Du soleil, enfin ! Après de longs mois d'hiver, l'astre de feu pointait le bout de son nez. Il parvenait enfin à étendre ses rayons par delà les nuages et à réchauffer la couche terrestre, pour le plus grand bonheur de Lucy. Ce matin là, quelle joie n'avait elle pas éprouvé en ouvrant les volets de sa chambre et en voyant ce grand ciel bleu parsemé de petits nuages cotonneux, au milieu duquel trônait un grand soleil ! Elle avait donc profité de cette belle journée pour se débarrasser en vitesse des tâches ménagères et pour aller en ville. Après un petit tour à la bibliothèque, son refuge, elle se mit en tête de marcher un peu dans les rues calmes du centre ville. Elle avait du temps devant elle et c'était une journée ensoleillée dont il fallait profiter !
Au détour d'une rue, une mélodie vint aux oreilles de la brune. Intriguée, elle se dirigea vers la source du bruit. C'est avec joie et excitation qu'elle reconnut un marchand de glace ambulant. Il s'agissait du même camion que dans ses souvenirs ! Blanc, avec des devantures roses. Un immense sourire illumina son visage et elle s'en approcha. Sans hésiter, elle commanda un pot de glace Ben & Jerry's au brownie et alla s'asseoir quelques mètres plus loin sur un banc, au soleil. La glace fondait sur sa langue, c'était délicieux !
Bientôt, une demoiselle blonde, plus âgée que Lucy semblait il, vint elle aussi acheter une glace. Lucy put voir l'allégresse sur son visage. Il en fallait peu pour rendre le sourire aux gourmandes ! Un rayon de soleil et une glace, surtout s'il s'agissait de la première de l'année. Peu après, la dame vint s'asseoir à côté de Lucy sur le banc. Cette dernière se permit de la dévisager: elle était certaine de l'avoir déjà vue quelque part... à la bibliothèque ! Oui voilà où elle l'avait vue !

"I got a pocket, got a pocket full of sunshine ! I got a love that knows that it's all mine ! Oh Oh Oh !" Chantonna une jolie blondinette en secouant la tête au rythme de la musique, comme une adolescente, sur les trottoirs pleins de monde venant profiter du soleil. Jennifer passa devant la bibliothèque et hésita un instant en ralentissant, pensant à s'y arrêter, mais finit par re-accélérer le pas en entendant une jolie petite musique qui lui était bien familière. Le marchand de glace ! C'était exactement le même que chaque été, blanc et rose sur le devant. Après chaque hiver froid, blanc et glacial, lorsque le soleil sortait enfin de sa cachette derrière les nuages, Jennifer venait toujours y acheter une glace au citron qu'elle dégustait sur un banc avec un petit roman. Ce premier jour de beau temps là, dans le sac de l'amatrice de glace se trouvait le tome deux du roman de Tahereh Maffi nommé "Insaissisable", une trilogie qu'elle dévorait tellement elle est était fan. Certain le qualifierait de "roman pour adolescente pré-pubère", mais qu'importe ce que pensait les autres, Jennifer l'aimait et il n'y avait pas à discuter là-dessus.

Enfin bref, s'approchant du joli camion musical, la blonde salua le vendeur qui lui sourit en la reconnaissant et lui servit sa glace au citron habituel sans même attendre qu'elle passe sa commande, étant donné qu'elle commandait toujours la même chose. Un sourire illumina son visage lorsqu'elle constata à qu'elle point elle pouvait se montrer prévisible, puis après avoir promis au vendeur de commander un parfum différent la prochaine fois, elle lui tendit quelques piécettes afin de payer sa glace puis s'assit sur un banc au côté d'une jeune brunette avec une Ben & Jerry's au brownie. En la regardant discrètement du coin de l’œil ladite brune, Jennifer se rendit compte que son visage lui était familier. Elle réfléchit un moment et se souvint : c'était une autre adepte de la bibliothèque, comme elle ! Arborant son plus beau sourire, la blondinette prit la décision de l'aborder : "Salut ! Je suis désolé de te déranger mais je voulais savoir, je ne t'aurais pas croiser à la bibliothèque par hasard ?"

