Je regardais ma montre trop cher pour cadrer avec le décor de ce fast food miteux: en retard. Je n'en avait rien à faire d'être dans ce vieux resto miteux à cause de lui et pourtant ses fesses n'avait toujours pas franchi le seuil de la porte. Misère. Je mangeais distraitement une frite mangeant autre chose des yeux. C'est que de jolies petits jeans justement remplis venaient eux aussi manger là. Enfin, je ne comptais pas chopper la syphilis donc ça n'irait pas plus loin. Un coup d'oeil dehors et toujours rien. Je m'allongeais moi mon vieux jogging et mes vieilles basket sur l’infâme banquette, m'attablant comme un prince. Tiens s'il ne me nourrissais pas en arrivant de bons grains de raisins je me casserais sur le champs!
Je le vis alors tout froissé, prêt à faire tomber toutes les pucelles du restau, enfin j'oubliais ma haine trivial le temps d'une accolade bien à lui qui me fit péter un fusible:

"Pouilleux? Si tu m'avais pas donné rendez-vous dans ce lieu de merde j'aurais pas eu besoin de venir en loques!!"

Je fis mine de l'ignorer le temps d'une frite avant de reprendre moqueur et hautain:

"Alors, tu as encore du t'occuper de ta douce pour me laisser en plan trois quarts d'heure?"

Je lui demandais cela bien risible, le sourire froid. Je n'aimais pas attendre. Il le savait. Nous avions toujours été exclusifs. Ça ne changeait pas et bien que je n'avais jamais eu besoin de le lui dire clairement, il savait que je détestais Juliet et tout ce qui se rapporter à elle. Et ces derniers temps, son boulot sa copine, sa famille, tout le rendait indisponible. Et avec ma fierté - car il n'y avait que lui pour me faire me remettre en question - il m'était impossible de venir lui courir derrière pour un rendez-vous après tant de refus. Enfin. Je grignotais une nouvelle frite, avant de regarder à nouveau la foule au-dehors. Nous étions venus tant de fois ici, mais je ne me souvenais plus quand la dernière fois 5 ans? 10 ans? Tout avait bien changer depuis et je regrettais bien d'avoir grandit pour cette raison. Surtout quand je pensais au pire, et ces derniers temps de plus en plus. Allaient-ils se marier? Je reprenais absent, l'air de rien:

"Comment était ta journée..?"

Mon cher et tendre essaya de me prendre par les sentiments. Oui oui c'est vrai l'endroit était symbolique et tout et tout. Alors quoi un symbole d'excuse pour m'avoir rembarré ces derniers temps. Je lui renvoyais, cinglant, le sujet "Juliet" auquel il mit fin sans la moindre hésitation. Y avait-il de l'orage dans l'air? Je ne pu m'empêcher d'esquisser un sourire, salaud? Oui mais sincère! Quand je n'aimais pas, je n'aimais pas. Je repris donc sur une note plus douce, heureux de cette dernière nouvelle, en lui demandant comment avait été sa journée. Un cas de ouf, je sentais ma curiosité grandir, oui. Le plus vilain défaut! Je notais de lui poser deux trois questions là-dessus plus tard avant de lui répondre jovial:

"Nan super journée! J'ai été visité notre branche mannequinat aujourd'hui!! Un vrai délice et crois moi même si elles ont pas grand chose sur les os elles ont une endurance étonnante!"

Ayant remis un vrai sourire, j'évitais de lui expliquer que ma mauvaise humeur était de sa faute, et me replongeais quelques heures plus tôt, dans mes grandes leçons sur comment traiter au mieux ses employés et décider laquelle serrai en première page, c'est qu'elle savait se montrer plutôt convaincantes! Enfin bon cela faisait parti du quotidien maintenant. Je grignotais une frite désormais froide avant de reprendre:

"Tu sais quoi, c'est cool d'être venu ici pour les souvenirs et tout mais il me semble qu'à cette époque nous fréquentions d'autres endroits plus intéressant la nuit venue... Depuis quand on s'est pas pris une bonne vieille cuite ensemble..?"

