Feeling a moment.

14 Février, jour des amoureux. Sans savoir exactement pourquoi, le jeune Evans s’était préparé cadeau prêt et emballé, lettre à l’appui, et courage au plus bas. Cela avait semblé être plus facile à envisager lorsqu’il avait été au centre commercial pour chercher le cadeau qu’il voulait offrir plutôt que maintenant, le jour j, fin prêt pour y aller. Dans sa chambre à faire les cent pas, il se demandait encore ce qui lui avait traversé l’esprit de préparer tout ça et même rien que d’avoir l’idée de le faire. A quoi cela allait-il bien pouvoir lui servir ? Et puis de toute façon, un jour pareil, elle ne serait même pas chez elle à coup sûr. En fait ce qui allait arriver c’est qu’il allait sonner et que soit personne ne répondrait –ce qui serait l’hypothèse la plus recommandée pour lui- soit quelqu’un allait lui ouvrir mais probablement l’un de ses parents ou le pire scénario possible : son frère. Là ce serait comble. Peut-être qu’il pourrait tout simplement y aller, voir qu’il n’y avait aucune lumière et repartir, aussi simple que ça.. Ou alors, y aller, voir qu’il y a de la lumière et repartir. Non Il était trop tard pour se défiler maintenant. Il avait passé les derniers jours à essayer de se donner du courage, écrire, déchirer, réécrire cette fichue lettre qu’il avait jointe au cadeau alors il était absolument hors de question qu’il change d’avis aussi près du but et soit lâche encore une fois. Cadeau à la main, il fit une grimace en se voyant dans le miroir. Mieux valait-il pour lui qu’il ne s’attarde pas trop. Enfilant sa veste et vérifiant qu’il avait tout, le jeune homme descendit au rez-de-chaussée. Il n’y avait personne. Alors quoi ? Ses parents sortis pour fêter la fête des amoureux ? La grosse, bonne blague. « Ah mais oui, sauver les apparences. » Pensa-t-il en levant les yeux au ciel. Probablement que Nathan et Katlina devaient être quelque part autour d’une table en n’ayant absolument rien à se raconter et préférant se taire plutôt que de partir dans une scène de ménage en public. Après la révélation sur leurs enfants, difficile de penser qu’ils supporteraient encore d’être mis sous les projecteurs. Enfin, cela faisait presque deux mois maintenant et rien n’avait l’air d’avoir beaucoup bougé hormis quelques petits détails. Revenant en bas de l’escalier, Nathanaël cria le nom de sa sœur afin de savoir si elle était à la maison. Aucune idée à vrai dire, peut-être avait-elle répondu mais il n’avait pas entendu ou alors qu’elle était tout simplement de sortie malgré le jour spécial que cela pouvait être. Haussant les épaules, le jeune homme prit donc des clefs puis ferma derrière lui, se mettant en route. La maison n’était pas très loin donc pas la peine de se déplacer en voiture, et au moins, il aurait assez de temps sur le chemin pour faire demi-tour s’il ne le sentait vraiment, vraiment pas. Il marchait tête baissée, sans vérifier s’il y avait quelqu’un ou non et s’encourageant pour ne pas faire demi-tour et rentrer chez lui s’enfermer, balançant ici ou là le cadeau et la lettre qu’il avait dans chaque main. Il aurait bien acheté des fleurs au passage lorsqu’il avait été au centre commercial mais déjà qu’il ne s’y connaissait pas c’était logique qu’il n’allait pas se la ramener avec un bouquet de roses rouges comme s’il allait lui déclarer son amour éternel sur un fond de musique à l’eau de rose. Complètement perdu dans ses pensées, Nathanaël se retrouva plus vite que ce qu’il imaginait devant la maison numéro quatorze. Il restait planté là sans réussir à se décider vraiment et se demandant intérieurement ce qu’il foutait là. Ce n’était même plus de la timidité à ce stade mais toujours cette boule au ventre qu’il avait lorsqu’il savait qu’il faisait ou aller faire quelque chose qu’il pourrait regretter. Pourquoi pas tout simplement mettre le cadeau et la lettre dans la boîte aux lettres et s’en aller pénard ? Comme ça ce serait à mi-chemin entre les deux. Enfin, ce serait plutôt une nouvelle occasion de fuir. Il n’avait plus rien à perdre au stade où il en était alors franchement, toquer à une porte et demander à voir Scarlett ne devait pas être si difficile en comparaison bien au contraire. Il souffla un bout coup puis se rendit à la porte d’entrée. Il ne voyait pas vraiment de lumière –ou plutôt n’y faisait pas vraiment attention- bien trop occupé à regarder ses pieds pour se donner encore un minimum de courage. « Ok. » Inspiration. Il met le cadeau et la lettre dans une même main derrière son dos et lève celle de libre pour toquer à la porte. Quelques secondes passent, rien ne bouge, aucun bruit. Personne n’a l’air d’être là. Il ne sait pas trop s’il est soulagé ou au contraire déçu qu’elle ne soit pas là pour qu’il puisse lui donner ce qu’il avait trouvé surtout que, les cadeaux et lui, généralement ça faisait deux parce qu’il n’avait jamais d’idées. Là son choix avait été facilité non seulement par une vendeuse qui l’avait un petit peu conseillé, mais aussi la sensation qu’il avait eu lorsqu’il l’avait aperçu dans la vitrine. Une sensation comme s’il venait de dégoter là huitième merveille du monde, LE cadeau. Ce n’était sans doute pas le cas, mais il n’en était pas moins peu fier de sa trouvaille. Finalement, Nate fit demi-tour et s’arrêta au niveau de la boîte aux lettres histoire que , si au moins il n’avait pas pu le lui donner en face à face, Scarlett aurait son cadeau d’une manière ou d’une autre le jour même. Il déposa la lettre sur le cadeau avec inscrit aux lettres d’or le prénom de la personne à qui le tout était destiné. Sans doute saurait-elle sans avoir à ouvrir que ça venait de lui et de toute manière il ne comptait pas s’en cacher. Plus la peine de faire comme s’il était passé à autre chose et qu’il l’avait oublié après ce qu’il c’était passé le soir du nouvel an. Le tout déposé, il referma la boîte puis s’apprêta à partir quand quelque chose l’en empêcha. Il semblerait que sa soirée venait de prendre une toute autre tournure.

Le jour de la Saint-Valentin. Scarlett gardait habituellement un bon souvenir de cette journée. Les trois années précédentes avaient été une franche partie de rigolade, mémorable chacune à leur façon, et toujours en compagnie de personnes différentes. La jolie brune n’était bien sûr pas une fille volage qui changeait de partenaire chaque année, mais les circonstances l’avaient voulu ainsi. Elle avait passé la première des trois avec son meilleur ami, tous les deux célibataires à l’époque, ils s’étaient bien amusés en délires de tout genre ce jour-là. Celle d’après avait été encore plus… drôle. Scarlett s’était inscrite à la fameuse soirée organisée par le comité de Magnolia qui désignait les partenaires de soirée par tirage au sort, et elle était tombée non pas sur un, mais sur deux, en la personne de Jersey et Holden, fous rires garantis. La dernière en date n’était pas difficile à deviner… Elias. Toutes avaiebt été particulière. Pourtant, cette année, Scarlett ne se sentait pas d’humeur à organiser quoique ce soit ni à participer à une soirée ou l’autre. Ils n’en avaient pas spécialement parlé avec lui, mais elle avait simplement laissé entendre qu’elle ne voulait pas de ‘surprise’ cette année. Après tout, excepté l’année précédente, elle n’avait jamais fêté la Saint-Valentin par ‘amour’, mais juste pour le fun d’une sortie sans prise de têtes, généralement entre amis. Le cœur n’y était pas aujourd’hui. D’ailleurs, une fois l’après-midi arrivée, la jolie brune éteignit son téléphone et resta bien éloignée des réseaux sociaux et autres tentations du genre. Zéro contact. Elle profita de ce moment-là pour terminer un dossier qu’elle devait rendre à Joey dans les plus brefs délais. Comme toujours, Scarlett préférait se concentrer sur le travail quand quelque chose la préoccupait pour se changer les ‘idées’. Au bout d’un moment, son père débarqua pour lui annoncer qu’il avait préparé une sortie en amoureux pour Arsinoé et lui. Il lui tendit deux cravates et lui demanda de choisir laquelle des deux iraient le mieux. « Aucune. Tu ne vas pas à un diner d’affaires papa, alors cool. » Répondit-elle en souriant. Scarlett avait toujours été très complice avec son père, elle savait que Thomas faisait des efforts dernièrement pour calmer les tensions qui régnaient entre les parents. Il s’enquit alors de ce qu’elle avait prévu de faire, puisque Carl et Élisabeth sortiraient de leur côté. « Rien. Je vais rester ici, comme tu vois, j’ai encore du travail devant moi. » L’excuse bidon. Son père la connaissait par cœur, il n’était pas dupe. Toutefois, il eut la délicatesse de ne pas lui demander s’il s’agissait d’un problème avec Elias, car en réalité, ce n’était pas du tout le cas. Le problème, c’était elle, et personne d’autre. Scarlett se reconcentra donc sur le dossier, sur lequel elle était en fait bien avancée, quand il quitta la chambre. Après avoir bien bossé l’après-midi, elle partit aider sa sœur à se préparer pour sa soirée en lui apportant des vêtements à elle, les deux Spencer échangeaient souvent leurs fringues, ce qui avait l’avantage de faire croire qu’elles avaiten une garde-robe infinie. Une fois toute la maison fin prête à partir, Arsinoé demanda encore une dernière fois à sa fille si elle était sûre de ne pas vouloir les accompagner au restaurant son père et elle, mais Scarlett déclina gentiment. Si la jeune femme ne sortait pas, c’était par choix, pas parce qu’elle n’avait personne dans sa vie. Sa mère avait-elle déjà oublié ? Enfin, ça partait d’une bonne intention. Au bout de quelques minutes, la maison Spencer se vida complètement. Soulagée d’être totalement seule pour une fois, Scarlett prit une cuillère et une glace style mc flurry et remonta dans sa chambre. Elle enfila un débardeur et un short en coton pour être plus à l’aise et se glissa ensuite sous les couvertures pour s’asseoir dans son lit et se regarder un truc drôle… Pourquoi pas les Monty Python tiens ? Son frère lui en avait parlé, elle n’avait jamais regardé, c’était l’occasion, d’autant qu’il y en avait assez pour tenir une soirée. La jeune femme lança le premier film et se concentra, ça faisait un peu la paumée toute déprimée chez elle, pourtant, elle avait parfois besoin de ces moments de solitude, de se retrouver seule pour faire le vide dans sa tête. Au bout d’une demi-heure cependant, la sonnette retentit. Scarlett sortit du lit et se demanda qui cela pouvait bien être… sans doute Eli ou Carl qui avaient oublié leurs clefs, mais on ne savait jamais. La jolie brune se dépêcha tout de même d’échanger le short contre un jeans histoire d’être plus décente et troqua le débardeur contre une blouse plus ‘normale’. Elle descendit ensuite rapidement les marches et ouvrit la porte. « Nate ?! » Le héla-t-elle en le reconnaissant aussitôt, alors qu’il s’éloignait de la maison. Surprise… Ou pas ! Scarlett s’attendait à tout le monde sauf à lui. Heureusement qu’elle s’était changée, déjà qu’elle ne ressemblait pas à grand-chose avant. Enfin. Il l’avait déjà vue bien plus ridicule, dans une scène de Moonwalk légendaire, alors ce n’était pas ce qui la préoccupait pour le moment, mais plutôt, la raison de sa présence. « Viens, entre. » Lui proposa-t-elle ensuite d’une voix encourageante, alors qu’il se retournait, l’air hésitant. Scarlett s’effaça de l’entrée pour le laisser passer, elle avait la vague impression de se retrouver dans ces années lycées où il osait à peine frapper à la porte de chez elle par timidité. Il ne s’agissait évidemment plus de ça aujourd’hui.

Alors que quelques pas le séparait déjà de la maison des Spencer, une voix derrière lui l’interpella. Il se tourna indécis et vit Scarlett qui se tenait à côté de la porte d’entrée. Elle semblait tout aussi surprise de le voir ici que lui de ne la trouver là. Bon en même temps elle habitait ici, mais il pensait qu’il n’y avait personne. Ou disons plutôt qu’il espérait qu’il n’y aurait personne. Au moins dans ce cas de figure il n’aurait pas eut vraiment à assumer ce qu’il était venu faire, de lui offrir son cadeau. Là c’était tout son plan qui tombait à l’eau. Sa timidité reprenant un peu le dessus il agita fébrilement la main en essayant de sourire et lui répondit : « Oh euh.. Hey, salut.. » Pitoyable. En même temps dans toutes les situations qu’il s’était imaginé -et il y en avait eu des centaines- il n’avait pas pensé à la possibilité qu’elle serait là et surtout, qu’elle lui proposerait d’entrer. Entrer ? Les sourcils de Nathanaël se froncèrent légèrement, le laissant perplexe. Était-elle toute seule ? Le soir de la saint valentin ? Ce n’était pas logique mais forcément la seule hypothèse puisque Spencer savait tout autant que lui que de le faire entrer si Elias était là était loin d’être une idée brillante. Soit, si elle disait qu’il pouvait, c’était à elle de juger. Il s’avança de quelques pas et se rappela la boîte aux lettres, le cadeau, la lettre,.. Que faire ? Il pouvait tout aussi bien rentrer en laissant le tout à l’intérieur et elle le découvrirait demain mais dans ce cas là il n’avait aucune raison de venir la voir, comme il pouvait aller les chercher et lui offrir maintenant en face à face. La vérité c’est que ce n’était qu’une question de courage. Il sortit de ses pensées, se rendant alors compte qu’il était resté plusieurs secondes sans rien dire et sans bouger et se décida de prendre simplement le cadeau, laissant la lettre qu’elle pourrait découvrir le lendemain. Un sur deux, c’était déjà ça. Le bras caché dans son dos pour ne pas qu’elle voit, il s’approcha de la porte encore un peu dans le questionnement puis entra, se tournant ensuite directement vers elle pour ne pas qu’elle voit ce qu’il avait apporté avec lui. « Je m’attendais pas à te trouver chez toi.. Ca va ? » Demanda-t-il reprenant un semblant d’assurance et souriant en coin. Elle n’était pas sortie visiblement et vue sa tenue, ça ne semblait pas faire parti de ses projets pour la soirée ou même la nuit. Ou alors elle était en train de se préparer, sur le point de le faire et il l’avait dérangée mais dans quel cas elle ne l’aurait pas invité à entrer. Peut-être aussi était-ce comme le nouvel an, son petit ami bossait ou quelque chose comme ça et donc était dans l’incapacité de passer la soirée avec elle. A vrai dire, ça ne regardait en rien Nathanaël mais sa curiosité ‘l’obligeait’ à se poser milles et unes questions auxquelles il ne trouvait que très rarement de réponse. Aussi, peut-être valait-il mieux qu’il ne pose pas trop de question à Scarlett à ce sujet , qu’il se contente de lui donner son cadeau et de s’en aller. De toute manière rester chez elle trop longtemps n’était pas une bonne idée de base avec la révélation, DS et tout le reste. Il était plusieurs fois venu dans cette maison depuis qu’il parlait non seulement à Scarlett, à Elisabeth aussi mais avait été que très peu souvent mal à l’aise. Là, ça allait encore parce qu’il savait -ou se disait plus ou moins- qu’ils devaient être seuls et donc qu’il n’avait rien de spécial à craindre. Depuis la révélation du secret, ce n’était pas spécialement de la réaction de ses amis dont il avait peur, mais de celles de leurs parents et à juste titre. Qui voudrait que ses gosses traînent avec des ‘meurtriers’ et des menteurs en plus de ça ? Lui-même dans le même cas n’aurait pas su comment réagir. « En fait j’étais venu pour.. » Commença-t-il en baissant les yeux essayant de formuler un phrase correcte sans pour autant en dire trop. Inventer une excuse bidon ? A quoi ça servirait, elle le saurait de toute façon. Autant jouer franc jeu. « Je t’ai apporté quelque chose. » Il relève les yeux vers elle, sourire disparu surement à cause de l’appréhension de savoir si ce qu’il lui avait trouvé allait lui plaire ou pas. Les cadeaux et lui, ça avait toujours fait dix. Il n’avait jamais d’idées que ce soit pour des anniversaires, un Noël ou une tout autre fête, alors trouver quelque chose pour celle qui lui plaisait.. L’enfer. Il aurait bien pu demander l’avis de sa sœur, mais les deux jeunes femmes étaient loin d’avoir les mêmes gouts quant à Elisabeth, elle l’aurait tiré dans trente milles magasins probablement ce qui l’aurait rendu fou. Le fait qu’il savait garder son calme dans pas mal de situations pas faciles était peut-être l’un de ses principal caractéristique, mais lorsqu’il s’agissait de faire les magasins il perdait bien vite patience. Il sortit son bras de l’ombre et lui tendit la boîte emballée dans un papier, avec un nœud. Heureusement que la vendeuse le lui avait fait parce que venant de lui, ça aurait eu bien moins fier allure. Il ne voulait pas en dire davantage pour qu’elle garde un peu de surprise, mais en voyant la forme allongée et étroite de la boîte elle pouvait déjà se douter que ce ne serait pas des chocolats comme la plupart offraient le jour de la fête des amoureux. Le jeune homme avait préféré jouer la sureté en lui achetant un bijou, un bracelet pour être plus précis en or gris avec un petit pendentif accroché en forme d’étoile où on pouvait trouver derrière un ‘S’ gravé pour 'Scarlett'. A la base le bracelet n’avait aucun pendentif mais se rappelant leurs divers moments à regarder des nuits étoilées, il n’avait pu faire autrement que de l’ajouter. Il se mordilla la lèvre en la voyant ouvrir, mains derrière le dos et jouant nerveusement avec ses doigts. Ce serait au moins une bonne chose de faite même si, offrir un cadeau à la saint valentin, à une fille déjà en couple ce n’était pas forcément le truc le plus… Intelligent à faire. Il n’attendait rien en retour de toute manière, de voir que ça lui plairait serait amplement suffisant.

