Il n'était pas surpris d'entendre le mot bar sortir de la bouche de Carl. Même que parfois il se demandait s'il n'était pas seulement son ami pour avoir des verres gratuits au bar. (a) Mais bon, il l'aimait comme ça son petit badass. Il avait repéré Lily seule dans un coin et il décida d'aller la rejoindre avec les deux Spencer. Arrivé auprès d'elle, il lui demanda si elle avait de la chance. Apparemment non... Elle n'avait gagné qu'un dollars. Bien entendu, il échappa un rire. « C'est mieux que rien. » Elle ajouta ensuite le fait qu'il n'ait rien à boire. Faut croire que les gens n'avaient pas l'habitude de voir Carl sans verre entre les mains. Mais tout comme Scarlett venait de dire, ils allaient se rattraper. Ensuite, cette dernière invita de la main Annie et Mike à les rejoindre. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas vu le jeune Huntington et il était bien ravi de le voir ce soir. S'il avait bien compris à la discussion, Annie avait apparemment frappée Carl dans l'estomac. Voilà qui est très sympathique de sa part! Elias pouffa de rire en entendant le jeune homme vanter ses abdos. « Des abdos? Où ça? » plaisanta-t-il en se moquant de son ami. Il était peut-être son badass, cela ne l'empêchait pas rire de lui quelques fois quand même. Carl et Mike partagèrent quelques phrases lorsque Lily annonça qu'elle quittait le groupe. Elias fronça les sourcils. Il était vrai que les autres semblait ne pas l'avoir vu ou tout simplement l'ignorer. Carl la défendit et suivit la rouquine, mais lui fit un clin d'oeil avant de partir. Bien entendu, les deux badass n'allait pas passer toute la soirée séparée. Le barman avait des choses de planifier pour eux, mais ça ira à plus tard. « Je crois que je vais les rejoindre au bar, si cela ne te dérange pas. » annonça-t-il à son tour. Scarlett voudrait sûrement rester avec sa meilleure amie. Il déposa un baiser furtif sur ses lèvres avant de faire son chemin vers le bar. Il était sur le point de rejoindre Carl et Lily, mais lorsqu'il vu sa meilleure copine Gertrude un peu plus loin au bar, il décida d'aller vers elle. « Et bien, et bien... Evane Damenez sans son preux chevalier O'Conell. Bizarre. » dit-il avant de se commander un verre de Whisky.

La blondinette craignait que la discussion vire au vinaigre. Erica aimait avoir raison et s'assurait souvent qu'on ne la contredise pas. Sara l'avait déjà vue faire, notamment une fois, lorsqu'elle s'en était pris à Grace Hoskins. Elle imaginait tout le mal qu'elle pouvait lui faire en un simple regard, comme si l'attitude seule de la Reine suffisait à briser la souillon qu'elle était. Néanmoins, elle s'avoua chanceuse.
D'un geste franc, Erica balaya cette discussion discordante. Sara tenta de comprendre ses raisons, mais elle finit par conclure que le contexte n'était pas propice à une dispute. Et puis, peut-être s'était-elle rendue à l'évidence et réalisait-elle que les sentiments prévalaient sur les apparences. Elle ne donna aucune explication, préférant changer de sujet. Sara l'en remercia silencieusement.
La brune désigna l'inconnu du menton, celui-là même qui venait de lui susurrer quelques mots doux à l'oreille. Elle exprima son intérêt pour le garçon et annonça quelque chose de fort étrange. La sœur du beau brun était amoureuse de lui, selon Erica. C'était absolument dégoûtant et Sara ne parvint à dissimuler sa perplexité et son incompréhension.

-Tu es sérieuse ? C'est horrible. Comment il s'appelle ?

Si Sara ne connaissait pas Daniel, son nom lui était plutôt familier. Car Gabrielle Montgomery était la pire de toutes les races qui existait. Elle en voulait à William, ou bien en avait voulu, rien n'était moins précis, et cela, Sara ne pouvait le pardonner.