Les intuitions de la brune avaient été justes: la dame assise à côté d'elle venait de lui demander si elles ne s'étaient pas déjà croisées auparavant à la bibliothèque. Lucy resta silencieuse quelques secondes, le temps sue fonde sur sa langue la glace qu'elle venait de mettre dans sa bouche.

Oui c'est possible ! répondit-elle en hochant la tête. J'y suis assez souvent, et il me semble v... t'y avoir déjà vue aussi.

Luc, instinctivement, avait voulu la vouvoyer puisqu'elle ne la connaissait pas, mais la blonde venait de la tutoyer. Par ailleurs, elle devait avoir trente ans tout au plus, et tout le monde sait que l'on se sent vieux d'un coup lorsque quelqu'un de plus jeune nous vouvoie. Lucy lui sourit, agréablement surprise que cette femme qu'elle ne connaissait pas lui adresse la parole. Elle avait parfaitement conscience de vivre dans un monde individualiste ou tous s'ignorent et se méprisent sans se connaître. Décidément, cette journée était réussie ! Il n'y avait pas que les UV réchauffant sa peau trop pâle qui la rendait de bonne humeur. Le soleil semblait même faire fondre la méfiance et l'égoïsme: des icebergs parmi les plus gros.

C'est quoi comme livre ? demanda-t-elle en jetant un oeil à ce qu'elle lisait.

Après tout, les deux semblaient avoir quelques points communs: les livres et les glaces, au moins ! Lucy en profita pour sortir son propre livre de son sac: L'Ecume des jours de Boris Vian, en langue originale. Elle l'avait déjà lu au lycée mais avait eu envie de se replonger dans l'univers fantasque et fantastique de cet auteur exceptionnel.

C'était assez rare de se rappeler d'une personne qu'on avait juste croiser comme ça dans la rue, surtout pour Jennifer qui était de nature assez tête en l'air, mais parfois, il y avait des visages dont on se souvenait, juste comme ça, alors qu'on les avait juste entre-aperçu en train de ramasser un livre tombé au sol par mégarde.

Apparemment, Jennifer ne se trompait pas, car la brunette inconnue en face d'elle répondit affirmativement à sa question et remarqua qu'elle croyait l'y avoir déjà vue. D'ailleurs, celle-ci manqua de vouvoyer son interlocutrice mais se rattrapa vivement et la tutoya finalement. La blondinette faillit être vexée par ce vouvoiement, elle n'était pas encore une dame, pas encore vieille, et franchement, elle n'avait pas du tout l'envie de l'être un jour et elle comptait bien profiter jusqu'au bout du temps qui lui restait à être jeune et bien dans sa peau, à pouvoir faire tout ce qui lui chantait et autant de sport qu'elle le voulait - bien qu'elle n'aime pas du tout les activités physiques. "Oh oui ! C'est très probable qu'on s'y soit croisé alors." Décidément, la journée s'annonçait très belle, le soleil brillait, pas un seule nuage en vu, une belle rencontre, une fille avec qui la blonde partageait, si elle se fiait à son instinct, de nombreux points communs et, la cerise sur le gâteau, une bonne glace au citron à déguster. "Oh, c'est "Insaisissable" de Tahereh Maffi. Tu connais ? Et toi, tu lis quoi ?" Demanda-t-elle en retour en voyant la brune sortir, elle aussi, de son sac un livre.

La conversation était engagée. Les deux filles côte à côte sur le banc semblaient avoir été réunies par le Destin ce jour là: elles étaient toutes deux munies d'une glace et d'un livre. La blonde ne tarda pas à répondre à la question de Lucy: elle lisait le premier tome de la trilogie de Tahereh Mafi. Ces livres étaient un véritable phénomène littéraire ! Cependant, Lucy n'avait pas encore eu l'occasion de s'y intéresser de près. Elle achetait rarement de livres, préférant les emprunter à la bibliothèque. Alors elle attendait toujours un peu avant de lire une nouveauté.