Tant de souvenirs, de bribes, mais merde. Oui on était des adultes mais cela n'empêchait pas de faire éclater notre jeunesse. Lui et moi pouvions avoir tout ce que nous désirions, alors pourquoi ne plus se donner à fond comme avant.
Je l'observais un instant en attendant sa réponse. Oui, malgré moi, et je m'en voulais pour le coup, le sérieux de son travail commençait à le rattraper et pire je retrouvais un peu son père dans ce nouveau poste. Non, non. Je ne pouvais pas penser ça. Son sourire, son alegresse quand nous étions réunis: c'était le Adrian, mon ami, mon frère, le seul d'ailleurs, mon acolyte, pas son travail, ni cette femme stupide, pas Juliet, enfin elle aussi tout compte de fait, enfin rien ne pourrait changer ce qu'il y avait entre nous! Et ce soir, je compter bien faire sauter cette image d'avocat qui planait dans mon esprit pour ne garder que le meilleur, lui.

Cela faisait quelques minutes qu'Adrian m'avait rejoint maintenant et l'atmosphère se réchauffait tout doucement tandis que j'évoquais, la dureté (Haha c'est le mot) de mon travail auprès de toutes ces longues paires de jambes, ce à quoi Adrian ne pu s'empêcher de souligner en riant qu'une fois de plus je n'avais pas su me retenir moi au risque d’abîmer leur belle peau blanche. Je joignis mon rire au sien:

"Je ne serai plus Holden Turner si je ne l'avais pas fait!!"

C'était tellement bon, nos rires, ces courts échanges, cette complicité! Bien que le fait que je sois un tombeur n'était plus un secret pour personne, j'évitais de le clamer haut et fort - classe oblige - avec lui je n'avais plus aucune retenue et exprimer mes bas fonds était tout ce qu'il y a de plus simple. Avec lui toute la tension s'envolait et l'avenir semblait plein de promesses. D'ailleurs en parlant d'avenir proche, j'évoquais d'autres souvenirs du passé, ceux de nos beuverie jeune et innocente, l'âme aussi pure qu'une bonne vodka. Je lui proposais de remettre ça, bien sûr là tout serait différent que ces moments adolescent où tout était parfait, mais je voulais que ce soir on se mette la mine comme des hommes libres! Enfin pas tout à fait puisque j'étais le seul homme officiellement libre à cette table. Il y avait tant à dire sur le côté officieux de la chose mais tellement compliqué que rien qu'y penser me faisait bouillir de colère. Devais-je lui en parler? Un éclair passa dans mes yeux, de la fureur, c'est ce que je ressentais en repensant à cette nuit. Celle où tout avait basculé, où le sens même de ma vie n'en avait plus. Je me revoie, le téléphone en main les yeux humides de dégoût, de frustration et de désespoir me demandant quoi faire. J'avais songé à l'appeler cette nuit là, mais finalement non. J'étais parti m'enfermer dans une débauche curative à la place. Désirant oublier tout jusqu'à mon nom que je maudissais pour la première fois. Je me suis remis depuis, même si la corde est toujours accroché autour de mon coup, prête à m'étrangler si je n'obéis pas. Maintenant qu'il était avocat je pouvais lui en parler, ça pouvait m'être utile. Seulement le risque était grand et je deviendrai trop vulnérable à sas yeux. Mieux valait rester sur le même piédestal donc, quitte à se taire.

Je quittais mes pensées furtives alors qu'il plaisantait à nouveau - ayant reposé mon coca, un vrai couple oui à tout partager - sur le passé et mes premiers déboires à genoux, rampant pour réussir à avancer sans me fracasser par terre. Une chance pour moi que je tenais l'alcool maintenant vu la qualité des fringues qui m'habillaient habituellement! Enfin, il acceptait avec finesse. Oui nous avions toute la soirée! Je sentais l'excitation poindre, les retrouvailles avaient mal débuter la suite s’annonçait mieux qu'extraordinaire! Je lui rétorquais donc:

"J'ai peut être ramper deux trois fois mais moi au moins j'arrivais à pisser sans te demander ton aide!!!!"

