nouvelle vie, ce fut un choix personnel au final, certes poussé par Joey mais sinon, je voulais changer d’endroit donc si on m’en donne l’opportunité, je la saisie.

Vinrent d’autres questions.

- Il a préféré me garder cacher, je pense qu’on cache souvent les erreurs que nous avons faites dans le passé… Joey a assumé son erreur, son infidélité, il a donc été très présent pour moi, durant la majorité de mon enfance. Je suis reconnaissant envers lui pour ces choses-là. Et aujourd’hui en voyant votre aversion pour lui, je peux me douter que la reconnaissance est loin d’être la même pour nous tous… Et je peux bien le comprendre… Quand j’ai su que j’avais des demi-frères et sœur, Claire c’est cela ? J’avoue que cela m’a dérangé. Je ne comprenais plus vraiment ma vie ni comment déterminer la vôtre. C’est pour ça qu’à 20 ans je ne voulais pas venir ici.

Je répondis à son autre question, soudainement agacé.

- Ecoutes sur ce point d’habiter chez vous, je n’en sais trop rien… Et puis pourquoi cet interrogatoire, j’ai clairement l’impression d’être jugé et que je vais être condamné au reniement total !

Je le regardai fixement, soudainement fatigué je passais mes mains sur mon visage et frottais mes tempes. Je me mis à soupirer.

- Dans quel merdier sommes-nous ?

Je me mis à sourire ironiquement. On était bien dans la merde et finalement une question me venait à l’esprit.

Est-ce que Joey avait fait ça pour vraiment briser la glace avec sa famille ou tout simplement faire exploser la famille et la briser… ? J’eus soudainement beaucoup de doute sur la raison réelle de ma venue ici.

Laisser mon frère gérer les choses, pour me retirer et chialer comme une vielle merde, c'était lâche de ma part. Mais je n'avais pas pu résisté. Je n'avais pas pleuré depuis longtemps, trop longtemps, et c'était étrange de sentir des larmes couler sur mes joues. Ce n'était pas dans mon caractère, mais je crois que cette annonce m'avait complètement largué... Je fumais ma clope avec rapidité, j'étais stessé, furieux, et ne savais réellement pas comment considérer les choses. Je ne tardais pas trop à jeter mon mégot par la fenêtre, la refermer par la même occasion, sécher mes larmes et essayer de faire le vide. Je recevais un sms de mon frère, qui me demandait de ne pas le laisser seul face à notre soit disant "frère". Il avait raison, ce n'était pas le moment de craquer, même si je n'avais pas pu m'en empêcher. Je me passais un coup d'eau sur le visage, respirais un grand coup, et retraversais mon bureau pour finalement retourner vers mon petit frère. J'arrivais pile au moment où Joshua se lançait dans les explications. Enfin, il avait du commencer en mon absence, je tentais alors de reprendre le train en route.

Je réapparaissais donc, entrant dans la pièce avec discrétion. Je refermais la porte derrière moi, et m'appuyais contre celle-ci. Je jetais un regard à mon frère, lui faisant signe de la tête pour lui faire comprendre que je n'allais plus le laisser seul dans cette situation. Joshua disait être venu ici pour changer de vie. Tu m'étonnes, ta vie change du tout au tout mon garçon! Joey a assumé son infidélité? Entendre ça m'exaspérait. Il n'assumait rien, pas envers nous en tout cas. Et surtout pas envers ma mère. Je suis sur qu'elle ignorait tout, et j'étais même rassuré de la savoir désormais hors de l'emprise de Joey. Tu as raison Joshua, il n'y pas de reconnaissance à avoir envers Joey, non nous n'en avons pas. Cet homme s'est moqué de nous, c'est notre père merde. Joey aurait du être honnête, assumer. Joey aurait du se comporter en homme, prendre ses couilles et assumer ses putains de conneries. Selon les déclarations de Joshua, je comprenais que le plan était organisé depuis longtemps. Depuis 5 ans, Joey attendait la venue de son fils illégitime? Comment ne pas se sentir encore plus trahis en sachant cela? Comme faire confiance à un homme que l'on pensait connaitre et qui nous est désormais plus qu'inconnu? Joshua s'étonnait enfin d'être jugé, forcément, débarquer de la sorte dans mes bureaux, se présenter ainsi ne pouvait qu'attiser notre colère et susciter de nombreuses interrogation. Je perdais vite mon sang froid, en entendant ses paroles. Le calme dont j'avais jusque là fait preuve s'en était allé, laissant place à la colère et le mépris. Pas contre Joshua, mais contre notre géniteur.

