Quand Jennifer avait accepté son invitation, cet après-midi là, Lorenzo avait d'abord cru à une mauvaise blague de Junie. Quand il reçu le sms de confirmation, il se sentit obligé de l'appeler pour vérifier qu'on ne le menait pas en bateau. Effectivement, Jenn le rejoindrait au Gordon Coffee en milieu d'après-midi. Il n'avait pas oublié que la jeune fille, en grand enfant, raffolait du goûter, occasion de manger un cookie sans passer pour une gourmande. Certes, elle était gourmande, Lorenzo n'avait pas oublié toutes les fois où elle avait dévoré les petits plats qu'il préparait. Mais elle avait aussi passé la trentaine, un âge où se gaver de sucreries n'était plus permis.

Tel un gosse, il eut bien du mal à se concentrer sur son cours ennuyeux. Les bâillements et soupirs des élèves derrière lui, avachis sur leurs tables et en pleine digestion, n'arrangeaient en rien son calvaire. Il n'avait qu'une hâte : que ce cours se terminent, que tous les élèves courent vers la sortie, effrayés à l'idée que Lorenzo puisse retenir l'un deux pour nettoyer le tableau et autres projectiles en papier qui traversèrent la classe durant l'heure de cours. Ces gosses étaient paranos, Lorenzo préférait le silence et la tranquillité de cette salle vide, quitte à devoir passer deux coups d'éponge. Il aimait que les choses soient faites méthodiquement, et nettoyer sa classe était toujours la dernière tâche qu'il effectuait avant son départ à la fin de ses cours. Il lui était même déjà arrivé, distrait, de retourner dans sa classe alors qu'il se trouvait déjà sur le parking, quand il réalisait qu'il avait oublié cette dernière étape. C'était comme clore sa journée, raccrocher son costume de professeur pour endosser celui de mari. D'habitude, il retardait toujours le moment de cet échange. Mais aujourd'hui, il passait par la case café avant le retour à la maison (sans toucher les 200 euros), un rendez-vous qui le rendait jovial.

Jovial ... Mais également stressé. Quand il se gara devant le café, il mit plusieurs grosses minutes avant de se décider à sortir de sa voiture. Il ne pouvait plus faire machine arrière, était obligé d'avancer, de s'asseoir, et advienne que pourra. D'un coup d'oeil circulaire, il vérifia que son ancienne meilleure amie n'était pas déjà présente. Il était effectivement le premier, le contraire l'aurait étonné. L'absence de Jenn dans sa vie n'avait pas effacé tous leurs souvenirs, et Lorenzo avait encore en mémoire toutes les preuves de son manque de ponctualité. Un sourire s'esquissa sur son visage, priant pour que ce jour soit le premier d'une nouvelle série de moments inoubliables, comme avant. Il se savait optimiste, mais s'il n'y croyait pas, jamais il ne pourrait convaincre Jenn de le pardonner une bonne fois pour toute. Or, il avait besoin d'elle pour une toute autre tâche, ensuite : trouver comment récupérer l'amitié de son autre meilleure amie, Rose. Bien sûr, il ne l'attaquerait pas tout de suite avec une telle demande, il fallait faire le temps. Il savait, de toute façon, que l'ukrainienne n'était pas encore prête à le revoir. Mais Jenn était l'une des seules à connaître son histoire avec Nina, l'une des seules qui avait cru à la sincérité des sentiments qu'il portait à son ancienne élève. Et il savait que c'était aussi pour cette raison que Jenn s'était étonnée du mariage de Lorenzo, alors qu'il semblait en aimer une autre auparavant. Elle avait effectivement pu le vivre comme une trahison, un mensonge. Jamais il ne pourrait lui expliquer les raisons de son départ précipité, mais il pouvait au moins la convaincre qu'il portait toujours Nina dans son coeur, même si ce dernier appartenait désormais à une autre femme. Jamais Jenn ne lui donnerait sa bénédiction pour tromper sa femme, Lorenzo lui avait juré fidélité de toute façon. Mais il voulait au moins récupérer l'amitié de la soeur aînée, et Jenn avait toujours été de bon conseil. D'ailleurs, la jolie blonde se décida enfin à apparaitre sur le pas de la porte. Elle n'avait pas changé, toujours accompagnée de ce grand sourire radieux et enfantin, qui lui donnait des airs de petite poupée. Il lui fit un signe de main pour qu'elle le rejoigne, c'était partie pour la mission "Récupération de Jennou". « Même pas une demi-heure de retard, tu t'améliores avec le temps ! Dis moi tout, tu as un secret ? » Il sourit gentiment, elle savait qu'il plaisantait. Il la regarda s'asseoir avant de reprendre. « Qu'est-ce que tu veux boire, et surtout manger ? » Il savait très bien qu'il gagnerait des points en réveillant son estomac.

Lorsque Jenny reçu le message de Lorenzo, elle ne put qu'y répondre positivement, car bien qu'elle est été vexé par l'attitude et les cachoteries de son ex-meilleur ami, elle devait bien avouer qu'il lui manquait affreusement. Et puis, on ne peut pas en vouloir à quelqu'un toute sa vie, hein ? De plus, elle culpabilisait, il s'était marié quand même ! Elle aurait peut-être du être heureuse pour lui plutôt que d'avoir réagis ainsi, oui, c'est vrai, il l'avait surpris en revenant de New York avec une femme à son bras et une alliance au doigt, et oui, avant de partir il avait couché avec l'une de ses meilleures amies, mais il avait le droit d'être heureux et s'était injuste d'en vouloir à Lolo' et pas à Charly, surtout que tout le monde sait que c'est elle la garce !

Et puis, il ne faut pas oublier que Lorenzo lui avait proposé un goûter ! Non mais un goûter quoi ! Comment refuser ? Qui résisterait à un bon petit cookie et un vers de lait ? Même le Père Noël en réclamait durant sa tournée ! Bref, toujours était-il que la blonde devait attendre qu'il soit seize heure avant d'aller rejoindre le professeur au Gordon Coffee. Mais, étant donné qu'elle s'était offert un jour de congé, elle passa la journée en compagnie de ses quatre amies, Junie, Charly, Tara et Alana avec qui elle alla faire les boutiques et mangea un burger au fast-food.