Il ne fallait pas être aveugle pour sentir que l'amie d'Alistair n'était pas à l'aise. Aaron ne pouvait expliquer pourquoi elle agissait comme cela avec lui, il avait plutôt tendance à détendre l'atmosphère. La réunion plutôt que la désunion, voilà son credo. Et pourtant, Leah ne riait pas et lui lançait de drôles de regards. Peut-être qu'il avait interrompu quelque chose... ohoh. Il n'hésiterait pas à glisser un mot à Alistair avant de s'éclipser, un peu plus tard. Quelques excuses rapides et informelles, par exemple. En tout cas, ce ne serait pas à elle de répondre à sa question et Aaron se tourna vers son frisé préféré. Celui-ci dévoila ses réserves d'écureuil, se proposant même de les partager. Le Hamilton piocha et jeta la cacahuète dans sa bouche. Ali n'avait pas tort : les gens se faisaient max de blé pour une occasion comme celle-là.
Lui expliquant qu'il était un as dans le domaine, le garçon força la main à son amie en l'incitant à commencer. Aaron comprit que lui aussi avait ressenti son malaise, et s'obligea un petit mot pour ne pas la mettre à l'écart davantage. « Au fait, je ne t'ai pas dit mais je suis fan de ton tee-shirt. Même si je ne sais pas nouer mes cravates, je n'aurai plus besoin de demander à ma soeur, c'est une solution miracle en fait ! » Il n'eut même pas besoin de forcer son discours. L'expérience parlait pour lui. Il attendit qu'elle réagisse, ne serait-ce que pour commencer à jouer. Mais au fond de lui, Aaron espérait qu'elle réussisse à sortir de son mutisme, la Leah.

Aussitôt qu’elle remarqua son signe, Annie rejoignit le petit groupe composé de Carl, Elias et Lily en compagnie de Mike. Scarlett les salua, contente de les voir, elle connaissait assez bien le garçon également, pour être très amie avec son frère Jeremy et sa sœur Lou, et pour l’avoir déjà rencontré plusieurs fois chez son petit ami. Ils ne durent pas apercevoir Lily, car ce n’était pas dans leurs habitudes d’ignorer des gens, du moins pas à ce qu’elle sache, cependant le moment de salutations passés accompagné de quelques blagues sur la boisson, la jolie rousse prit la mouche –c’était un peu compréhensible- et s’éloigna du reste du groupe. Carl lui emboîta le pas pour ne pas la laisser se morfondre toute seule, mais Scarlett se demanda si son frère ne profitait pas de ce prétexte pour passer du temps seul avec Lily en plus de s’éloigner d’un trop grand nombre de gens. La jeune femme se tourna ensuite vers Elias, devinant qu’il ferait de même juste après sa discussion avec Mike. Ce qui n’était pas plus mal, car ce n’était pas parce qu’ils étaient en couple qu’ils devaient passer la soirée collés. Il était totalement libre d’aller voir ses amis tout comme elle voulait passer du temps avec Annie qui venait de la rejoindre et qui n’avait vraiment pas l’air bien. Le barman confirma sa pensée et s’excusa auprès d’elle. « Va donc, et pas trop de bêtises ! » Le prévint-elle gentiment, plus pour le taquiner qu’autre chose. Elle avait l’impression que Carl et lui avaient préparé quelques mauvais coups, la soirée était beaucoup trop calme pour le moment. Mais peut-être n’était-ce qu’un mauvais ressenti et qu’elle s’imaginait des choses… Elias parti vers Evane, Scarlett se tourna alors vers ses deux compagnons de soirée. Décidément, elle les avait invités à venir rejoindre le groupe et elle se retrouvait finalement seule avec eux. Ce serait peut-être l’occasion de parler un peu plus à Mike et de rassurer Annie. Ayant sa propre boisson déjà en main, elle les invita à prendre une commande avant d’aller s’essayer à quelques parties pour se changer les idées. « Qu’est-ce que vous prenez ? Ce sera plutôt soirée rosé ou tequila/whisky ? » Demanda-t-elle à Mike et Annie pour annoncer la couleur de la soirée. Alcool doux ou fort ? Connaissant sa meilleure amie, elle voudrait s’exploser la tête à ne plus se souvenir de rien, mais il en était hors-de-question. Elle la surveillerait. Scarlett attendit que les deux compères choisissent avant de se tourner vers les jeux. « J’ai bien envie d’aller tester mes « talents » de joueuse ». Dit-elle en mettant « talent » entre guillemets, ne sachant pas vraiment ce qu’elle valait à un poker. Ils étaient bien à une soirée casino non ? Pas à une soirée cocktails. « Qu’est-ce-qui vous tente ? Poker, black jack ou machines à sous ? » Lança-t-elle ensuite. Bon elle avait vu Mike déjà tenté par le poker, mais Annie voudrait peut-être tenter autre chose. C’est bien connu, quand on n’a pas de chance en amour… On en a au jeu. Quoique même si Scarlett avait beaucoup de chance de son côté dans son couple, elle espérait aussi en avoir ce soir pour gagner quelques jetons. En aparté, elle s’adressa alors à sa meilleure amie. « Et toi, pourquoi tu ne m’as pas dit que tu comptais venir ? Je serais venue avec toi, banana. » Lui reprocha-t-elle gentiment.