Après avoir ouvert la porte, Scarlett se posait déjà une foule de questions. Elle n’avait pas vraiment revu Nathanaël depuis cette fameuse soirée de Nouvel An et n’en avait d’ailleurs parlé à personne. La jeune femme n’avait pas osé franchir de nouveau ce pas qui la ramènerait aussitôt à la réalité de ses sentiments. Scarlett avait préféré prendre de la distance et faire le point, pas que dans sa vie amoureuse, mais sur d’autres plans également. Résultat ? Ses piètres résolutions ne fonctionnaient pas vraiment. Celle de s’éloigner vainement du jeune Evans était d’ailleurs toujours la première à tomber ou à fondre comme neige au soleil. La jolie brune se rappela alors de la date bien particulière affichée par le calendrier. La Saint-Valentin. Scarlett tut ses pensées et s’effaça du seuil pour le laisser entrer. Nate la salua et lui fit ensuite part de sa surprise de la trouver chez elle. « Disons que je n’avais pas trop envie de sortir, et pas mal de travail, alors j’en ai profité pour avancer dessus. » Répondit-elle dans un premier temps, se trouvant aussitôt sotte de se justifier ainsi, mais bon, ils avaient encore le droit de tenir une conversation jusqu’à preuve du contraire, et puis son excuse était en partie vrai, puisque Scarlett n’avait pas trop eu le cœur à sortir et s’était concentrée sur des dossiers à rendre pour Joey. « Et puis, ce n’est pas tous les jours que j’ai la maison pour moi tout seule, et être au calme, ça fait le plus grand bien parfois. » Ajouta-t-elle amusée. Lui qui avait déjà du mal à trouver la tranquillité chez lui alors que les Evans n’étaient que quatre ne pourrait que la comprendre. « Et toi, ça va ? » Lui retourna-t-elle ensuite la question, avant d’avancer plus en avant dans la maison et l’inviter à la suivre. À l’expression étrange qu’il arborait, Scarlett comprit qu’il avait quelque chose à dire. Nathanaël ne semblait pas tout à fait dans son assiette, et depuis le temps, elle le connaissait plutôt bien pour deviner ses appréhensions. Hésitant, il lui annonça alors qu’il était venu pour lui apporter… un cadeau qu’il sortit de derrière son dos et lui tendit, alors qu’elle le regardait avec l’étonnement le plus complet. « Nate, je… » La jeune femme s’interrompit, elle n’aimait pas trop les surprises dans le sens qu’elle ne savait jamais où se mettre ou comment réagir ensuite, mais Nate avait l’air d’avoir tellement pris son courage à deux mains pour venir jusque chez elle et le lui donner, qu’elle se contenta de sourire timidement sans rien ajouter et de déballer le cadeau en commençant par défaire le nœud du bel emballage. Scarlett se sentait déjà bête en son for intérieur de ne rien avoir en retour, si elle avait su, elle aurait prévu quelque chose aussi, mais bon, la jolie brune n’allait pas s’éterniser là-dessus et elle continua de déballer le présent. Elle sortit une boîte de forme allongée du papier et l’ouvrir avant de découvrir un bijou – un bracelet finement travaillé pourvu d’une étoile portant son initiale gravée. « C’est… » Commença Scarlett en relevant les yeux vers lui. T’es fou, je ne peux pas accepter, c’est trop. S’était-elle apprêtée à dire, mais voyant qu’il la regardait tout aussi impatient de découvrir sa réaction, elle baissa de nouveau les yeux, rougissant discrètement, et saisit le bracelet dans ses mains. « Il est magnifique, merci. » Souffla-t-elle alors sincèrement, en s’approchant de lui. Ça lui faisait plaisir oui, Nate avait toujours eu du goût, même si elle savait qu’il avait dû chercher, douter, revenir sur ses pas longtemps avant. Et puis, l’air de rien, ce qui signifiait bien plus encore était qu’il l’ait fait précisément aujourd’hui, parce que c’était encore plus spécial. Elle lui déposa un baiser timide sur la joue en guise de remerciement, ne sachant quelle attitude adopter, même si ça sonnait tellement bizarre entre eux ce genre d’approche pudique, elle lui tendit alors le bracelet. « Tu veux bien m’aider ? » Demanda-t-elle en souriant et en remontant légèrement la manche de sa blouse pour dégager son poignet, autant le porter directement. Les mains de la jeune femme tremblaient légèrement, elle préférait donc lui demander de le fermer, au lieu de paraître plus maladroite qu’elle ne l’était déjà. Une fois le bracelet mis, Scarlett observa encore celui-ci un instant avant de remettre la manche en place. Elle ne savait jamais trop comment réagir en fait, et espérait que Nate était content de son côté, parce que ça lui avait vraiment plu, et surtout ça l’avait touchée, même si elle essayait de ne trop rien montrer. La jolie brune releva ensuite les yeux vers lui. « Tu as le temps de rester un peu, boire un verre ? » Demanda-t-elle ensuite, en constatant qu’il était tout beau tout bien habillé et en devinant alors qu’il avait probablement quelque chose de prévu pour la soirée, d’où son probable départ à la va vite quand elle avait mis un peu de temps à ouvrir la porte. Mais pour une fois qu’il n’y avait personne chez les Spencer, Scarlett aurait eu tort de ne pas le lui proposer. « Enfin, si tu n’as pas d’autres plans déjà. » Ajouta-t-elle ensuite subtilement une question implicite sur le programme de sa soirée, quoique pas si subtile en fait, maladroite comme elle était encore. Elle remarqua alors que le col de sa chemise était remonté à l’arrière et s’approcha pour le remettre en place correctement, une approche qui réduisit grandement la proximité entre eux, encore une fois. « Voilà. C’est mieux comme ça. » Souffla-t-elle à voix basse. Elle avait en même temps légèrement mordu la lèvre inférieure en se concentrant à sa « tâche », tic inconscient qui lui revenait trop souvent quand elle était la tête ailleurs, ou trop proche de Nate plutôt. Elle se redressa ensuite devant lui et attendit patiemment sa réponse.

De toute manière qu’est-ce que c’était que la saint valentin après tout ? Une fête commerciale comme une autre. Normalement, on devrait pas attendre un jour plus qu’un autre pour prouver à notre conjoint qu’on l’aime, spécifiquement, ça devrait être tous les jours la saint valentin même si tout le monde sait que c’est complètement impossible. Nathanaël n’était pas fan de cette période bien au contraire. Il y avait un afflux dans les centres commerciaux, des pubs, des fleuristes débordés, des bijoutiers en panique, des vendeurs de cartes, de ballons et chocolateries en forme de cœur ainsi que tout le reste qui ne faisait que de lui donner le tournille. Tout ce rose, ce rouge partout pour célébrer une fête comme celle-ci lui donnait la chaire de poule.  Disons que, s’il avait acheté quelque chose à Scarlett c’était certes oui pour la date un peu spéciale bien qu’elle n’était en réalité qu’un piètre prétexte pour qu’il ait une raison de venir la voir. Bien entendu, en réalité il n’en aurait pas eu besoin mais après ce qui c’était passé à nouvel an, lui non plus n’avait pas vraiment su comment réagir, revenir vers elle avec autant de facilité. Après tout ce qui avait dit, les confidences, la complicité, le rapprochement,.. Ca n’avait en rien aidé à clarifier un peu plus leur relation bien au contraire, ça les avait encore plus compliquées. « Je vois ce que tu veux dire. » Répondit-il seulement en esquissant un sourire lorsqu’elle parla du bien fait d’une maison vide et silencieuse. Depuis la révélation, étrangement les disputes semblaient s’être calmées chez les Evans comme si un danger bien plus énorme avait forcé toutes les petits embrouilles continuelles à se taire et faire une pause le temps que tout le reste ne se règle. Enfin, si ça réglait un jour parce que là comme c’était parti ils étaient très loin d’en avoir terminé. Nathanaël la suivit dans la maison lorsqu’elle l’y invita et en profita pour répondre en regardant un peu autour de lui : « Plutôt bien oui. » Pour une fois qu’il le disait et qu’il le pensait, miracle ! Il est vrai que souvent ces derniers temps lorsqu’on lui avait posé la question c’était plutôt des réponses comme  ‘ça pourrait aller mieux’ ou encore  ‘pas vraiment’. Aujourd’hui il n’avait aucune envie de s’apitoyer au contraire, il savait que tout aurait pu être pire et bien plus terrible alors il se contentait de voir le bon côté. Comme l’a dit quelqu’un de célèbre, mieux vaut-il voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide; la vie n’en sera que plus délicieuse. Il n’avait aucune idée de qui cela pouvait bien être, sans doute l’avait-il lu quelque part ou entendu à la télé, à la radio ou encore dans une conversation anodine qu’il aurait entendue sans y faire vraiment attention. Le jeune homme attendit avec le peu de patience qui lui restait qu’elle ouvre la boîte et la scruta, les yeux ronds essayant de déchiffrer ses mimiques, son expression. Bon, ce qui se voyait le plus c’était la surprise. En espérant que cette surprise soit bonne et pas mauvaise dans la mesure du possible. Elle commença plusieurs phrases qu’elle laissa en suspend comme si elle ne trouvait pas ses mots ou tout simplement qu’elle ne savait pas quoi dire. Si ça se trouve, elle était en train de se dire qu’il était complètement allumé du ciboulot et que ça n’allait plus là, ou alors le bracelet ne lui plaisait pas du tout et elle ne savait pas comment le lui dire.. Tous les scénarios possibles défiaient dans sa tête un par un, à commencer par les plus mauvais bien évidemment sinon ce serait largement moins drôle. Puis finalement, ce fut comme une délivrance et un soulagement intense lorsqu’elle lui répondit qu’elle le trouvait magnifique et le remercia. Magnifique certes, mais largement pas autant qu’elle. Il le pensait si fort qu’un sourire naquit sur le bout de ses lèvres. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que le fait qu’elle apprécie son cadeau. « C’est rien du tout.. » Rien du tout en comparaison de ce qu’il avait à lui offrir. Bien entendu, ce à quoi il pensait n’avait pas de prix, pas même de valeur et puis, elle l’avait déjà sans le savoir. La plus belle chose qu’il lui avait donné et qui ne pourrait être dépassée par quoi que ce soit, c’était ses sentiments et son cœur, le reste n’était que superflu et bien fade à côté. Lorsqu’elle s’approcha de lui, il resta stoïque préférant ne faire aucun mouvement de peur de faire une connerie et sentit ses lèvres se déposer sur sa joue pour le remercier. Malgré la douceur du geste, ça n’en restait pas moins bizarre à ses yeux, comme si quelque chose sonnait faux. Encore une fois cela donnait l’impression qu’ils avaient repris leurs rôles d’acteurs, qu’ils jouaient les  ‘amis rien de plus’ alors que ça ne leur correspondait aucunement. C’était exactement ce dont-ils avaient discuté à nouvel an en profitant même pour blaguer sur une potentielle identification au couple mythique Brangelina. « Bien sur, viens ! » Se pressa-t-il de répondre en prenant délicatement le bracelet entre ses doigts et le glissant autour de son poignet avant de le fermer et de bien le placer pour que l’étoile soit en dessous comme il était prévu que ce soit. Normalement les bijoux rendent les femmes plus belles, pas l’inverse mais encore une fois Scarlett défiait toutes les règles. Ce bracelet était bien plus joli à son poignet que dans une vulgaire vitrine, dans un socle sophistiqué. Les deux jeunes gens se regardèrent l’espace d’un instant tandis que la question de la Spencer entrait par une oreille et ressortait par l’autre sans qu’il ne s’en rende compte. Il était tellement agaçant de voir que son regard le troublait toujours autant à l’heure actuelle et cela après tout ce qu’ils avaient vécu.. Il aurait beau faire n’importe quoi elle aurait toujours cette emprise sur lui. « T’as pas dit que t’avais du travail ? Je veux pas te déranger si t'es occupée. » Il faisait bien entendu référence à la raison qu’elle lui avait donnée pour ne pas être de sortie ce soir, en robe, maquillée, parfumée et tout le tralala. Ce n’était pas comme si ça le dérangeait de rester bien au contraire mais il n’avait pas envie de s’imposer ni même de la déranger. Et puis à nouveau, ses yeux ne la quittèrent plus lorsqu’elle s’approcha à nouveau, glissant ses bras autour de son cou pour… remettre le col de sa chemise en place. L’espace d’un instant, Nate s’était même demandé avec affolement ce qui était en train de se passer et avait senti son cœur accélérer violemment avant de reprendre un rythme cardiaque tout à fait normal, se rendant compte qu’il avait juste mal interprété et que ce n’était rien d’autre qu’une bonne intention. « Oh, merci. C'est bon.. ? je suis parfait maintenant ? » Demanda-t-il avec un petit rire amusé avant de s’arrêter net la voyant se mordiller la lèvre. Non, pas ça, par pitié.. Ses yeux fixés maintenant sur la bouche entrouverte de Scarlett, il valait mieux pour tout le monde qu’il trouve quelque chose pour se défiler. Il se tourna alors en glissant ses mains dans ses poches et fit quelques pas avant de se tourner a nouveau vers elle et de lancer d'un calme olympien -ou en apparence en tout cas- : « Et non , pour te répondre, je n'ai rien de prévu. Après tout, c'est une soirée comme une autre non ? » Il disait ça parce qu'elle travaillait comme elle aurait pu le faire n'importe quel soir et surtout, que le 14 Fevrier ne restait avant tout qu'une date et bien qu'elle soit officielle et internationale, cela ne signifiait pas pour autant que tout le monde devait la fêter. Fort heureusement d'ailleurs parce que de toute façon, dans quel cas il ne voyait pas bien avec qui il aurait pu le faire. Et puis même s'il l'avait fait, il se trouvait déjà presentement avec la personne qu'il aurait voulu à ses côtés pour l'occasion. Pas si mal.

À la base, Scarlett n’avait ni le cœur ni l’envie de voir qui que ce soit en cette journée de Saint-Valentin. Elle trouvait cette fête inutile et commerciale, car lorsque que l’on aimait vraiment quelqu’un, cet attachement devait se manifester au travers de gestes quotidiens, et pas uniquement sous prétexte qu’il existait une simple journée sur l’année pour le faire. Depuis que Nathanaël était entré chez les Spencer cependant, la jeune femme était contente de le voir et espérait qu’il ne repartirait pas aussitôt, même si elle lui avait donné l’excuse bidon qu’elle travaillait pour ne pas sortir. C’était vrai sur le fond, mais il ne s’agissait pas uniquement de cette raison, d’autant qu’elle avait fini de préparer ses dossiers pour le père O’Conell. En parlant de lui, Scarlett repensa à l’affaire Hamilton et se demanda un instant s’il y avait eu une évolution depuis la dernières fois qu’elle avait vu Nate, mais elle songea qu’il l’aurait certainement tenue au courant et évita donc soigneusement le sujet. Elle se contenta de lui demander comme lui allait, une question dont la réponse l’intéressait davantage, puisqu’elle avait vu à quel point ce n’était pas le cas le soir du Nouvel An, du moins quand elle avait débarqué dans sa chambre, bien décidée à le sortir de là. Et même si Scarlett n’avait pas osé venir le voir depuis lors, ils n’en avaient pas moins gardé contact régulièrement. Nathanaël lui répondit par l’affirmative, ce qui, par les temps qui couraient dernièrement, était une nouvelle agréable à entendre. La jeune femme esquissa un sourire, mais n’eut le temps de rien répondre, que déjà, il sortit un paquet emballé de derrière son dos et le lui tendit. Sous le coup de la surprise, elle baragouina quelques phrases qui s’évanouirent toutes dans sa gorge devant le regard brillant de Nate. Elle défit l’emballage du cadeau et resta quelques instants silencieuse devant la ‘folie’ du jeune homme. Puis, sa surprise passée, Scarlett admira le bijou et le remercia, elle n’était jamais très démonstrative, faute de savoir comment réagir, mais ça l’avait touchée. Un nouveau sourire étira les lèvres du jeune Evans qui s’empressait déjà de répondre que ce n’était rien du tout. La jolie brune aurait levé les yeux au ciel en d’autres occasions, mais lui demanda plutôt son aide pour l’attacher, autant le mettre tout de suite. Nate s’empressa de s’exécuter et lui passa délicatement le bracelet autour du poignet. « Merci. » Souffla-t-elle, avant de replacer la manche de sa blouse. Scarlett le regarda ensuite, constatant qu’il était plutôt bien habillé pour simplement passer chez elle, enfin pas que d’habitude, ce n’était pas le cas, mais elle avait l’impression qu’il avait prévu de sortir ce soir, en même temps, un jour de Saint-Valentin, il était probable que Nathanaël ait prévu quelque chose, ne fut-ce qu’avec des amis à lui. D’ailleurs, la jeune femme était ravie de le voir reprendre un semblant de vie normale, autrement dit qu’il ne reste plus enfermé dans sa chambre à longueur de temps, à ressasser sans cesse un passé qui ne pouvait pas être changé. Scarlett lui proposa néanmoins de rester un peu, mais il avait peur de la ‘déranger’ sous prétexte de son travail, soit l’excuse la plus ridicule qui puisse y avoir entre eux, alors qu’elle ne l’avait pas vu depuis bien trop longtemps à son goût. « Tu rigoles ? Pour tout t’avouer, j’ai déjà terminé ce que je devais faire, là je me suis même installée devant un film pour tuer le temps, t’as vu le programme d’enfer ? » Avoua-t-elle sans détours, bien qu’elle s’était aussi volontairement ‘isolée’ chez elle, mais Nate n’avait pas besoin de connaître ce dernier détail. Bien sûr, qui dit Saint-Valentin, dit  films d’amour niais à éviter à tout prix. Scarlett remarqua ensuite que le col de sa chemise avait légèrement bougé, elle s’approcha donc de lui pour le lui remettre en place, ce qui réduisit grandement la distance invisible qu’ils avaient inconsciemment instaurée jusque-là. À vrai dire, la jeune femme ne savait pas trop comment réagir, à la suite de ce qui s’était passé le soir de Nouvel An, elle n’arrivait pas à agir normalement avec lui, parce qu’il ne la laissait clairement pas indifférente, pire elle l’aimait encore, et Nate le savait, mais elle était aussi toujours en couple et ne devait pas l’oublier, d’où la situation un peu bizarre entre eux présentement. « Tu es toujours parfait voyons. » Répondit-elle à sa petite boutade en souriant à son tour, bien qu’elle le pensait tout à fait. Son maudit tic recommença inconsciemment, tandis que Nate s’éloigna de quelques pas, l’air de réfléchir à sa question, avant de lui répondre qu’il n’avait rien de prévu, en cette soirée ‘comme les autres’. « Vraiment ? Ce serait bête de rester chez nous à rien faire, on devrait sortir tiens, faire de cette journée comme les autres, une soirée pas comme les autres. » Elle rit un instant devant son monologue, Scarlett devenait volubile quand elle avait une idée en tête. « Enfin je veux dire, on ne s’est pas vu depuis un moment, et puisqu’on a rien de prévu ce soir, ce serait bête de ne pas en profiter. » S’enfonça-t-elle dans davantage d’explications vaseuses. Elle savait pourtant qu’elle n’avait pas besoin de se justifier devant lui, que Nate comprenait mieux que n’importe qui, mais rien à faire, elle parlait trop, s’enfonçait, et perdait vite ses moyens. « J’aimerais qu’on repasse du temps ensemble… comme avant. » Ajouta ensuite Scarlett sincèrement le fond de sa pensée, une envie qui n’avait absolument rien avoir avec la Saint-Valentin, mais au contraire tout avoir avec son cœur qui battait à vive allure depuis quelques minutes, précisément à l’instant où il avait franchi la porte d’entrée, une envie qu’elle n’avait même plus besoin de cacher, au vu de ses fichus sentiments qui la dominaient toujours en sa présence.