Eh oui, nous invectiver mutuellement était l'un de nos plus grand plaisir! L'humeur était donc aux plaisanteries, et plus rien ne pouvait m'inquiéter à présent, du moins c'est ce que je pensais à cet instant. C'est alors que le froid me gagna d'un coup. Black. Rien que le mot dans sa bouche me révulsait. Cela signifiais trop cette question simple qu'il venait de me poser, je savais pertinemment qu'il s'en foutait de savoir comment allait Jay, non. Il ne s'agissait pas de complaisance ici mais bien d'une attaque, cela ne faisait aucun doute il avait lu le dernier article de DS. Je le regardais mâchonner ma frite l'air de rien. Sentant la colère monter, non il ne pouvait pas me parler de ça et je le lui fis comprendre, adoptant le même comportement que lui bien que bouillonnant à l'intérieur je lui renvoyer avec la tranquillité la plus cinglante:

"Je ne sais pas, peut être aussi bien que cette chère Juliet, tu veux donc en parler?"

Lueur sadique, oui je savais aussi parler de choses gênantes et qu'à cela ne tienne la meilleure défense restait l'offensive.

Je déconnais grave oui. Nous finissions d'évoquer nos souvenirs plus que craignos de défonce, auquel je renvoyais d'ailleurs:

"Ok j'ai mis ma tête dans les égouts mais moi au moins j'avais une bonne raison! Par contre quand tu t'es mis à parler avec ce putain de poteau t'en avais pas! Et me raconte pas encore que c'est parcequ'il t'avait bousculé!!!"

J'avais failli mourir cette fois-ci de rire bien évidemment! C'est qu'il avait commencé à se fighter avec le bougre!! Alors oui, oui j'avoue que j'étais plutôt amusant moi aussi, mais lui était carrément imbattable!!!
Enfin beaucoup d'amusement qui avait donc été calmé d'un coup par le sujet 'Jay'. Oui ça m'énervait! Non je n'avais pas envie d'en parler! Je lui faisais comprendre rapidement avec subtilité. Seulement un sourcillement et je compris que ma réponse ne lui avait pas plu. Je m'y attendait, mais surement pas autant. Il y avait comme une sorte de retenue frustrée. Avait-on atteint un point dangereux? Je taché de me calmer intérieurement, de ne pas me sentir attaquer, ce que j'avais donc immédiatement ressenti, pour ne pas faire quelque chose que je regretterai rapidement. Il me recommandait rapidement de me détendre même si je le soupçonnais de l'être autant que moi, avant de m'assurer avec douceur que je n'avais pas à m'en faire, qu'il ne me jugeais pas et bla bla bla. La seule chose qu'il me reprochait c'est de ne rien lui avoir dit. Et puis quoi encore? Bien sûr que je ne lui disais pas tout! Parce que lui le faisait peut-être?? J'étais persuadé qu'il mentait sur sa relation avec Juliet. Mais il ne m'en parlerais jamais.
Il posa alors sa main sur moi. Le vide m'emplit alors. Tous mes sentiments brusques, brusquement soufflés. Ce contact était tellement fort, tellement vrai, tellement juste. Chaque fois il avait tellement représenté pour nous. Assurance, soutien, réconfort. J'avais senti cette main si longtemps à l'enterrement de mon père. J'en avais fait autant pour lui plus tôt, même si l'enterrement de sa mère contrairement à celui de mon père avait provoqué un réel chagrin. Je n'avais pas aimé cette enflure! Avec tout ce qu'il avait fait, plutôt mourir que d'être triste de le voir disparaître!... J'avais été tellement reconnaissant de le sentir à mes côtés, comme une bouées de sauvetage au milieu d'un océan immense et déchaîné. Plus rien avait eu de sens. Maintenant je sentais sa main. J'avais beau avoir été énervé, je ne pouvais absolument pas le repousser. Cependant une chose était sûre je ne pouvait rien lui dire. Il y avait beaucoup trop en jeu. J'esquissais un sourire timide avant de lui répondre d'une voix douce:

"Adrian, tu crois vraiment que je veux me mettre avec quelqu'un? Enfin tu me connais non? Ce serait plus moi si ça devait changer! Et puis surtout ce qui m'emmerde c'est toute ces conneries que cette pute raconte, je supporte pas qu'on m'affiche comme ça. Si jamais ces sottises arrivaient aux oreilles de ma mère ça ferait un énorme bordel. J'ai rien de plus à dire ce sont que des conneries."