Daniel n’était pas le genre de garçons à avoir froid aux yeux. Même s’il ne connaissait pas vraiment l’homme accoudé au bar, il ne craignit ni d’entamer la conversation ni de s’afficher devant lui avec un alcool fort. Le jeune footballeur assumait ses actes sans retenue. Il menait en général un train de vie plutôt sain comme l’exigeait les entraînements réguliers au football, mais il lui arrivait parfois de se lâcher un peu plus en soirée. Il demanda donc au père Evans s’il n’était pas trop jeux. Nathan lui répondit en l’invitant à venir s’asseoir à côté de lui pour continuer la discussion. Il attendait les plus gros jeux, entendait-il par la des plus grosses mises ? Daniel réfléchissait à deux fois avant de jouer de son côté, il n’avait pas vraiment d’argent à perdre dans ce genre de futilités, mais bon… pourquoi ne pas se laisser tenter une fois ? C’était une soirée casino tout de même. Le père Evans remarqua alors la boisson bien dosée du jeune homme. « Pourquoi tarder à se mettre dans l’ambiance ? Je n’ai jamais compris cette idée. » Se défendit-il à la boutade de Nathan. Daniel n’avait pas envie de consommer de l’alcool de fillette sous prétexte que la soirée débutait. Un whisky, ce n’était pas très soft non plus. Son compagnon de bar lui demanda alors s’il n’était pas tenté de gagner des petites sommes aux machines. Surtout pas ces vulgaires machines à sous qui ne reposaient que sur le hasard ! Il était plutôt séduit par les jeux où le contrôle de soi était important. « Et vous, ça ne vous tente pas ? Jouer les chaperons quand on a une fille aussi sage doit être de tout repos. » Répliqua-t-il dans un premier temps. Il posa un regard sur Lily à quelques chaises de là, qui était justement en train de flirter avec Carl ou quelque chose dans ce goût-là. Le jeune Spencer aimait bien trainer avec ses exs, comme s’il aimait garder leurs sentiments en un certain éveil, quoique il était mal placé pour juger… Il faisait un peu pareil avec Jules dernièrement. « Mais si vous êtes d’accord pour partager quelques astuces de joueur, je suis preneur. » Ajouta ensuite Daniel qui avait compris que Nathan n’était pas un novice de la veille. Celui-ci venait souvent jouer au casino dans sa jeunesse apparemment. S’il pouvait profiter de l’expérience du père Evans, pourquoi pas ?