"Il n'a rien assumé Joshua, rien... ce connard nous a caché ton existence pendant toutes ses années. Tu penses qu'il assume quelque chose? Quelles conneries. Heureusement que ma mère n'est plus là, heureusement...", je m'approchais du bureau de mon frère, marquant un silence, et frappais un grand coup du poing contre le bureau. "C'est pas possible, il nous mettra toujours dans la merde ce fils de chien... Pourquoi? Pourquoi il nous a jamais dit qu'il avait un autre fils? C'était si difficile à avouer? C'est plus facile maintenant, 25 ans après?"... et m'approchant de Joshua "Un conseil Joshua, ne lui fait pas confiance. Tu ne sais pas de quoi il est capable. Ce mec est le diable incarné, s'il peut te pourrir, il n'hésitera pas. S'il doit t'en faire baver, il le fera. Il n'a aucun scrupule, aucun bon sens, il n'a même pas de coeur.... et juste un conseil, ne t'amuses pas à le défendre en ma présence, il n'y a rien de tel qui puisse autant me faire péter une pile...". A ce moment là, Heathcliff devait certainement se souvenir de la soirée que nous avions passé tous les trois avec Claire, et où elle avait eu le malheur de nous reprocher nos jérémiades lorsque nous parlions de Joey. Je n'avais pas été tendre, et après la découverte de Josh', ça n'allait pas s'arranger. "Ce n'est pas de ta faute, on est d'accord, tu n'y es pour rien. Regarde nous, tu penses qu'on a voulu être les fils de Joey? Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré ne jamais connaitre ce pauvre type... Mais Josh' merde, tu débarques comme ça... et tu... tu nous annonce ça... c'est juste inapproprié. Comment veux-tu que nous ne te jugions pas? ...". Je tentais désespérément de reprendre mon calme... La situation était bien trop pesante pour rester serein. Je m'en voulais fortement d'avoir perdu mon sang froid, je venais de montrer à ce nouvel O'Conell que je pouvais être faible. J'osais espérer qu'il n'était pas tout à fait comme son père, et qu'il n'en profiterait pas pour me détruire, moi et tout ce que j'ai réussi à obtenir jusque là. Je me tournais vers Heath', ne sachant plus quoi dire et préférant me taire pour de bon.

Oui, j'avais peut-être abusé sur le coup avec mes questions mais ce n'est pas de ma faute. Il faut que je sache d'où vient ce type, ce qu'il fait ici et ce qu'il veut. Je ne le considère pas comme mon frère, même s'il dit l'être. C'est encore un parfait inconnu pour ma part et je ne compte pas faciliter son intégration à la maison. Déjà que Joey ne m'apprécie pas, qu'il me considère comme un bon à rien, qu'est ce qu'il pensera de moi maintenant que ses deux MEILLEURS fils sont à la maison ? Et dans une même maison cette fois. Il a toujours préféré Adrian et s'il a fait en sorte que Josh vienne à Magnolia, c'est qu'il l'aime beaucoup aussi. Et moi, je deviens quoi ? De la merde à ses yeux. Déjà que j'avais du mal à être délaissé, qu'est ce que je vais faire maintenant que j'ai deux grands frères. Une chose est sûre, c'est que Joey va regretter un jour ou l'autre. Quand je pense à tout ça, cette situation, cette deuxième famille en Californie, ce fils sorti de nulle part, j'ai presque des envies de meurtres. Et Eliza dans tout ça ? Je suis sûr qu'elle est parfaitement au courant de la situation, sans aucun doute. J'espère juste qu'elle au moins ne me délaissera pas, bien que je ne sois pas tout le temps proche d'elle. J'écoute Joshua qui répondait sans s'énerver à mes questions, une à une. Sa mère était décédée comme la notre et c'est à ce moment-là, pour ne pas qu'il reste seul sûrement, que Joey lui a proposé de s'installer dans ce quartier. Il voulait débuter une nouvelle vie. Tu parles ! Là, il est servi.