Nathanaël rit légèrement lorsqu’elle lui exposa son programme de la soirée après lui avoir expliqué qu’elle avait terminé de travailler se doutant au son de sa voix qu’elle n’avait pas plus envie de sortir maintenant que ce qu’elle avait à faire était bien bouclé et qu‘elle se retrouvait maintenant libre de faire ce qu‘elle voulait. « Ca à l’air vraiment exaltant comme projets de soirée. » Ajouta Nate en la regardant toujours compatissant puisqu’il était un petit peu dans la même situation, film et travail en moins. Puis, alors qu’il essayait faussement de se la péter en insinuant qu’il était parfait la jolie brune lui répondit qu’il l’était toujours ce à quoi il répondit tout simplement par un demi sourire. C’était faux bien entendu, il le savait, elle aussi sûrement et bien d’autres surtout depuis la révélation du secret qui trainait le trio dans la boue. Nathanaël était plutôt du genre à se qualifier comme quelqu’un ayant pratiquement tous les défauts du monde plutôt que l’inverse. Scarlett énonça ensuite l’idée qu’ils ‘fêtent’ à deux ou plutôt profitent de cette occasion pour passer une bonne soirée et discuter, comme à chaque fois qu’ils passaient un moment ensemble. Un moment magique même s’il pouvait être bref autant qu’il pouvait ne plus jamais s’arrêter. C’était probablement une date assez étrange pour qu’ils ne trainent ensembles tous les deux mais qui s’en souciait vraiment à ce stade ? Déjà après ce qui était arrivé au nouvel an pas la peine de faire ‘genre’ et de se cacher derrière des barrières ou des faux semblants mais en plus, aucun d’eux ne donnait vraiment d’importance à ce jour qui était donc à leurs yeux comme les autres. En effet, si pour Nate le 14 Février avait vraiment signifié quelque chose pour lui, il n’aurait pas pris le risque de venir jusqu’ici, de lui porter un cadeau et surtout d’affronter la rue des commères ainsi que la possibilité de se retrouver nez à nez avec Carl où les parents Spencer en arrivant. « Ben si tu arrives à me supporter, je me ferais un plaisir de passer la soirée avec toi bien entendu et comme d‘habitude, on trouvera des choses mémorables à faire pour passer le temps ! Mais au fait ça me fait penser, je te dois encore un restaurant si je ne m’abuse, non ? » Demanda-t-il de manière rhétorique puisqu’il savait pertinemment que oui. Cela datait de déjà quelques mois mais il n’avait en aucun cas oublié. Malheureusement. Ce n’était pas le fait de devoir rattraper ce moment raté mais plutôt ce qui avait gâché leur soirée à ce moment là alias : l’article de DS révélant son implication ainsi que celle d’O’Conell et de Lily dans la mort de Tessa Hamilton. Alors que Nate s’était un peu éloigné en regardant tout autour de lui son regard se reporta sur la jolie brune, silhouette fixe comme si ses pieds s’étaient enracinés dans le sol et que sous la ‘surprise’ d’une confession aussi juste et dévoilée , son corps devait prendre un peu de temps pour pouvoir bouger à nouveau et anticiper. Ce n’était pas la première fois qu’ils partageaient ce genre de pensées et de dires mais c’était toujours une agréable surprise de l’entendre venant de l’autre. Pour une fois les deux avaient l’air aussi timides l’un que l’autre. D’habitude il y avait deux situations envisageables : soit l’un était plus sur la réserve et pas l’autre, soit tous les deux étaient parfaitement à l’aise ce qui était bien évidemment le meilleur scénario envisageable. « Avant ‘’l’accident’’ ? » Demanda-t-il peu sur de lui avant de revenir vers elle après quelques pas et de se planter à même pas deux mètres et d’ajouter : « On peut.. Moi aussi c’Est-ce que je voudrais. » Ca allait probablement être difficile pour les prochains temps mais pas impossible. Lorsqu’il s’agissait de Scarlett, rien n’était impossible à ses yeux de toute manière. « D’ailleurs on ne peut pas le faire, on va le faire. » Reprit-il en esquissant un nouveau sourire et mettant fin à l’ultime distance qui les séparait en posant sa main sur sa joue dans une caresse. C’était plus fort que lui, il ne pouvait se résoudre à ne pas la toucher, l’approcher alors qu’ils étaient dans la même pièce. Peut-être était-ce du à ces mois où il n’avait pu le faire et qu’il voulait indéniablement rattraper ou à une raison plus sombre qui lui soufflait à l’oreille qu’avec les événements futurs avec les Hamiltons et tout ça, il n’en aurait peut-être plus jamais l’occasion. Il ne montrait rien derrière son visage de marbre et son sourire en coin mais il avait tout simplement peur qu’on la lui enlève encore une fois. Il pencha le visage en avant et déposa un baiser à la commissure de ses lèvres avant de reculer d’un pas et de demander plus qu’enthousiaste : « Alors, qu’est-ce que tu veux faire ? »

Tant bien que mal, Scarlett essaya de ne pas s’égarer dans des élucubrations supplémentaires. La jeune femme venait de proposer à Nate de passer la soirée ensemble, puisqu’ils n’avaient rien de prévu tous les deux. Elle s’étonnait qu’il n’ait pas organisé une sortie avec son meilleur ami, mais celui-ci avait peut-être des plans de son côté. Cela lui importait peu à vrai dire, puisqu’elle avait ainsi l’occasion de passer du temps avec Nate. Lui n’y voyait pas d'inconvénient du moment que Scarlett arrivait à le supporter pour la soirée. La jolie brune leva les yeux au ciel en l’écoutant débiter de telles sottises. Il lui rappela alors cette fameuse soirée au restaurant qui avait plutôt mal terminé à cause de la révélation du secret. Celle-ci était en effet tombée au mauvais moment, mais il y en aurait-il vraiment eu un bon ? Pas vraiment. « Alors déjà, tu ne me « dois » rien du tout, mais je suis tout à fait partante pour un restaurant, oui. » Acquiesça la jeune femme à sa suggestion implicite, en rectifiant toutefois ses mots. La jolie brune n’avait pas vraiment de meilleur programme en tête à l’horizon. Nate n’avait sûrement pas mangé, et elle, pas vraiment non plus, alors ce n’était pas plus mal comme idée. Ils pourraient toujours aviser de ce qu’ils feraient ensuite. Et puis de toute façon, du moment qu’elle passait du temps avec lui, Scarlett s’en fichait un peu du reste, une pensée qu’elle partagea d’ailleurs à voix haute. La jeune femme espérait que tout redeviendrait comme avant entre eux. Nathanaël lui lança un regard interrogateur et lui évoqua la période avant l’accident. Scarlett acquiesça, même si elle faisait surtout référence au moment où elle s’était éloignée de lui plutôt que l’inverse, mais tout était beaucoup mieux encore avant ce drame tragique, hormis quelques moments particuliers qu’ils avaient partagés après et qu’elle ne voudrait effacer pour rien au monde, pas même pour remonter le temps. Au même instant, Nate se rapprocha et réduisit la distance entre eux jusqu’à se retrouver à nouveau en face d’elle et laisser sa main effleurer la joue de Scarlett. La jeune femme noya ses prunelles dans les siennes et afficha un sourire quand il renchérit que cette sortie se ferait. Il approcha ensuite ses lèvres et l’embrassa furtivement à la commissure des lèvres, lui demandant ce qu’elle voulait faire. Scarlett était agréablement surprise de l’approche de Nate, il n’était en général pas des plus démonstratifs, du moins pas quand ils venaient à peine de se retrouver, mais la jeune femme n’avait plus aucun doute. La soirée du Nouvel An avait définitivement marqué un changement entre eux, un réveil inopiné de leurs sentiments enfouis, mais pas désagréable. C’était même tout le contraire. Son murmure avait résonné dans sa tête comme la plus douce mélodie, son corps tout entier était prêt à se plier à cet homme qui lui affolait le cœur et qui se tenait devant elle. C’est là, à cet instant de la plus haute banalité en apparence, que Scarlett comprit que leurs vies pouvaient prendre un tour nouveau si elle le voulait. Il lui suffisait de céder à cette envie sauvage qui lui susurrait de le plaquer contre le mur et de lui arracher tous ses vêtements, elle n’aurait alors qu’à effleurer ses lèvres à nouveau, et toute son existence à elle s’en retrouverait bouleversée. Un choix. Simple et conducteur de lourdes conséquences. Scarlett savait que cette décision aurait été le bon choix, si seulement elle avait été certaine de n’éprouver aucun regret et d’assumer chaque répercussion inévitable ensuite, sauf que pour le moment, la jolie brune ne se sentait pas encore prête à briser les toutes dernières barrières qui la retenaient de faire ça. « Je ferais mieux d’aller mettre autre chose. » Répondit-t-elle donc simplement, confirmant par là qu’ils pourraient ensuite quitter la maison Spencer. À la base, elle n’avait pas prévu de sortir et, pensant ouvrir à un membre de sa famille distrait, elle s’était juste habillée de ce qui lui était tombé sous la main en premier lieu. Elle proposa à Nate quelque chose à boire en l’attendant et alluma ensuite la télévision pour qu’il ait de quoi « s’occuper », pas qu’elle prendrait une heure à se préparer, mais il n’y avait aucune chance qu’elle soit prête en cinq petites minutes. « Fais comme chez toi. » Dit-elle avant de monter enfiler une tenue plus appropriée pour sortir. Au bout d’une bonne dizaine de minutes, Scarlett redescendit fin prête, elle n’avait pas fait de grand tralala, un beau slim et une belle blouse, une touche de maquillage et de parfum, et hop le tour était joué pour une soirée cool, décontractée et sans de prises de tête. « Désolée pour le temps, j’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. » S'excusa-t-elle en débarquant dans le salon en enfilant son dernier escarpin à cloche-pied, du Scarlett-tout-craché. Elle retourna ensuite dans le hall d’entrée et attrapa sa veste dans la penderie prévue à cet effet. « Tu veux retourner « là » ou aller ailleurs ? » S’enquit ensuite la jeune femme. Les endroits familiers c’était bien, mais les découvertes n’étaient pas plus mal non plus, d’autant qu’ils pourraient peut-être ensuite l’ajouter à leur liste si ça leur plaisait.

Il se contenta de hocher la tête à ses dires bien qu'il n'était pas spécialement d'accord avec. Bien sur, ce n'était pas comme s'il s'était enfui en plein milieu du repas en la laissant en plan avec la note mais disons que c'était tout de même sa faute si finalement la soirée pourtant bien commencée s'était finie aussi rapidement et aussi mal aussi. De toute façon même lorsqu'il était rentré chez lui, il n'avait rien pu faire, il était resté couché dans le silence alors il aurait tout aussi bien pu rester au restaurant avec Scarlett même s'il n'en avait pas le cœur. Acceptant d'aller dîner au restaurant, elle évoqua l'idée d'aller se changer tout en allumant la télévision et lui signalant qu'il pouvait faire comme chez lui ce à quoi il répondit par un sourire en ajoutant alors qu'elle prenait déjà le chemin de sa chambre :  « Je t'attend. » Le jeune homme se gratta l'arrière de la tête une fois qu'il fut sur qu'elle était sortie de la pièce et souffla . Le plus dur était passé et c'était déjà ça de gagner. Même si l'envie avait été très forte, il se demandait encore comment il avait réussi, sans nervosité en tout cas, à lui offrir le bracelet. Enfin sans nervosité en apparence. Debout devant la télé, mains dans les poches, Nate regardait l’émission qui était en train de passer avec peu d’intérêt. C'était sans doute la première fois qu'il en entendait parler mais rien que le concept suffisait à lui insuffler que ce serait la dernière aussi. Quelques instants après, Scarlett revint dans la pièce changée et parfumée s'excusant pour l'attente bien que vu le résultat, l'Evans ne pouvait que se dire que ça valait le coup. Certes, elle n'avait qu'un pantalon et une blouse, elle n'était pas non plus en robe de soirée avec de nombreux bijoux, une coupe de cheveux à toutes épreuves mais elle n'en restait pas moins magnifique. « Non du tout, je regardais.. euh.. Je sais pas trop ce que c'était mais je t'avoue que c'était un supplice. » Il rit avant de se pencher pour éteindre la télévision puisqu'ils étaient tous les deux fins prêts à partir et aller dîner. Oui, sauf que la question de Scarlett le scotcha sur place. Bonne question. Il est vrai que du coup, la dernière fois ils n'avaient pu profiter de la cuisine du chef, de retrouver leurs petites habitudes dans le restaurant puisqu'ils étaient partis plus que précipitamment donc d'un côté ils pouvaient retenter l’expérience en y retournant. D'un autre, Nathanaël avait entendu parler d'un restaurant dans lequel il n'avait jamais été, chinois, à la sortie de la ville juste avant la route qui menait à l'autoroute. En y réfléchissant les deux lui allaient parfaitement et il ne voyait aucun inconvénient ni à l'un, ni à l'autre. Super ça l'aidait beaucoup tout ça. Haussant les épaules il la rejoignit dans le hall d'entrée en posant sa main sur la poignet de la porte et répondit : « J'ai entendu dire qu'un restaurant a ouvert, un chinois, tu veux tester ? » Demanda-t-il afin d'avoir son avis sur la question avant d'ajouter « Les deux me vont après, si tu préfères les trucs de tradition vaut mieux aller au notre. » Un sourire se dessina sur ses lèvres. 'Au notre', ça sonnait incroyablement bien et Nathanaël adorait l'idée que quelque chose leur 'appartienne' d'une certaine façon. Ils avaient survécus à bien des épreuves tout autant que leur relation en montagne russe alors être ici aujourd'hui, était un véritable petit miracle. Pendant un moment Nate avait cru l'avoir perdue pour de bon et il ne voulait plus en arriver là, même plus s'en éloigner. « Tu es très jolie. » Laissa-t-il échapper dans un moment d’inattention bien que généralement il essayait de le penser sans forcément le dire ou le montrer. Ça l'a mettait mal à l'aise il en était conscient mais il le pensait si fort que parfois il lui était impossible de taire tous les élans de son organe battant, d'autant plus qu'il parvenait seulement avec un minuscule succès qui ne tenait qu'à un fil de ne pas l'embrasser.