Elias avait cru que tenir compagnie à Evane ne lui ferait pas de mal. Les deux avaient beau toujours s'envoyer des piques, ils s'aimaient bien. Mais bon, ils étaient tellement habitués qu'ils allaient plutôt trouver ça bizarre le jour où l'un d'entre eux disent rien de méchant. Par contre, il croyait être paisible pour la soirée, mais non... Avant qu'Evane ajoute un truc, la grosse... Shelby (pardon) débarqua. Pourquoi devait-elle le coller encore? N'avait-elle pas de potes avec qui s'emmerder? Il pouvait toujours rêver... Leur dernière sortie en public avait tournée au désastre et Elias n'avait pas envie de recommencer cet épisode. Le barman leva les yeux au ciel face aux paroles de sa blondasse de coloc. « T'inquiète... Je ne m'étais pas fait de faux espoirs là-dessus. » ajouta-t-il avant de prendre une gorgée de son verre. Cependant, Shelby ne semblait pas vouloir bouger. Au contraire, elle commença à faire la discussion avec Evane. Misère... Elle le faisait exprès ou quoi? Le pire était qu'elle parlait de chaussures et beauté. Et voilà que le cauchemar débutait. Sheirman se demandait bien s'il y avait un bouton muet pour la faire taire. « Excuse-là Evane. Shelby a de sévères problèmes d'attention. Donc, je te conseils de lui répondre avec gentillesse, sinon elle risque d'aller pleurer sa vie dans un coin. » Son regard tourné vers sa colocataire, il affichait un faux sourire, qui s'efface lorsqu'il entendit quelqu'un gueuler. Il tourna la tête pour voir Carl, un peu plus loin, se faire attraper par le col. Nah mais quoi encore?! C'était quoi son problème à ce mec. Il savait que son petit badass y était pas pour rien, mais bon, c'est ça un badass! « Une seconde les filles. » ajouta-t-il avant de s'approcher de Nathan, Lily et Carl après avoir entendu le vieux menacer ce dernier. « Je pourrais dire la même chose si tu retouches à Carl! » Il lui lança un regard noir en serrant les poings. Il ne savait pas ce qui c'était passé, ni pourquoi le père de Lily était dans cet état, mais il n'allait certainement pas le laisser frapper son beau-frère. « Tu te crois cool ? Capable de faire peur à un jeune en le menaçant ? Si tu veux frapper quelqu'un, prend quelqu'un de ta taille... » C'était une fête et les gens s'amusaient, il ne fallait pas prendre les choses au sérieux. Surtout lorsqu'il s'agissait du jeune Spencer. Elias n'avait pas envie de se battre, mais il n'allait pas le laisser faire quand même. De toute façon, il ne savait pas comment calmer une dispute en douceur...

Le barman lui ayant servit sa boisson, la brunette commença à la siroter tranquillement. Enfin, tranquillement fut un bien grand mot. Elias pointa le bout de son nez. Et forcément, il fallait toujours que Monsieur lui fasse une petite remarque. Evane leva les yeux au ciel et posa sa Margarita. Elle allait lui répondre du tac-o-tac comme elle avait l'habitude de faire avec Sheirman, mais fut interrompu par une blondinette. Chose qui apparemment n'avait pas l'air d'enchanter ce bon vieux Serge ! Il s'agissait de Shelby. La Damenez la connaissait juste de vue et de nom en rapport à sa cousine Nina et puis elle la voyait de temps en temps lorsqu'elle venait voir Edmond. C'était une de ces filles qu'Evane fréquentait peu, se montrant un peu trop superficielle à son goût. Mais bien que tout le monde la voit comme ça, la blonde avait l'air tout de même sympa. Elle discuta avec son colocataire d'un éventuel départ et l'ignora ensuite pour s'intéresser de plus près à l'espagnole. Cette dernière lui rendit son sourire et avant même qu'elle ne lui réponde, Shelby enchaîna un flot de paroles ininterrompus. Evane la regarda avec des gros yeux, assez amusée par la jeune femme. Elle rit ensuite à la remarque d'Elias. « Oui c'est bien Evane. Et merci pour le compliment. » Elle passa une main dans ses cheveux et regarda avec attention les chaussures de la blonde. « Pippa qui ? En tout cas elles sont jolies. » Dit-elle en souriant de nouveau. C'était le genre d'achats que la Damenez ne pourrait jamais se permettre dans sa vie. Mais fière comme elle l'était, Evane se montrait assez indifférente sur ce genre de détail pour ne pas recevoir le mépris de certaines personnes.