J'avais posé ma main sur la sienne, je ne désirais pas m'éterniser sur le sujet. Je voulais juste passer une bonne soirée avec lui et ne pas pensé à tous les problèmes sentimentaux ou presque qui m'attendait caché mais bien présents...

Des souvenirs mémorables oui. C'est ce qui nous décrivait le mieux en ce moment, sans aucun doute. Adrian et moi, nos joies, nos peines. Ça semblait tellement normal d'avoir traversé tout ça, pourtant nous ne partagions plus comme avant maintenant. Est-ce que ça lui paraissait tout aussi normal? Je ne savais pas trop quoi en penser. Finalement le premier débat avait été clos, nous nous valions tous les deux. Effectivement il n'avait pas tort, sur cet aspect et sur le reste puisque concernant le deuxième débat, j'étais sûr que nous nous valions également en terme de non-dits et de mensonges. Enfin. Nous restâmes un instant encore, ma main sur la sienne, elle-même sur mon épaule. Douce sensation que d'être ainsi connectés. Certains soirs, lorsque j'allais dormir chez lui, nous dormions ensemble avec un léger contact de peau, un toucher rassurant.

Le silence n'ayant que trop duré, je décidai de passer tout à la trappe et de reprendre sur un ton enjoué, en pressant un peu plus sa main, autant pour le réveiller de cet instant que pour lui envoyer le nouveau ton de la conversation:

"Y a une soirée mousse pas loin, j'ai bien envie d'aller voir tous ces gens s'écraser les uns contre les autres et leur lancer les gouttes de mon morito en guise d’aumône depuis le carré VIP!"

Oui. Adrian et moi avions nos entrés et nos privilèges dans tous les clubs de la ville. Deux ans en arrière environ, ceux-ci avait commencés à demander notre présence à telle ou telle soirées. Je crois bien que ça avait commencé au même moment que l'apparition de cette putain de DS. Enfin bon. Aller mépriser les pauvres, se mettre à l'envers et traiter comme des rois me plaisait toujours autant. A Adrian aussi j’espérais! Si je ne l'avait effectivement jamais vu tromper Juliet, il répondait cependant présent au jeu naturel chez nous de la séduction et des gages. Milieu oblige, il fallait toujours avoir les faveurs du plus grands nombre! Et ceux quelque soit notre position. Comme nous n'avions pas eu d'activités 'mondaines' depuis un moment déjà, commencé par une boite tranquille ou personne ne jugerait notre comportement, semblerait être la meilleure décision possible. Du moins c'est bien Adrian qui, en me donnant son ave ou non, attesterait de la véracité de mes opinions.
Et puis lorsque nous aurions un peu bu, les langues commenceraient peut-être à se délier davantage. Quitte à prendre des risques, j'aimais au moins que cela se fasse dans l'allégresse et la bonne humeur...

Grand silence, puis finalement il me claquait gentiment la joue avant d'accepter, apparemment bien tenté par l'idée de se mettre à l'envers. Et bien nous étions deux! Mais n'était-ce pas de l'amertume qui glissait de son regard. Oui. Je ne l'avait certainement pas convaincu avec mes histoires, mais peu importe. Tout ce saurait en temps venu et je n'avait pas envie de parler de choses déplaisantes avec lui, surtout lorsque je n'étais pas certain de la tournures que prenaient les différents évènements.
Nous quittâmes donc notre cher fast-food puant avant de rejoindre sa voiture dans laquelle monsieur attrapa ses clopes avant de me lancer un paquet en guise de cadeau pour moi sa pétasse. Je répliquai donc avec la même complicité:

"Merci chéri! Mais tu sais bien que je préfère qu'on me paye en nature!!"

