« Non mais alors là c’était juste l’urgence de la journée ! ». Voilà ce à quoi je songeai tout en claquant la porte de ma maison avant de me précipiter, limite en courant vers ma voiture. Le drame c’était produit en tout début d’après-midi, et pour le comprendre il faut que je vous explique quelques détails en amonts de cela…

Cette journée avait merveilleusement démarré, comme tant d’autres en fait, mais pour moi rien n’était routinier, ce qui ne m’empêchais pas pour autant d’avoir mes habitudes comme tout le monde. Je m’étais levée, bien fait mon lit en tirant les draps, pris une douche chaude, puis j’avais filé vers ma penderie. De là j’avais revêtis une robe noire, avec des pois blanc sur la partie supérieure qui recouvrais ma poitrine en formant un col V. Malgré la saison il faisait encore très doux, voir même chaud par moment, j’hésitai un bref instant avant de glisser mes pieds dans une paire d’escarpins blanc à talons hauts. Puis je descendis les marches en courant pour rejoindre mes colocataires, du moins celles qui étaient réveillés et présente à cet instant-là.

Croquant dans un croissant préalablement tartiné de confiture à la fraise je claquais la porte derrière moi et entrepris de me dégourdir les jambes en parcourant quelques rues du quartier. C’était l’occasion pour moi de saluer quelques voisins, de pouvoir bavarder un peu et de connaitre les derniers potins. D’autres activités meublèrent ma matinée avant de rejoindre mes colocs pour déjeuner le midi en leur compagnie. Et une fois que je fus à nouveau seule, en ce début d’après-midi c’est à ce moment-là que les choses dérapèrent…

Peu aurait paniqué à ma place, mais Jennifer Vanya supportait mal le grain de sable qui se glissait dans une machine qui tournait si bien ! Je m’étais assise avec une tasse de café chaud en face de moi et deux cookies fait maison posé dans une assiette. La pause parfaite ? Non ! Je ne pouvais boire mon café, ni même croquer dans un cookie sans avoir un nuage de lait dans mon café. Bien sûr j’avais regardé dans tous les placards et le frigo, mais rien ! Il m’en fallait, c’était vital.

Abandonnant ma voiture sur le parking du supermarché, je franchis les portes vitrées coulissantes du magasin d’un pas vif. J’attrapais cependant au passage un panier pour y déposer mon achat, ou plutôt mes achats…. Encore une fois l’attraction de tous ces produits m’appâts sans que je sois capable d’y résister ! Je tombais d’abord sur une toute nouvelle marque de cappuccino qui avait l’air fantastique, puis sur des bonbons qui me faisais trop envie, puis sur des sous-vêtements hyper sexy et en promotion… Mon panier se remplit vite et à vue d’œil, d’ailleurs j’en avais oublié l’objet de ma venue ici… le lait ! J’en pris un paquet de 6 bricks que je coinçais difficilement sous mon bras, tenant en équilibre précaire entre mon coude et mes côtes.

Je piquais presque un sprint pour rejoindre les caisses. Et là, déception. Il fallait que je fasse la queue et pas moyen de me décharger de mon fardeau en attendant. Je pris mon mal en patience mais quand la panne de courant tomba sur le magasin ça en était trop. Je lâchai dans un vacarme immense d’un côté le pack de lait et de l’autre mon panier rempli. Ce qui fit sursauter bon nombre d’individus proche de moi, dont un homme qui était juste devant moi et qui se retourna sur le coup. Je le toisais du regard un millième de seconde avant de lancer :

« QUOI ? Moi aussi j’ai le courant qui lâche, ça arrive ! » Je poursuivis ma réplique à voix beaucoup plus basse, presque comme si je me parlais à moi-même. « Surtout quand je n’ai pas bu boire mon café, comme je l’aime bien tranquillement chez moi. »

Puis me rendant compte que j’avais dû passer pour une parfaite hystérique, je me radoucis et regarda un instant le bas de ma robe comme une enfant fautive. Juste avant de recroiser à nouveau le regard de l’homme sur lequel je venais de crier. Et je dis d’une voix proche de la normale :

« Pardonnez-moi. Euh… Je me présente Jennifer Vanya. » Je tendis ma main en avant en guise de présentation cordiale et en signe de réconciliation.