Quand quatre heure de l'après-midi sonna, Jenny marchait encore dans les rues de Magnolia Cresent. En retard, encore, comme toujours. Mais Lolo' devait être habituée, il la connaissait si bien. Et, enfin, la jeune femme pu voir l'enseigne du Gordon Coffee au loin, elle pressa légèrement le pas, et, le cœur battant un peu plus vite à l’approche de son rendez-vous, la jeune femme poussa la porte d'entrée et embrassa du regard la salle quasiment vide du café, un sourire épanouie sur le visage. Elle aperçut alors le jeune homme brun qui lui faisait signe de le rejoindre à une table, elle s'assit près de lui, sur la banquette. « Même pas une demi-heure de retard, tu t'améliores avec le temps ! Dis moi tout, tu as un secret ? » Jennie sourit un peu plus et regarda Lorenzo qui enchaina avec une parole loin d'être inintéressante. « Qu'est-ce que tu veux boire, et surtout manger ? ». Jenny se tapota le menton de l'index afin de réfléchir, mais en réalité, elle savait déjà exactement ce qu'elle voulait. « Et bien, puisque tu le demande, je tuerai pour une glace parfum citron »

Il ne s'était pas trompé, Jennifer fit mouche à l'évocation d'un goûter. Il héla donc une serveuse, à qui il commanda une glace au citron pour Jenn, et un chocolat chaud et un cookie pour lui. Une fois la commande faite, ils pouvaient débuter ce fameux rendez-vous si fatidique.

« Alors Jenn, que racontes-tu depuis le temps ? » Il était au courant, par le biais d'intermédiaires, que le boulot de la jeune fille lui prenait de plus en plus de temps. D'ailleurs, récemment, il avait sonné chez elle et était tombée sur Junie, qui lui avait annoncé - non sans joie - que Jenn n'était pas là mais encore prise par son emploi. Un mal pour un bien, au final, puisque tous deux en profitèrent pour mettre les choses à plat. Junie confirma qu'elle avait bien surpris Lorenzo et Charly au bar il n'y a pas si longtemps. Ce à quoi le professeur précisa que Charly se faisait insistante depuis quelques temps, alors que lui la repoussait sans cesse. Il était marié, après tout. Mais Charly n'en avait que faire. Lorenzo avait bien compris que son but n'était pas de briser un mariage, mais simplement une forte amitié. Probablement par jalousie, après tout Charly était de ces filles incapables d'entrenir avec un homme autre chose qu'une relation au lit. Mais penser à cette vipère alors qu'il était en présence de Jenn n'était probablement pas la meilleure idée. Vite, il chassa Charly de son esprit. Au même moment, la serveuse revint avec leur commande, Lorenzo s'empressa de la remercier, puis regarda son amie attaquer sa glace. « Alors cette glace au citron ? » Il se rappela cette fois où, pour l'anniversaire de la jeune femme, il avait tenté de faire un sorbet citron lui même. Le résultat fut désastreux, la glace n'avait pas pris, et il se retrouva avec une barquette de jus de citron liquide. Jenn avait ri à coeur joie devant ce spectacle, avant de goûter la mixture d'un air sérieux, et d'affirmer que le goût y était, à défaut de l'aspect. Mais ce temps était désormais si lointain.

"Alors Jenn, que racontes-tu depuis le temps ?" Jennifer aurait pu dire que son job devenait de plus en plus "sérieux" et qu'il lui prenait plus de temps à présent, ou qu'elle avait fait de nombreuses nouvelles connaissances, ou encore qu'elle avait un petit problème d'attirance interdite envers une personne qu'elle faisait tout pour éviter à présent, mais autant se concentrer sur des choses plus joyeuses, non ? "Et bien, rien de bien intéressant sous le soleil, en réalité." Jennifer s’apprêtait à lui retourner la question mais, à cet instant, la serveuse revint avec leur commande, Jennifer la remercia d'un signe de tête et d'un sourire puis saisit avidement sa glace et l'entama avec gourmandise.

"Alors cette glace au citron ?", le regard du professeur se fit lointain et vague, comme si il repensait à un souvenir lointain, et Jennifer réfléchit elle-même à ce dont son ami pouvait bien penser mais tellement de souvenir lui était rattaché avec la glace au citron qu'elle ne sut pas y faire le trie. A si ! Il y avait ce sorbet au citron que Lorenzo avait tenté de faire et qui ressemblait plus à un jus de citron froid. Mais il était tout de même délicieux ! Jennifer leva les yeux de sa coupe de glace et adressa un sourire complice à Lolo "Et bien, j'aurais tout de même préféré un bon sorbet fait maison offert par un certain brunet !" La blonde adressa un clin d'oeil malicieux au jeune homme et continua, d'un ton plus sérieux mais toujours sympathique "Alors, et toi, qu'as tu à me raconter à propos de ta nouvelle vie d'homme marié ?", il n'y avait aucun sarcasmes dans sa voix, et encore moins de méchanceté, la jeune femme voulait réellement que le professeur lui parle de sa nouvelle vie, elle voulait que tout redevienne comme avant et qu'il puisse se confié l'un à l'autre. Comme avant.

Lorenzo suspecta la jeune femme de rester évasif à son propos, parce qu'elle n'avait toujours pas vraiment pardonné à l'italien. Il fut déçu de ne pas avoir plus de détail, et s'apprêtait à renchérir sur le sujet, de manière plus habile, mais la serveuse vint les interrompre. Qu'importe, Lorenzo n'avait pas dit son dernier mot, et il nota dans un coin de sa tête de revenir à la charge dès que possible, après qu'ils aient apprécié leur goûté. « Ne me reparle plus jamais de cette horreur de sorbet ! tu n'aurais pas pu avoir un autre dessert préféré, comme les cookies ou les brownies ! » lui reprocha-t-il sur le ton de la rigolade. Maintenant, il ne pouvait plus se défiler, il se devait d'entrer dans le vif du sujet. Il sentit une vague de stress l'envahir, qu'il tenta de calmer avec une bonne gorgée de café. Celui-ci, à peine chaud, ne lui fut d'aucune aide. De même que le cookie qu'il entama ensuite. Il avait bu, mangé, à moins de pretexter une urgence pipi ou un coup de fil à passer, il était désormais face à son destin.

(Mal)Heureusement, Jenn fut plus rapide que lui, et le questionna, lui laissant quelques minutes de répit avant la grande discussion fatale. « Et bien, après un an de mariage, je m'y suis finalement fait écoute ! Notre vie de couple à des hauts et des bas, mais comme tout le monde j'imagine. » Que dire de plus ? Il n'allait pas évoquer le départ de Nina. Ni sa dispute avec Rose. Du moins pas tout de suite. « Tu sais Jenn, je suis vraiment désolé de ne pas t'en avoir parlé, mais ça s'est fait si vite ... » Il baissa la tête, attendant le verdict avec impatience, et priant pour que ce dernier ne soit pas trop difficile à entendre

Jennifer cru déceler une expression de déception chez le jeune homme après qu'elle est répondu à sa question, mais celle-ci disparu bientôt et fut remplacer, à la joie de Jennie, par un sourire "Ne me reparle plus jamais de cette horreur de sorbet ! tu n'aurais pas pu avoir un autre dessert préféré, comme les cookies ou les brownies !", "Oh mais nooon ! Sinon ça aurait été beaucoup moins drôle !". A ces mots, comme pour appuyer ses paroles, la blonde continua la dégustation de sa délicieuse glace, sans pour autant, quitter le professeur du regard.