Petite vanne lancée, clin d'oeil, voiture fermée et hop le pavé était à nous. A chacun de mes pas qui battaient le trottoir, je me sentais plus fort, plus puissant, revigoré en quelque sorte, maître de toute chose sur cette terre que je foulais sans hésitation. Ensemble, nous étions vraiment les rois du monde, et chaque seconde un rythme nouveau, d'espoir et de conquête battait à mes oreilles en même temps que le sang pulsait ans mes veines.
Adrian se tourna alors vers moi me faisant part de son plaisir de me voir. Je lui rendais un sourire franc vrai avant de rétorquer:

"Un peu que c'est cool! Mieux vaut être aveugle plutôt que de ne plus chercher à me voir!!"

Je riais passant un bras autour de ses épaules alors que nous continuions notre progression vers le club. Je lui soufflai alors joyeux:

"Moi aussi mon frère, je suis heureux que tu sois là."

Je me détachai alors de lui. Toujours maladroit de mettre mes sentiments à nu devant lui. Je n'avais pas cette sincérité avec tout le monde. Ou alors avec les personnes avec qui je couchais. Mais là c'était différent, de l'amour sans avoir besoin e sexe pour que le couple se maintienne. Le club était devant nous à cet instant. Le videur fit tout de suite appeler des hôtesses qui nous accueillir sans attendre, pour nous emmener vers nos loges. Je récupérais immédiatement tout mon aplomb les hélant:

"Allez les princesses, ça fait longtemps qu'on vous fait languir, on va pouvoir réparer tout ça..."

Nous passions alors la porte sans plus tarder alors que déjà la musique résonnait à nos oreilles...

Enfin installés. Nous avions atteint le club après avoir échangé quelques sentiments gênants et qu'il m'eut forcé à ne pas le fuir de honte, les hôtesses étaient venues nous chercher avant de nous accompagner au carré VIP. Donc je disais bien installés oui, sur nos banquettes, toutes les bouteilles que nous voulions à portée de main, c'était vraiment trop simple. Je me tournais donc vers mon cher compère pour lui lancer en même temps qu'un verre à shooter:

"Bon allez on s'fait un p'tit concours pour commencer!"

Non ce n'était pas une question. Je désirais plané avec mon meilleur pote là maintenant tout de suite. Tiens je voulais bien qu'une fille à moitié nue vienne danser devant moi! Enfin c'était pas l'endroit. J'attrapais donc une bouteille de vodka pure dont je fis promptement sauter le bouchon avant d'en verser une bonne lampée dans ma bouche. J'avalais puis essuyais distraitement mon menton en demandant à Adrian:

"Bon t'es prêt?"

Je remplis nos deux verres avant de lever le mien, l'air solennel:

"A nous deux qui sommes ce soir réunis..."

Tradition oblige, alors que nous faisions un concours nous devions à chaque nouveau verre porter un toast chacun notre tour en finissant la phrase de l'autre ce qui promettait toujours d'être intéressant après une douzaine de verre...
Enfin nous renversions donc nos têtes en arrières, vidant d'un trait nos verres. J'appréciais une fois de plus la brûlure de l'alcool dans ma gorge jusqu'à mon estomac: terrible. Puis je nous réservais un nouveau verre c'était son tour.
Je le regardais amusé, dévoué, prêt à tout entendre comme chaque fois à ce moment-là...

Un verre, deux verres, trois verres...25 verres... la tête commençait à me tourner. Faut dire qu'en plus de mes soirées, ma mère m'avait entraîné à tenir la vodka en cas de marché avec les russes. J'allais donc encore relativement bien tant que nous restions à cette boisson. Par contre lorsqu'on buvait autre chose mes résistances étaient bien plus faibles. J’enchaînais donc naturellement sur une nouvelle phrase, le 25ème verre en main:

"Que nous puissions mordre à pleine dent la vie, cette fille là-bas avec sa bonne paire de.. et..."