Oh, j'en ai entendu beaucoup de bien, mais je ne l'ai pas encore lu. Est ce que c'est vraiment bien alors ? demanda-t-elle.

Lucy n'a jamais été très fantastique, à part dans sa jeunesse. Bien sûr, elle avait dévoré les Harry Potter et gardait toujours une pointe de nostalgie lorsqu'elle pensait à cette merveilleuse saga. Cependant, elle préférait les persnnages normaux et les histoires qui évoluent dans un univers normal. Elle aimait se sentir proche des protagonistes.

Moi je lis L'Ecume des jours, de Boris Vian.

Lucy ne savait pas exactement si cet auteur français était connu aux Etats Unis. En France il l'était indéniablement, mais à l'étranger ce n'était pas si sûr. Ce que Lucy recherchait avant tout dans un livre, c'était le style d'écriture. C'était pour cette raison qu'elle lisait exclusivement des livres en langue originale: anglais ou français, italien parfois. Elle avait une méfiance farouche envers les traductions qui, selon elle, changeait une oeuvre du tout au tour. Le style d'écriture de Boris Vian, en tout cas, la fascinait totalement. Il parvenait à recréer un univers absolument dingue, et absolument tout passait par la langue. Ses jeux de mots la scotchaient à tous les coups ! Bref, elle était fan.

Et sinon, ta glace est à quoi ?

Oh oui tant qu'elles y étaient, autant échanger leurs goûts sur tout et n'importe quoi !



HS: aucun souci, je suis la première à faire de petits RP

Le brune demanda à sa nouvelle connaissance si ce livre que lisait la Blondinette était vraiment bien, mais si Jennifer se mettait à faire un résumé de tout ce qu'elle aimait dans ce bouquin, cela lui prendrait des jours et des jours. L'écriture de l'auteur, son moyen de faire ressortir les sentiments du personnage, l'histoire d'amour recrée entre les majuscules et les points. Un pure chef d'oeuvre. Un chef d'oeuvre qui méritait largement d'être connu, surtout par une lectrice née comme cette amatrice de glace à côté d'elle. Ce fut pour cette raison que Jennifer choisit ces mots avec soins afin de donner envie à cette jeune femme de le lire. "Ce livre. C'est un miracle, un petit bijou. Tu peux tout à fait te plonger dans la peau du personnage même sans être fan de fantaisie. Le choix des mots est juste... Parfait afin de retranscrire les pensées, les sentiments et l'histoire de ce personnage."

L'inconnue lui dit qu'elle lisait un livre appelé "L'Ecume des jours", de Boris Vian. Ce nom disait bien quelque chose à la blonde, même si elle n'avait jamais lu un de ces romans. "Eum... Ça me dit quelque chose. Il n'est pas sortit en film dernièrement ?". Oui, voilà, c'était cela, si elle se souvenait bien, une de ces amis était allé voir ce film français il n'y a pas longtemps. Peut-être était-ce Junie... Ou peut-être pas... Jennifer ne se souvenait plus.

Après avoir partagé leurs goûts littéraire, l'inconnue lui demanda à quelle parfum était sa glace, un grand sourire sur le visage, Jennifer lui répondit : "Une glace au citron, la meilleure pour moi. Et toi, je vois que tu déguste une "Ben & Jerry's au brownie", n'est ce pas ? Elle est comment ?" La blonde avait déjà goûter à ce parfum de glace là, mais pour elle, il ne pouvait égaler un délicieux sorbet aux citrons. "Au fait, je ne connait toujours pas ton nom ! Moi, c'est Jennifer."