Une fois prête, Scarlett redescendit rapidement. Elle n’excellait pas dans la vitesse pour se préparer, mais elle était plutôt fière de ne pas avoir dépassé les limites du raisonnable, surtout que la jeune femme détestait faire attendre les gens. Elle rejoignit Nathanaël dans le salon, il semblait s’être pris de passion pour une émission étrange, enfin le mot était sans doute trop fort car il rectifia le tir en qualifiant le programme de « supplice ». Une pensée espiègle traversa aussitôt l’esprit de Scarlett. La prochaine fois qu’il devrait « attendre », elle pourrait lui proposer d’éviter de patienter dans le salon et de l’accompagner à l’étage, mais ce n’était pas sûr qu’ils finissent la soirée au restaurant. Elle esquissa un sourire en guise de réponse et attrapa sa veste qu’elle enfila. Avant de sortir de la maison Spencer, Scarlett demanda néanmoins à Nathanaël s’il préférait rester dans leurs traditions ou changer pour l’occasion. Après quelques secondes de réflexion, il évoqua l’idée d’un restaurant chinois. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette proposition était séduisante car la jeune femme n’avait jamais goûté à cette cuisine auparavant. Alors, entre la tradition et la nouveauté, sa curiosité trancha. « Tu rigoles ? J’adore tester les nouveautés ! Va pour le chinois. » Scarlett attendit que Nate ouvre la porte, puisqu’il avait déjà posé la main sur la poignée, mais alors qu’elle s’apprêtait à sortir, il lui souffla un compliment. La jeune femme rougissait facilement, souvent ne sachant pas trop comment réagir, surtout venant de lui, et parce que ça faisait toujours plaisir à entendre, mais cette fois, elle parvint à garder un semblant de normalité et se contenta de sourire. « Merci. » Souffla-t-elle. Les temps de timidité entre eux devaient cesser, ils avaient depuis longtemps déjà dépassé ce stade. Une fois la porte ouverte, Scarlett sortit à l’extérieur et attendit que Nate la rejoigne pour glisser ses clefs dans la serrure et fermer la porte d’entrée. La maison Spencer n’accueillerait plus personne en cette soirée de Saint-Valentin. La jeune femme se tourna alors vers l’espace réservé aux voitures de la famille devant la maison et se rendit alors compte qu’elle avait totalement oublié l’absence de tous les membres Spencer en cette soirée. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Pas de véhicule à disposition ! Scarlett n’avait plus de voiture depuis que la sienne avait été complètement détruite dans l’accident avec Heathcliff, tandis que celle des parents et d’Éli n’étaient évidemment plus là. Et à pieds, c’était un peu loin. À voir du côté des Evans donc, mais le mot voiture dans leurs environs était limite devenu tabou. « Hum. Je crois qu’on va avoir un petit problème de transport. » Lança la jeune femme. Au pire, elle pourrait même conduire, ce n’était pas le problème présentement. Mais à voir devant la maison des Evans un peu plus loin, Scarlett ne voyait rien devant. Ils devaient aussi être de sortie. Et puis soudain, une idée lumineuse lui traversa l’esprit, une idée risquée, presque folle pour eux, mais tout de même. Et s’ils utilisaient un tout autre moyen ? La jeune femme venait de se souvenir de ce qu’il y avait dans le garage familial. « T’as déjà fait de la moto ? » Demanda-t-elle en souriant, sachant qu’il ne s’attendrait sûrement pas à cette question. Papa Spencer avait son vieux modèle encore là, en parfait état, souvenir de sa folle jeunesse. Scarlett avait déjà eu l’occasion de s’y essayer, sur les conseils d’Holden qui lui avait appris, bien que ce soir, ça risquait d’être un peu plus délicat vu comment elle était chaussée. Mais si elle avait de bons souvenirs, Nate en avait sûrement déjà fait aussi, alors elle espérait –unpeubeaucouppeut-être- qu’il voudrait bien se lancer.

Alors que Scarlett tranchait pour essayer le nouveau restaurant tout en le remerciant pour son compliment, Nathanaël en profita pour ouvrir la porte afin qu'ils sortent et prennent le chemin. Oui sauf qu'une fois la porte fermée la jeune femme évoqua un très léger problème pas du tout  'grave'. Pas de voiture. Ah quand même.. Sauf que, pas de voiture pas de restaurant chinois parce que s'ils espéraient y aller en marchant ils n'étaient pas rendu et mieux valait-il encore qu'ils commandent des pizzas. L'idée de prendre la voiture de ses parents lui effleura l'esprit mais repartie aussi vite qu'elle était arrivée : ses parents n'étaient pas là ils avaient donc naturellement pris le véhicule familial. Super, ils se retrouvaient donc dehors sans aucun moyen d'aller au restaurant. La soirée allait être plutôt comique. « T'as déjà fait de la moto ? » Nathanaël fronça légèrement les sourcils ne se rendant d'abord pas très bien compte de ce qu'elle voulait insinuer exactement par là : « Ça m'est arrivé oui mais pourq... » Il se stoppa net dans sa phrase en voyant le sourire malicieux de Scarlett qui se dirigeait maintenant vers le garage sans doute dans l'espoir de l'ouvrir de dehors plutôt que de re rentrer, de refermer derrière elle et ainsi de suite. En moto, sérieux ? Nate n'était pas bien sur là, d'autant plus que effectivement dans ce cas de figure il vaudrait mieux pour eux qu'ils évitent de boire le saké à la fin du repas qui était officiellement connu pour être un digestif mais officieusement quelque chose qui te mettait  'bien' . Fort, acide même c'était une très petite dose mais pourtant assez forte pour, en plus de deux verres de vin environ, vous rendre soûle comme un cochon. « Non allez sérieusement.. » Lâcha-t-il en la voyant ouvrir et se mettant à rire. Il ne pensait vraiment pas qu'elle était sérieuse en disant ça et en connaissance de cause : il n'avait même jamais su que Thomas Spencer en avait une. Les quelques rares fois où il avait eu la chance de monter sur une bécane ça avait plutôt été pour faire le con, amuser la galerie puisqu'il ne s'y connaissait vraiment pas et n'avait même pas l'autorisation d'en faire. Ce n'était pourtant pas une si mauvaise idée. Dans combien de film on pouvait voir l'acteur principal plier bagage, prendre deux trois affaires et quitter sa ville, ses amis et tout ce qu'il avait en direction d'une nouvelle aventure et d'un nouvel endroit pour vivre ? Beaucoup, et le pire dans tout ça c'était que cela était incroyablement tentant. Qui n'avait jamais rêvé à aucun moment de sa vie de tout laisser tomber, d'envoyer promener les gens, les contraintes, les devoirs pour prendre sa liberté et vivre sa vie loin de tout ce que nous n'avions jamais connu ? Une fois le garage ouvert, Scarlett alluma la lumière tandis que Nate s'approchait, mains dans les poches en regardant la mot ou plutôt, la moto sur laquelle se trouvait une housse blanche probablement pour ne pas risquer de l'abîmer ou la salir. La vérité c'est que ça allait surtout être tordant de rire de les voir tous les deux sur cet engin pendant x temps juste pour manger un chinois le soir de la st valentin. Scarlett empoigna le drap qui cachait la moto et la protégeait et tira dessus d'un coup sec et bref pour l'en enlever le plus efficacement possible. Wow. Les yeux de Nate parvinrent à traduire à la perfection ce qu'il pensait. Cette bécane était tout bonnement superbe que ce soit les couleurs, les pièces. Le jeune Evans n'était pas un boss de la mécanique tous véhicules confondus mais il savait reconnaître le travail de qualité, les bons fabricants et les bons collectionneurs si on pouvait appeler ça de la sorte. Il s'approcha de l'objet et effleura le guidon de sa main droite avant de la poser sur l’accélérateur. Elle devait avoir une vitesse et une puissance exceptionnelle et peut-être même un moteur débridé bien que ça, les vrais fans de motos évitaient tout simplement parce que ça enlevait son charme au véhicule d'origine. « Tu sais conduire ça ? » Demanda-t-il en retirant sa main du guidon et posant son regard sur Scarlett. Ça l’étonnait disons parce qu'il ne se l'imaginait pas derrière ça, bottes et blouson en cuirs, bandana sur la tête, lunettes de soleil, casque , bref.. L'équipement parfait du conducteur type de motos. Dans son cas, même s'il en avait fait quelque fois et qu'on disait souvent que c'était comme le vélo (une fois appris, jamais oublié) il n'en était pas moins très rassuré. Et puis de toute manière, il partait du principe que ça allait être elle qui allait conduire et pas lui, alors tout allait bien. « Ton père a bon goût en la matière, j'en ai jamais vu de comme ça. » Ajouta celui-ci en s'accroupissant pour regarder les roues le réservoir et tout ça. Qui sait peut-être qu'un jour la moto serait une nouvelle passion pour lui au même titre que l'astronomie bien que pour l'instant, il en était loin et même très très loin.

Scarlett esquissait déjà un sourire qui en disait long lorsque Nathanaël répondait machinalement qu’il en avait déjà fait. Elle n’avait jamais parlé de la moto qu’avait son père à personne, car elle n’avait jamais envisagé d’utiliser cet engin. D’ailleurs, la jeune femme ne comptait pas changer d’avis et si lui ne se lançait pas, ils risquaient fort de le commander à domicile leur repas, bien que l’idée d’avoir la maison pour eux seuls n’était pas la perspective la plus déplaisante qui soit. Sans lui laisser le temps de réagir plus longtemps, la jolie brune se dirigea vers le garage pour ouvrir la porte et lui faire découvrir le modèle en question. Elle alluma l’interrupteur avant de dévoiler la moto. Nate sembla fasciné par l’engin, puisqu’il resta comme un garçon de cinq ans, admiratif devant son plus beau jouet de la soirée. Amusée, Scarlett le regarda l’effleurer de tous côtés mais déglutit quand il lui demanda si elle savait la conduire. « Non t’es fou ! Holden m’a bien initiée sur la sienne, mais mon père n’accepterait jamais que je touche à celle-là ! Et il ne le saura pas… » Résuma-t-elle en quelques mots le fond de sa penser. Il était hors de question qu’elle touche au guidon et encore plus que Thomas Spencer l’apprenne, il la tuerait sur place d’avoir osé toucher son « bébé ». Toutefois, il n’était pas obligé de le savoir pour autant. « Et toi ? Tu pourrais ? » Demanda-t-elle ensuite, d’un air encourageant. C’était déjà bon signe que Nate approuve le choix de papa Spencer, Scarlett n’aurait pas à déployé une force de persuasion déraisonnée pour le convaincre. Elle attendit donc patiemment sa réponse sans vouloir l’obliger à prendre ce risque s’il ne le souhaitait pas. La jeune femme ne voulait pas qu’ils aient des ennuis juste parce qu’elle l’aurait ‘poussé’ à le faire et elle pouvait comprendre son « appréhension » à revivre des mauvais souvenirs. Au bout de quelques secondes de réflexion, il acquiesça finalement. « Je vais chercher ce qu’il faut. ». Dit-elle en lui laissant le soin de s’occuper de sortir la moto. Il y avait une porte dans le garage qui faisait jonction avec la maison et menait à l’intérieur. La jeune femme utilisa à nouveau les clefs et partit farfouiller dans la réserve des objets encombrants chez les Spencer, une pièce où la famille rangeait tout ce qui pouvait être utilisé mais ne l’était pas forcément au quotidien. Scarlett avait heureusement une bonne mémoire sur le lieu de rangement de chaque objet et prit le nécessaire avant de revenir dans le garage. « Je sais que t’as toujours rêvé de me voir en tenue de cuir sexy, mais pour ce soir, on passera. » Dit-elle en arrivant derrière lui pour le charrier et en indiquant les casques. Elle les tint jusqu’à ce qu’il finisse de sortir l’engin et lui tendit ensuite le sien avant de refermer la porte du garage derrière elle et d’enfiler la protection. Avec sa longue chevelure brune, ce serait en mode ‘cheveux-au-vent’ pendant tout le trajet. Magnifique ! Scarlett regarda Nate se familiariser avec la moto  avant de faire de même avec le casque. Elle attendait le signal de départ avant de s’installer dessus. En fait, elle commençait à entrevoir tous les avantages de ce moyen de transport. La jeune femme pourrait se placer derrière Nate et donc se coller contre lui sans devoir trouver d’excuses. Décidément, elle apprécierait certainement la moto autrement après ce soir.

Le jeune homme ne tiqua pas spécialement lorsque Scarlett lui annonça qu’elle n’avait jamais conduit cette moto parce que son père ne l’aurait jamais accepté. Il se disait que, il y avait une première fois à tout et qu’elle essaierait de la faire rouler pour la première fois ce soir, avec lui. Mais c’était sans compter sa question qui remit les pendules à l’heure. Lui ? Il se releva instinctivement, se tournant vers elle les yeux ronds et la bouche entrouverte. Non vraiment, ce n’était pas une bonne idée et il espérait en son for intérieur que c’était juste une erreur de compréhension et qu’il avait mal comprit ce qu’elle lui avait dit. « Moi ? » Demanda-t-il afin d’être sur même si ça semblait tout à fait ridicule. Il n’y avait qu’eux dans ce garage, de cette maison et même probablement dans cette rue donc ça semblait logique qu’elle parlait de lui et pas du voisin. Ce n’était pas qu’il était en incapacité de le faire mais disons que depuis l'accident, il refusait plus ou moins de conduire et de prendre le volant -ou le guidon en l'occurrence- en présence de quelqu'un d'autre que lui. Surtout que, lorsqu'il prenait la route, il avait tendance souvent à partir dans ses pensées et donc d'avoir quelques excès de vitesse. Et pas des moindres. Ce dont il avait le plus peur c'était surtout de conduire et d'avoir des flashs lui rappelant ce soir là qui, presque à coup sur, lui ferait complètement perdre le contrôle. Mettre Scarlett en danger, risquer de la blesser était complètement hors de question aussi impatient était-il de partager cette soirée avec elle. Se grattant l’arrière de la tête en reposant son regard sur ladite moto il bafouilla un peu confus : « Ben euh.. Oui techniquement je peux oui mais.. » mais ce n’est pas du tout une bonne idée Dans le pire des cas, Nathanaël pouvait toujours s’arrêter sur le bas côté et descendre pour faire une pause s’il sentait quelque chose de bizarre. Après tout, il n’avait revit l’accident que par l’intermédiaire de ces rêves -ou de ces cauchemars plutôt- mais j’avais éveillé alors pourquoi est-ce que ce serait le cas cette fois ? Il avait de nombreuses fois conduit depuis mais préférait largement laisser le volant à la personne qui l’accompagnait de peur certainement de revivre la même expérience horrible. Il souffla puis haussa les épaules, pourquoi pas essayer après tout ils n‘avaient rien à perdre bien au contraire et de toute manière, il roulerait doucement, surement et ils auraient les protections. « D’accord on fait comme ça. » Il l’écouta dire qu’elle allait chercher ce qu’il leur faudrait et se contenta d’hocher la tête en posant ses deux mains sur le guidon enlevant ainsi la béquille qui retenait la moto et la sortant du garage. Ce n’était pas la plus lourde qu’il avait vue dans sa vie mais l’une des plus impressionnantes sans aucun doute. Si papa Spencer le voyait y toucher, nul doute que ça ferait une personne en plus sur la longue liste des gens qui devaient vouloir le descendre à Magnolia. Il priait d’ailleurs pour qu’aucun article ne soit posté à propos de ça parce qu’à coup sur, ça viendrait à l’oreille de quelqu’un qui l’apprendrait au père de famille et saurait tout de suite de quelle bécane il s’agissait. Alors que Scarlett revenait derrière lui, elle lui lança qu’elle savait combien il apprécierait de la voir en tenue de cuir ce à quoi il sourit se laissant convaincre qu’elle s’était sans doute changée pour l’occasion mais c’était sans compter la fin de sa phrase. En remettant la béquille à la bécane après l’avoir inspectée il se releva et se tourna vers Scarlett le visage déconfit : « Tu viens de me faire un faux espoir inimaginable, Spencer. » Lança-t-il en prenant une mine sérieusement abattue. Il adorait faire ça : la charrier et essayer de la mener en bateau bien que ça ne durait jamais plus de quelques secondes puisqu’elle comprenait vite que c’était sur le ton de la plaisanterie le plus souvent. Il est vrai qu’en n’y réfléchissant, une Scarlett toute vêtue de cuir avec sa silhouette svelte ne serait pas une torture à regarder bien au contraire, mais puisqu’il n’y avait pas le droit, il n’allait pas se torturer l’esprit à se l’imaginer en sachant que ça n’arriverait pas. Une fois prêt Nate grimpa sur la bécane posant ses deux mains sur les accélérateurs puis retira la béquille après avoir mis le contact. Tout semblait bon. Casque bien accroché sur sa tête, il tourna la tête vers Scarlett toujours debout et lui tendit la main pour l’aider à grimper derrière lui. Même dans ce genre de situations, il ne voyait pas en quoi il pouvait un peu faire le gentleman, c’était même la moindre des choses. « T’es bien installée ? » Demanda-t-il assez fort pour que cela s’entendre malgré le casque, tête penchée sur le côté pour entendre sa réponse. Une fois le  ‘oui’ prononcé il serra ses mains sur l’accélérateur prêt à partir et lui lança « Accroche-toi. » Bon il est vrai que vu la vitesse autorisée en ville, elle n’aurait pas non plus besoin de se cramponner à lui mais l’idée lui plaisait bien quand même. C’est tout naturellement qu’ils prirent ensuite la route. Le restaurant n’était pas très loin, à cinq minutes, dix tout au plus le trajet allait donc être assez bref et tant mieux pour tout le monde. Ce n’est que lorsqu’ils furent sur le parking, à l’arrêt, que l’Evans posa ses deux pieds au sol tout en sortant la béquille avant d’éteindre le contact de l’engin et de retirer la clef. L’enseigne illuminait le bord de la route de milles feux ce qui lui rappelait indéniablement les feux d’artifices du nouvel an et tout ce qui avait suivi. L’aidant à descendre, Nathanaël en fit ensuite de même avant de décrocher la fermeture de sécurité son casque et de le retirer de sa tête. Ce n’était pas désagréable de refaire de la moto mais Nate avait oublié à quel point on pouvait mourir de chaud la dedans. Casque sous le bras, le jeune homme passa sa main dans ses cheveux en espérant que tout ne soit pas trop désordonné puis se tourna vers la Spencer. « J’espère que le trajet a été agréable. » Nous vous remercions d’avoir choisi la compagnie… Bref. « On y va ? » Demanda-t-il en désignant la porte remarquant d’ailleurs à l’occasion que quelques voitures étaient déjà garées et donc qu’il devait y avoir un peu de monde. Tant mieux, cela devait signifier que la cuisine était bonne. Une fois entrés, Nate glissa la clef de la moto dans la poche de sa veste histoire de ne pas l’égarer  et attendit qu’un serveur ne vienne à leur rencontre pour les saluer, leur demander s’ils avaient réservé et tout le tralala habituel. Il ne fallut d’ailleurs pas plus d’une minute avant qu’on ne leur désigne une table un peu au fond déjà prête pour deux personnes avec couverts et tout le reste. Il s’y installèrent, posant leurs casques là où ils pouvaient et prirent les cartes qu’on leur amena. En regardant Scarlett Nate ne put s’empêcher d’échapper un petit rire, il faut croire qu’elle non plus, le casque ne lui avait pas fait que du bien. « T’as une mèche qui part complètement en vrille.. Attends.. » S’expliqua-t-il en tendant le bras et replaçant ladite mèche bien en place. « Voilà, c'est mieux comme ça. » Tu es à nouveau parfaite. Après cela Nate regarda un peu autour de lui, la décoration etc qui à première vue, était plutôt jolie et assez semblable à celle qu’on pouvait trouver d’habitude dans les restaurants chinois ou japonais typiques. « Tu veux un apéritif ? » Demanda-t-il sachant pertinemment que le serveur n’allait pas tarder à venir le leur demander comme la règle indiquait de le faire. Une chose était sure : il avait hâte de voir la suite et pas seulement pour la cuisine.