Avant qu'elle ne puisse lui répondre sur son cocktail, un bruit de fond se fit entendre. Les trois se retournèrent vers la scène en question et Elias prit les devants en s’éclipsant. Evane aperçut Lily prise entre son père et un garçon. « Il se passe quoi là ? » Demanda-t-elle plus où moins curieuse à l'intention de la jeune Seavers. Sheirman s'interposa entre les deux, prenant apparemment la défense de la soit-disant victime. Voyant la foule qui se formait autour du 'spectacle', la brune jeta un coup d’œil dans la salle. Il était censé venir, mais apparemment Heath n'avait pas l'air d'être encore arriver. Elle se refusa de lui envoyer un message, préférant voir s'il allait faire acte de présence ou non. Depuis Boston ils ne s'étaient pas revus et comme à chaque fois, le garçon commençait à lui manquer.

Ooooh, une baston ! Alistair se frotta les mains, en se dressant sur la pointe des pieds pour mieux voir. Pas de chance, leur table était assez éloignée. Pour une fois qu'il n'était pas au coeur des coups, cela valait le détour. Apparemment, Carl était impliqué, et c'était à peu près le seul qu'il connaissait dans la mêlée. C'était fou comment on pouvait vivre plus de quinze ans dans un quartier et connaître relativement peu de monde: il en avait encore eu la preuve il y a peu de temps en faisant connaissance avec son voisin, James... au coffee shop, tout à fait par hasard.
Il se rassit en soupirant, la vue n'étant pas aussi bonne qu'il avait escompté. Aaron semblait tenter de faire parler Leah, et il pouvait sentir qu'il espérait vraiment que ça marche, tout comme lui. Elle gagnait à être connue, seulement, elle donnait souvent l'impression de ne simplement pas en avoir envie.

"Sinon, vieux, comment s'est passée ta rentrée ? Et PITIE, dis-moi que c'est plus passionnant que mon job de dame pipi, et mon dernier exploit du week-end, qui, tout de même, je tiens à le signaler, a été de redécorer une maison entière avec du papier toilette à fleurs. J'exige le respect. D'ailleurs, tu devrais me payer un coup," termina-t-il avec un regard angélique.

Du coin de l'oeil, il vit Annie déambuler en compagnie d'un gars quelconque. Il irait la voir un peu plus tard, ce n'était pas une étrangère après tout.

Mes pieds butent à chaque marche, sans retarder pour autant mon ascension aux enfers. Résignée, je me laisse entraîner par un James beaucoup trop enthousiasme et que rien ne semble arrêter. Face à nous se dressent l'imposante porte de la salle des fêtes. Elle me défie... et moi je me défile, une fois de plus.

« - T'es vraiment sur de vouloir y aller, dis ? Tu sais que si on fait demi-tour maintenant, on arrivera à temps pour la rediff de Ghostbusters ? Moi j'dis ça, hein... »

Je renonce. Je n'arriverais à rien ce soir. Ce petit bout d'homme est beaucoup trop borné, et je ne suis malheureusement trop faible pour lutter. Je me laisse traîner misérablement, et ne m'arrête qu'à la dernière marche pour lui refaire son noeud de cravate. Mes gestes sont tendres. Mon sourire résigné. Vu de l'extérieur, on pourrait presque nous prendre pour un couple qui s'apprête à se noyer dans la nuit. Un couple dont l'homme ne jurerait que par les charmes virils et dont la femme irait étouffer ses soupirs dans des bras d'autres femmes. Un couple foutrement mal assorti. A cette pensée, je ne peux m'empêcher de sourire.