"Et bien, après un an de mariage, je m'y suis finalement fait écoute ! Notre vie de couple à des hauts et des bas, mais comme tout le monde j'imagine.", c'était comme si sa phrase restait en suspens, comme si l'italien n'avait pas tout dit, mais Jennie ne pouvait pas lui en vouloir, après tout, n'avait elle pas, elle aussi, éviter d'évoquer certains aspects de sa vie. "Tu sais Jenn, je suis vraiment désolé de ne pas t'en avoir parlé, mais ça s'est fait si vite...", le sourire de Jennie s'assombrit "Moi aussi je suis désolée, je sais bien que je me suis pas comportée comme la meilleure amie que j'aurais du être... Je ne t'ai même pas souhaitée mes meilleurs voeux ou mes félicitations... C'était nul de ma part." A présent, Jennie se sentait gênée, mais elle était sincère. Elle sourit un peu, désolée et continua "Et puis, tu me connais, je suis pas vraiment du genre rancunière", effectivement, Jennifer n'aurait jamais pu lui en vouloir éternellement.

Il retrouvait bien là sa meilleure amie perdue, et dans un sens ça le rassurait. Certains évènements les avaient séparé, éloignés, mais au fond Jennifer était restée la même, drôle, énergique, maladroite ... Pouvait-elle seulement en dire autant de lui. Il était marié, pas des plus fidèles, et perdait facilement le contrôle ces derniers temps ... Il n'était plus le Lorenzo qui inspirait de l'admiration.

Il ne savait pas vraiment quoi dire, pas vraiment quoi faire. Il n'existait ni formule magique à prononcer, ni gros bouton rouge sur lequel appuyer, pour que, pouf, comme par enchantement, tout redevienne comme avant. Il ne pouvait pas effacer ses erreurs, qui devenaient nombreuses. A croire que, finalement, le professeur n'était pas si doué pour les relations amicales avec le sexe opposé. Alors, il choisit finalement de s'excuser, faute d'idée plus novatrice. Et le plus surprenant, c'est que ses paroles toutes bêtes fonctionnèrent. « Attends, tu me pardonnes alors ? On peut redevenir comme avant ?? » demanda-t-il, sur un ton mêlant la surprise et la joie. « Mais câlin alors ! » et sans plus attendre, il prit la jeune femme dans ses bras, comme au bon vieux temps. Il avait toujours pensé que ses deux meilleures amies se complétaient, Rose était trop responsable, et Jennifer pas assez. Jenn était plus légère, Rose plus sérieuse ... En perdre une était difficile, ne plus en avoir aucune était impossible. Alors, retrouver finalement Jennifer, lui donnait de l'espoir pour Rose et lui, pour l'avenir. « Tu mérites que je te fasse un nouveau sorbet citron très vite ! Et il faudra que je te présente convenablement ma femme, Summer, alors. Ah moins que tu ne l'aies déjà rencontrée ? »

Jennifer ne put s’empêcher de rire face à l'expression surprise, perdue et joyeuse qui s'affichait sur le visage de l'italien : "Attends, tu me pardonnes alors ? On peut redevenir comme avant ??" A quoi s'attendait-il, franchement, hein ? Jamais, jamais au grand jamais la petite blonde n'aurait pu quitter cette pièce en restant fâchée avec son meilleur ami, et comme elle savait très bien comment la discussion se terminerait, autant le faire le plus vite possible, non ? Elle avait passé bien assez de nuits comme ça à réfléchir, s’énerver et culpabiliser dans son lit, les yeux rivés sur le plafond (dont elle ne discernait même pas la petite trace de peinture rouge, résulta d'une maladresse de l'ancien propriétaire et de sa flemme de repeindre par dessus) dans l'obscurité. "Mais câlin alors !". Jennie fit certainement le plus grand sourire de tout les temps, espérant ne pas avoir un bout de salade de ce midi entre les dents, et les deux anciens-ex-meilleurs amis se serrèrent dans les bras jusqu’à étouffement.

"Tu mérites que je te fasse un nouveau sorbet citron très vite !", Lolo faisait à présent plus pensé à un enfant qu'à un professeur, il parlait vite et paraissait tout excité, comme une gamin qui vient d'apprendre qu'il va aller à Disneyland. Mais Jennifer ne pouvait que s'en réjouir, surtout qu'elle se trouvait elle même dans le même état. Elle entama une petite danse de la joie en chantonnant "Le sorbet citron, le sorbet citron, le sorbet citron d'Lolo il est trop bon" puis voyant le regard mi-amusé mi-"cette fille est dingue" de son meilleur ami, elle se ressaisit, posa ses mains sur ses jambes croisées, comme pour se donner un air sérieux. Mais elle ne pouvait pas tenir plus de cinq secondes sans sourire, alors bientôt, un sourire digne d'une pub "colgate" s'afficha sur son visage. "Et il faudra que je te présente convenablement ma femme, Summer, alors. Ah moins que tu ne l'ai déjà rencontrée ?". Jennifer secoua négativement la tête en souriant, jusqu’à maintenant, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de faire la connaissance de la jolie rousse qui avait épousée son ami. A si ! Une fois, dans un magasin au rayon... gâteaux, si elle se souvenait bien, mais la blondinette avait vite trouvée une excuse pour s'éloigner, bien trop gênée et rouge comme une tomate mûr avec des jambes. "Non, j'ai l'ai pas encore rencontrer, enfin, pas convenablement."

C'était fou. En quelques minutes de temps, leur relation était redevenue comme avant. Comme si toute cette époque n'était qu'une parenthèse qu'ils avaient vite refermés. Lorenzo avait besoin de retrouver sa Jenn, besoin de son épaule et de ses conseils. Mais également besoin de sa fraicheur, son rire et sa candeur. Ce petit truc qu'elle avait et qui lui permettait de tout prendre à la légère, comme si rien n'était grave et qu'il était toujours possible d'être heureux. « Je suis vraiment ravi que ça s'arrange, Jenn »