Je buvais le verre, me coupant la parole sans plus réfléchir. Je jetais alors un coup d'oeil à Adrian qui n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Un petit sourie narquois naquit alors sur mes lèvres. L'avais-je battu, se sentait-il prêt pour le verre suivant? Allait-il vomir? Pouvais-je lui poser les questions qui me traversaient la tête, voulait-il danser? Ahhhh tant de curiosité en moi inassouvie...
J'observais la salle un moment, musique de cintré du cerveau, mousse qui volait dans tous les sens. Je jetai un coup d'oeil à mon jog. Allais-je le sacrifier pour la bonne cause? Il avait fait son temps déjà alors pourquoi ne pas aller prendre un petit bain...
J'attrapais la bouteille, pesant le pour et le contre avant de remplir mon verre. Je tendais ensuite le bras vers celui d'Adrian pour le resservir. La vodka s'écoula à côté du verre, il se passa 20 secondes (les plus longues de ma vie) avant que je tilte que le verre n'était toujours pas plein. Quelle merde, je lâchais:

"Merde..."

Je fis un sourie désolé à Adrian, me demandant si j'en avais renversé sur son beau costume. ET oui toute table qu'elle était, la notre avait des frontières et il était certain quand les atteignant, la vodka aurait poursuivi son chemin. Vu l'ambiance éléctro lumière j'avais du mal à juger de la gravité de la chose je lançais alors avec un sourire:

"Désolé...?"

Buvons buvons ouiiii!!!Ce soir je menais la danse!!!! J'avais dépassé la vingtaine de verres le plus tranquillement du monde. Nouveau toast, Dri qui tenait son huitième verre à tout casser: A sa relation chaotique avec Juliet. Je sentis la commissure droite de mes lèvres tressauter. J'allais exploser de rire. Je me pinçais fermement la cuisse, tachant de garder mon calme avant de vider mon verre. S-u-r-t-o-u-t--r-e-s-t-e-r--c-o-n-c-e-n-t-r-é-,--n-e--p-a-s--r-i-r-e-! Ce verre eu un goût différent malgré ma retenue et je du l'avouer oui entendre ces mots était jouissif. J'hésitai à surenchérir d'un "pourquoi?" mon sourire placide collé sur le visage, et mes yeux pleins d'étincelles. Mais non. Je me contenter d'attraper la bouteille à nouveau pour nous resservir. Qu'elle disparaisse et je serai heureux! Oui je ne l'avais jamais supporté et je ne la supporterai jamais.
Tout en reportant mon attention sur Adrian qui avait légèrement pété un fusible depuis quelques minutes je commençais à m'intéresser plus à notre environnement et des millions de question me traversèrent alors le crâne. Je nous resservais alors avant de finir par tout renverser sur le fut de Dri. Je jurai avant de m'excuser avec une pointe de doute sur l'étendue des dégâts. Mon comparse me lançait alors, me donnant du bichon, toute sa joie de cette petite douche.
Je contemplais la tâche d'un air absent avant de sourire, sans réfléchir je lui fit partagé d'un coup ma pensée:

"Si ça avait été Jay, j'aurais eu vite fait d'aspirer tout ça!!..."

Grand moment de solitude... Qu'avais-je fait? Qu'est-ce qui m'avait pris d'un coup?????!!!

Qu'est-ce que je venais de dire...? Mais j'étais un putain de grand malade moi!! Je songeais à remplacer mon shot de vodka par un de javel histoire de m'apprendre la vie alors que les mains tremblantes, j'attrapais un mouchoir, le tendant vers lui pour qu'il le prenne en espérant de tout coeur qu'il était toujours aussi saoul. Je le vis alors retirer sa jambe l'air furibond. Euh ok? Son visage fit s'envoler mes espoirs vu l'air furibond qu'il affichait oui il avait entendu ce que je venais de dire:

"Holden... j'avais raison alors? Tu te tapes bien Jay ?"

Je le regardais hébété. Je venais de faire la pire connerie qui soit. Comment réparée maintenant...? J'avais peur, peur de le sentir soudain s'échapper. J'affichai vivement une indignation digne des plus grand acteurs, posant brutalement la main droite sur mon coeur avant de m'écrier:

"Regarde moi bien Adrian! Je n'ai jamais couché avec ce mec . Arrête un peu de me traiter de menteur, je ne dénis pas qu'il correspond à mon type de mec mais je ne me le suis jamais tapé!"