Quand Scarlett voulut savoir s’il pouvait conduire la moto, Nathanaël la regarda tout d’abord d’un air ébahi. La jeune femme ne se sentait pas du tout à l’aise à l’idée de diriger cet engin non plus à vrai dire, sinon elle n’aurait même pas pris la peine de le lui demander. Ce n’était pas obligé non plus, ils pouvaient appeler un taxi vu la proximité du restaurant en transport ou rester chez les Spencer. Après quelques secondes de réflexion cependant, Nate accepta de le faire. Scarlett partit donc chercher les casques de protection tandis qu’il s’occupait de sortir la moto du garage. Elle revint quelques instants plus tard à l’extérieur et ferma derrière elle avant de lui tendre son casque tout en le taquinant sur la tenue en cuir qu’elle ne mettrait pas. Nate mima un air faussement déconfit et lui parla du faux-espoir qu’elle venait de lui faire. Scarlett retrouva aussitôt son regard espiègle, quand il s’amusait à la charrier, elle adorait lui rendre la pareille. « Ça pourrait s’arranger si t’es sage… ou pas. » Nouveau sourire. Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. La jeune femme le regarda alors terminer d’inspecter la moto et attendit qu’il la mette en route. Pour un qui en avait fait ‘quelques fois’, il semblait plutôt familier avec ce genre d’engin. Scarlett songea un instant que si son père apprenait jamais qu’ils avaient emprunté sa moto ce soir, il lui passerait à coup sûr un savon dont elle se souviendrait, mais la jolie brune lui ferait des yeux d’ange pour l’amadouer et le calmer, et ça passerait comme une lettre à la poste. Nate interrompit le fil de ses pensées quand il l’invita à le rejoindre sur l’engin vrombissant. Scarlett saisit la main qu’il lui tendit pour s’installer sur la moto et passa ensuite les bras autour de sa taille. Elle cacha son sourire béat d’adolescente de quinze ans, qui se réjouissait de faire un tour sur le joujou de son père, mais avec la meilleure compagnie qui soit. « Oui. » Répondit-elle donc naturellement quand il lui demanda si elle était bien installée. Absolument ! Nate démarra alors, Scarlett voyait le paysage défiler assez vite et sentit le vent frais traverser ses vêtements, un frisson incoercible la parcourut brièvement, mais le trajet se déroula rapidement. Quand ils arrivèrent sur le parking du restaurant, Scarlett descendit aidée de Nathanaël avant d’enlever son casque. Le résultat était… fameux, mais pas dans le bon sens, ses mèches partaient de tout côté. La jeune femme tenta tant bien que mal de remettre ses cheveux en place avant de suivre Nathanaël à l’entrée. Il espérait justement, façon pilote d’avion, qu’elle avait passé un agréable ‘voyage’. « Oui, la vue était agréable. » Rétorqua-t-elle sur le même ton d’humour, autrement dit LUI. Ils délaissèrent la moto, quelques voitures étaient d’ailleurs déjà présentes, signe que le restaurant devait marcher un minimum, malgré son ouverture récente. Ils entrèrent à l’intérieur et furent installés à une table au fond du restaurant. Scarlett déposa le casque à côté d’elle et ouvrit la carte pour commencer à regarder ce que le restaurant proposait lorsque Nathanaël tendit le bras vers elle pour lui remettre une mèche en place. « Tellement sexy n’est-ce-pas… » Rigola-t-elle d’elle-même, ses joues adoptèrent une couleur légèrement rubescente. Elle plongea ensuite un instant son regard, enduit d’une vague de nitescence dans le sien, d’un air amusé avant de se replonger dans la liste sans vraiment se concentrer. La jeune femme regarda plutôt la décoration asiatique, le restaurant semblait à la fois assez raffiné et décontracté. Scarlett se rendit alors compte qu’elle n’avait jamais vraiment mangé chinois (vrai !). Nathanaël lui demanda alors si elle voulait un apéritif. « Je me laisserais bien tenter par l’apéritif maison. Et toi ? » Celui dont elle parlait était à base de saké, de jus d’orange et de mangue, un goût que Scarlett était susceptible d’apprécier. Elle était à la fois curieuse de goûter une cuisine qui ne lui était pas familière, mais pas au point de prendre trop de risques. Heureusement, depuis leur précédente entrevue dans un restaurant, la jeune femme avait recommencé à ‘toucher’ à des boissons alcoolisées, toutefois en toute modération. Elle plongea ensuite son regard dans les menus et pour une fois choisit assez rapidement ce qu’elle consommerait. Après quelques minutes, une serveuse à la beauté sylphide s’approcha pour prendre leur commande. Pour manger, Scarlett opta pour des nouilles sautées au poulet. Elle se souvenait que sa mère avait essayé d’en faire une fois, c’était bon, mais elle voulait en goûter des ‘vraies’, pas des faites-maison-à-la-Spencer. Quand leur commande fut prise, la jeune femme remarqua alors une drôle d’idée qu’avaient eue les gérants du restaurant. Étaient disposés à côté des couverts traditionnels les fameuses baguettes. Un des concepts de l’endroit était donc de laisser le choix aux clients de manger avec l’un ou l’autre. Ce serait drôle d’essayer. « Je te mets au défi de manger avec ça… » Lança Scarlett à Nate, à nouveau espiègle. Le début de cette soirée s’annonçait très bien, et cette fois, ils étaient sûrs que plus rien – ni mauvais secret sorti d’un placard ni aucune inquiétude - ne viendrait obombrer ce moment. On leur apporta alors leurs apéritifs. « À cette soirée imprévue ! » Lui dit-elle alors pour trinquer, subjuguée par l’éclat de ses prunelles. Elle aurait peut-être pu se la jouer asiatique une seconde et lancer un tchin tchin à tout va, mais bon fallait pas pousser mémé dans les orties. En cet instant précis, 20h23 si elle en croyait l’horloge clignant non loin d’eux, elle sombrait de plus en plus définitivement dans la certitude absolue de l’amour réciproque, un sentiment dont Scarlett continuait à bien cacher l’ampleur malgré tout au vu de la situation toujours plus que compliquée.

Lorsque Nate tendit le bras pour remettre ladite mèche de cheveux en place, il rit avec Scarlett suite à sa remarque. Encore une occasion supplémentaire d’essayer de la faire rougir volontairement et hors de question de passer à côté. Elle n’aimait pas ça, lui adorait, vraiment pas de chance. « J’osais pas le dire. » Rétorqua-t-il alors bien obligé de reconnaitre par la même occasion que c’était loin d’être complètement faux même si, la voir dans cet état était plus drôle qu’aguicheur. Alors qu’ils regardaient les cartes en recherche de ce qu’ils allaient boire et manger, Scarlett lui répondit qu’un apéritif maison la tentait bien avant de lui retourner la question. Dans la liste des boissons il y avait les trucs de base : champagne, kir, jus, sirop, bières et puis les autres qui se plaçaient dans la catégorie spécialités du restaurant comme par exemple ce qu’avait choisi la jolie brune. N’ayant aucune idée de ce qu’il pouvait bien prendre, l’Evans se contenta d’hausser doucement les épaules : « Je pense que je vais prendre la même chose que toi. » répondit-il toujours plongé dans la carte des choix. C’est d’ailleurs à ce moment là qu’une serveuse se décida à venir prendre leurs commandes, armée d’un bloc note vierge et d’un crayon à papier. Cette dernière leur demanda tout d’abord s’ils avaient choisi pour l’apéritif et en profita pour prendre leurs plats de résistance. Laissant Scarlett énoncer ce qu’elle prenait d’abord, il lui emboita le pas prenant donc le même apéritif et continuant plutôt sur du riz cantonné avec du canard laqué pour sa part avant de remercier la serveur et de lui confier sa carte avant qu’elle ne reprenne le chemin de la cuisine. Nathanaël releva les yeux vers la jolie brune lorsqu’elle le défia de manger uniquement avec les baguettes et non pas avec les couverts comme la plupart des clients. Une chose était sure : ça risquait d’être comique. Epique même. Comment dire.. Nate savait les tenir mais de là à réussir à manger avec c’était une toute autre affaire. Malgré la difficulté du défi, aucun moyen de refuser ; par fierté sans doute mais le résultat n’en était pas moins le même. « Cap. Tu peux en faire autant tu crois ? » Demanda-t-il d’un air volontairement joueur en désignant les baguettes posées du côté de la Spencer. Ce n’était sans doute pas de manger la viande qui allait être difficile par contre le riz.. Ca risquait vraiment d’être une galère. Peut-être , dans le pire des cas, pourrait-il manger grain par grain mais niveau fierté ce ne serait pas vraiment le top du top non plus même si à la clef il réussissait le défi. D’autant plus qu’il mettrait deux fois plus de temps à manger et qu’à la longue, ça risquait d’être froid avant qu’il n’en ait mangé la moitié. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il mangeait chinois -notamment avec des baguettes- mais à chaque fois c’était comme s’il redevenait complètement novice. Bref, Scarlett allait sans doute bien rigoler en le voyant faire. Leurs boissons apportées quelques instants plus tard avec comme accompagnement une assiette de chip chinoises, chacun prit son verre et le leva afin de trinquer : « A cette soirée. » répéta Nate en portant le verre jusqu’à ses lèvres pour en boire une petite gorgée. Le gout n’était pas désagréable au contraire mais on pouvait sentir malgré tout la force du saké mélangé à merveille avec les saveurs parfumées. Saint Valentin 2014, restaurant, balade à moto, plus de mensonges, Scarlett. Tout se passait étrangement bien. Plus que bien même. Reposant son verre, le jeune homme ne put s’empêcher par gourmandise sans doute de piquer une chips dans l’assiette et de la déguster avant de sortir de son silence : « Ca fait longtemps que t’as pas mangé chinois ? » ben oui parce que bon, si ça faisait moins d’un mois ou encore pire moins d’une semaine, ça gâcherait un peu le charme de la chose. En la regardant, il avait la douloureuse impression de ne pas l’avoir vue depuis une éternité ce qui n’était d’ailleurs pas complètement faux lorsqu’on y réfléchissait puisque la dernière fois avait été lors de la soirée du nouvel an. Sans doute avaient-ils eu, l’un comme l’autre, besoin de prendre du recul et de réfléchir à tout ce qui avait été dit ce soir là, ce qui avait été fait aussi. La révélation du secret en plus de celle des sentiments de Scarlett autant que ceux de Nathanaël faisaient beaucoup pour aussi peu de temps et il fallait avouer que le jeune Evans était un peu perdu dans tout ça. Une serveuse revint à leur table, coupant alors Nate dans sa réflexion et y alluma deux bougies qu’elle plaça eu centre de la table en s’excusant pour le dérangement avant de faire de même avec la table à côté. La salle avait maintenant une atmosphère plus détendue et intime alors que les grandes lumières se baissaient. Normal pour un 14 Février sans doute. Fallait dire que généralement à cette date de l’année, Nathanaël n’était pas au restaurant mais plutôt avec des amis dehors ou tout simplement chez lui. « Il ne manque plus que les violons et c’est bon je peux te demander de m’épouser ! » Rit-il bien qu’il ne trouvait pas ça désagréable. Epouser quelqu’un, se marier.. C’était impensable aux yeux de Nathanaël et cela depuis son plus jeune âge. Le mariage ‘raté’ de ses parents ne l’ayant qu’un peu plus conforté dans son idée.

Si quelques heures auparavant, une petite voix avait susurré à l’oreille de Scarlett comment virerait finalement sa soirée, elle ne l’aurait pas crue. Nathanaël, qu’elle n’avait plus revu depuis Nouvel An après lui avoir avoué qu’elle avait toujours des sentiments pour lui, était venu lui faire une surprise à sa porte un cadeau à la main. Étant tous les deux libres, ils avaient ensuite convenu de cette sortie chargée d’imprévus non seulement par le fait qu’ils se retrouvaient le jour de la Saint-Valentin, mais qu’ils avaient aussi improvisé le trajet en moto pour se rendre jusqu’au restaurant. La jolie brune avait d’ailleurs le sentiment que c’était loin d’être terminé. Une fois arrivés, Nate et Scarlett furent rapidement installés à une table les cartes en main. La jeune femme, qui ne savait généralement jamais quoi choisir quand les menus étaient si diversifiés, se laissa séduire par des choix qui tournaient uniquement autour de spécialités asiatiques. Elle opta d’abord pour l’apéritif maison pour lequel Nate lui emboîta le pas. Une serveuse fit ensuite son apparition et prit leurs commandes avant de repartir avec les cartes en main. Une soirée sans petits jeux à un moment donné entre eux n’était forcément pas digne de ce nom. Une étincelle espiègle s’alluma dans le regard de Scarlett quand elle remarqua les baguettes d’un côté de la table. Elle avait terriblement envie de s’y essayer, mais ne voulant pas « virer » au ridicule toute seule en mangeant, elle lui lança d’abord le défi de se prêter au jeu également, sachant très bien qu’il le lui retournerait. La jeune Spencer le connaissait un minimum à force. « En galérant sûrement, mais oui. » Répondit-elle d’un air amusé, en les imaginant déjà attraper une pâte ou un grain de riz comme deux malheureux. La serveuse leur apporta ensuite les apéritifs. Scarlett trinqua à cette soirée – notons qu’elle n’a pas dit « à cette St-Valentin », parce que ce n’est pas ce qui compte pour elle – avant de boire une gorgée de la boisson au goût particulier et détonant. La jeune femme reposa son verre tandis que Nate lui demanda si la dernière fois qu’elle avait mangé chinois datait. « Ça fait super longtemps oui, je ne m’en souviens même pas à vrai dire ou alors je devais être petite. Et toi ? » Lui retourna-t-elle la question. Quand Scarlett lui avait dit que ce serait une (re)découverte, elle n’avait pas du tout exagéré. Elle aimait bien retourner dans des endroits qu’ils avaient fréquenté ensemble, mais les nouveautés avaient un bon côté aussi. À force de toujours aller aux mêmes, ça pouvait vite devenir répétitif bien qu’on ne pouvait pas dire que la jeune femme était souvent sortie avec Nate ces derniers temps – et même ces dernières années tout court. La serveuse leur apporta alors des sortes de chips chinoises et alluma les bougies au milieu de la table tandis que les lumières du restaurant se tamisaient – so romantic ! (a) L’Evans dut lire dans ses pensées, car aussitôt la femme partie, il lui sortit le semblant de refrain sur des violons et des fiançailles. Alors qu’elle venait de boire une nouvelle gorgée de son apéritif, elle manqua d’avaler de travers. « J’suis sûre c’est ton rêve en vrai… ou c’est l’apéritif qui te monte déjà la tête ? » Dit-elle en riant. « Alors les violons pleureurs… juste non déjà. ». Pour lui donner un mini-stress, elle fit semblant de retrouver une mine sérieuse et reprit assez solennellement au début. « Tu es bien la seule personne à qui je pourrais dire oui… sans craindre de finir la bague au doigt bien entendu. C’est bien une des seules choses que je ne crois être jamais « cap » de faire. Ou alors j’accepterais pour que personne d’autre ne te la passe. » Sa phrase s’achevait à nouveau sur une note à la fois plus légère mais lourde de sens aussi. Trop lourde d’un coup. Elle plongea son regard dans le sien, pour jauger sa réaction, se rendant compte de ce qu’elle venait d’oser dire. Sous le couvert de la plaisanterie, elle venait quand même de lui faire un sacré aveu, mais il devait vraiment le prendre sur le ton de la taquinerie. Ils savaient aussi bien l’un que l’autre que cette étape était juste… impossible à franchir, mais selon les circonstances, elle ne connaissait pas ses limites. Blague à part, Scarlett retrouva de nouveau son sérieux un instant. « Et puis quand je vois où en sont mes… enfin nos parents, ça ne donne pas très envie. Un contrat ne prouve rien. » Ajouta-t-elle ensuite son avis très marqué sur la question. Chez les Evans, tout le monde était à peu près au courant des tensions au sein de leur famille, mais chez les Spencer, c’était moins évident. Scarlett ne s’attarda pas sur le sujet et préféra retomber dans leur cocon d’enfance, quand tous ces soucis étaient encore loin d’eux. « Ça me rappelle les « promesses » qu’on se faisait quand on était petits. » Elle mima bien les guillemets autour du mot « promesses », celles de ne pas faire la même erreur que leurs paternels, mais de l’eau avait coulé sous les ponts aujourd’hui et, à vrai dire, Nate pensait peut-être différemment. « Tu as changé d’avis depuis ? » Une simple boutade était en train de devenir un sujet qui l’intéressait plutôt bien. Pourrait-il vraiment se marier un jour ? Elle ne parlait pas forcément pour elle, entendons-nous bien, mais tout court. « Heureusement, la musique d’ambiance, ça passe. » Revint-elle au premier sujet, en remarquant enfin un bruit de fond avec des musiques de culture asiatique.