« - Tu nous imagines mariés dans une autre vie, dis ? Je te ferais tes noeuds de cravates chaque matins avant que tu partes au travail, suer toute la journée pour nourrir nos cinq marmots, et tu reviendrais le soir, t'enfiler en deux secondes le rôti que j'aurais préparé toute la journée. Puis je te dirais que "pas ce soir chéri, j'ai la migraine", et tu finirais par t'endormir en bougonnant devant une rediff des Experts. Je suis sure qu'on aurait put vivre heureux, avant que tu te tire avec ton assistant, et que tu me laisse moi, nos enfants et la coach de yoga avec laquelle je te trompais déjà, dis je en rigolant doucement. »

Je lui ébouriffe les cheveux, et le regarde amusé. Avec son col de traviol et ma veste trop grande pour moi, nous avons l'air de deux enfants déguisés en adultes. Imposteurs d'une nuit, nous nous sommes glissés sans un bruit dans la peau de personnages factices crées de toutes pièces, trop excités d'avoir une occasion de se glisser dans une nouvelle peau. Ce soir, nous serions James et Andy, parieurs noctambules en recherche d'aventures.
Oui mais à présent, face à cette salle bondée de monde, mes fantasmes identitaires me paraissent soudain bien dérisoires. Je ne veux plus y aller. Je ne veux plus foutre le pieds là dedans. Tout ce beau monde m'effraye autant qu'il me fait horreur. Mais il est trop tard maintenant, trop tard pour renoncer. James me tient la porte, et s'efface pour me laisser rentrer. J'avance. Un pas, puis deux. J'entends le bruit du battant se refermer derrière nous. Ca y est, nous y sommes. Nous avons fait notre entrée dans la fosses aux lions.

Le plus jeune des Livingstone remontait à contre courant la marée humaine dans lequel il s'était noyé. Désespéré de croiser un regard qui lui était familier, il prêtait à peine attention à tout le faste qui l'entourait. Pourtant, les habitants de Magnolia s'étaient surpassés ce soir là. Toute la ville s'était couverte de sa plus belle parure, bien décidé à sortir de l'anonymat le temps d'une soirée, et de se propulser sous les feux des projecteurs. Les lieux avaient changés. Les gens avaient changés. Et lui même, avait changé, à sa manière. Pour l'occasion, il avait troqué ses éternels t-shirts contre une fine cravate noir qui ne manquait pas de l'étouffer un peu plus à chaque instant. Il lui fallait retrouver Sara, et très vite, s'il voulait entrevoir sa copine une dernière fois avant que ce bout de tissus ne finisse d'achever son travail, et transforme le jeune homme en un élégant maccabé.
Enfin, il reconnu sa silhouette de dos, et se hâta d'aller la rejoindre. Après quelques coups de coudes bien placés, il fini par arriver à la hauteur de la jeune fille, et posa une main possessive sur la cambrure qui s'offrait à lui.

« - Excuse moi d'être en retard, j'espère que tu ne m'a pas trop attendu, s'excusa t-il en glissant un baiser sur sa tempe. »

La main. Le baiser. Tout ce petit manège chorégraphié faisait maintenant parti de leur quotidien depuis déjà plusieurs mois. Ils s'y étaient tout les deux habitués et ne manquait pas de savourer chaque jour cette délicieuse routine qui s'était instaurée. Question d'habitude, probablement.
Pourtant, il y avait quelque chose que William n'avait pas prévu ce soir là, c'était l'impression de s'être prit une bonne claque lorsque sa belle se retournerait.
Incrédule, il se contenta de la fixer bêtement en bredouillant le peu de mots que son cerveau parvenait encore à formuler.

« - Oh, souffla t-il. Je veux dire... Oh, wow ! Je ne m'attendais pas à ça. »

Saisissant une de ses mains, il la fit tourner sur elle même et contempla le résultat d'un admiratif.