Avec l'arrivée du printemps, Gaïa faisait renaître la vie après un long et triste hiver. Un à un, les bourgeons sortaient, laissant apparaître ainsi de jeunes et vertes feuilles. Encore un petit peu fragiles, elles mettaient le nez dehors pour la première fois, dignes héritières d'une longue lignée avant elles. Nouvelles nées, elles voyaient enfin les premiers rayons de soleil après un long sommeil. Avec elles, les fleurs sortaient à leur tour, fières au bout de leur tige. Elles savaient qu'elles étaient attendus par tous.
Et au milieu de tout cela: Lucy, assise sur son banc l'un des premiers jours de printemps. Elle aimait particulièrement cette période de l'année, elle l'emplissait toujours d'ondes positives ! LA jeune femme a ses côtés semblait partager le même petit plaisir qu'elle. Leur conversation allait bon train: elles parlaient de livres, de glaces, et semblaient d'accord sur tout. La blonde parlait avec enthousiasme d'un livre que Lucy n'avait pas encore eu l'occasion de lire: Insaisissable de Tahereh Mafi. Les mots qu'elle prononçait ne pouvait que donner envie à Lucy de mettre le nez dedans une fois qu'elle aurait le temps.

Ca a l'air bien, en effet ! dit elle avec un sourire.

Quant à L'écume des jours, cela disait bien quelque chose à la blonde, puisqu'elle savait qu'il sortait au cinéma.

C'est bien ça ! C'est un film français, il faut vraiment que j'aille le voir d'ailleurs !

Malheureusement, au New Jersey, les cinémas qui projetaient des films français, ça ne courait pas les rues. Le sujet fut rapidement amené aux glaces: leur pêché mignon à toutes les deux !

Ah ah, tu as l'oeil à ce que je vois ! La glace est très bonne, comme toujours. Et la tienne hm... sorbet au citron non ? Un classique et toujours un délice !

Lucy lui sourit. La blonde, en retour lui dit son nom: Jennifer. La brune lui tendit la main, toujours aussi souriante.

Enchantée ! Moi c'est Lucy. J'habite Magnolia Street.

Décidément, Jennifer aimait beaucoup cette brunette ! Le fait qu'elle aime lire et qu'elle déguste une glace en ce premier beau jour de printemps avait évidemment joué en sa faveur, mais après que la jeune femme eut vanter les plaisirs d'une bonne glace au citron, le plus grand péché de Jenny, la blondinette ne pouvait que l'en aimer d'autant plus. Après le brève résumé que Jennifer avait fait de son livre favoris, "Insaisissable" de Tahereh Mafi, la brune avait eu l'air intéressée par ce bouquin et la blondinette avait donc été très fier. Elle aimait faire partagée ses passions et quand ceux à qui elle faisait sont récit avait l'air emballé, la Vanya ressentait toujours cette petite fierté d'avoir fait découvrir quelque chose de nouveau à quelqu'un - qui dans cette situation était aussi nouvelle.

Puis elles entamèrent une petite discussion cinématographique à propos de "L'écume des jours", un film français adapté du livre du même nom par un auteur de la même origine dont la jeune brune lisait l'oeuvre écrite. Puis après les livres et les films, les deux jeune femmes parlèrent de glaces. Et bien, voilà une discussion qui plaisait beaucoup à la blondinette ! "Oui oui, c'est bien un sorbet au citron ! It's delicious, right ?". Et puis l'inconnue se présenta, elle se denommait Lucy et elle habitait la ville. "Enchantée Lucy ! J'habite aussi Magnolia Street. T'es là depuis longtemps ? Tu t'y plais ?" Demanda-t-elle, arborant un sourire des plus amicales.