Déjà, il mourrait envie de tout lui raconter. Que Rose ne lui parlait plus depuis qu'il lui avait avoué ses sentiments pour Nina, que Summer le soupçonnait de quelque chose, et bien sûr qu'il ne pouvait pas se sortir la jolie brune de la tête. « Viens manger à la maison, à l'occasion ? Tu verras elle est adorable. Je ne la mérite même pas, tu sais. » il soupira, buvant une gorgée de son chocolat chaud pour gagner du temps. Mais Jenn ne se contenterait sûrement pas d'un aveu à demi mot. Et puis, de toute façon, il voulait tout lui dire. « Je suis le dernier des cons Jenn, j'ai revu Nina. Il ne s'est rien passé, mais elle ne sort pas de ma tête. J'ai tout avoué à Rose, mais elle ne veut plus me voir depuis. » Ses yeux rivés sur la table étaient incapables d'affronter ceux de Jenn. Même si celle-ci était gentille, elle était aussi raisonnable, or dans le cas précis Lorenzo méritait de se faire enguirlander. Mais la jeune femme savait aussi que Nina n'avait jamais été une fille comme les autres pour son meilleur ami. Dès le début de leur relation, il lui avait confié, combien il pensait à elle. Elle l'avait rapidement félicitée, quand il avait mis fin à toutes ses autres relations, pour n'appartenir uniquement à Nina. Bien des fois, elle lui conseilla de dire la vérité à Nina. Mais cette dernière restait son élève, il ne pouvait pas avoir de réels sentiments, ceux ci étaient proscrits, interdits. Puis, Charly avait tout révélé, mettant un froid dans cette amitié dont il avait tant eu besoin à cette période. Il lui avait rapidement expliqué qu'il quittait Magnolia, s'éloignait de Nina, puis avait disparu, comme un voleur. Mais finalement, plus de 2 ans après, il en était toujours au même stade, avec juste une bague au doigt en plus

Rien ne pourrait séparer deux amis et cette soirée en était l'exemple idéal. Jennifer n'aurait pas puis se sentir mieux, le sourire jusqu'au oreilles, calmé, sereine, comme si il n'y avait jamais eu aucuns problèmes. En réalité, en passant les pièce ce début de soirée là, et en voyant son ancien-ex-meilleur-ami assis seul à la table, la seul chose que Jennifer avait eu envie de faire s'était de se jeter dans ses bras, de s’excuser, de pleurer peut-être un peu, de rire, et après toutes ces émotions plus contradictoires les unes que les autres, de retrouver la complicité passée qu'ils partageaient. Et c'était surement ce qui allait se passer. Jennifer rencontrerai Summer, elles s'adoreraient, et Jennifer pourrait passé une soirée fille avec Summer, une soirée meilleur-ami avec Lolo ou une soirée "Racontez-moi vos vie" avec le couple. Elle pourrait tout raconter au professeur, et lui lui raconterai toute sa vie. Tout redeviendrait au mieux dans le meilleur des mondes.

"Viens manger à la maison, à l'occasion ? Tu verras elle est adorable. Je ne la mérite même pas, tu sais." l'Italien soupira, bu une gorgée de son chocolat chaud. Il cachai quelque chose, et Jennifer le voyait très bien, il y avait un sous-entendu que Lolo' ne pouvait pas dissimuler à sa meilleur ami et il devait bien s'en douter un peu. La blondinette ouvrit la bouche pour l’inciter à continuer mais elle n'en eu même pas besoin et son meilleur ami parla de lui même. "Je suis le dernier des cons Jenn, j'ai revu Nina. Il ne s'est rien passé, mais elle ne sort pas de ma tête. J'ai tout avoué à Rose, mais elle ne veut plus me voir depuis." Le derniers des cons ? Certainement pas. Le dernier des imbéciles amoureux qui ne savait plus que penser de lui et des autres ? Plutôt oui. Jennifer tenta de capter le regard de son ami mais n'y parvint pas, ses yeux restaient fixement absorbés par la table. Jennifer savait ce qui liait l'adolescente et son professeur et de caractère assez romantiques, elle avait été enchantée d'entendre que son meilleur ami laissait tombé ses conquêtes consécutive pour se conserver spécialement à Nina. Mais cette loi stupide qui les empêchait de s'aimer juste à cause d'un métier, Jennifer n'avait jamais pu la comprendre, peut-être que certains la trouvait utile mais pas la jeune femme. Jenn posa une main rassurante sur celle de son meilleur ami, posée sur la table. "Ecoutes, si tu veux vraiment mon avis... Et bien je ne peux pas te donner d’avis. Tu dois faire un choix. Mais si jamais tu en viens à choisir Nina, c'est que tu es prêt à quitter ton job si il le faut et à dire tout de suite la vérité à ta femme. Il est hors de question, ou en tout cas je ne pourrai pas te donner mon consentement, que tu recommences à fréquenter Nina en te disant que tu préviendra Summer dans une semaine, qui en deviendra deux, puis trois, puis un mois et finalement elle l'apprendra d'elle-même et ça en sera d'autant plus horrible. Mais si tu choisis Summer, alors c'est que tu es totalement prêt à tourner la page, à vivre une nouvel vie avec ta nouvelle femme, et à te sortir cette adolescente de la tête pour toujours. Je suis pas là pour t’engueuler, mais je le ferais si tu caches quoique ce soit à l'une ou à l'autre. Et prends le temps d'y passer, si tu t'y prend trop vite, il y a des chance que tu fasses le mauvais choix, mais t'éternises pas trop non plus car ça fichera ton mariage en l'air."

Jenn pouvait lui faire la morale, l'engueuler, s'énerver, Lorenzo acquiescerait sans broncher. Il était fautif et en avait parfaite conscience. Il aimait Summer, sa femme, il aimait la complicité qu'ils s'étaient appliqués à créer dans leur couple. Mais Nina était ensuite revenue dans sa vie, fantasme chimérique mais tellement attirant. Son caractère parfois capricieux qui à la fois l'amusait et l'attendrissait. Et sa jeunesse, bien sûr ... Son couple avec Summer, à côté, semblait bien fade, raisonnable. Mais ce n'était en rien la faute de son épouse. C'était lui, qui, rêvant d'aventures, se plaisait à s'imaginer avec Nina. Peut-être que cette pulsion était uniquement nourrie par le désir d'interdit. Mais pour l'heure, Nina hantait son corps et son coeur.

« Je sais, que je dois être honnête avec elles. Et quand j'aurais fait le point, quand ... quand j'aurais choisi, je compte sur toi pour m'engueuler, me forcer à être l'être. » Il savait, au fond, qu'il pouvait compter sur elle pour ce genre de choses. Jenn prenait la vie avec légèreté, tout dans sa bouche semblait être matière à rire. Mais elle était aucune une amie très présente. Beaucoup n'y croiront pas en la voyant la première fois, mais Jennifer était capable de retrouver son sérieux, quand il s'agissait d'aider un ami. « Mais d'abord, je dois y réfléchir ... Mais comment ? » Il leva un regard implorant vers elle. « Comment je fais mon choix ? Comment je décide ? Elles me rendent dingue toutes les 2, je crois » Paumé, perdu, le choix du coeur ou de la raison, du futur ou de la passion. Il cherchait en vain une recette miracle, une formule magique, pour enfin faire ce choix.