« - Tu es magnifique, vraiment, conclua t-il avec un baiser. Si ça n'était pas déjà le cas, je te demanderais de sortir avec moi sur le champ, et bien sur tu serais obligée de refuser, parce que je ne serais pas assez beau pour une fille comme toi, plaisanta t-il. »

Tara était une jeune femme surprenante et Jake avait de la chance de l'avoir croisée ce soir et pouvoir apprendre à mieux la connaitre. Jake l'a suivit en gouttant quelque canapé. "Hum" dit-il. "Un délice ces machins". Tout en discutant avec la belle brune Jake aperçus du mouvement dans un coin de la salle. Digne de Magnolia il y avait de l'agitation ce soir et ce n'était pas surement la fin de cette soirée. "La soirée commence !" Mais en attendant le pire Jake voulait profiter de la soirée, ayant finit sa coupe de champagne il se retourna vers Tara levant son coude pour qu'elle le tienne par le bras. "Mademoiselle à quoi voulez vous jouer ce soir ?"

Malgré la sœur envahissante que Daniel semblait avoir, Erica ne semblait pas effrayée pour autant. Elle n'hésita d'ailleurs pas une seconde à avouer son attirance pour le jeune homme, et toutes les ambitions qui attisaient son goût prononcé pour ses jolies fesses. Le clin d'oeil qu'elle adressa à Sara traduisit toute la perversité légitime de l'attraction qui reliait les deux « futurs prometteurs ». Etrangement, cela mit mal à l'aise la jolie blonde. Elle ne s'attendait pas à ça de la part d'Erica, bien trop standing dans son esprit, et encore moins lors d'une telle soirée. Elle lui avait parue une seconde bien moins classe qu'à l'accoutumée, et c'était fort déplaisant, comme sensation. Heureusement, ce fut le moment où les pulsions sexuelles de l'animal prirent le dessus sur la raison de l'Homo Sapiens sapiens et Erica finit par craquer. Elle rejoint Daniel, laissant Sara seule avec ses doutes. Quelques secondes filèrent sans que la jeune fille sache quoi faire. Il y avait bien Alistair, qui traînait avec Leah un peu plus loin. Et elle trouverait aussi d'autres têtes familières auprès de qui pavaner.
On glissa une main dans son dos, geste qui se voulait certainement amical mais qui fit frisonner de dégoût Sara. Quelques mauvais souvenirs d'un soir où la fortune n'avait pas été au rendez-vous resurgirent du passé. Elle déglutit avant d'entendre la voix rassurante de l'homme qu'elle aimait. Elle lâcha un soupir non feint alors qu'il embrassait son front et s'excusait de son retard.

-Will, commença-t-elle avec un sourire alors qu'elle se décida à lui faire face.

Il l'interrompit alors, une moue surprise. Il expliqua rapidement qu'il ne s'attendait pas à la voir si apprêtée, et ce compliment fit rougir la jeune fille. Il l'obligea à tourner sur elle-même avant de lui réciter un discours du preux chevalier qu'il était. Elle répondit simplement, les joues bien colorées et un sourire sincère :

-T'es nul. T'es bien plus beau que ce... Daniel dont la sœur est amoureuse de lui ou je-sais-pas-quoi, répliqua-t-elle d'un ton qui en disait long sur l'étrange sentiment que lui avait suscité le clin d'oeil et le départ d'Erica.

Elle désigna de la tête le couple un peu plus loin, et haussa les épaules. Elle ne comprenait pas, mais n'avait plus la tête à réfléchir. William était là, et c'était la meilleure chose qui pouvait lui arriver en cet instant. Un peu plus loin, quelques gémissements l'intriguèrent -histoire de la mettre un peu plus mal à l'aise-, et il lui sembla deviner un début de bagarre. Elle glissa son bras autour de celui de son amant.