La brune avait vu juste: il s'agissait en effet d'une glace au citron ! Elle n'était pas devin, non, mais son petit frère choisissait toujours un sorbet au citron lorsqu'ils achetaient des glaces ensemble. Elle avait fini par retenir l'apparence et l'odeur de cette glace. Le souvenir de ces heureux instants passés avec Ethan en France lui arracha un triste sourire. Si elle ne regrettait en aucun cas sa décision de quitter la France pour les Etats Unis, son petit frère lui manquait atrocement et elle culpabilisait de ne pas être là pour le voir grandir. Comme pour confirmer sa peine, Jennifer lui demanda depuis combien de temps elle vivait dans ce quartier. Lucy la regarda et ouvrit la bouche.

Ca fait un peu plus de deux ans maintenant...

Un peu plus de deux ans qu'elle habitait au numéro 42, au bout de cette brochette de maisons plus élégantes les unes que les autres qui trônait sur Magnolia Street. Un peu plus de deux ans qu'elle avait quitté le 15ème arrondissement de Paris, son père, sa mère, son frère et cette jolie langue qu'était le français.

Je vis chez les Wainwright, au bout de la rue en fait. Et toi ?

Un peu plus de deux ans qu'elle habitait ici et elle n'avait toujours pas croisé tous ses voisins ! Pourtant, elle pensait en avoir déjà vu beaucoup mais à chaque fois qu'elle en rencontrait de nouveaux, elle devait se rendre à l'évidence: il y avait beaucoup plus de monde à Magnolia Crescent qu'elle le pensait.

Jennifer paraissait triste, comme si elle se souvenait d'un moment douloureusement agréable qui était passé et ne reviendrait jamais. Elle répondit dans un soupir comme plein de remords que ça faisait un peu plus de deux ans qu'elle habitait ici, à Magnolia Cresent, chez les Wainwright, au bout de la rue, puis elle lui retourna la question. "Moi je vis en colocation avec Tara Cross, Charly Stiller, Junie Fynes et Alana Kauffman, au numéro 34. Tu les connais ?".

Il y avait beaucoup de gens à Magnolia Cresent, c'était bizarre d'avoir autant de point commun avec une personne, d'avoir autant de lieu où toutes deux se rendaient, mais de lui parler pour la première fois au bout de plus de deux ans. Mais c'était ce qui était sympa avec cette ville, on ne s'ennuyait jamais, il y avait toujours des gens à rencontrer, des ragots à entendre, et, pour une ville pas vraiment réputer, il y avait quand même pas mal d'endroits où passer le temps et même une star !

Elle avait bien remarqué que la jeune femme avait replongé dans ses souvenirs lorsqu'on avait évoqué les glaces au citron et le nombre d'année qu'elle avait passé à Magnolia Cresent. A l'évidence, le passé était une chose importante pour cette brunette, et il manquait. Mais, Jennifer était curieuse, et, peut-être que parler du passé en question de la jeune femme l'aiderait un peu. Se confier était toujours agréable, même si certaines personnes avaient plus de mal que d'autre à le faire. "Tu... Tu étais où avant d'habiter ici ?"

Tara, Charly, Junie, Al... Alana ?! Jennifer était donc la colocataire et amie de cette drôle de bonne femme, fouineuse et sans gêne ! Et bien, ça devait être sympa à la maison ! Mais Lucy fit comme si de rien n'était. Elle se voyait mal raconter à la blonde comment l'autre blonde avait débarqué chez elle et s'était mise à lui poser tout plein de questions alors qu'elles ne se connaissaient même pas ! Tout ça parce que madame Alana était copine avec La Grande Satine. Alors que Lucy, elle, c'était quand même la coloc', la copine et la collègue de Satine, non mais oh ! Pour qui se prenait elle celle là ? Bref, parler de la Kauffman était toujours générateur de vives émotions chez Lucy, qu'elle tentait tant bien que mal de contenir. Elle préférait mettre la cuillère dans sa bouche pour éviter de dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas.

Non je ne les connais pas, répondit elle en secouant la tête, après avoir avalé un peu de glace.