Sérieuse comme le demande toujours ce genre de situations, Jennifer écouta le plus attentivement du monde son meilleur ami en détresse, passant une main dans ses cheveux naturellement légèrement bouclés, la blondinette hocha la tête et réfléchie rapidement. "Je sais, que je dois être honnête avec elles. Et quand j'aurais fait le point, quand... quand j'aurais choisi, je compte sur toi pour m'engueuler, me forcer à être l'être. Mais d'abord, je dois y réfléchir... Mais comment ? Comment je fais mon choix ? Comment je décide ? Elles me rendent dingue toutes les 2, je crois." La blonde ne peut dire à l'Italien de choisir telle ou telle prétendante, déjà parce qu'elle ne connaissait pas vraiment aucunes des deux mais surtout parce que ce n'était pas un choix qui lui revenait. Elle racla le fond de sa coupe de glace au citron vide avec sa petite cuillère afin de gagner quelques minutes de réflexions. Jenn avait mal au coeur rien qu'a voir le professeur dans cet état tellement incertain et désemparé. "Hééé ! Tu sais que je serais toujours là pour toi de toute façon, hein ? Mais pour savoir comment tu peux choisir... Ça je ne sais pas... Demandes-toi avec laquelle tu te sens le mieux ? Avec laquelle tu partages le plus de choses ? Avec laquelle tu t'imagines passer le reste de ta vie ? Plus tard, quand tu seras vieux, tu t'imagines raconter ta rencontre avec laquelle des deux à tes petits enfants ? En gros, laquelle aimes-tu vraiment ?" La blonde savait bien qu'il aimait les deux, mais il ne pourra pas tout avoir. Enfin, Jennie ne l'y autoriserait pas et Lorenzo avait de tout façons trop de raison et d'intelligence pour faire cela. C'était un amoureux, pas un vieux mari en couple depuis quarante ans qui s'ennuyait de sa femme et cherchait une jeunette avec qui passer le temps ! Couper les ponts durant si longtemps avec lui avait été trop dur, et le retrouver dans un tel état de culpabilité et une si basse estime de lui attristait la jeune femme à un point inimaginable. L'Italien n'était pas son meilleur ami pour rien, c'était une personne drôle, intelligente, et compréhensible, et Jennifer le détestait de se détester. Dans une telle période de floue, c’était pourtant aussi "normal" qu'une rébellion d’adolescent plein d'hormones, mais la blondinette était une éternelle optimiste et voir un de ces proches comme ça lui donnait envie de le serrer dans ses bras et de lui écrire la plus longue lettre du monde ou le plus long discours possible traitant de toutes ses qualités en long, en large et en travers. Que voulez-vous ? Jenn aimait que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes pour ses amis !

Il buvait les conseils de Jennifer, comme un alcoolique assoiffé devant quelques malheureuses gouttes d'alcool. Elle était la seule à pouvoir le conseiller. En parler à ses potes ? Jamais. Adrian était trop embourbé dans une situation similaire pour pouvoir l'aider. Et les autres, dragueurs comme ils étaient, auraient vite conseillé de choisir les 2 et de s'amuser. Quant à Rose, si jamais il lui reparlait un jour, ce sujet se classerait dans les tabous à ne jamais aborder. Jenn était la seule et, au fur et à mesure qu'elle l'aidait, une seule personne s'affichait dans son esprit. Une seule femme, claire, limpide, prévalait sur l'autre. Il l'avait toujours su, s'était souvent cherché des excuses. Il restait un gentleman, qui se détestait d'avoir ainsi abîmé le coeur de 2 femmes. Mais surtout, quand il ferait son choix, il risquer d'en briser un totalement. Ou peut-être pas. Il les connaissait si bien, mais leurs sentiments restaient brumeux, vagues. Il ne savait pas laquelle l'aimait le plus, il ne savait même pas si l'une l'aimait vraiment. Et ce visage qui lui restait à l'esprit, enivrant. Nina. C'était toujours la même rengaine. Peut-être disparaitrait-elle, si un jour elle devenait sienne. Peut-être que ce n'était pas de l'amour, juste ce besoin qui s'anime chez beaucoup de gens. Celui de désirer ce que l'on a pas. Avec ces peut-être et ces si, il aurait déjà pu refaire le monde. Sa vie future ne se construisait que sur des suppositions. Mais un fait restait certain, coûte que coûte : s'il choisissait Nina, il pouvait définitivement tirer un trait sur son amitié avec Rose. Elle ne l'avait jamais cautionné, ne changerait jamais. Elle avait raison, dans un sens, de protéger ainsi sa petite soeur. Oui, il avait mal agi, était sorti avec les 2 soeurs en même temps. Mais pas seulement. A l'époque, il voyait une dizaine de filles, c'était le deal, toutes le savaient. Mais quand Nina s'était mise à devenir plus qu'une simple aventure, il avait tout stoppé, avec les autres. Il avait voulu être avec Nina, tout le temps, à toute heure, tout faire avec elle, même les choses les plus anodines. Il n'avait pas oublié cet état d'esprit, qui le forçait aujourd'hui à dire que, non, Nina n'était pas un simple caprice. Mais même s'il divorçait, jamais il ne pourrait avoir les 2 soeurs dans sa vie. Choisir entre l'amour ou l'amitié, quel acte difficile. On disait bien une de perdue, dix de retrouvées. Il était jeune et pourrait rencontrer bien d'autres filles. Des amies comme Rose, jamais. Mais Nina n'était pas une fille comme les autres. Il pourrait en retrouver dix, cent, ou mille, aucune ne serait comme Nina. « Si jamais je choisis Nina, je perds Rose, définitivement. Elle n'a jamais accepté cette relation, jamais cru que j'étais sincère avec sa soeur. Alors je crois qu'être raisonnable rendrait les choses bien plus simples. » Être raisonnable signifiait bien sûr choisir Summer. Pourtant, il était incapable de le dire à haute voix.

« Je te dirai, j'y penserai. Mais pour maintenant j'aimerais arrêter d'en parler. » Il n'était pas prêt, pas encore, qu'importe son choix. « Tu n'as rien à me raconter, toi ? Je veux des histoires croustillantes, raconte moi les aventures de Jennifer Vanya, je suis sûr qu'elles valent le détour ! » Il finit sa boisson avant de jeter un oeil à la glace de son amie. « Au fait tu veux une nouvelle glace peut-être d'abord ? » Attiser les papilles de Jenn l'aiderait peut-être à se confier.