Haussant doucement les épaules, Nathanaël lui répondit en la regardant : « On aura l’air ridicule à deux, c’est déjà ça. » Et puis c’est certainement pas la première fois qu’ils allaient se faire remarquer à cause de leurs pitreries si quelqu’un dans le restaurant s’intéressait à eux pendant qu’ils mangeaient. Surtout Scarlett s’il se souvenait bien du magnifique moonwalk complètement -et faussement- bourrée qu’elle avait fait dans la neige en short et avec un t-shirt à Lily en somme il y a plusieurs mois de ça. Comment oublier en même temps ? Tellement mémorable, presque autant que les visages outrés des passants qui étaient venu s’inquiéter de son état alors qu’elle leur assurait que c’était Nate qui l’avait forcée à le faire en échange d’alcool. Et puis de leurs expériences chacun de leur côté avec leurs amis, ils en avaient sans doute faites des vertes et des pas mûres plus d’une fois surtout pour Nathanaël dont le meilleur ami était Heathcliff O’Conell. Quant à Scarlett, elle devait aussi s’en être pas mal sortie avec Annie qui, il fallait bien l’avouer, était un petit peu folle mais plutôt dans le bon sens du terme. « Je dirais deux ou trois mois environ. » Répondit-il peu sur de lui. Lorsqu’il passait des soirées avec O’Conell ils allaient rarement au restaurant et préféraient de loin se faire livrer chinois, polonais, français peu importe pour ensuite sortir en toute tranquillité et profiter du restant de la soirée et de la nuit. C’était plus simple comme ça aussi que de préparer quelque chose ou que de rester des heures et des heures assis à une table en attendant qu’on les serve et tout le reste. Un sourire en coin, Nathanaël ne put s’empêcher de répliquer à Scarlett qui insinuait que c’était probablement son rêve : « Ca se voit tant que ça ? Moi qui pensait m’être amélioré en cachoteries.. Je suis déçu. » L’humour, leur meilleure arme. Il aimait voir Scarlett espiègle et surtout lorsqu’elle rentrait dans son jeu de la sorte. Avec le temps, ils avaient plus ou moins appris à manier à la perfection l’humour, les insinuations ‘innocentes’ et l’ironie. Un trop toujours gagnant avec eux. Il fallait bien avouer que la réflexion de Scarlett le surpris un peu dans un premier temps. Il resta quelques instants le regard fixé dans le sien sans savoir vraiment quoi répondre mais finit par hocher la tête prenant plus ça comme une nouvelle taquinerie qu’une véritable déclaration à prendre au sérieux. Il n’avait jamais été question de mariage, de fiançailles, de bague que ce soit avec Scarlett ou qui que ce soit d’autre et il était hors de question que ça lui vienne à l’esprit. Mais d’un autre côté, ce que Scarlett avait dit n’était pas totalement dénué de sens. Demander sa main pour que personne d’autre le fasse ? C’était plutôt un coup de vice, mais assez intelligent en même temps. Sa réponse l’ayant troublé plus que de raison il décida de répondre sur le même ton, lui laissant la possibilité de prendre ça au sérieux ou plutôt à la bonne plaisanterie comme elle le souhaitait même si pour lui, ça relevait plus de la vérité : « Tu sais très bien que t’as pas besoin de me passer la bague au doigt pour que je ne sois à personne d’autre. » Il prit un air plus que sérieux toujours son regard plongé dans le sien comme si plus rien d’autre n’existait autour puis finit par abaisser la tête et la tourner pour regarder les gens. Il ne savait peut-être pas exactement dans quoi il s’engageait en disant ça et prenait aussi le risque que tout ne devienne trop sérieux, trop gênant. Quand la jolie brune ajouta qu’un contrat ne prouvait rien, qu’il suffisait de regarder leurs parents, Nathanaël approuva d’un signe de tête en reportant son attention sur elle. Il n’était pas au courant d’une peut-être tension entre les parents Spencer mais ne connaissait que trop bien l’ambiance de guerre qui régnait chez lui et depuis des années déjà. Ils étaient mariés pour le meilleur et pour le pire pourtant, ce n’était que le pire qu’on voyait jour après jour se manifester à la maison numéro trois. Nathanaël était rassuré et content de remarquer que, après toutes les années qui avaient passées depuis leur promesse dans la remise, elle n’avait pas changé d’avis sur le sujet tout autant que lui. Il persistait à croire qu’un anneau ne changeait rien et que le fait d’être dans une relation sérieuse devait être une raison suffisante pour ‘promettre fidélité et amour’ à quelqu’un. Ceux qui attendaient d’être unis dans les règles et par des bagues n’avaient décidemment rien compris. Le jeune homme rit légèrement lorsqu‘elle évoqua leurs promesses et répondit en s‘en souvenant presque à la perfection : « C’était un des engagements que j’ai pris le plus au sérieux de toute ma vie je crois bien » Même s’ils n’étaient encore que des enfants, sur le moment ça avait paru magique, sérieux et il n’avait rien jugé à la légère. Le bon vieux temps. « Pas vraiment.. J’ai beau essayer de garder l’esprit ouvert sur la question je crois que je pourrais pas. Jamais. Et puis franchement ça me semble tellement vide de sens comme engagement, on devrait pas attendre le mariage pour faire tout ça. » Répondit-il en visant toutes les promesses et le reste qui allait avec qu’on faisait pendant l’échange des vœux par exemple. « Et toi ? » Même si elle n’a pas l’air profondément pour, peut-être a-t-elle réfléchit à la question et qu’avec l’âge, l’idée lui a semblée moins stupide qui sait. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis n’est-ce pas ? Enfin ça, c’est plutôt ceux que ça arrange qui le disent. « J’avoue et puis bon.. Comme on comprend rien de toute façon.. » Lâcha-t-il avant de se mettre à rire en entendant dans la bande son des voix asiatiques chanter en chinois ou en japonais peut-être. Il ne s’était jamais vraiment intéressé à ces deux langues donc forcément, les distinguer n’était pas chose facile. Doucement, Nate tendit la main et attrapa celle de Scarlett, caressant l’endroit où , si elle était mariée, aurait figuré la bague. Qui sait si dans dix ou vingt ans elle ne serait pas mariée avec des enfants et vivrait dans une maison du quartier ? C’était un geste inconscient puisqu’il ne s’en était pas vraiment formalisé sur le moment, sans doute trop loin dans ses pensées pour ne s’en rendre véritablement compte. Ils ne formaient pas un couple, ne fêtaient pas la st valentin et ne s’étaient pas promis l’amour eternel mais cela n’empêchait rien au fait que l’Evans appréciait toujours autant le contact de sa peau contre celle de Scarlett. Il la regarda un instant en levant à nouveau les yeux et sourit alors qu’une serveuse venait reprendre le plat de chips puisque leurs plats n’allaient pas tarder à arriver. C’était plutôt rapide pour un restaurant aussi bondé mais ce n’était pas plus mal. Le jeune homme relâcha doucement sa main en la reposant sur la table et attrapa son verre au passage pour boire avant d’ajouter : « Prête pour la partie de rigolade ? » Il faisait bien entendu référence aux baguettes avec lesquelles il allait devoir manger. Même au restaurant ils parvenaient à se trouver des défis morbides, faut quand même être forts.

Encore une fois, la soirée serait ponctuée par leurs sempiternels défis, des jeux dont ils se servaient constamment pour ne jamais trop se prendre au sérieux. C’est ce que Scarlett aimait dans sa relation avec Nate. En sa présence, elle pouvait laisser libre cours à toutes ces facettes qui la caractérisaient sans jamais avoir à s’en cacher : la petite fille espiègle, la jeune femme malicieuse, l’amie timide et parfois même ‘l’amoureuse’, pour n’en citer que quelques-unes. Ils partageaient tellement plus que des sentiments, une réelle complicité avait toujours existé entre eux dès les premiers instants. Il avait suffi qu’il entre dans sa vie pour que tout se retrouve chamboulé. Et plus le temps avait avancé, plus cette évidence s’était confirmée. Scarlett interrompit le fil de ses pensées quand Nate lui répondit qu’il n’avait plus mangé asiatique depuis quelques mois. Il devait sûrement sortir plus qu’elle ces derniers temps, bien que la révélation du secret l’ait sans doute poussé à rester chez lui à plusieurs reprises. Le sujet du mariage vint ensuite sur la table à la suite d’une boutade qu’il avait lancée à tout va. L’ambiance soudainement devenue romantique dans le restaurant devait probablement y être pour quelque chose. Scarlett enchaîna sur le ton de l’humour, contrairement à beaucoup d’autres qui se seraient senties des papillons voler dans le ventre à l’idée que l’homme qu’elles aimaient puissent vraiment un jour leur demander leur main, rigolade ou non, surtout ces jeunes adolescences naïves qui n’avaient pas encore désillusionnées. Encore un sujet où la jeune Spencer et l’Evans étaient visiblement d’accord. « C’est peine perdue tu sais bien. » Et Scarlett le pensait vraiment pour le coup. À chaque fois qu’ils avaient essayé de se cacher quelque chose, ça avait fini par leur claquer en pleine figure. Leurs sentiments, la vérité sur l’accident. Ce serait quoi ensuite ? La jeune femme reporta son regard dans celui de Nathanaël après son aveu en demi-teinte. Elle rejetait non seulement le mariage, n’ayant pas changé d’avis depuis l’enfance, mais accepterait tout aussi mal de le voir lui s’engager dans cette ‘lubie’ avec quelqu’un d’autre. Cette ‘demande’ tacite sonnait peut-être comme un caprice égoïste de sa part, mais Scarlett s’en fichait royalement. Nate connaissait parfaitement son sentiment sur la question. La réponse qu’il lui donna la troubla à son tour ou plutôt la conforta dans son idée. Ils étaient totalement sur la même longueur d’onde. Était-ce à ce moment-là qu’elle était supposée ressentir des papillons dans le ventre ? En tout cas, la jeune femme se sentait anormalement sur son petit nuage d’un coup et choisit de reprendre la parole pour ne pas laisser un silence gênant s’installer entre eux. Elle donna l’exemple de leurs parents pour illustrer l’échec, car on pouvait dire que c’était le cas, de leur ‘mariage’, à se piquer le nez à longueur de temps. Les Evans ne s’entendaient plus depuis longtemps et ne restaient ensemble que par apparence ou pour leurs enfants au choix, tandis que les Spencer… La famille se morcelait de jour en jour en silence. Scarlett n’enviait pas la situation que vivait Nathanaël chez lui, mais elle avait au moins le mérite d’être clair. Au n°14, elle ne savait pas toujours sur quel pied danser. La distance se faisait de plus en plus ressentir entre les parents, mais aucun des enfants Spencer ne pouvait prédire la suite. Scarlett était quasiment certaine que ses paternels l’ignoraient eux-mêmes. À la place, elle préféra ramener au goût du jour ce moment où ils s’étaient engagés à ne jamais s’unir à quelqu’un. Nathanaël lui avoua que cette promesse était l’une des plus sérieuses qu’il avait jamais prise. Il n’avait clairement pas changé d’avis, même s’il avait déjà songé à voir les perspectives autrement, il ne pouvait visiblement pas s’y résoudre. « Je suis totalement d’accord avec toi. » Résuma à son tour Scarlett le fond de sa pensée quand il lui retourna la question. Elle avait déjà essayé de s’imaginer dans la situation inverse, une mise en scène extrêmement facilitée par le fait qu’elle avait carrément dû jouer la fausse fiancée d’Holden devant la mère-dragon de ce dernier pendant tout un temps, mais ce rôle l’avait définitivement convaincue qu’elle ne voulait pas vivre emprisonnée dans les griffes d’un homme par un contrat. L’image était exagérée, mais Scarlett ne rigolait pas, ça l’avait effrayée, d’autant que chez les Turner, le mariage était l’un des sujets au premier plan des discordes de cette famille. La jolie brune prêta alors l’oreille à la musique étrange qui résonnait dans le restaurant, le son n’était pas désagréable et sans doute bien mieux que des violons trop « classiques » pour un soir de Saint-Valentin. Un sourire étira ses lèvres à la remarque de Nate, ne se rendant pas tout de suite compte qu’il avait attrapé sa main et caressait l’endroit où aurait dû se trouver une alliance si Scarlett acceptait un jour de s’engager. Elle ne prêta pas vraiment attention à ce détail, happée par son regard, elle se noyait trop facilement dans ses prunelles. Il avait toujours eu cette emprise naturelle sur elle, elle ne s’en était pas toujours rendu compte ou choisissait tout simplement de l’ignorer, toujours est-il que l’évidence était-là et qu’elle ne pouvait pas la nier. Des bruits de pas près de la table ne tardèrent pas à se faire entendre. La serveuse arrivait pour débarrasser l’apéritif, ‘coupant’ involontairement le contact entre les deux jeunes gens. « Toujours. » Répondit-elle à la question de Nate alors que leurs plats leur étaient déjà apportés. Les assiettes étaient bien garnies et donnaient envie d’être mangé – du moins, ça c’était avant leur casse-tête ‘chinois’, à savoir ne pas utiliser les couverts conventionnels. « Bon appétit. » Scarlett déplia la serviette et se saisit ensuite des baguettes qu’elle coinça entre son index et son pouce et fit une première tentative. Infructueuse. Elle avait réussi à coincer une bouchée entre les deux baguettes, mais tout était retombé. Son deuxième et troisième essais ne rencontrèrent pas plus de succès. Le rire de Nathanaël en face d’elle et les regards des autres clients qui commençaient à se tourner vers eux n’arrangeait rien, mais c’était le jeu. Au bout de la quatrième tentative, la jolie brune parvint à coincer une bouchée. Elle tricha un peu en baissant légèrement la tête mais parvint à amener le tout jusqu’à ses lèvres. « Hallelujah ! » S’écria-t-elle en signe de victoire après avoir avalé, en se faisant encore remarquer une fraction de secondes. Scarlett reporta ensuite son attention vers Nathanaël qui avait de galérer aussi. « Alors tu t’en sors ? » Demanda-t-elle d'un air amusé pour le provoquer un peu, alors que lui ne s’était pas gêné pour la charrier. Un simple dîner au restaurant était déjà en train de devenir l’un de leurs délires les plus ‘épiques’.