Je disais vrai, et mes yeux le témoignaient. Je n'avais jamais couché avec Jay non, il y avait toujours eu un soucis juste avant d'en arriver là mais ça je n'avais pas besoin de le lui dire. Je repris doucement:

"Je sais pas pourquoi j'ai dit ça, je pensais que ça te ferai rire on vu des conneries qu'à écrit cette pute dans ses articles... Je voulais pas que tu en vienne à douter de moi..."

Une fois encore je ne disais que la vérité, qu'une partie bien sûr. J'attendais de voir comment il allait réagir, n'étant plus certain de rien... Après tout j'avais été piégé par lui. J'étais beaucoup trop naturel à cause de ce qu'il représentait pour moi... Tout ça devenait vraiment dangereux...

J'aurais du m'en douter. Oui depuis cet incident c'était dangereux pour moi de rester proche d'Adian... Ma mère me l'avait souvent répété, 'méfie toi car ton meilleur ami sera toujours ton pire ennemi'. Je ne voulais pas de ça!!! Mais qu'est-ce que je pouvais faire hein??? Elle m'avait eu par surprise. Personne ne devait le savoir, personne. Même pas Adrian. Je lui mentais oui, j'éprouvais des sentiments. Mais je ne pouvais non plus le dire à personne! De toute façon à quoi ça servirait? Jay m'avait déjà remballé lors de la dernière fête alors lui et moi ce n'était surement plus possible de toute manière... Alors merde j'allais pas me mettre encore plus en danger pour satisfaire les besoins morbide d'Adrian!
Je lui balançais ma sauce la plus convaincante seulement j'avais négligé le fait qu'il me connaissait mieux que quiconque. Il connaissait mes méthodes, mes astuces. Et merde, il explosait à nouveau soulignant le fait que je me foutais bien de sa gueule. Seulement son ton devenait bien plus bizarre. Je me rendis compte que son comportement relevé plus de la petite amie hystérique trompée que du meilleur ami. Je fronçais les sourcils, analysant un peu plus, son visage sa voix et tout ce qui allait avec il poursuivit plus doucement, trop doucement, la musique était trop forte je n'entendit presque rien:

"Holden...flirt...tu couches...sors...avec...moi c'est...heureux...ne...mens pas...et...tout ne...tourne pas..."

Je le regardais avec une tête stupide. Qu'est-ce qu'il venait de me dire là...? Je ne me trompais pas, il avait bien pété un boulon. Je fronçai les sourcils plus fort, ne sachant plus quoi penser... C'est parcequ’il était jaloux qu'il me faisait tout ce cirque??? Il avait quand même pas pu me dire ça! Que je sorte avec lui??? Ma tête commença à me tourner, je la secouai vivement de gauche à droite avant de reprendre énervé, haussant la voix:

"Putain mais tu me fais quoi là??? C'est pas toi Adrian je peux pas le croire! On est amis toi et moi rien d'autre! T'attend pas à avoir davantage juste parce que je ne déteste pas les relations avec les mecs! Je suis pas une putain de prostituée moi!!"

Je me levais alors furibond, j'avais besoin de respirer là. Sans attendre je partit à grands pas vers les toilettes VIP, réservées au VIP et au personnel. Je m'arrêtai devant le miroir, la musique jouait jusqu'ici et les lumières étaient aussi tamisées clignotantes. J'ouvrais l'eau avant de passer ma tête en dessous. Je me relevais doucement, m'appuyant contre le plan du lavabo. J'observais un instant mon reflet prenant différentes couleurs avec les lumières évolutives qui changeait au rythme saccadé des basses qui faisaient trembler les murs. Je m'asseyais alors sur le plan du lavabo le dos contre le miroir. Le verre rafraîchi l'arrière de ma tête. Ça faisait du bien. Pourtant je me sentais tellement mal, j'avais perdu Adrian là. Dire que depuis tout ce temps il faisait semblant d'être mon ami... Que voulait-il au fait? J'vais juste l'impression d'être une fois de plus utilisé. Il m'avait demandé de coucher avec lui... Il me prenait pour qui merde...??!!