"Si jamais je choisis Nina, je perds Rose, définitivement. Elle n'a jamais accepté cette relation, jamais cru que j'étais sincère avec sa sœur. Alors je crois qu'être raisonnable rendrait les choses bien plus simples." Oui, c'était possible. Être raisonnable serait plus simple, mais ce n'était pas pour autant que cela serait mieux. Pour Summer, cela impliquerait qu'elle vive le restant de sa vie (ou tout du moins une bonne partie) au côté d'un homme déchiré, qui, bien qu'il éprouve de l'amour pour sa femme, ne pourrait arrêter de penser à une jeune adolescente brune qui finirait par elle aussi trouver un homme et se marier sous le regard certainement triste, jaloux ou Jenny ne savait quelles autres sentiments étrennée par un amour interdit et partagé, de l'Italien. Et puis, Nina était l'autre meilleure amie de Lorenzo, et bien que cette situation n'est très certainement pas très facile pour elle non plus, partagée entre la protection de sa sœur et l'amitié du professeur, elle ne pouvait pas empêcher Lorenzo de vivre avec la femme qu'il aimait, même si celle-ci se trouvait être sa sœur. De toute façon, d'autres personne s'en chargeait déjà. Et puis, si l’aînée des Van Valkenburg doutait des sentiments de Lorenzo par rapport à Nina, il lui suffirait de voir la façon qu'avait le professeur de regarder l'adolescente, les sacrifices qu'il avait fait pour elle et plus jamais elle ne pourrait en douter. Ou en tout cas, c'est ce que la blonde se permettait d’espérer, car pour elle, l'amitié était une valeur vraiment importante, et être la meilleure amie de quelqu'un entraînait des responsabilité qu'on ne pouvait écarté d'un revers de la main et d'un "euh... Je sais pas".

"Je te dirai, j'y penserai. Mais pour maintenant j'aimerais arrêter d'en parler." Son ami n'était pas prêt, Jennifer le voyait et le comprenait. Et puis, peut-être souhaitait-il parler de choses plus joyeuse. La preuve en est, il continua : "Tu n'as rien à me raconter, toi ? Je veux des histoires croustillantes, raconte moi les aventures de Jennifer Vanya, je suis sûr qu'elles valent le détour !" Et puis, après avoir jeter un coup d'oeil à la coupe vide de la glace de Jenn, il demanda : "Au fait tu veux une nouvelle glace peut-être d'abord ?". Il avait toucher un point sensible et cela fit sourire la blondinette jusqu'au oreilles. Bien que pour certaines personnes, une coupe de glace soit largement suffisante, surtout pour un goûter, que la plupart des adultes ne prenait pas, pour Jennifer, ce n’était que le début. "Avec plaisir ! Un glace, ça ne peut pas se refuser ! Ce serait indigne de moi !", lui répondit Jenny, toute souriante, avec un petit clin d'oeil complice. Puis elle entreprend la recherche d'une réponse à la première question de son ami : "Bah ma vie palpitante n'est en fait pas si palpitante que ça. C'est toujours la guerre à la maison entre Alana et Charly, mon travail d'hôtesse d'accueil me prend de plus en plus de temps et... Eum", Jenn' hésita un instant avant de décider de se confier, malgré sa honte : "Et bien, tu te rappelle de ce trentenaire, Harrison. C'est toi qui me l'a présenté si je me rappel bien, non ? Et bien... J'ai appris récemment qu'il était marié...". Jennifer ne précisa pas que ce point lui posait un léger problème car il y avait des chances pour qu'elle soit... Comment dire, et bien, tomber amoureuse de ce monsieur Greene. Mais le sous-entendu était flagrant et Jennifer ne doutait pas un seule seconde du fait que Lorenzo l'avait compris.

Lorenzo décida de l'accompagner, et commanda également une glace pour lui. Vanille, il avait des choix bien plus simple que son amie. Il était toujours bien plus simple que Jenn, plus effacé que cette femme, plus discret, moins drôle, moins extraverti. Mais n'importe quel personne passerait pour un ermite reclus, à côté de cette fille. Et c'était aussi pour ça qu'il l'appréciait.

Une fois les glaces servies, ils purent se re concentrer sur leur conversation. Sans surprise, Jennifer commença par parler des soucis chez elle. Les 5 filles étaient amies, pourtant une véritable guerre se menait dans le logis. Des team s'étaient créées, et chacun pariait sur l'issue de l'affrontement. Car arriverait bien un jour où les tensions exploseraient. Et mine de rien, Lorenzo avait bien envie d'y assister, à ce combat de filles. Mais il se garda bien de le dire à son amie, une telle remarque pourrait l'agacer. « Tu passes ton temps à travailler, il serait temps de lever un peu le pied, tu le regretteras plus tard » Jenn avait beau être toujours fraiche et souriante, Lorenzo restait persuadé qu'elle ne profitait pas de sa vie à sa juste valeur. Et les nouvelles rencontres ? Et les hommes ? Toute personne est faite pour vivre en couple. C'était d'ailleurs pour la secouer un peu, que Lorenzo lui avait présenter Harrison Greene, son ami entremetteur. Mais Jenn lui révéla alors que la rencontre n'avait pas eu l'effet escompté. « Pardon ?? » Il manqua de s’étouffer avec sa glace, et toussa quelques longues secondes avant de reprendre ses esprits. Avait-il bien compris ce qu'il y avait à comprendre ? Jenn avait-elle donc craqué sur Harrison ? C'était la meilleur. Il se demanda alors si Harrison était au courant, celui-ci ne lui avait rien mentionné. Mine de rien, Jennifer était quand même bien mieux que son épouse (non je ne suis pas schyzo), cette européenne coincée et guindée, avec qui il ne devait pas s'amuser tous les jours. Jenn, à côté, était un véritable rayon de soleil. « Tu veux dire que tu as craqué pour lui ? Jenn je te l'ai présenté parce qu'il tient une agence de rencontres ! Le but n'était pas de choisir le patron ! » Il ne put s'empêcher de sourire de cette situation cocasse, mais se retint bien de rire. « Et ... donc ? » Son amie tenterait-elle un truc ? Avait-elle prévu d'éliminer l'épouse ? Ou se morfondait-elle sous des kilos de glace ? Ah moins qu'elle ne l'ait simplement oublié, ce qu'il espérait.

Leurs glaces arrivèrent et les deux amis reprirent le cours de leurs conversations. Ils se racontaient leur vie, les choses importante comme les insignifiantes. "Tu passes ton temps à travailler, il serait temps de lever un peu le pied, tu le regretteras plus tard". Oh oui, c'était possible, mais ce n'était pas non plus comme si elle passait sa vie au travail, elle y restait juste le temps nécessairement pour pouvoir gagner sa vie. Et puis, elle aimait son travail, elle qui était du genre très sociable aimait parler avec des gens, voir les différentes personnalités. Du dragueur invétéré à la recherche d'une chambre où passer la nuit avec sa nouvelle conquête d'un soir bourrée au couple bien trop "guimauve" qui voulait passer leurs lune de miel dans une ville "mignonnette" du New Jersey sans en connaître les plus noirs secrets. "Naan, j'aime mon boulot. Et puis, j'y passe pas ma vie non plus !" lui répondit la blondinette en levant les yeux aux ciel, le sourire au lèvres.