De toute manière, c’était tant mieux s’il n’avait plus aucun secret pour elle -ou presque plus aucun- parce que si non seulement avec le temps il avait compris qu’il ne pouvait pas lui mentir parce que ça se soldait toujours par un échec, il n’avait pas non plus envie d’essayer encore et encore pour pouvoir s’améliorer. Ils avaient retrouvé leur complicité, leur confiance et même si ça pouvait paraître difficile à croire, Nathanaël avait l’impression qu’elle était encore plus forte qu’avant. Elle avait su pour l’incident de Tessa avant même que ce ne soit dévoilé et maintenant qu’il surmontait cette épreuve avec elle pour le soutenir, il se sentait pour la première fois depuis l’accident, assez fort pour gérer la situation avec un calme nouveau et surtout beaucoup de patience. Sans doute aurait-il a nouveau cherché à fuir les gens et à les éloigner après révélation Lily n’étant pas à Magnolia et n’ayant pas vraiment de nouvelles d’O’Conell. Tout était mieux passé avec elle à ses côtés. Quelques instants plus tard, la jeune fois lui répondit plus ou moins qu’elle non plus n’avait pas changé d’avis depuis et qu’elle avait la même idée par rapport au mariage et tout ce qui allait avec. Encore un sujet sur lequel il pouvait dire sans mentir qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Avec les années, toutes les discussions qu’ils ont eu, tous les sujets sur lesquels ils ont discuté, il était impossible le nombre de fois où ils avaient partagé le même avis et c’est probablement ça qui faisait toute l’alchimie qu’il y avait entre eux. Cette espèce de connexion curieuse qui avait toujours existée entre eux aussi loin que Nate s’en souvenait et que personne hormis elle et lui, n’était en capacité de comprendre. Leurs plats furent apportés, mettant alors le défi en route. Rien qu’à regarder le bol de riz et les baguettes l’un après l’autre, Nathanaël savait qu’il allait galérer et probablement se ridiculiser mais bon, ce ne serait ni la première ni la dernière. Il soupira légèrement comme pour se donner du courage puis lança en regardant une nouvelle fois Scarlett : « Bon appétit.» Alors qu’il décrochait ses baguettes, une carafe d’eau leur fut apportée pour accompagner le repas. Le jeune homme se préparait à attaquer lorsque son regard se posa sur la jolie brune qui, de son côté semblait aussi avoir un peu de mal à première vue. Il ne put s’empêcher de rire le plus discrètement possible et cela tout en sachant qu’elle pourrait lui rendre la pareille puisque ce serait loin d’être glorieux non plus. Il fallait avouer que c’était quand même assez comique de la voir attraper un truc pour que finalement il ne retombe avant qu’elle n’ait atteint ses lèvres. Les gens commencèrent un peu à se tourner autour d’eux comme pour regarder ce qui pouvait bien se passer et ce qui provoquait les rires de l’Evans qui ne parvenait pas vraiment à cacher son amusement mais le pire fut lorsqu’elle parvint à manger une bouchée et qu’elle s’écria comme si elle venait de gagner une médaille aux JO ou un jeu, peu importe. D’abord surpris, Nate s’arrêta de rire puis sourit finalement. Pendant ce temps là de son côté, comme il l’avait prévu, ce n’était pas non plus la folie. Il avait du réussir à manger un ou deux morceaux de son canard quant au riz.. Ce n’était même pas la peine d’en parler. Pas UN seul grain n’était parvenu jusqu’à sa bouche. Et pourtant il avait rusé pour réussir ! Il avait tenté dans une minute de désespoir de glisser des grains de riz sur des morceaux de son canard pour réussir à en manger au moins un petit peu mais ça avait été peine perdue puisque ça retombait à chaque fois. Il commençait même à désespérer et à songer de perdre le pari en mangeant avec les couverts normaux. Alors qu’il tentait à nouveau de réussir à attraper du riz et à tenir, grimaçant même tellement il était sérieux, il abandonna lorsque le tout retomba piteusement dans son bol, l’air de rien. Jamais encore il n’avait eu envie de frapper du riz, c’était une grande première. Nathanaël s’essuya les mains le plus calmement du monde et posa les deux baguettes histoire de faire une  ‘pause’ comme pour se redonner un peu de courage pour affronter le sadisme du riz cantonnais qui semblait par ailleurs se foutre de lui bien posé dans son bol. « Ben c’est-à-dire que je suis pratiquement sur que j’ai mis plus de riz sur mes genoux que dans ma bouche mais oui, dans l’ensemble je dirais que ça aurait pu être pire » Admit-il dans un sourire amusé bien qu’il plaignait la personne qui allait passer le ballait et la serpillère derrière lui. Cette personne n’aurait bien évidemment qu’à venir se plaindre chez Scarlett puisqu’à la base, c’était sa faute s’il en avait mis partout avec son défi (a). Ou comment se débarrasser des responsabilités pour les mettre sur les autres. « C’est bon ? » Demanda-t-il à Scarlett en faisant référence à son plat et espérant que la réponse serait oui. Ce serait déjà ça de gagné. Prenant à nouveau ses deux machines de tortues -alias les supers baguettes pas supers du tout-, il poussa légèrement son assiette histoire de bien avoir le bol de riz dans le viseur et retenta une nouvelle fois d’essayer d’en attraper. C’était beaucoup moins drôle maintenant que ce n’était plus Scarlett qui galérait mais lui.. Quoi que.. Depuis le temps qu’il essayait, il avait limite envie de rire de désespoir là  lorsque soudainement -et c’est le cas de le dire- il sembla en attraper un assez stable pour que cela ne tombe pas en chemin. Miracle. Ce fut le premier grain de riz qu’il réussit à manger et peut-être même le dernier qui pouvait le savoir. Levant légèrement les yeux, il vit Scarlett l’air hilare comme si elle essayait de se retenir d’exploser de rire à son tour. « Essaie toi, tu verras que c’est plus galère que des nouilles ! » Lança-t-il en souriant. Nouveau défi. Il fit de la place au centre de la table et poussa légèrement le bol pour qu’il y arrive. « Attend, j’ai mieux. Le premier qui arrive à attraper du riz et à le manger, il peut donner un gage à l’autre, ok ? » Comme ça se serait encore plus drôle. On dit toujours que lorsqu’il y a une récompense à la clef, on arrive plus facilement à faire quelque chose. C’est le moment de le prouver .

Il n’y avait pas de mot pour décrire la galère que ce défi leur donnait. Scarlett n’arrivait absolument pas à attraper un bout de légume ou une nouille et n’imaginait même pas ce que ce serait du côté de Nathanaël, bien que sa ‘compassion’ disparut bien vite lorsque qu’il s’amusa d’elle. La jeune femme parvint finalement à enfourner une bouchée et exprima sa joie à voix haute tellement elle était fière d’elle. Scarlett se concentra alors sur la façon dont il s’en sortait. C’était loin d’être mieux qu’elle. Elle se retenait de rire à chaque fois qu’il tentait d’amener un pauvre grain de riz à ses lèvres, un grain qui ne dépassait jamais la hauteur de l’assiette à quelques exceptions près. La jolie brune ne s’en sortait finalement pas trop mal avec ses nouilles. Si Nate ne réussissait pas à attraper de quoi manger, il faudrait bien repasser aux couverts traditionnels avant que ça ne devienne trop froid et immangeable. Scarlett s’enquit donc du résultat qui lui donna envie d’exploser de rire une nouvelle fois. Il s’était étalé des dizaines de grains sur lui même si la catastrophe avait été limitée selon lui. « C’est du joli ! » Enfin, elle ne devait pas faire la maligne, parce qu’elle n’avait peut-être rien sur les genoux, mais tout était encore dans l’assiette. « Oui pour le peu que j’ai pu manger. Je commence à regretter d’avoir des idées comme ça parfois. Et pour toi ? » Répondit-elle à sa question en parlant du défi qu’elle avait lancé pour elle ne savait plus quelle raison. Scarlett le regarda alors retenter une énième fois. Nate lui ressemblait aussi pour ça, à ne jamais vouloir abandonner une idée qu’il avait en tête jusqu’à avoir tout essayé. Elle se reconcentra aussi sur son assiette et parvint à enfourner deux trois bouchées supplémentaires avant de remarquer qu’il avait enfin réussi à son tour. C’était sûr que Nate allait aller loin avec ça. Devant son air amusé, il lui lança alors d’essayer avant d’ajouter un gage à la clef de celui qui parviendrait en premier à attraper un malheureux grain de riz et à l’avaler. Scarlett esquissa un sourire. Elle avait une petite astuce en tête. « Tenu. » Nathanaël savait comment la motiver, bien que la jeune femme n’avait encore aucune idée où cet énième jeu les mènerait. Scarlett n’avait pas non plus envie de passer tout leur temps à retomber dans des gages comme ils le faisaient habituellement mais l’un ou l’autre pimenterait quelque peu cette soirée au restaurant… plus qu’elle ne l’était déjà sans doute. La jolie brune recula donc un peu son assiette et se concentra sur celle de Nathanaël qui avait néanmoins l’avantage d’avoir déjà pu s’exercer avant elle. Mais bon, en bonne joueuse, Scarlett ne le fit pas remarquer. Le riz cantonais était un peu plus collant que le riz conventionnel prévu pour être mangé avec les baguettes donc. Plutôt que de se concentrer sur un grain, elle fit un petit paquet avec lesdites baguettes et serra bien le tout tandis que Nathanaël galérait bien de son côté toujours. Miracle ! Dans le tas, certains grains restèrent collés aux baguettes, assez pour faire une mini-bouchée. Mais au lieu d’amener la bouchée vers ses lèvres, Scarlett dirigea le tout vers celles de Nate. Après tout, c’était son plat. Il devait mourir de faim le pauvre. « C’est pour toi. » Elle attendit qu’il ouvre la bouche pour introduire la précieuse bouchée avant de reposer les baguettes sur la table. Alors oui, selon les règles énoncées par le jeune homme un peu plus tôt, elle venait de réussir le défi et avait droit à donner un gage mais pas seulement. « Bon, puisque j’ai été la première à attraper du riz et toi le premier à le manger, j’imagine que ça nous donne le droit à un gage tous les deux. » Ajouta-t-elle d’un air amusé. Scarlett avait toujours le chic pour contourner les règles et rendre la partie un tant soit peu plus équitable ou divertissante au choix pour tout le monde. Comme elle n’avait absolument aucune idée de quoi demander, elle lui permit de se lancer en premier lieu. « Toi d’abord, je t’écoute. » Poursuivit la jeune femme avant de boire une gorgée de l’eau qu’ils s’étaient servis entretemps. « Par contre, je crois qu’il vaut mieux abandonner l’idée des baguettes après si on ne veut pas manger complètement froid. » Révisa-t-elle ensuite le défi qu’ils avaient déjà bien essayé de réussir sans grand succès. Parfois, il fallait se rendre à l’évidence. Ils n’étaient pas faits pour ça. Scarlett reprit donc les couverts conventionnels pour enfin pouvoir apprécier son repas normalement tout en attendant la réponse de Nate.

Lorsque Scarlett lui lança que c’était du joli, il ne parvint pas à se retenir et rit. Elle n’avait pas tort et puis après le fait qu’il s’était un peu fichu d’elle et de ses nouilles, elle avait elle aussi bien le droit d’en profiter un peu pour le lui rendre. C’était de bon jeu. « Moi aussi je regrette qu’une idée pareille te soit venue à l’esprit. » Répondit-il en manquant de rire à nouveau. Autant l’un que l’autre galérait -enfin Nate un peu plus quand même- alors ce n’était bénéfique pour personne. Le seul hic c’est que si ça devait s’arrêter, ce serait seulement par l’intervention de la Spencer parce que lui se refusait complètement de foutre ce défi en l’air en reprenant le couteau et la fourchette. « Plutôt oui même si ça commence un peu à refroidir je t’avoue » Le canard était cuit à la perfection quant au riz.. Ben il y avait pas vraiment gouté mais bon, c’était du riz quoi il n’aurait rien d’extraordinaire non plus. Vint le moment d’un nouveau pari pendant celui qu’ils étaient encore en train de faire. Chacun avait sa technique : elle essayait de faire un petit tas pour essayer de l’attraper et d’en garder au moins un sur ses baguettes quant à lui, il avait décidé de se concentrer sur un seul et unique grain de riz. Le nombre de faux espoirs qu’il avait eu était lui aussi assez conséquent. Nate avait même pensé au bout d’un moment à essayer de piquer dans le centre du grain de riz pour essayer de l’empaler et qu’il tienne mais déjà de un la baguette n’était pas assez pointue, de deux elle était trop grosse et aurait certainement complètement écrasé le grain et de trois ben il n’aurait sans doute pas cessé de se défiler pour autant dans le bol pour essayer d’échapper aux baguettes. Trop concentré, Nathanaël ne se rendit d’abord pas compte que Scarlett avait réussi et quand plus, elle avait plutôt une belle cueillette. Il leva les yeux et vit les baguettes devant lui, bien garnies et Scarlett qui lui disait que c’était pour lui. Ce serait sans doute le seul moment de la soirée où il allait manger du riz et le fait que ce soit Scarlett qui le lui permette n’était pas forcément bon pour son égo mais il s’en contentait, toujours bon perdant. « Bien joué, faut que tu m’apprennes parce que franchement.. » Il fit un peu la moue puis entrouvrit les lèvres pour manger le riz. C’était bien comme il l’avait dit : du riz, et un petit pois même qui avait dû se glisser entre. Une fois tout cela fait, une autre réflexion qui enchanta Nate fut proposée par la jolie brune. En vérité il n’avait rien fait si ce n’était manger ce qu’elle avait réussi à attraper mais il n’allait pas se plaindre qu’elle lui propose de lui trouver un gage autant qu’elle pourrait le faire avec lui. Le truc c’est que là maintenant, il n’avait absolument aucune idée de ce qu’il pourrait lui demander. En même temps dans un restaurant les possibilités sont plus ou moins réduites, il serait donc préférable qu’il attende d’être sorti pour lui  ‘ordonner’ quelque chose sauf que son esprit taquin lui, voulait être satisfait et tout de suite pas plus tard. Il devait bien  y avoir un truc mémorable qu’il pouvait demander, quelque part même très bien caché. « Je vais être gentil puisque c’est grâce à toi que j’ai le droit de te demander quelque chose.. A la fin du repas on va nous proposer des sakés tu devras en boire deux. » Bon ce n’était peut-être pas aussi facile et simple qu’il le prétendait après tout mais ça n’en restait pas moins la première idée qu’il avait eu du moins après celle de lui dire de faire du charme à la serveuse ce qui aurait pu être tordante. Ca aussi, c’était devenu un de leur truc : se charrier sur les serveurs / serveuses des restaurants ou bars dans lesquels ils allaient. Il fallait quand même avouer que la soirée du nouvel an lui avait fait passer l’envie de continuer de blaguer sur ce genre de truc surtout lorsqu’il se rappelait sa connerie avec la serviette de la serveuse. Décidemment il ne comprendrait jamais ce qui lui avait prit de la mettre dans sa poche. Avec le temps il s’était demandé si ce n’était pas tout simplement pour faire réagir Scarlett puisque, comme dit ils ne pouvaient pas se mentir, il verrait indéniablement si l’idée qu’il puisse revoir ladite serveuse lui tapait sur le système ou non. Ou pour la rendre jalouse peut-être, ce qui était dans le fond tout autant stupide. « Je suis complètement d’accord avec toi sur ce point, continuons avec les couverts ! » Acquiesça-t-il en posant les baguettes comme s’il était délivré de quelque chose. Il allait enfin pouvoir manger son riz et son canard et même les deux en même temps s’il voulait. Le grand luxe après toutes ces minutes de galère. Il commença donc à vraiment manger son plat et demanda entre deux bouchées : « Et toi, ton gage ? » Il plongea un instant son regard dans le sien et sous la confusion, fit tomber sa fourchette qui résonna contre la porcelaine de l’assiette dans un bruit assourdissant. A nouveau tous les regards se tournèrent vers eux -ou plutôt vers lui. « Désolé » Lâcha-t-il gêné. Il détestait être le centre d’attention de la sorte et il l’avait déjà assez été à la période de noël, trop à son gout d’ailleurs. Baissant les yeux, il recommença à manger comme si de rien n’était évitant soigneusement de recroiser le regarder de Scarlett. Ca valait mieux pour le moment s’il ne voulait pas à nouveau gaffer. A nouveau il se sentait comme un lycéen lors d’un premier rendez-vous au restaurant ce qui était d’autant plus ridicule après tout surtout que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait avec elle et qu’à chaque fois, elle le remarquait. D’autant plus gênant. Dire qu’il allait fêter sa vingt troisième année.. Ca faisait donc bien dix ans qu’il avait commencé à se rendre compte de ses sentiments pour elle. Dix ans, c’était limite impensable tellement le temps semblait être passé vite. « Au fait, tu crois toi que pour avoir un restaurant chinois faut forcément être d’origine chinoise ? » Question complètement conne, inutile mais qui avait au moins le mérite de mettre fin à ces quelques instants de silence qui le mettaient que plus mal à l’aise encore. Et puis, ce n’était pas si con comme question. Comme par hasard, dans tous les restaurants chinois ou japonais qu’il avait mangé ben c’était un cuisiner chinois, une gérante chinoise, des serveurs chinois,.. Est-ce que c’est un critère de recrutement ? Possible.

Après avoir réussi à attraper une belle fournée et l’avoir donnée à Nate, Scarlett remarqua que ça lui en avait mis un coup même s’il tentait de bien le cacher. C’était une autre caractéristique de la relation spéciale qu’ils entretenaient. Ils avaient leur fierté mal placée, elle peut-être même plus que lui, mais n’hésitaient jamais à l’écorner aux détours de leurs défis. Ils n’avaient de toute façon plus rien à se prouver entre eux, Scarlett en tout cas les faisait juste pour la forme et pour rire aussi. Quand Nate lui demanda de lui apprendre comment elle avait attrapé le riz, en espiègle qu’elle était, elle fit semblant de le prendre au mot, du moins au début. « Alors, tu commences par… » Mais Scarlett s’interrompit aussitôt. Elle n’allait pas non plus en rajouter une trop grande couche. « Non je rigole. » Pour le ‘contenter’, la jeune femme proposa de couper la poire en deux. Puisqu’elle avait attrapé le riz, elle avait forcément le droit de donner un gage mais lui l’ayant mangé aussi. Cette perspective sembla lui convenir car Nate semblait plus inspiré qu’elle pour trouver une idée. Comme lui, Scarlett se rendit rapidement compte de la limite qu’offrait le restaurant et les plans dragues ou les défis dans ce genre mieux valaient les éviter. C’était du réchauffé et surtout jouer avec leurs nerfs mutuels alors qu’ils ne savaient déjà plus où ils en étaient. Mais Nate n’avait pas précisé où le gage devait se faire, elle avait donc le droit de passer son tour ici et d’en proposer un ultérieurement. Scarlett écouta celui qu’il lui proposa : boire deux sakés à la fin du repas. La jolie brune ne savait pas pourquoi, mais ça lui paraissait trop facile, il devait y avoir un piège. Elle n’avait jamais bu de cet alcool seul si ce n’était dans le cocktail au début du repas et avait bien peur que ce ne soit une boisson extrêmement forte. « Très bien. De toute façon, c’est toi qui conduis pour rentrer. » Accepta la jeune Spencer en se disant du même coup qu’elle ne pourrait pas lui proposer un gage impliquant de l’alcool non plus. Scarlett avait peut-être une meilleure idée en tête, une idée qu’elle garderait sous le coude pour l’instant, car elle se devait encore d’y réfléchir, ça impliquait… beaucoup trop de choses. Elle suggéra ensuite de laisser tomber les baguettes et d’en revenir aux couverts traditionnels sous peine de ne pas apprécier le repas sinon. Ils mangèrent donc à nouveau à une allure normale tandis que Nathanaël lui demanda ce qu’elle lui avait réservé. « On y reviendra plus tard, il faut encore que j’y réfléchisse. » Répondit-elle honnêtement. L’idée qu’elle avait dans la tête se faisait de plus en plus claire, mais elle était quasiment certaine qu’il refuserait si elle la lui disait maintenant. Il la fixa du regard durant quelques secondes avant de faire éclater sa fourchette contre son assiette dans un boucan qui attira l’attention des clients alentours. Décidément, les gens étaient bien curieux ce soir. Ils savaient aussi se faire remarquer involontairement. Scarlett afficha un air qui voulait dire ‘pas de mal’ quand Nate s’excusa, il devait arrêter d’être gêné pour la moindre chose comme ça et surtout de toujours s’en montrer désolé, ça arrivait. La jeune femme se reconcentra sur son assiette, pas perturbée pour un sou. À vrai dire, elle se sentait bien en cet instant précis comme si tout était à sa place et elle passait même plutôt une bonne soirée de Saint-Valentin. Nate s’interrogea alors sur une question… étrange. Est-ce que tous les restaurants chinois étaient systématiquement tenus par des chinois ? Scarlett esquissa un sourire intrigué. « Je n’en sais strictement rien à vrai dire, je suppose que non, même si c’est préférable d’avoir un pied dans la culture sûrement…. Pourquoi, t’envisages d’en ouvrir un ? » Rétorqua-t-elle d’humeur taquine, en haussant les épaules et en ayant enfin presque terminé son assiette. Il était temps, à force de jouer avec les baguettes, le plat s’était fameusement refroidi. Elle avait tout de même bien mangé et s’était bien amusée à essayer d’attraper ses nouilles. La cuisine asiatique ne lui était pas familière et elle n’irait certainement pas en manger tous les jours, mais ce serait sûrement à refaire, avec l’objectif de manger tout le plat à la baguette cette fois, une horreur quand on n’avait pas l’habitude.