Mais son interlocutrice avait bien remarqué ses hésitations quelques instants auparavant et ne tarda pas à lui demander d'où elle venait. A chaque fois, cette question procurait la même sensation à Lucy: de légers picotements lui parcouraient le corps, comme si elle venait de se faire piquer par des orties. Elle cligna deux trois fois des yeux avant de répondre.

Paris ! J'ai habité un bon moment à Paris.

Elle ne précisa pas qu'elle avait d'abord vécu ici, dans le New Jersey, avant de déménager à Paris puis de revenir ici faire ses études. Elle se contenta de lui sourire, se demandant si cette réponse lui suffisait ou si elle voulait en savoir plus.

Toi et les filles, vous vous êtes rencontrées ici ?

Lucy ne savait pas si être en coloc à trente ans était fun ou plutôt triste. Fun car cela signifiait vivre avec ses meilleures amies, tristes car cela signifiait aussi ne pas avoir encore fondé de famille.

En entendant le nom d'Alana, Lucy mit la cuillère de sa Ben & Jerry's au brownie dans sa bouche et, après avoir mangé un peu de glace, secoua la tête en affirma qu'elle ne connaissait pas les colocataires de la blondinette. Mais Jenn' avait un genre de quatrième sens qui lui permettait de savoir quand les gens mentaient et elle savait que Lucy connaissait Alana... Bon, d'accord, ce n'était pas un quatrième sens, c'était le vague souvenir d'Alana qui lui parlait d'une Lucy vivant chez les Wainwright qui était remonter à la surface. Mais la blondinette, polie, ne dis rien, ne fit aucune remarques. Si la brune ne voulait pas parler de sa relation avec la Kauffman c'était certainement qu'elle avait ses raisons et Jenn' ne voulait pas plomber l'ambiance et la discussion avec des questions stupides et faire remonter de mauvais moments.

Puis la Vanya demanda, un peu hésitante car elle sentait que la jeune femme était nostalgique en se qui concernait son passé dans un autre pays. La brunette lui répondit qu'elle avait vécu un long moment à Paris. Paris ! Un immense sourire s'afficha sur le visage de la blonde. "Paris ! Oh mais c'est juste génial ! Il n'y a pas si longtemps que ça, quelques mois seulement même, j'étais à Paris avec ma coloc Charly ! Tu y est restée combien de temps dis moi ?". La brunette demanda ensuite si Jennifer avait rencontrée ses colocs ici, à Magnolia Cresent, la Vanya avala de la glace au citron et retourna la tête vers son interlocutrice "Ouais, c'est ici qu'on s'est rencontrées touts les cinq. Ça fait un bout de temps maintenant d'ailleurs."

Jennifer connaissait Paris ! Ce fut une surprise pour Lucy, dont le visage s'éclaira instantanément. Le blonde lui apprit qu'elle y avait été en voyage peu de temps auparavant, quelle chance ! Lucy n'y avait pas mis les pieds depuis un long moment... Mais la joie de la Vanya était communicative, et Lucy était bien heureuse de pouvoir discuter de sa ville bien aimée avec quelqu'un qui s'y connaissait ! Car ici, peu de monde y avait déjà été, et à part les croissants et la Tour Eiffel, les Américains ne connaissaient pas grand chose à la culture française.

J'y ai vécu...

La brune marqua une pause et se mit à compter sur ses doigts, plus très sûre d'elle tout à coup.

10 ans ! Oui c'est ça, 10 ans !

Le prononcer à voix haute lui fit tout drôle... Elle avait passé presque la moitié de sa vie à Paris, en France. 10 ans, c'est énorme 10 ans ! Et puis, il lui semblait avoir passé les 10 années les plus importants: celles de l'adolescence, de ses 8 ans à ses 18 ans, période à laquelle tout individu se forge sa propre personnalité. C'était pourquoi Lucy se considérait plus française qu'américaine, même si elle était née sur le continent américain et qu'elle y habitait désormais. La France coulait dans ses veines.

J'habitais dans le 15ème arrondissement, près de la gare Montparnasse.