Mais son sourire s'évanouit lorsqu'elle révéla par sous-entendu son attirance pour le Green. Elle se rappelait très bien maintenant pourquoi son meilleur ami lui avait présenté Harrison, c'était pour son agence de rencontre, sur laquelle elle ne s'était jamais vraiment penché enfaîte. Mais la rencontre avait mal tourné et plutôt que d'avoir un rendez-vous arrangé avec un quarantenaire dérangé, et bien elle avait eu une discussion bizarre avec un séduisant trentenaire qui parlait parlait et parlait mais n'était même pas écoutée. "Pardon ??". Jennifer plongea sa tête dans ses mains en poussant un genre de petit gémissement de honte "Oui ! Je sais ! Je suis tellement stupide...!". N’empêche que la situation était plutôt drôle si l'on prenait un point de vue impartial. Une blonde totalement paumé en amour qui tombe amoureuse d'un patron d'agence de rencontre marié à une folle sur d'elle et rancunière. La rencontre entre les deux jeune femme risquait d'être... Explosive ! "Tu veux dire que tu as craqué pour lui ? Jenn je te l'ai présenté parce qu'il tient une agence de rencontres ! Le but n'était pas de choisir le patron !" La blondinette se frappa le front de la paume de la main, comme si, de cette façon, cet homme marié allait sortir de sa tête mais comme ça ne marchait pas et qu'elle commençait a avoir mal à la tête, elle s’arrêta et laissa retomber sa tête sur la table en se maudissant d'être si stupide. Voilà ! Jusque là, tout ce passait bien et Jennifer avait réussi à ne presque pas penser à Harrison pendant un heure, mais maintenant, le sujet était lancé et toute ceci était revenue en force dans l'esprit de l'hôtesse d'accueil. "Je sais ! Je sais ! Je saaaais ! J'ai pas le droit de faire ça ! J'ai aucune chance avec lui ! Nada ! Mais, je sais pas... je... j'ai pas envie de casser son couple et je sais bien que, de tout façon, je n'ai aucune chance de lui plaire... Et puis... même si un jour ils divorcent - ce que je ne leurs souhaitent pas, hein ! Soyons bien clair là-dessus ! - je ne pourrait tout de même pas être avec lui. Je me sentirait comme une briseuse de couple, une profiteuse... Ooooh, je me sens si stupide...!" Ouais, stupide, c'était le mot.

Lorenzo ne répondit rien, mais soupira longuement. Il ne pouvait pas blâmer Jenn et son intérêt trop prononcé pour son emploi. Bien sûr, elle s'y concentrait trop, depuis toujours. Mais l'inverse n'aurait pas été mieux. Et surtout, il était semblable, les heures supplémentaires passées au lycée ne comptaient plus, comme celles consacrées à la préparation de ses cours, adaptés aux élèves en retard. Mais lui, était marié, lui était rangé, il n'était plus sur le marché. Jenn, était encore en chasse, pourtant elle n'avait jamais sorti fusil et appât. Elle travaillait, grand bien lui fasse, mais il ne voulait pas que, dans quelques années, Jennifer se retourne et regarde son passé avec un air déploré, regrettant d'être finalement seule.

C'était toutes ces considérations, qui avaient poussé le professeur à présenter Jenn à Harrison. Persuadé de bien faire, il croyait en ces méthodes modernes pour trouver l'amour. Et finalement, Jenn avait encore trouvé le moyen de court circuiter son aide. Il n'allait pas jouer la carte du mec vexé parce qu'on ne l'écoute pas. Sa meilleure amie était perdue, il était présent à ses côtés afin de l'aider. « Tu n'es pas stupide voyons ... » Il se rapprocha d'elle pour lui caresser l'épaule, un réconfort moindre, mais s'il la prenait dans ses bras encore, une nouvelle rumeur aurait vite fait de naître, à propos de son infidélité. « Qu'est-ce que tu veux alors, Jenn ? Tu l'as juste trouvé à ton goût, et ça s'arrête là, c'est déjà de l'histoire ancienne et tu cherches déjà ailleurs ? » il croisa deux doigts de sa main libre, afin de gagner un peu de chance, et que sa meilleure amie réponde par l'affirmative. Il n'y croyait pas énormément, mais l'espoir faisait vivre.

Lorenzo s'était toujours intéressé à ce que serait l'avenir de sa meilleure amie et la blondinette s'était toujours intéressé à ce que serait l'avenir de son meilleur ami. Job, amour, amitié, maison, argent, enfant et tout ce qui va avec. Tout ce qui faisait d'une vie, une vie. On ne pouvait jamais tout avoir, et c'est ce qui faisait toutes nos différences, non ? Les solitaires aigris, les mauvais garçons dragueurs, les garces populaires et tout ces personnages là qui peuplaient un monde. Jennifer avait pour problème de tomber amoureuse des mauvaises personnes - pas intéressés, pas libre... - Lorenzo lui, tombait amoureux de trop de personnes à la fois... La blondinette avait toujours été positive, même peut-être un peu trop parfois, ce qui avait tendance à énerver certaines personnes - comme Katarina (a) - mais parfois elle devait se rendre à l'évidence, la vie était une belle garce. Elle lui avait mis sous le nez un homme charmant, parfait, comme quand, petite, elle s'imaginait son prince, mais, ce prince avait déjà sa princesse... Qui plus est une vraie princesse, enfin, pas réellement une princesse mais une princesse plus princesse que l'était celle qui voulait être une princesse (mais oui, tu as compris xD). C'était comme si elle avait trouvé l'homme parfait mais que celui-ci avait déjà trouvé sa femme parfaite. Quand Lorenzo lui avait présenté Harrison, ça avait été comme un coup de foudre. Mais après tout, Jenn' n'avait jamais vécu de coup de foudre alors peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être voulait-elle avoir le coup de foudre alors elle sel'était simulé à elle même. En publique, elle se montrait toujours joyeuse, elle faisait comme si le célibat de la dérangeait pas mais, dans sa tête, elle voyait en chaque homme un partenaire potentiel. Elle voulait aimer, elle voulait vivre en couple, elle voulait quelqu'un dans sa vie, ça oui, quelle fille ne le voulait pas, hein ? Mais, peut-être effrayait-elle les gens ? Peut-être que tout ces éclats de rire, ces excès de gourmandise et toutes ces petites choses qui marquait le caractère de la blondinette et faisait sa popularité ne donnait pas envie aux hommes de s'engager avec elle ? Si la blondinette ne se l'était pas interdit, elle aurait sûrement fondue en larmes. Elle ne voulait pas finir seule. "Tu n'es pas stupide voyons ..." Evidemment que c'était ce que Lorenzo allait lui répondre, c'était évident, mais pourtant, elle l'était. Stupide. A combien de personne cela aurait-il pu arriver ? Personne. Il n'y avait qu'a Jennifer que cela arrivait. Jennifer se rapprochait de la blonde et lui caressa l'épaule pour tenter de la réconforter. "Qu'est-ce que tu veux alors, Jenn ? Tu l'as juste trouvé à ton goût, et ça s'arrête là, c'est déjà de l'histoire ancienne et tu cherches déjà ailleurs ?" Qu'est ce qu'elle voulait ? En voilà une bonne question. Elle voulait être avec Harrison oui. Mais elle ne voulait pas casser son couple. Et qu'il n'y est pas de mal-entendu, elle ne voulait absolument pas être sa maîtresse non plus - de tout façon, Harrison n'était pas comme ça. Alors, rien de se qu'elle voudrait ne serait possible. "Ça n'a aucune importance ce que je veux... Je ne pourrais de toute façon pas l'avoir... Ce qui compte c'est ce qu'il faut faire, hein ? Il ce qu'il faut, c'est que je l'oublie, n'est ce pas ?" Jennifer qui jusque là avait la tête baissée se redressa et se tourna vers le professeur en quête d'une quelconque approbation.