Bon à la base, c’était une blague qu’elle lui apprenne à manger avec des baguettes mais elle sembla le prendre au mot puisqu’elle commença un bout de phrase. A moins que c’était surtout pour se fiche un peu de lui en toute amitié -enfin amitié..- . Dans les deux cas il déclarait forfait et la laissait gagner pour une fois sans chercher à avoir le dernier mot ou à se battre. Une fois n’était pas coutume, il finirait par retrouver ses habitudes lorsqu’ils se comportaient tous les deux de la sorte et ne lui laisserait plus cette satisfaction qu’elle avait eu d’avoir gagné une première manche contre lui. La jolie brune accepta le gage sans rechigner et après tout, elle n’avait pas tellement le choix non plus. Nate conduirait oui c’était justement pourquoi il lui ferait boire son saké plutôt que de le prendre. Il était hors de question qu’il boive de l’alcool avant de prendre le volant -ou en l’occurrence le guidon- surtout qu’il ne fallait pas oublier que la saké c’était quand même assez fort. Il s’arrêterait donc au cocktail maison et finirait avec un café pour bien être sur tandis qu’elle, s’enfilerait deux sakés et serait probablement un peu la ramasse dans les minutes qui allaient suivre. Le saké pour les chinois c’était un peu comme le schnaps en Alsace (oui, Nate connait la région Alsace :Arrow: ) . En gros c’était une eau de vie, alcoolisée et qui se buvait un peu comme du whisky ou de la vodka : de préférence en shoots c’était d’ailleurs pourquoi chacun était servi dans un minuscule petit verre blanc. Verres blancs qui avaient d’ailleurs une particularité puisque lorsque le saké était encore à l’intérieur, on pouvait distinguer au fond une image (le plus souvent une homme ou une femme dénudé(e)) qui disparaissait lorsque le verre était vide. En gros, les sakés généralement soit c’est les alcoolos qui aiment beaucoup ça, soit les pervers. Soit les pervers alcoolos ce qui doit forcément exister quelque part. Alors qu’il lui demandait ce qu’elle comptait faire de lui de par son âge, elle lui répondit qu’elle devait encore y réfléchir. Bizarre. D’habitude elle ne se fait pas prier lorsqu’il s’agit de lui donner quelque chose à faire que ce soit un défi ou une action qu’il est contraint de réalisée. Sur le moment, il n’y fit pas très attention et ne se posa pas plus de question. Comme lui, elle devait sans doute galérer à trouver quelque chose tout simplement. « D’accord. Je voudrais pouvoir me dire que ce sera pas trop tordu mais je te connais alors… Je vais m’abstenir » admit-il en se remettant à sourire comme si de rien n’était. Ce n’était même pas tellement qu’elle trouvait véritablement des trucs bizarres à faire mais plutôt des choses dont il n’aurait carrément pas eu l’idée et qui le surprenaient toujours. Avec toutes les années de jeux et de défis qu’ils avaient derrière eux, étonnant qu’ils parviennent encore à renouveler la chose et à se surprendre mutuellement.. « Ben oui, c’est mon rêve d’ouvrir un restaurant asiatique ! » Rit-il en pensant qu’il n’arrivait même pas à manger dignement avec des baguettes. Quelle image ça aurait tout ça ? Un étudiant -ou plutôt ex étudiant- diplômé de droit ouvre un … restaurant chinois ? Tout le monde se demanderait probablement ce qui lui était passé par la tête même si c’est vrai que la gastronomie ça devait être bien plus drôle que le code pénal. Bon dieu, oui c’ était chiant et Nathanaël avait vraiment galéré à le mémoriser. Le pire de tout c’était tout de même le soir de l’accident d’Hamilton. Heathcliff et lui avaient dix huit ans, ils avaient donc déjà commencé le droit et savaient tous les deux ce qu’ils encouraient avec ce qui c’était passé et encore plus en prenant la fuite. Oui c’était punissable par la justice mais ils en avaient quand même fait le choix. Il secoua un peu la tête pour éviter d’y penser et posa ses couverts dans son assiette lorsqu’il ne parvint plus à avaler quoi que ce soit. Scarlett aussi avait terminé et c’est sans attendre que la serveuse qui s’occupait de leur table vint débarrasser en demandant si ça leur avait plu. L’Evans hocha la tête, grand sourire et accompagna tout ça par un compliment du genre ‘parfait merci’. « Tu veux un dessert avant de prendre ton saké ? Enfin, tes sakés plutôt. » Reprit-il. Elle l’avait nargué avec le riz il en faisait de même avec l’alcool, donnant donnant. Il ne pouvait s’en empêcher c’était bien plus fort que lui. Finissant de débarrasser le reste, la serveuse en profita pour poser des cartes à desserts sur la table. Il y avait de tout : glaces, tartes, salades de fruits ou des boissons chaudes comme du café, un expresso et tout ce qui allait avec . « Je crois que je vais me laisser tenter par une dame blanche.. » Il avait pourtant bien mangé mais gourmand comme il l’était il avait toujours de la place pour un dessert comme celui-là. Que ce soit pour la crème chantilly, la glace chocolat / vanille ou le coulis de chocolat qui était versé encore chaud sur le tout.. Il en raffolait ni plus ni moins. Et puis comme ça en même temps, il aurait quelque chose avec quoi commander son café au passage. De toute façon les sakés ne viendraient qu’à la toute fin en même temps que les serviettes chaudes pour se laver les mains avant de partir comme le voulait la tradition. Scarlett avait donc encore un peu de répits devant elle avant de ne devoir remplir sa part du contrat quand à Nate, il restait toujours dans l’attente et le suspens de savoir ce qu’elle pouvait bien lui concocter.

En réalité, une idée de plus en plus précise avait traversé l’esprit de Scarlett quant à son gage, mais celui-ci ne pourrait pas se faire dans le restaurant qui n’offrait que des possibilités limitées. De plus, il valait mieux que Nathanaël ne le connaisse pas à l’avance. La jeune femme répondit donc qu’elle avait encore besoin de temps pour réfléchir. Il n’en fallut pas davantage pour qu’il suppose déjà un défi bien tordu ; ce n’était pas vraiment le cas sur le fond mais sur la forme il n’avait pas tort. Elle donnait toujours des trucs qu’il aurait dû mal à réaliser spontanément. Il lui arrivait d’être gentille sauf qu’en l’occurrence ça le serait sans doute beaucoup moins que deux sakés, du moins dans l’optique de Nathanaël. « Tu le sauras bien assez tôt de toute façon. » Au bout de quelques secondes, la conversation dévia sur les restaurants chinois et sur l’éventualité qu’il en tienne un un jour mais il n’en avait évidemment pas l’intention. Scarlett faillit demander s’il avait du nouveau côté ‘travail’, cependant elle s’abstint. Elle savait très bien que ce n’était pas le cas et qu’il n’avait surtout pas la tête à ça en ce moment. Il était hors de question d’aborder de près ou de loin un sujet en rapport à l’accident ce soir. Nate devait en avoir eu à souper à longueur de temps au quotidien, cette sortie devait donc être une bonne échappatoire. Ils terminèrent de manger leurs assiettes, rapidement débarrassées par la serveuse qui leur rapporta la carte des desserts à table au moment où Nate lui demandait si elle en prenait un avant le fameux gage. Se remplir le ventre un peu plus n’était peut-être pas une mauvaise idée surtout que Scarlett ignorait la puissance de cet alcool. Quand il mentionna le mot dessert, un souvenir – coquin – lui revint en mémoire. Combien de fois n’avaient-ils pas fait des jeux de nourriture ? Les crêpes déjà pour n’en citer qu’un. S’il y avait bien un dessert auquel elle avait envie de goûter là soudainement, c’était ses lèvres. Mais elle baissa aussitôt le regard au fond de sa carte et regretta d’y avoir seulement pensé. Depuis le début de la soirée, Scarlett s’était extrêmement retenue en gestes affectifs et autres démonstrations envers lui. Elle lui avait certes avoué qu’elle avait toujours des sentiments pour lui au Nouvel An et lui en avait fait de même, mais elle ne savait pas exactement ce qui lui ni même elle voulait. Avec l’histoire de l’accident, Nate était partagé entre l’éloigner ou non et la jeune femme gardait à l’esprit que tout pouvait rebasculer comme la fois où ils ne s’étaient plus parlés pendant deux ans, même si plus les jours passaient, plus elle se disait que ça n’arriverait plus, puisque l’Evans semblait être passé outre son envie de vouloir l’écarter de sa vie. La deuxième et non des moindres raisons qui les empêchait encore d’être ‘ensemble’ aujourd’hui ou du moins les retenait de l’être était simple : Scarlett était encore en couple et ne pouvait tout simplement pas continuer sur cette pente-là. Elle appuyait sur les freins à l’usure pour retenir ses envies quand elle voyait Nathanaël. Tout avait été réveillé le soir du réveillon et même décuplé d’avoir été ainsi sevré depuis si longtemps de son contact. Ils savaient tous les deux que les vraies retrouvailles restaient à venir, celle du jour où elle serait certaine de ne plus faire machine arrière or là elle continuait encore et toujours à voguer entre deux eaux. Scarlett préféra ne plus y penser – définitivement cette soirée – et fit son choix de véritable dessert. « Je vais partir sur la salade de fruits pour ma part. » Dit-elle finalement en repliant le fascicule. La serveuse vint prendre encore une fois leur commande, une salade de fruit et un café pour Scarlett ainsi que ce qu’avait choisi Nate, avant que celle-ci ne s’éloigne. Cette fois, ce fut la jeune femme qui posa inconsciemment une main sur celle du jeune homme et la caressa en demi-cercle sur le dessus. Son regard cependant n’était pas dans le sien mais légèrement détourné comme si elle évitait ce nouveau silence. D’habitude, celui-ci n’était pas gênant entre eux mais quand ses pensées mettaient à nu ses sentiments, elle avait l’impression de redevenir vulnérable – un sentiment qu’elle détestait auparavant mais qu’elle avait dû accepter en sa présence. Il pouvait d’autant plus lire en elle dans ces moments-là. C'était drôle comme finalement ce soir, c'était lui qui avait pris son courage à deux mains pour venir frapper à sa porte (elle ne lui faisait donc plus 'peur') mais que c'est elle qui semblait aujourd'hui le plus sur la retenue.

Le jeune homme son contenta d’hocher la tête à sa réponse, non pas anxieusement mais plutôt en essayant de se dire que si ça méritait d’attendre d’être sorti d’ici, ce serait sans doute assez drôle à faire. Enfin après il fallait déterminer drôle pour qui : elle ou lui, telle était la question. Nés plongés dans les cartes, ils choisirent chacun en très peu de temps mais tout juste assez pour que la serveuse revienne prendre leurs commandes. Alors que la Spencer optait pour un café et une salade de fruit, Nate lui prenait comme il l’avait prévu une dame blanche et un café serré. Il lui redonna ensuite la carte et se tourna à nouveau vers la belle brune à qui il redonna toute son attention. « Je te conseille de garder le café pour après, t’en auras besoin. » Comment dire le saké c’est.. Vraiment fort. Plus que de la vodka en tout cas mais après, pour comparer au whisky il n’était peut-être pas capable de le dire véritablement même s’il était presque certain que c’était encore plus fort. C’est le genre de truc que vous prenez comme vous êtes malade comme un chien, le nez bouché, impossible de respirer. Ben ça, ça débouche plus vite que n’importe quel médicament et n’importe quelle crème et le mieux c’est que en plus, ça a le mérite de vous souler et donc de vous faire oublier la maladie en question. Un défi qui paraissait pourtant très facile prendrait certainement -pour elle- son sens dans les minutes qui suivraient l’ingurgitation. Déjà lorsqu’elle le boirait cul-sec, elle remarquerait que ça brulait encore plus que la plus bonne des bouteilles de vodka, que le gout resterait beaucoup plus longtemps, et que ça la rendrait joyeuse plus vite aussi. Pas besoin d’expliquer dans quels états étaient O’Conell et lui lorsqu’ils s’en étaient faits trois ou quatre chacun. Nan c’était même plus un état second mais carrément une autre dimension, une autre personne. Et il en fallait beaucoup pour bourrer Heathcliff, ce depuis toujours Dieu puisse en être témoin. Alors que son regard dérivait une nouvelle fois sur la décoration et tout le reste, Nate sentit une caresse sur sa main. Il se tourna vers elle, yeux baissés qui semblait réfléchir ou penser à quelque chose tout du moins. Inutile pour elle aussi d’essayer de cacher ou de camoufler la vérité qui sautait aux yeux. Était-ce par rapport à lui, à cette soirée ou à tout autre chose ? Aucune idée mais il n’avait pas envie qu’elle se prenne la tête ce soir. Son seul but était de la faire sourire, de la faire rire et possiblement, de lui faire passer une soirée agréable ce qui impliquait de ne pas la laisser partir dans des questionnements télépathiques à se taper la tête contre un mur. Le jeune homme réagit alors, attrapant cette même main qui dessinait des symboles quelques secondes auparavant et la pressa légèrement la regardant toujours et essayant de capter son regard : « Dis moi ce qui te tracasse.. » Il avait l’impression que les rôles étaient inversés. Depuis longtemps elle était celle qui s’inquiétait pour lui, lui demandait comment il allait et tentait de lui extorquer les mots de la bouche pour connaitre le vrai fond de ses sentiments. Maintenant c’était son tour, il devait lui rendre la pareille. « Et pas la peine de me répondre qu’il n’y a rien du tout ou d’essayer de me mentir parce que tu sais que je vais pas te croire. » Elle pouvait lire en lire comme dans un livre ouvert très bien, mais il en avait aussi la capacité. C’était d’ailleurs le seul point bénéfique qu’il trouvait à ce système puisqu’il se sentait toujours impuissant de ne rien réussir à lui cacher ou même de lui mentir même si c’était dans le but de la protéger. Il l’avait retrouvée et pour de bon, lui avait promis qu’il resterait là, que les erreurs du passé resteraient du passé et n’entacheraient plus le présent ou même le futur et il tenait à aller jusqu’au bout. Ce n’était peut-être pas l’endroit le plus adapté pour en discuter, sans doute pas d’ailleurs mais ils n’avaient pas trop le choix. Autant Nate avait la patience pour attendre son gage, il n’en était pas de même lorsqu’il s’agissait de Scarlett de ses sentiments et d’une confusion qu’il parvenait à lire en elle. Était-elle gênée, stressée, simplement pensive ? Peu importe le fait était qu’elle se prenait la tête et que Nathanaël se refusait de la laisser faire sans bouger. Non, ce soir ce serait leur soir, il l’avait décidé ainsi et il ne reviendrait pas dessus. La serveuse revint à leur table avec leurs desserts et leurs cafés mais contrairement à tout à l’heure, Nate ne lâcha pas sa main bien au contraire. Il soutint son regard encore sans même trop faire attention à la serveuse. Il était trop facile pour la jolie brune de se détourner si à chaque fois que la serveuse venait ils se laissaient distraire. « Tu peux me parler. » Si tu le veux ajouta celui-ci d’une voix qu’il voulait rassurante avant de lui sourire. Le but n’était pas non plus de la forcer mais plutôt de bien lui faire comprendre pour qu’elle puisse venir lui en parler d’elle-même sans qu’il n’ait à le demander ou à questionner. Prenant sa cuillère, il regarda son monstrueux dessert qui était gigantesque pour une dame blanche et ajouta : « Je vais jamais réussir à finir ça moi, t’as intérêt à m’aider ! » Il prit une première cuillère seulement de chantilly avec un peu de coulis de chocolat et profita des saveurs qu’il avait dans la bouche et qui taquinaient ses papilles. C’était vraiment délicieux, gourmand, peut-être même un peu trop mais pas moins délicieux.