Elle n'était pas certaines que ces précisions parlent à Jennifer, mais une fois lancée sur ce sujet, il était difficile de freiner la Roberts !

Combien de temps y êtes vous restées ? Est ce que ça y'a plu ?

Un sourire se forma sur ses lèvres parce qu'elle était persuadée de connaître la réponse à l'avance !

Lorsque Jennifer apprit à la jeune fille qu'elle connaissait Paris et y était même allé il n'y a pas si longtemps, son visage s'éclaira. Elle semblait comme nostalgique de ce beau passé dans la ville de l'amour, sa ville de l'amour, celle de son enfance. C'était normal en même temps, elle avait du y vivre heureuse, peut-être plus heureuse qu'ici ? Mais en tout cas, en ce moment, la petit bout de femme semblait heureuse de pouvoir parler de son passé in Paris avec la blondinette qui était, elle aussi, contente de pouvoir parlé de son tout premier voyage à l'étranger. Et, après avoir réfléchit et compter sur ses doigts histoire d'être sur, la "Parisienne" répondit à la Vanya qu'elle y avait vécu dix ans. Whaou ! Dix ans ! C'était assez long quand même ! Très, très, très long quand même ! Elle habitait dans le quinzième arrondissement, assez près de la gare Montparnasse. Montparnasse, tiens, ce nom disait quelque chose à Jennifer. Elle n'avait évidemment pas pu voir tout Paris, mais elle pourrait à peu près situer dans un rayon de quelques kilomètre, sur une carte, cette gare en question.

Avec un sourire, la Roberts lui demanda combien de temps y était-elle restée avec sa colocataire Charly et si cela lui avait plu. Et, bien que la réponse fut évidente, Jennifer lui rendit un grand sourire, sincère, et répondit : "Oooh oui ! C'était vraiment faaabuleu ! Les boutiques de luxes, les macarons, la tour Effeil et toutes ses choses qui font la popularité de Paris, j'ai tout vu et même plus ! Paris, c'était un rêve de petite fille que j'ai enfin pu réaliser. Je me sentait comme une princesse !"

Cette surprenante rencontre rendait Lucy de plus en plus heureuse. Elle se rendait compte qu'elle avait beaucoup de choses à partager avec la jolie blonde, c'est pourquoi elle n'avait vraiment pas envie de couper court à leur discussions. Elles parlaient désormais de la belle ville de Paris. L'oeil d'un touriste n'est évidemment jamais le même que celui d'un habitant. Il y a un dicton qui dit que Paris serait mieux sans les parisiens, mais à l'inverse, un parisien dirait que Paris serait mieux sans ses touristes... Pourtant, Paris sans ses parisiens grincheux ou sans ses touristes curieux ne serait plus Paris.

Lucy fut heureuse d'entendre Jennifer qualifier son voyage de fabuleux. Parfois, les gens reviennent déçus après avoir espéré monts et merveilles. La capitale française est une ville exceptionnelle, mais elle a aussi ses défauts et Lucy n'était pas dupe, surtout après y avoir vécu dix ans. A entendre ce que lui disait la blonde, les visiteuses s'étaient ruinées ! Car la vie là bas est bien chère, et la tentation est partout: on a envie d'entrer dans tous les restaurants et toutes les boutiques ! Lucy aurait voulu pouvoir continuer à discuter de cela longtemps, mais l'heure tournait et il lui restait de nombreuses choses à faire.

Je suis désolée, j'aurais adoré rester, mais je ne peux pas...

Elle marqua une pause, un peu déçue de devoir interrompre leur discussion, et hésitante quant à ce qu'il lui fallait dire. Elle avait bien envie de revoir cette Jennifer un autre jour, mais elle avait aussi peur de paraître insistante auprès d'une jeune femme plus âgée qu'elle et certainement occupée.

Hmm... peut être que l'on pourrait en reparler un autre jour, autour d'un café ou d'un thé ? proposa-t-elle tout en se levant du banc.