Lorenzo ne pouvait qu'être triste, devant la situation difficile de sa meilleure amie. Car, contrairement à bien des femmes dans le quartier, contrairement à sa colocataire Charly par exemple, Jenn ne pensait pas à mal. Elle ne s'était pas éprise de Harrison parce que c'était drôle qu'il soit marié elle aurait du fil à retordre et en plus cette Katarina avait l'air d'une cruche. Non, elle était tombé amoureuse parce que toutes les maladresse, c'était à elle qu'elles arrivaient. Jennifer avait un don, inné mais quand même très chiant, pour toujours s'attirer des ennuis, tomber dans des situations si désastreuses, qu'il n'y avait qu'elle et elle seule pour s'y engager. Jenn, elle y sautait la tête la première, sans le vouloir certainement. Mais au final, le résultat était le même. Son coeur prenait là un sacré coup.

« Ma pauvre Jenny ... » Il restait près d'elle, la main posée sur son épaule, comme pour indiquer que non, il ne désertait pas, il restait à ses côtés dans cette marche du désert. Elle n'avait pas tort, Jenn était réaliste, il fallait passer à autre chose, elle n'avait pas d'autre choix. Jamais elle ne serait heureuse de briser un couple, il la connaissait bien. Jenn était une personne vraie, sincère. Jouer le rôle de la méchante, très peu pour elle. Et même si Lorenzo appréciait peu cette Katarina, il n'allait pas pour autant encourager sa meilleure amie à se lancer dans cette mission suicide (car je ne suis pas encore schizophrène). « Je pense qu'il n'y a pas de secret, et que la seule façon pour t'en sortir, c'est de passer à autre chose ... Et d'en trouver un autre. Tu n'as rencontré aucun autre mec, quelque part dans cette grande ville ? » Et malheureusement, elle avait grillé ses chances d'en rencontrer, car elle ne pourrait pas bénéficier des services avisés de l'agence de rencontre. « Je vais t'aider, Jenn, je sortirai avec toi tous les soirs s'il faut, mais je sais que tu mérites un mec bien, pas un marié ou un enfoiré affectif ou le dernier des connards. Non, un homme honnête et sincère, comme toi. » Il lui sourit, car il y croyait, et il voulait qu'elle adhère aussi.

"Ma pauvre Jenny..." dit dans un souffle le Lorenzo, une main toujours sur son épaule en signe de réconfort. Et ce réconfort, elle le sentait et en avant bien besoin. Jennifer se sentait un peu beaucoup paumée sur les bords. Ont aurait dit que la vie aimait se moquer de la jeune femme juste parce qu'elle s'amusait de la stupidité du monde et se fichait bien de rire au dépend d'autrui. Pourquoi être si cruelle ? Pourquoi s'acharner sur une pauvre fille comme elle ? La blondinette s'avait bien qu'elle n'était pas un modèle de perfection, elle en avait fait des erreurs dans sa vie, un peu comme tout le monde, mais elle s'efforçait toujours de tenter de faire au mieux, de faire en sorte que tout le monde vive dans le meilleur des mondes, et pourtant, c'était comme si le bonheur des autres dépendait du fait que le sien soit gâcher. La Vanya n'aimait pas de plaindre, pas à voix haute, mais dans sa tête, elle se posait toujours des tonne de questions sur ce qu'elle aurait fait et qui aurait déraper, ce qu'elle aurait pu changer, si le karma était quelque choses de vrais, elle devait le mériter, mais étant donner que la blondinette ne croyait qu'une fois sur deux en ce genre de choses, elle se demandait souvent quelle fois était juste et qu'elle autre ne l'était pas.

Gentil et compatissant, Lorenzo lui proposa même de l'aide pour trouver un autre homme, et Jennie ne pouvait qu'accepter, rien que pour passer une soirée avec son meilleur ami. De toute façon, il fallait qu'elle y croit, elle voulait y croire autant que le professeur, elle n'avait pas envie de se morfondre sur son sort, dans le noir, avec une crème glacé et une comédie romantique, elle voulait se bouger, pouvoir se venter d'être passer à autre chose, pouvoir croiser les Greene dans la rue sans se sentir forcer de changer de trottoir. Elle ne voulait plus de ça. "Merci, sincèrement Lorenzo. Je crois que tout le monde devrait avoir un ami comme toi, il y aurait moins de malheur dans le monde !" Elle accompagna cette phrase d'un sourire complice sincère et d'un clin d'oeil. "Enfin bref.. Et si on arrêtait de parler de nos histoires de coeur compliquées et qu'on se tournait vers des sujets plus.. Joyeux ?, elle sourit un peu plus, sincère, Tu veux goûter ma glace ?". Elle tendit ce qu'il restait de son sorbet citron au Di Mascio, le bras en l'air.

Il n'aurait jamais cru que leur amitié se re forgerait si facilement, que les morceaux se recolleraient sans rechigner. Pourtant c'était fait, ils étaient allés de l'avant, avaient sauté par dessus la barrière sans s'y accrocher. Le passé était désormais derrière, et Lorenzo ne pouvait s'empêcher de sourire. Un sourire content et bienveillant, comme s'il venait de récupérer une part de lui même, manquante depuis leur malheureux accrochage. En s'éloignant, elle avait emmené une partie de lui même, et voilà qu'aujourd'hui, elle lui rendait. « Tu as raison, autrement nous allons finir par déprimer ! » renchérit-il en rigolant. « Je goûterais volontiers ! » Et sans se faire prier, il attrapa la cuillère pour la fourrer dans sa bouche. Un parfum amer et agréable, celui de l'amitié retrouvée.

« Maintenant, tu n'as plus d'excuse : tu as intérêt à passer à la maison un soir, pour partager un dîner avec Summer et moi ! Je vous imagine déjà vous entendre, elle est aussi malicieuse et pleine de vie que toi » Cette invitation était sérieuse. En plus, son épouse était assez discrète, une nouvelle amie était la bienvenue. Surtout que Lorenzo les soupçonnait déjà de bien s'entendre. « Je vais devoir y aller, j'ai à faire. Ça m'a sincèrement fait plaisir de te retrouver Jenny. Tu veux que je te dépose ? » Il ne savait pas quel moyen de transport la jeune femme avait utilisé pour venir jusqu'ici.