Adrian nous rejoint à nouveau, j'espère qu'il va mieux que tout à l'heure. Il ne laisse rien paraitre mais rien qu'à son regard, je comprend que nous allions avoir une discussion tout à l'heure, rien que les deux. Il était mal intérieurement. Ce n'est pas facile d'apprendre qu'on a un nouveau frère, sorti de nulle part. Josh reprend la parole en parlant de son père - qui est le nôtre aussi. Dit comme ça c'est bizarre - et j'comprends bien qu'il l'apprécie. Il lui est reconnaissant. S'il savait à quel point Joey est un connard, il ne parlerait plus de cette façon. Quand il m'annonce ensuite qu'il ne savait pas s'il allait habiter chez nous, je tombe de haut. Cela voulait dire OUI, sans aucun doute. Joey avait déjà prévu tout ça et a pris la décision seule d'emmener un inconnu dans notre maison. Je n'aime ni Joey, ni Josh. Qu'ils se cassent tous les deux de la maison. Et Eliza aussi en passant. Je crois bien que pour le moment, je vais quitter le foyer et m'installer chez les Evans. Je me sens plus chez moi là-bas que dans ma propre maison. Adrian expliquait certains points à Josh. Je le respecte ce mec ! Je ne sais pas comment il fait pour être aussi calme et ne pas s'énerver sur Josh au lieu de lui expliquer quel merde était notre père. Adrian est vraiment mon modèle. Je ne rajoute rien à ce que mon frère a dit, j'attends juste les réponses de Joshua et j'espère qu'il fera un faux pas pour que je le fasse tomber. Avec ou sans l'aide d'Adrian. Et si dans cette histoire, le seul méchant était Joey ?

Je fixais Heathcliff. Il me détestait, son père, notre père et moi. Que pourrais je dire face à leur jugement? Ils avaient le leur, j'avais le mien. Mais face à ces deux frères, à mes deux frères si influent, si déterminés, je savais que j'allais en baver. Être le frère aîné, c'est de la belle merde. Et alors... Je savais pourquoi... Pourquoi je ne m'étais pas pointé 5 ans auparavant. C'était pour éviter ce genre de situation là... Mais le pire c'est que c'était moi qui avait fait cela....

Adrian revint de son escapade émotionnelle et je me mis à l'écouter attentivement, pas parce que j'en avais envie, mais parce que je ne savais plus vraiment qui croire. Je cachais bien ce que je faisais et mes sentiments avec. Il se mit à s'énerver, brandir du point dans tous les sens, taper contre le bureau. Si je m'étais bouché les oreilles on aurait pu penser à un film muet fort comique. Mais je l'écoutais.

J'écoutais son discours digne d'un orateur. Je voyais sa crainte. Cette crainte que je sois ici pour tout lui prendre parce que j'étais le frère ainé. Même si Joey me l'avait demandé je n'aurais jamais osé... J'ai travaillé dur pour arriver dans ce métier, alors Adrian pour en arriver à gérer son propre Cabinet, je n'ose pas m'imaginer jusqu'où il a du aller.
Pourquoi voudrais-je tout lui prendre? Tout lui voler ? A quoi cela me servirait-il ? je n'obtiendrais rien, ce serait Joey qui serait pleinement satisfait. En quoi détruire le succès d'Adrian me ferait il avancer ici ?

J'étais là pour certaines raison, les miennes... Joey était juste venu me proposer un échappatoire pour pouvoir changer d'air, changer de vie... Je me levais et remis ma veste en place.

- Parce que tu crois que Joey ne m'aurait pas introduis plus violemment ?

Je les regardais.

- Si je n'étais pas venu ici, il vous aurait dégouté de votre diner de famille, si famille il y a encore. Il m'aurait invité et vous aurait déballé publiquement mon identité.

Je savais où j'allais, mais je ne savais pas comment ça allait se terminer. Mais je me sentais pas très bien.

- Je ne suis pas aller avec des pincettes, mais comment tu veux que je vous annonce ça ? Je ne sais pas comment faire, ça ne m'est jamais arrivé. J'ai mis 5 ans à me décider de venir et croyez moi je n'ai pas préparer de discours pour vous déballer crescendo qui je suis.

Je marchais vers la porte. Je me retournais.

- Et pour ce qui est de ce que je pense de Joey...

J'ouvrais la porte.

- Avoir une double famille c'est comme avoir une double identité, on ne gère pas les choses de la même manière.

Je regardais ma montre puis mes frères et ma famille à présent...

- Sur ce je vous souhaite une bonne journée, j'ai des affaires à régler pour mon arrivée en ville. A bientôt

Sur ces mots, je m'en allais, passant la porte du bureau, je marchais d'un pas confiant jusqu'à l'accueil puis saluais la secrétaire d'un air ravie malgré la tête qu'elle tirait. Elle avait du entendre toutes les crises... Je la rassurais puis m'en allais pour de bon... Enfin pour aujourd'hui...