Lorsque Aaron vit la bouche de Leah se mouvoir, il n'y crut premièrement pas. Mais si, elle parlait, à voix haute. Il lui sembla même deviner qu'elle essayait d'être drôle. C'était tellement mignon qu'il ne put s'empêcher de sourire. Finalement, tout n'était pas perdu pour elle ! Elle jeta aussitôt un regard à Alistair ; peut-être attendait-elle une certaine reconnaissance de sa part pour les efforts qu'elle venait de fournir. Genre, une récompense, une madeleine, un os. Bref, dans la tête d'Aaron, la mignonne et silencieuse et maladroite et mal à l'aise petite Leah s'était transformée en petite chose toute mignonne à la hauteur d'un chiot ou d'un chaton. Et le garçon était totalement gaga de tout ce qui était adorable. Un bruit suspect vint le perturber dans son admiration. Il en trouva la provenance : ce genre et ô combien abruti (avec l'âge, rien ne s'arrangeait pour lui) Carl Spencer. Imiter des orgasmes, quelle bonne idée ! Seulement, la situation était plus complexe qu'elle n'en avait l'air. Et derrière l'étudiant en médecine, Aaron distingua la chevelure rousse de Lily. Son visage avait pris la même couleur que sa tignasse. Il ne connaissait pas les raisons de Carl mais les trouvait d'avance stupides. Il entendit Alistair l'interroger sur sa rentrée, lui expliquer quelques détails concernant sa propre vie, tout ça, mais il n'écoutait pas. Trop concentré à surveiller le bar, il put observer presque au ralenti le père de Lily se lever et venir empoigner Carl par le col. A croire que sa petite mascarade ne l'avait, à lui non plus, pas fait rire. « Désolé, je le sens pas, ce coup-là. Et promis Ali, quand tu veux, je te paie un verre. On se retrouve toute à l'heure ! » Ni une ni deux, Aaron s'élança vers le bar. Elias arriva cependant avant lui. Il ne comprit qu'un mot sur quatre à ce qu'il rétorqua à Nathan pour protéger Carl, mais cela suffit pour comprendre qu'il n'apaisait rien du tout. Aaron débarqua au milieu de la conversation houleuse et s'adressa à Elias sans même regarder Carl. Il posa sa main sur son épaule, amicalement (pourquoi je précise, je sais pas). « T'inquiètes bro, Nathan est juste un peu trop parano et possessif. » Il comptait calmer le jeu, et c'est pour cela qu'il lui parla en aparté, sans que son oncle entende. Il finit par se tourner vers le Evans, auquel Lily était cramponnée. Il n'aimait pas voir le père si impulsif et la fille si paniquée. « Cool Tonton, lâcha-t-il pour détendre l'atmosphère, c'est une soirée tranquille pour une asso, donc on se prend pas la tête. Je pense que Carl a compris. » Il glissa sa main dans le dos de Lily pour la soutenir. Il sourit, certain d'avoir sensiblement atténué l'électricité entre les deux partis.

Cette soirée était étrange, même pour le frisé. Ca se bastonnait, ça se bastonnait pas, Aaron venait de le laisser en plan d'une manière qui lui avait fait froncer les sourcils, après avoir reluqué Leah d'une manière assez suggestive, il avait aperçu du coin de l'oeil, William entrer dans la salle et poser ses serres sur Sara, et maintenant... tout était retombé comme un soufflé. Et il avait Carl à sa table, avec son légendaire regard de dragueur. Au moins une bonne nouvelle en ce bas monde.
Ressortant sa plaquette de gommettes, il en colla une deuxième sur l'épaule de la jeune fille, à côté de la précédente, avec un sourire attendri. Il aurait peut-être pu faire prof. En fait, non. Le mojito lui montait vite à la tête ce soir.
Cela lui fit même oublier l'escapade d'Aaron, après tout, depuis quand il se prenait la tête pour ce genre de choses ? N'était-il pas le premier à le faire d'habitude ? Vraiment, il devait couver une grippe, ou quelque chose dans le genre.
Rentrant dans le jeu de Carl, il se pencha en avant vers lui, faisant semblant de mettre en avant un décolleté inexistant.

"Bonjour mon chou, tu prends combien ?"

Il agita un éventail non-existant et croisa les jambes. Là, il retrouvait mieux sa connerie habituelle. C'était assez perturbant de se sentir soi-même en prétendant être un travesti, D'AILLEURS. Encore un autre point à éclairer. Décidément, il allait bientôt s'inscrire en psycho à ce rythme.