Assis dans l'ambiance électrique je ne vis même pas Adrian revenir. Je relevais soudain les yeux. Il était là. Depuis quand? Il s'excusait, moi je le regardais bêtement. Pourquoi je ne disais plus rien? Je ne sais pas moi-même. Je regardais la cigarette qu'il m'avait foutu entre les mains. Je ne fumais plus. Depuis mon accident de moto trois mois auparavant. Va savoir pourquoi. Mais bon ça non plus il ne le savait pas apparemment. Mais bon il l'avait allumé alors à quoi bon la laisser juste se consommer sans rien faire? Excellente question Holden! Je tirais donc une taffe, jartant par terre la cendre en trop. Je me ré-intéresser alors à lui. Totalement calmé depuis que ma tête s'en était allée sous le jet du robinet. Je lui demandée alors d'une voix toute aussi égale:

"Pourquoi je ne dis rien, hein?"

J’expirai la fumée, tranquille. Je ne savais que répondre. Trop apathique pour. Je l'observais un instant comme si sur son visage allait s'affichait la réponse mais comme rien ne venait je me laissais à dire ce qui me passait par la tête:

"Je ne sais pas moi. Pourquoi ne pas se barrer d'ici pour commencer?"

Appelons ça passer du coq à l'âne ou autre, seulement je n'en avais plus rien à foutre de nos querelles, j'avais mon cul sur un lavabo et aucune envie de m’éterniser. Alors que notre échange devenait presque passionnant, la fumée des cigarettes s'élevaient doucement vers le plafond, vers un objet blanc scintillant comme une soucoupe, un détecteur de fumée...

Pour tout vous dire, j'étais désormais complètement perdu. Je ne savais plus quoi dire à Holden, tout du moins pour le faire réagir. Il ne me facilitait pas la tâche. Je tirais sur ma clope comme dingue... j'étais stressé, en piteux état, et je ne savais pas comment allait se terminer la soirée. Je ne comptais pas lâcher Holden d'une semelle de toute façon, ayant bien trop peur qu'il me tourne une nouvelle fois le dos. Oui, parce que quand il s'agissait d'Holden, je ne faisais pas mon fier. Il n'y avait pas cette rivalité entre lui et moi, c'est peut être pour cela que nous nous entendions si bien.

"Comme tu veux... je pense qu'il vaut mieux qu'on y aille oui." J'écrasais ma clope sur le sol des sanitaires, et retournais dans le carré VIP où je récupérais ma veste, et celle de Turner. Je revenais vers lui, le visage pâle, et lui tendais son blouson. Je me sentais vraiment très mal, comme si j'allais tomber d'un moment à l'autre sans m'en rendre compte. Nous nous dirigions vers la sortie, ensemble, et mous sortions sans même répondre au "Bonne fin de soirée" du videur. A vrai dire, nous n'étions pas en état de tenir une conversation sensée. Nous marchions donc, forcé de nous rendre jusqu'à chez Holden à pieds. Forcément, dans cet état là, je ne prendrais pas ma voiture!

Le bruit de nos pas sur le bitume résonnait dans ma tête comme un bourdonnement incessant. Je ne pouvais m'empêcher de ne plus penser à cette histoire... Holden & Black. En lisant Dirty, j'avais très clairement pensé à un canular... Mais la vie n'est pas une blague, il faut croire! J'avais mal au ventre, à la tête, et ça faisait très longtemps que je ne m'étais pas sentis comme ça. D'ailleurs, il ne fallut pas longtemps pour que je m'arrête au bord de la route, et que je vomisse tout ce que j'avais bu, mais aussi toute la contrariété que j'avais emmagasiné jusqu'alors. Je me tournais alors vers Holden, m'essuyant la bouche, et le regard vitreux, je dis: " Ne me tourne plus le dos Holdy...". Oui j'insistais une nouvelle fois sur ce point, mais j'étais trop inquiet, inquiet de perdre mon meilleur allier dans cette partie.